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À travers le destin de Rachel, que nous suivons de 1917 à 1982, Metin Arditi explore les soubresauts de l'histoire tragique de la Palestine au long du XXème siècle.
En 1917, Rachel a huit ans. Elle et ses parents juifs palestiniens partagent une maison avec des arabes chrétiens à Jaffa. Les deux familles n'en font qu'une. À tel point que Rachel et Mounir, les enfants des deux familles, sont considérés comme frères et soeurs.
Pour moi, c'est justement un roman sur la fraternité - dans tous les sens de ce terme. Une fraternité qui sera bousculée par L Histoire. Après Jaffa, le roman nous plonge dans la vie d'un Kibboutz, où Rachel se découvre une passion pour le théâtre, passion qui irriguera toute sa vie. Rapidement, nous basculons dans la vie de Tel-Aviv, encore balbutiante, et Metin Arditi nous fait découvrir la vie intellectuelle de l'époque et les racines de tensions entre les communautés qui ne feront que s'intensifier. Jaffa, Istanbul, Paris, Genève.... Nous suivons Rachel dans ses choix, ses secrets, ses amours, ses renoncements, ses deuils, le tout subtilement tissé dans une trame historique tragique. Mais Rachel est une femme forte, complexe, attachante, émouvante, qui fait face. Une "forteresse de cendres".
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Rachel et les siens, est la fresque d'une vie, celle de Rachel, qui nous emmène et nous transporte dans les péripéties, les grandeurs et bassesses d'une vie. Une fresque, absolument saisissante, poignante, au ton terriblement juste, tissée autour de Rachel et son corps forteresse.

Du personnage principal dont on suit la vie, il n'y a rien à redire, tout est réaliste, on passe d'un ton d'enfant, d'ado, d'adulte, de vieille dame sans s'en rendre compte, c'est totalement fluide, vrai.
Le contexte de cette enfance à Jaffa et de cette vie ballottée par les guerres, principalement celle de Palestine mais pas que, est dur, cruel, mais sans parti pris.

Les épisodes de la vie de Rachel sont tous biens dosés, rien n'est sûr joué, même le pathos. Et pourtant que de chagrins, de tristesses, de cruautés dans cette vie. Je note notamment, ce qui m'a beaucoup marqué : la métaphore filée d'un corps village, corps forteresses, forteresse de cendres etc. Qui décrit finalement l'état d'esprit de Rachel, son mental fort, sa rigueur d'esprit.

J'ai été bouleversé par la puissance des relations entres les personnages et leurs personnalités. Plus encore, j'ai trouvé bouleversant que tout au long de cette vie, ce soient les relations humaines qui soient les plus grandes sources d'émotions et non pas les événements extérieurs et drames à répétition. Jamais le personnage ne se plaint des injustices, des crimes, des dangers, des guerres qu'elles subit, en revanche elle accorde toute son importance aux promesses, au mal qu'elle a pu semer, à l'émotion qu'elle peut procurer chez les autres... j'ai trouvé cela particulièrement touchant.

Une vraie pépite que ce livre. Juste un petit bémol pour moi dans les "scènes de sexes" esquissées, nulles et arrivant parfois comme des cheveux sur la soupe, pas forcément nécessaires.
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Metin Arditi, Rachel et les siens - 2020 - ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Magnifique ! Très beau et très bon roman et bien écrit en plus ! Rachel, enfant, aime raconter des histoires et cela sera aussi l'histoire de sa vie. le théâtre la portera, la consolera, sera sa force et son pardon. Début du siècle, elle habite Jaffa avec ses parents. Ce sont des Juifs de Palestine qui cohabitent bien avec des Arabes chrėtiens. Les deux familles sont très unies jusqu'à ce que l'Histoire s'en mêle avec ses conflits et ses guerres. le roman se déroule sur tout le siècle et nous met en présence de personnages inoubliables. Je ne suis pas familière avec la géo-politique de tous les pays fréquentés par Rachel mais j'y ai appris des choses. Il ne faut pas hésiter à poursuivre la lecture même si on devient un peu mêlés par moments, tout finit par s'éclairer et on comprend mieux la problématique de ces peuples au fil de notre lecture. le personnage de Rachel est inspirant, mais bien nuancé. L'auteur a su nous faire vivre ses zones de lumière et ses zones d'ombre. J'ai, dans une espèce de fièvre de tout savoir, lu avidement la deuxième moitié du roman. Un livre magnifique donc sur la fraternité et l'espoir.
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J'ai apprécié d'aborder l'histoire des relations israélo-palestiniennes par le biais de la vie de Rachel Alkabès, héroïne de ce roman aux nombreuses péripéties.
Ce livre est un plaidoyer pour la tolérance, sans angélisme, maniant plutôt le réalisme douloureux.
Il est aussi une formidable aventure pour cette femme qui traverse le vingtième siècle et ses terribles évènements en devenant une dramaturge reconnue.
Rachel est née en Palestine au début du 20 ème siècle. le roman démarre lorsqu'elle a 8 ans. Elle est juive séfarade et élevé avec Mounir qui est arabe chrétien . Les deux familles sont très soudées. Un drame va pousser les parents de Rachel à adopter une petite fille : Ida, seule survivante d'une famille de juifs Ashkénazes, qui ont émigré en Palestine pour fuir les pogroms des pays de l'est.
Rachel supporte mal l'arrivée d'Ida. Il faudra l'exil de sa famille chassée de Jaffa et réfugiée dans un Kibboutz pour que les deux fillettes se rapprochent et se jurent une fidélité qu'elles espèrent définitive.
Rachel après avoir vécu le pire des drames possible s'exilera volontairement en Turquie avec un homme qu'elle respecte mais qu'elle n'aime pas, avec lequel elle fera un pacte , mais qu'elle trahira.
Elle partira ensuite à Paris, pour suivre un diplomate français qui lui ouvrira certaines portes pour son art et c'est là qu'elle obtiendra enfin une reconnaissance en tant que dramaturge.
Mais Arditi a choisi une héroïne qui ne peut pas accéder au bonheur et jusqu'à l' épilogue lui fera vivre d'improbables retournements de situation. le talent de l'auteur m'a permis d'adhérer à cette histoire complètement mélodramatique.
La forme romanesque utilisée par Metin ARDITI, bien mieux qu'un simple cours d'histoire, m'a donnée envie d'approfondir mes lacunes sur l'histoire d'Israël.

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J'ai rencontré Metin Arditi lors du salon du livre de Morges. Je lui ai fait part de mon départ imminent pour un voyage d'agrément en Israël et en Palestine et je lui ai demandé si pour m'imprégner des lieux il serait judicieux de lire son roman « Rachel et les siens ».
De ses yeux perçants de moyen oriental, il me jauge et me dit : « Monsieur, ce ne serait pas judicieux, ce serait pertinent. ». J'ai beaucoup aimé sa réponse au débotté d'une question un tantinet provocatrice.
Je repars, avec sous le bras un exemplaire dédicacé d'un : « Pour vous, bon voyage ! En amitié. Metin ».
Mes premiers pas se feront à Jaffa, dans les pas de Rachel en 1917 lorsque les familles juives vivaient en harmonie avec les familles arabes. Mounir le frère de lait de Rachel en est un exemple vibrant. Ida, la petite orpheline rescapée d'un pogrom sera élevée par la famille de Rachel et deviendra son amie perpétuelle.
Un peu plus de cent ans plus tard les façades de pierres claires grêlées d'impacts témoignent d'un passé torturé, éclaté.
« On ne peux pas chasser tous les arabes. Chasser ceux qui sont d'ici parce qu'ils ne sont pas juifs, ça ne te parait pas monstrueux ? »
Le roman de Metin Arditi est une merveilleuse machine à remonter le temps, à assimiler et à comprendre les causes profondes de cet imbroglio éternel.
Rachel et les siens par leurs péripéties servent à merveille les grands bouleversements de cette région du monde sans cesse écartelée.
« Les Turcs et les Anglais se disputaient la ville comme deux hommes se disputent une femme qu'aucun n'aime vraiment, mais que chacun est prêt à sacrifier pour en priver l'autre. »
J'ai été séduit par le pays et le roman en même temps. C'est un immense privilège de s'immiscer dans l'intimité d'une famille fracturée en visitant les mêmes lieux, chaque sensation entre en résonance.
Rachel a eu une vie très tourmentée et particulièrement douloureuse. Tous les déchirements et les souffrances qu'elle subit sont traduits dans ses pièces de théâtre qui sont systématiquement critiquées, dénigrées.
« Elle n'était pas faite pour le succès. Son monde était celui des naïfs, de ceux qui s'accrochent à des principes plutôt qu'au goût du jour. A ce qui dérange plutôt qu'à ce qui plait. »
Lorsque mon magnifique voyage se termine, Rachel achève le sien, elle est revenue vivre à Jaffa dans la rue de son enfance, rebaptisée par l'état d'Israël après 1948.
Elle est enfin devenue une dramaturge reconnue et peut se reposer d'avoir existé de toutes ses tripes.

Vous l'avez compris, j'ai vécu ce voyage et cette histoire en parallèle et, bien que les parallèles ne se rencontrent jamais, maintes fois j'ai eu l'impression de croiser des Rachel, des Ida et des Mounir.



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Bravo à l'auteur Mevin Arditi pour ce roman "Rachel et les siens" J'avais déjà lu des ouvrages traitant des prémices de la fondation de l'état d'Israël dès 1917 mais jamais si clairement expliqués. Par cette saga familiale autour de Rachel, on comprend totalement pourquoi rien n'a fonctionné comme prévu et que la fraternité rêvée avec les Palestiniens s'est avéré impossible. le livre ne juge pas mais il nous explique la réalité de 1917 à 1982.
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Il était une fois, quand Juifs et Arabes partageaient la même cuisine…
Metin Arditi, à la culture abyssale nous plonge ici dans 65 ans d'Histoire Israëlo- Palestinienne. Il est d'origine turque, et il connait bien son sujet.
L'histoire débute en 1917 à Jaffa. Deux familles, l'une juive séfarade, l'autre arabe chrétienne, vivaient tellement rapprochées qu'elles partageaient une cuisine commune. Evidemment, les enfants Mounir et Rachel s'entendent comme larrons en foire, les parents aussi d'ailleurs.
Je me suis rappelée tout des suite les rapports Grecs-Turcs, que j'avais particulièrement appris dans « Des oiseaux sans ailes » de Louis de Bernières.
Dès 1917, il y a un afflux en Israël de Juifs ashkénazes chassés d'Europe de l'est. Et là, ça commence à faire trop de Juifs en Israël. On va avoir d'ailleurs une histoire tragique, où un couple de ces Juifs ashkénazes mourra avec une de leur petite fille. La deuxième, Ida, sera recueillie par les parents de Rachel. S'ensuivra une relation ambigüe entre Rachel et Ida jusqu'à la fin. Mais ne dévoilons pas trop.
Les rapports Arabes- Juifs s'enveniment tellement, que notre famille est contrainte de partir de Jaffa pour un lieu aride et désolé qu'ils organiseront en kibboutz. de nouveaux liens se créent, Rachel et Ida participent à la vie sociale, l'une Rachel en écrivant des pièces, l'autre Ida en les jouant.
J'ai bien aimé toute cette partie, on comprend bien les causes des tensions. Rachel, dans ses pièces prône l'harmonie entre les deux communautés, et déjà, ça ne plait pas.
On saute quelques années. On arrive en 36 à Tel- Aviv.
Rachel a beaucoup grandi. Elle milite avec son mari Karl pour un rapprochement entre les deux populations. Ils ont une petite fille Elishea. J'ai trouvé que le couple, la famille, manquaient un peu de chair. J'ai décroché un peu. Jusqu'au drame (Attentat palestinien dans le Jerusalem-Jaffa)
J'ai perdu le personnage.
Elle est tétanisée par la douleur, mais je ne la sens plus. Elle écrit toujours des pièces, part pour Istanbul, rencontre Mounir qui est un Arabe militant maintenant, se retrouve enceinte, se fait épouser par un Turc, a une autre petite fille Rebecca, prend un amant anti- sémite…
Et surtout, ce qui m'a choquée, c'est qu'elle n'aime pas Rebecca. Accrochée au souvenir de la première, elle refuse la seconde. Celle-ci a du se construire toute seule.
J'ai retrouvé Rachel en 1982, quand elle assiste dans un théâtre à la présentation de sa dernière pièce. Elle donne la main à son petit- fils, elle est enfin humaine. Et c'est la consécration. Ses idées, enfin ne font plus polémiques …
Hélas, je pense qu'en 2022, on n'a pas encore réglé le problème…
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Alerte : coup de coeur, je ne pouvais plus lâcher le roman !
Rachel, jeune palestinienne juive âgée de 8 ans, se retrouve confrontée, ainsi que les siens, aux tourments engendrés par les conflits religieux et les guerres au début du 20e siècle.
Le roman de Metin Arditi est une oeuvre imprégnée d'Histoire, qui m'a permis de me renseigner et d'en apprendre davantage sur l'Histoire d'Israël et son lien avec la Palestine, que je ne connaissais que trop peu. Malgré la complexité des éléments historiques et sans pour autant vulgariser ceux-ci, l'auteur parvient à offrir une oeuvre accessible et instructive. Evidemment Metin Arditi, n'étant pas impartial, exprime son opinion à travers l'histoire de Rachel et donne ainsi à son roman des allures politiques. Celui-ci délivre un message de paix, prône l'importance de s'écouter et de se mettre à la place d'autrui ; un très beau message qui incite à la réflexion !
Au-delà de l'aspect historique et politique, l'oeuvre impressionne grâce à la psychologie des personnages minutieusement travaillée. Au moyen d'ellipses, on suit l'évolution de ceux-ci, et particulièrement de Rachel confrontée à de nombreux drames, mais qui survit grâce à l'art théâtral. « Rachel et les siens » est un roman bouleversant qui nous incite à nous attacher aux personnages au point qu'on ne veut plus les quitter. Je relirai donc volontiers des oeuvres de Metin Arditi.

Lien : https://criticulture.wixsite..
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Palestine, début du XXème siècle. Dans une maison de la rue Naguib-Boustros, Rachel et ses parents, des juifs de Palestine partagent leur maison avec les Khalifa, des arabes chrétiens. Un jour, un Ashkénaze, qui a fui avec sa famille les pogromes des pays de l'Est, et qui vient de perdre sa femme, vient demander de l'aide à Daoud, car c'est à bout de force qu'il tente de faire vivre ses filles. Mais ce dernier refuse, par peur des représailles. Alors Iakov se pend, entraînant avec lui dans la mort ses deux petites filles. Mais Ida survit, et sous le poids de la culpabilité Rozika décide de l'adopter. Tous vivent ensemble et ne font qu'une seule et même famille jusqu'à ce que l'Histoire vienne à les éloigner.

Grande guerre, immigration, conflits religieux… Frères et soeurs se retrouvent séparés, sans même savoir pourquoi ni comment. Et commencent alors des années d'exil pour Rachel, qui va connaître des événements radieux comme tragiques, qui feront basculer son destin, mais celui des autres aussi. de Jaffa à Istanbul, puis à Paris, elle affronte, intrépide, ce monde hostile grâce à sa passion absolue pour le théâtre, créant alors une oeuvre bouleversante qui lui permettra de devenir la plus grande dramaturge de son temps.

Metin Arditi signe un roman puissant et émouvant, dans un temps où juifs et arabes vivaient en harmonie, jusqu'à ce que la grande Histoire s'en mêle.
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