Dehors, la blême cohorte des morts du labeur se confond désormais à celle des religieux du spectacle. La mort circule par l’intermédiaire des corps, du bureau au centre commercial, du centre commercial au bureau, en boucle, comme le sang contaminé dans les artères. Sauf que les artères sont périssables, tandis que les corps, eux, sont interchangeables pour que s’éternise la mort. La mort est influente, ses réseaux globalisés pénètrent l’intimité des foyers, ceux d’adeptes voraces et publivores. Elle ne demande qu’à s’exhiber, la mort, à étaler sa pétrification réjouie sur des milliards d’écrans, de journaux, elle doit rayonner au grand jour pour mieux duper. Usines de cadavres à la chaîne d’un côté, publivision généralisée et triomphante de l’autre, charniers autour, quotidiens, vite évacués, poubellisés, rentabilisés, provisionnés par les gestionnaires de la grande roue sociale nombrilaire et calculante. Pays lointains à genoux, nature ravagée partout, exploitation de la misère, esclavage consentant… la routine quoi...
Je pense sincèrement que le monde n’existe que dans l’exacte mesure où je peux le métamorphoser en mots. Pour connaître son véritable goût, je cuisine cette fricassée verbale sur une feuille chauffée à blanc, tout en l’épiçant de pensées savoureuses et piquantes dont le chant d’amour expulse celui des haines.