Il s'agit du deuxième livre reçu dans le cadre du jury des lecteurs de Librinova pour le mois de mai. Il est nettement mieux que le précédent (ce qui n'est pas difficile d'ailleurs !).
L'auteur nous raconte la chronique d'un petit village des Abruzzes, du point de vue d'une famille. le livre commence dans les années 1920 avec la naissance de Carlotta dans une famille pauvre. Les parents sont fermiers, le père Umberto, comme la plupart de ses voisins est berger et se déplace huit mois par an avec les moutons des propriétaires qui louent leurs services. La vie est dure, mais il en a toujours été ainsi, les hommes sont bergers depuis la nuit des temps et le village forme une communauté heureuse et soudée, d'ailleurs l'auteur l'appelle souvent le village-monde.
On suit la vie de cette famille des années vingt à la fin des années cinquante. La vie traditionnelle sera bousculée d'abord par le fascisme, avec le maire, un riche propriétaire qui écrase ses administrés. Il s'en prend notamment à Umberto parce que sa fille de six ans porte un ruban rouge dans les cheveux et qu'il y voit un signe de subversion. Puis survient la guerre et ses drames successifs qui toucheront les jeunes du village et par ricochet leur parents. Malgré tout la communauté restera soudée, jusqu'à la crise économique de l'après-guerre. Après ces expériences , les hommes ne veulent plus de cette existence si difficile, le temps est venu d'émigrer. Umberto et ses amis partiront sur d'autres chemins et d'autres rêves en direction de la France où une nouvelle vie, pas forcément plus facile, mais différente attend cette famille toujours unie et soudée.
Cette chronique est vraiment intéressante, elle nous présente la vie d'il y a un siècle dans les Abruzzes, une vie complètement différente de la nôtre et pourtant pas si éloignée ni dans l'espace, ni dans le temps. La guerre racontée par les villageois est touchante, ils ne perdent pas espoir pour la plupart, sauf le père
De Carlo, tué au front. Ils oseront découvrir de nouveaux chemins et de nouveaux rêves. Si les émigrés italiens font partie de notre paysage, semble-t'il depuis toujours, il n'en était pas ainsi après la guerre et ils n'ont pas forcément été bien reçus par la population locale, ils venaient occuper les emplois que les Français (ou les Suisses aussi d'ailleurs) ne voulaient pas, ce qui devrait nous inciter à réfléchir à l'accueil que nous leur réservons.
Ce livre est bien écrit et agréable à lire, avec juste un bémol sur le grand nombre de mots italiens employés. Par chance, je comprends cette langue, donc ça ne me dérangeait pas beaucoup. Mais pour les personnes qui ne sont pas italiophones, cela n'apporte rien et retarde la lecture si on veut aller voir la traduction en fin de livre, ce qui n'est vraiment pas pratique avec une liseuse. Parfois il y a des phrases entières en italien. Mais à part ce côté « ambiance locale » plutôt fastidieux, le style est sobre et très agréable. Il est plaisant à lire et de bonne facture pour un livre auto-édité, il mérite d'être recommandé.
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