Il était une fois, quand Juifs et Arabes partageaient la même cuisine…
Metin Arditi, à la culture abyssale nous plonge ici dans 65 ans d'Histoire Israëlo- Palestinienne. Il est d'origine turque, et il connait bien son sujet.
L'histoire débute en 1917 à Jaffa. Deux familles, l'une juive séfarade, l'autre arabe chrétienne, vivaient tellement rapprochées qu'elles partageaient une cuisine commune. Evidemment, les enfants Mounir et Rachel s'entendent comme larrons en foire, les parents aussi d'ailleurs.
Je me suis rappelée tout des suite les rapports Grecs-Turcs, que j'avais particulièrement appris dans «
Des oiseaux sans ailes » de Louis de
Bernières.
Dès 1917, il y a un afflux en Israël de Juifs ashkénazes chassés d'Europe de l'est. Et là, ça commence à faire trop de Juifs en Israël. On va avoir d'ailleurs une histoire tragique, où un couple de ces Juifs ashkénazes mourra avec une de leur petite fille. La deuxième, Ida, sera recueillie par les parents de Rachel. S'ensuivra une relation ambigüe entre Rachel et Ida jusqu'à la fin. Mais ne dévoilons pas trop.
Les rapports Arabes- Juifs s'enveniment tellement, que notre famille est contrainte de partir de Jaffa pour un lieu aride et désolé qu'ils organiseront en kibboutz. de nouveaux liens se créent, Rachel et Ida participent à la vie sociale, l'une Rachel en écrivant des pièces, l'autre Ida en les jouant.
J'ai bien aimé toute cette partie, on comprend bien les causes des tensions. Rachel, dans ses pièces prône l'harmonie entre les deux communautés, et déjà, ça ne plait pas.
On saute quelques années. On arrive en 36 à Tel- Aviv.
Rachel a beaucoup grandi. Elle milite avec son mari Karl pour un rapprochement entre les deux populations. Ils ont une petite fille Elishea. J'ai trouvé que le couple, la famille, manquaient un peu de chair. J'ai décroché un peu. Jusqu'au drame (Attentat palestinien dans le Jerusalem-Jaffa)
J'ai perdu le personnage.
Elle est tétanisée par la douleur, mais je ne la sens plus. Elle écrit toujours des pièces, part pour Istanbul, rencontre Mounir qui est un Arabe militant maintenant, se retrouve enceinte, se fait épouser par un Turc, a une autre petite fille Rebecca, prend un amant anti- sémite…
Et surtout, ce qui m'a choquée, c'est qu'elle n'aime pas Rebecca. Accrochée au souvenir de la première, elle refuse la seconde. Celle-ci a du se construire toute seule.
J'ai retrouvé Rachel en 1982, quand elle assiste dans un théâtre à la présentation de sa dernière pièce. Elle donne la main à son petit- fils, elle est enfin humaine. Et c'est la consécration. Ses idées, enfin ne font plus polémiques …
Hélas, je pense qu'en 2022, on n'a pas encore réglé le problème…