Citations sur L'enfant qui mesurait le monde (87)
Eliot s'était émerveillé durant le film. Non qu'il l'ait trouvé bon , l'histoire lui avait semblé banale, mais Dickie prenait un tel plaisir à le revoir qu'il avait passé deux heures délicieuses à l'observer.
- Tu sais quand arrive l'heure de la consolation ?
Eliot resta figé, les yeux sur sa tasse de café.
- C'est lorsque tu te sens prêt à être blessé à nouveau. Rien ne dit que tu seras blessé. Mais tu dois être prêt à en assumer le risque.
Je crois que c'est ça, l'ordre du monde, tu sais, Yannis. C'est quand tu ne peux pas savoir à l'avance comment les oiseaux vont crier, ou comment le meltème va souffler entre les pierres, ni quand la mer va s'écraser contre le parapet. Mais tu es heureux d'écouter ces bruits comme ils viennent à toi. L'ordre du monde, c'est quand tu es heureux. Même si les choses changent.
Il estimait que nos vies devaient être faites d'actes librement consentis. Bien sûr, il y a le destin, ses coups de dés, les désordres qu'il sème à tout- va. Pourtant, le libre arbitre existe. Dans les choses petites ou grandes, nous avons toujours une part de liberté, petite ou grande, elle aussi.
Le but d’un enseignement classique est de nous offrir un peu de clairvoyance face à des problèmes nouveaux et complexes. Nier l’universalisme de notre héritage, c’est faire avec la culture ce que les circonstances nous obligent à faire avec notre économie : nous en remettre à autrui. Là est la vraie humiliation.
Il fut un temps ou nous offrions au monde des temples, des stades et des amphithéâtres. Aujourd'hui, nous défigurons un site merveilleux pour y construire le Périclès Palace, symbole de nos rendez-vous répétés avec le ridicule et la honte.
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En d'autres temps, j'aurais critiqué le projet comme il méritait de l'être, écrivait Théodorakis. mais les circonstances actuelles dictent de ne pas tuer dans l'oeuf une telle opportunité de développement. La raison du plus fort est toujours la meilleure, Thucydide le dit bien lorsqu'il nous parle de la guerre entre Athènes et Milos. Aujourd'hui, ce n'est pas Milos que nous combattons. C 'est le FMI, l'Union Européenne et la Banque mondiale, des institutions qui réagiraient très mal à l'abandon d'un tel projet.
Il fut un temps où nous offrions au monde des temples, des stades, des amphithéâtres. Aujourd'hui, nous défigurons un site merveilleux pour y construire le Périclès Palace, symbole de nos rendez-vous répétés avec le ridicule et la honte. Appauvri, hagard, notre pays sombre chaque jour davantage dans l'indignité et le malheur.
_ Mais si les morts ressuscitent dans nos coeurs, ils ne nous accompagnent pas dans notre vie terrestre.
Elle se souvint de ce que leur répétait leur professeur de mythologie, Mme Averoff, une petite maigre qui scandait ses phrases comme si elle récitait Homère :
Lorsque les hommes se prennent pour les égaux des dieux,
Zeus envoie Ati, déesse de la confusion et de l'aveuglement,
Qui les pousse à commettre des fautes encore plus grandes.
Ah, Mme Averoff, lorsqu'elle était lancée...
Une fois sa mission accomplie,
Ati cède la place à Némésis, déesse de la vengeance et de la colère.
Elle aurait accompagnée sa phrase d'un index menaçant :
Qui à son tour confie ses basses oeuvres à Tisis,
Déesse de la punition et de la destruction.
A cet instant précis, elle aurait laissé passer un silence :
Et les hommes, sous son bras,
Paieront cher le prix de leur arrogance.