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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Cocteau ne sut jamais où il avait vu la première fois Proust » Cocteau avait vingt et un ans, Proust quarante. Proust est dans le tout début de son Oeuvre et commence à se fermer. Cocteau, lui batifole.

Proust et Cocteau eurent une relation des plus houleuses. L'un taciturne et enfermé « un grand navigateur du dedans », l'autre brillant et exubérant. L'un suant pour écrire son oeuvre, l'autre touche-à-tout de génie, « un génie polymorphe ». Bref, tout les différencie si ce n'est l'amour exclusif de leur mère et pour leur mère quoique, même dans ce registre, Proust en rajoute « On aurait tort de croire que Proust aima sa mère : au sens plein du terme il n'aima jamais qu'elle et se sera véritablement aimé de personne d'autre ».
Proust a aimé Cocteau d'un amour, qu'il rendit impossible, Il était fasciné par son aisance, sa facilité, son brio, sa séduction, son intelligence.

Claude Arnaud nous plonge dans leur amitié amoureuse malheureuse, de temps à autre haineuse. Il appuie là où ça fait mal dans leur relation ou dans leur relation aux autres. Pourtant ils ont en commun, outre leur amour maternel exclusif, une grande souffrance, le recours à des « aides » Véronal pour Proust et opium pour Cocteau.

Claude Arnaud nous promène dans le monde frivole de la haute société de ce début de siècle au rythme des allures lente de Proust et vive de Cocteau. Nous traversons cette époque au rythme des querelles, des réconciliations, des jalousies, des tromperies…. de ces deux hommes qui ont joué à « je t'aime mon non plus » tout au long de leur existence, Mais également, de leur admiration commune. L'un est en phase descendante, l'autre ascendante « La santé de Proust est en train de l'arracher à l'attraction toxique du monde ; celle de Cocteau le propulse toujours plus haut dans le cercle enchanté dans la Recherche fera un royaume du néant ».

Comme une sensitive, Proust se referme sur lui. Son oeuvre se nourrit de sa vie, de ses rencontres. Ainsi Laure de Chevigné deviendra Oriane de Guermantes « le cadet espère encore faire de son destin une ouvre à la Oscar Wilde ? L'aîné sait déjà qu'il lui faudra sacrifier bien plus pour aboutir au Livre. »

Cocteau explore la Recherche à l'aune de leur amitié, à l'aune de la vie de Proust « …Si encore il avait l'impression d'être dans un « vrai » roman ! Mais il est bien placé pour savoir que Proust n'a pas inventé grand-chose, tout juste transposé, pour avoir connu tous ses « modèles » et très tôt admiré ses dons mimétiques. »

Cet essai, très agréable à lire nonobstant les brouilles, trahisons entre ces deux grands génies qui m'ont fait penser à des disputes de gitons. Entre la mante religieuse et la phalène, entre le lièvre et la tortue, le premier, Proust, a gagné au titre de la postérité. Ce chef d'oeuvre, La Recherche du temps perdu, dont tout le monde parle et que peu (dont je fais partie) on lu dans sa totalité. Cocteau a eu contre lui cette activité débordante vers tous les arts majeurs. Je me souviens avoir vu, en son temps, un de ses films qui m'avait totalement dérouté.

Maintenant arrive le temps de la réconciliation de ces deux monstres sacrés par l'entremise de la Pléiade qui publie les deux auteurs.

Un livre très bien documenté, un essai très agréable à lire, un désir de redécouvrir Proust mais, hélas, toujours aucune attirance vers Cocteau.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Les oeuvres de Proust et de Cocteau n'ont jamais été ma tasse de thé, avec ou sans madeleine. L'épaisseur de "La recherche" du premier m'a toujours rebuté. Je n'ai approché le second que par le biais de ses "Enfants terribles" et ses lettres enflammées à Jean Marais.

Cependant, les deux personnages m'ont toujours intéressé, voire intrigué, de par la réputation sulfureuse qu'ils ont en commun. Proust par son aspect "honteuse" non assumée, souffreuteux et poussiéreux. Cocteau par son aspect exhibitionniste marginal assumé, hétéroclite (dans son oeuvre !). Ma préférence ne pouvait aller qu'au second.

La confrontation proposée par Claude Arnaud m'a passionné. Elle m'a permis de découvrir "La recherche" sous un angle objectif, qui m'autorisera à en parler sans pour autant avoir "perdu mon temps" à la lire. Elle m'a conforté dans ma préférence à Cocteau, sans doute parce qu'il semble être le perdant de ce match à rebondissements multiples.

Malgré le style un brin ampoulé de Claude Arnaud, ce livre m'a donné envie de me plonger dans sa biographie de Cocteau, qu'il évoque dans les dernières pages de façon très intriguante, dans l'espoir d'y découvrir une confrontation Cocteau v/s Jean Marais tout aussi passionnante.
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