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4,14

sur 107 notes
Comment ne pas être ému, bouleversé, chamboulé à la lecture de ce beau livre aux mots crachés, aux mots douleur, aux mots chair , aux mots gifles :
L'histoire sortie des tripes de cet homme revenu en 1945, déambulant dans sa ville natale ,Leipzig, après avoir passé quatre ans à Buchenwald, enfermé pour son homosexualité?
Klaus Hirschkuh , 23 ans, décharné, au corps martyrisé, frappe à la porte de ses parents et ne peut exprimer ce qu'il ressent.....
Revenu d'un cauchemar et d'un enfer qui l'ont meurtri, écartelé, encrassé, traité comme un sous homme, une larve, un porc et des lettres vomissures, des lettres crocs cousues sur son dos, sa poitrine, le haut de son pyjama " Matricule 5395 et triangle rose ".....
Voici le roman d'un survivant qui désirerait se fondre dans la banalité du quotidien.....mais ne pourra jamais aimer au grand jour, rejeté encore et toujours........
L'auteur nous livre un ouvrage extrêmement fort d'une crudité et d'une beauté expiatrices......
L'histoire de Klaus est hantée tout le long de sa vie "d'aprés" par cette barbarie qui lui revient d'une manière obsessionnelle , ces barbelés et ces corps martyrisés.
Il s'exilera en France et mènera une vie de combat pour cacher son homosexualité et nous livrer ses deux grands amours, Heinz et Julien .
Un témoignage , un texte nécessaire, bouleversant , crucial,rigoureux, explosif, glaçant et brûlant à la fois.
Une écriture sublime alliant poésie, violence, hurlements, cris sourds , amour , lumière et sécheresse......
Des phrases crues, une prière en hommage à la mémoire des déportés, rythmées en une description qui dit la rage et la tristesse, l'amour fou et la douleur intense, les blessures béantes, les injures et les humiliations.......
Un ouvrage au souffle puissant que l'on n'est pas près d'oublier........
Lu dans le cadre du prix Jeand'heurs, spécifique à mon département, sélection historique 2016.
Un livre que "tous "pourraient Lire ........
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Il y des livres qui vous bluffent par leur style incroyable, d'autres vous estomaquent par la violence ou la beauté de leur sujet, certains vous emportent comme un poème et vous font chanter jusqu'à la dernière page. Et puis il y a ce livre, ce livre entre tous, celui qui vous fait tout à la fois, "Je suis en vie et tu ne m'entends pas" m'a complètement bouleversée.

Le sujet en est essentiellement le racisme sexuel, le plus répandu, le plus sournois, le plus toléré, le plus écoeurant.
Daniel Arsand nous montre une facette souvent méconnue de la Seconde Guerre Mondiale - quand les homosexuels étaient déportés pour être "guéris" - par le ressenti d'un homme, Klaus Hirschkuh, un homme qui préfère les hommes.
Rescapé d'un camp de concentration - dont je ne vous donne pas le nom puisqu'il lui faudra du temps pour même envisager de le prononcer - Klaus retourne à la vie et aux vivants. Il est presque détruit, miné par les horreurs vues et subies. C'est un zombie qui traverse les ruines de Leipzig après la Libération et qui, par bribes, nous raconte l'enfer du camps pour les triangles roses, les homosexuels : les brimades, la castration, la haine des autres détenus, l'amour forcé pour survivre, les viols collectifs pour le punir de survivre.
Il nous montre aussi l'immense douleur de vivre, la culpabilité du survivant et la difficulté à se reconstruire après "là-bas", le décalage entre lui et sa famille, l'exil choisi avec l'ami René, puis doucement, tout doucement, un peu de bonheur retrouvé, enfin.
Mais la fin de la guerre n'est pas la fin de l'ostracisme, les homosexuels restent les victimes privilégiées des petites frappes et de leurs insultes pas très originales, Klaus en sera témoin.

Dans ce livre génial, c'est le déni de notre société sur l'homosexualité que Daniel Arsand dénonce. Après la guerre il y a eu le refus d'accepter qu'il y a bel et bien eu des homosexuels internés dans les camps de concentration, qu'ils ont subi un enfer qu'on ne compare à aucun autre car qui oserait réaliser un classement de l'Horreur ? Les homosexuels n'ont jamais pu obtenir de reconnaissance après guerre, jamais obtenu de dédommagements non plus, on a nié leur internement dans les camps, il n'en sera pas fait mention au procès de Nuremberg en 1946.
L'auteur nous rappelle aussi que lorsque l'épidémie de SIDA a fait des ravages, ce sont eux qui ont été pointés du doigt, eux les pédés, qui ramenaient au monde cette saloperie de maladie... non, les hétéros n'ont pas le SIDA, jamais, non jamais.

Aujourd'hui encore, même si Daniel Arsand n'en parle pas dans son livre, il reste encore ce fond de haine indécrottable, cette violence qu'on ne veut pas admettre, entre autres l'incroyable machin pour tous et ses professeurs de morale à la Brigide Foutin.

Vous l'aurez compris, j'enrage de cette intolérable injustice, de ce racisme sexuel dont on parle si peu. Et je suis amoureuse de ce livre parce qu'il nous dit des choses vraies et terribles et terriblement belles aussi. le tout écrit dans un style admirable, pur, scandé, des bribes de pensées, des morceaux de vie, il dénonce sans haine, il montrer l'amour, le vrai, celui qui n'a pas de sexe. C'est un plaidoyer magnifique, un des plus beaux livres que j'aie lu depuis des années.
Ma fille, si sage pour ses dix-neuf ans, me dit qu'il existe autant de façons d'aimer que de couleurs dans un nuancier, elle a raison, nous devons dire Stop à toutes les formes de Racismes, STOP à la LGBTPHOBIE.

À lire absolument. Merci M. Daniel Arsand.

P.S. : N'oublions pas que l'homosexualité, féminine et masculine, est encore aujourd'hui un délit passable de mort dans beaucoup de pays : https://www.cosmopolitan.fr/tous-les-pays-ou-l-homosexualite-est-interdite-et-punie-par-la-loi,2022352.asp
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"Je suis en vie et tu ne m'entends pas", toi, Heinz, qui a préféré la mort à l'arrestation, toi qui ne peux plus m'entendre et à qui pourtant, dans le deuil impossible de ton amour, je m'adresse pour te dire l'indicible de ce que, sans toi, j'ai vécu seul… “là-bas”.

Peu de romans se sont fait l'écho, dans la littérature, de la déportation en camp de concentration des homosexuels qui figurèrent pourtant parmi les victimes de l'épuration que les nazis opérèrent au sein de leur propre peuple, et cette catégorie particulière de déportés, dont il ne fut d'ailleurs fait aucune mention au procès de Nuremberg, reste encore largement taboue aujourd'hui.

Dans ce roman hors norme où à la voix de l'auteur se mêle le monologue intérieur de son personnage principal, Daniel Arsand raconte l'histoire absolument épouvantable d'un jeune Allemand, Klaus Hirschkuh, déporté parce qu'homosexuel au camp de Buchenwald où il subit, en plus du traitement “ordinaire” infligé par les nazis, les sévices, les insultes et le mépris de ses co-déportés, lui le “pédé”, la “tante”, le “sous-homme”, le “porc”.

Libéré en 1945 après quatre ans de déportation, Klaus Hirschkuh n'a que 23 ans mais il est déjà “sans âge”, squelette errant dans les ruines de ce qui fut sa ville, Leipzig, à la recherche de sa maison et de ses parents : “il boitait et se rapprochait d'eux, ses parents, M. et Mme Hirschkuh. Il avait ce droit là ; ne plus se heurter à un mur de cendres.”

Mais qu'a-t-il encore en commun avec eux, ces parents à qui il fait honte ? de “bonnes personnes” pourtant, mais “il avait causé son propre malheur, et le leur. (...) Il les avait en quelque sorte déclassés par ses moeurs, (...) il les avait rendus douteux à eux-mêmes, à une société tout entière. Comment pardonner ?”

Dans une société et une époque où l'homosexualité est non seulement un péché et une faute mais, au regard de la loi, un délit et un crime, que l'on ait été déporté ne fait toujours pas de soi une victime. Comment, dès lors, se reconstruire, en dépit de l'incompréhension, de l'agressivité et du jugement d'autrui, comment réussir à édifier une forme de bonheur, d'espérance et d'apaisement, malgré la souffrance, la solitude et les souvenirs de l'enfer traversé “là-bas” ? Est-ce seulement possible, même loin de sa terre natale, même en France, le pays des Droits de l'Homme, même des décennies plus tard ?

J'ai rarement été à ce point bouleversée par la lecture d'un roman. Bouleversée par l'histoire qui n'est pas qu'une fiction, qui vous questionne et qui vous prend aux tripes. Bouleversée par l'écriture, hachée, crue, splendide, qui dit la colère, la violence et les larmes au-delà des larmes, la douleur au-delà des mots.

Un livre magnifique, important et nécessaire, qu'il faut absolument avoir lu - que l'on soit sensible ou non à la cause LGBT - et, pour moi, un immense coup de coeur. ❤❤❤

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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Surprenant, criant de modernité. Klaus, jeune allemand sort de 4 ans d'enfer en camp pour son homosexualité. Ce livre retrace sa vie d'après, les cauchemars, la peur, le dégoût, les sévices endurés avec toutes la cruauté que cela peut inspirer. La place de parents qui ne l'attendaient pas, qui ne comprennent pas, comment se reconstruire loin, c'est aussi l'aube d'une époque où se cacher devient une injure, une injustice. L'auteur ne mâche pas ses mots, il faut le savoir avant d'ouvrir ce livre. Mais quel parcours fait par cet homme qui ressemble à tant d'autres, qui cherche doublement le chemin du bonheur, si bonheur il peut y avoir après tant de souffrance. Une oeuvre brute, qui passe d'un sujet à un autre sans transition mais avec la violence du traumatisme...à lire
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Une écriture écorchée pour un texte fort. Chaque mot évoque la douleur de cet homme homosexuel que son passé dans le camp de Buchenwald a définitivement abimé. La lecture du livre est éprouvante. le style est haché , déroutant et pourtant si expressif. Même la réparation sera refusée à ces hommes exclus, qui ont tout subi. Un livre marquant que je ne suis pas prêt d'oublier et qui vaut tous les discours.
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Il rentre à Leipzig en 45 après quatre ans de camp à Buchenwald, quatre ans de cruauté envers lui, Klaus, homosexuel.

Impossible d'oublier les humiliations des kapos, les viols collectifs. Impossible d'oublier son amour, Heinz qui s'est défenestré quand la Gestapo venait les arrêter, même dans les bras des amants qu'il ira trouver à Paris, même dans les bras de Julien.

Le style chaotique tente de refléter l'état d'esprit de Klaus qui ressasse les atrocités subies, ressasse encore, que de mots, trop!
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Ouvrage tres important pour moi,j'ai beaucoup aime l'ecriture;les mots,les phrases courtes,une ponctuation qui donne le ton.Ce livre devrait etre lu a voix haute,pour en saisir toute la portee affective.
Le theme de la sexualite homosexuelle,de la brutalite provoquee dans le camps de Buchenvald,la haine qu'inspire encore et toujours l'homosexualite ddsont traites avec beaucoup de justesse et de realisme.
Ce n'est pas un livre facile a lire mais ce temoignage fait partie des trop"rares".
Comment peut-on encore etre dans l'incomprehension de la difference,de l'autre autrement,pas comme soi?Le temps passe mais les mentalites ne changent pas.La haine et l'incomprehension sont toujours trop vivaces a mon gout!
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Il y a un sorte de beauté déconcertante dans ce texte poignant, sensible et même poétique; le combat d'une vie pour survivre. Qui est Klaus Hirschkuh? Klaus est une jeune Allemand inverti -homosexuel- dans l'Allemagne nazie. Il est arrêté en 1941 à l'âge de 19 ans et envoyé au camp Buchenwald. Son amant, Heinz Weiner choisit le suicide et se défenestre lors de l'arrestation. A Buchenwald, Klaus subira toutes les humiliations tant de la part des kapos que des autres prisonniers. Les homosexuels étaient reconnaissables au triangle rose cousu sur leur uniforme de prisonniers.
En 1945, il est libéré et rejoint sa famille qui avait fait le deuil de leur fils depuis un moment déjà avec un certain soulagement peut-être. II est reçu sans effusions majeures. Ses moeurs n'ont jamais été les bienvenues. C'est dans l'exil en France qu'il va lentement se reconstruire, se faire des amis et retrouver l'amour en la personne de Julien. le livre se termine dans les années 1980. Klaus s'engage dans le combat contre le SIDA. Il a toujours cru en le triomphe de la vie et s'est battu toute sa vie pour cela même dans les jours les plus sombres où il n'était plus un être humain mais le paragraphe 175, matricule 5395 arborant le triangle rose. Ce livre est d'une force terrible, pas facile à lire tant par le style que par le sujet. Je recommande cette lecture hors du commun.
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Je suis en vie et tu ne m'entends pas traite de la déportation sous un angle peu souvent abordé, celle des homosexuels. En l'occurrence, celle de Klaus Hirschkuh au camp de Buchenwald.

Le livre parle de l'enfer vécu par ces hommes élevés au dernier rang de l'humanité, mais aussi de la difficulté de se reconstruire, d'être simplement avec les autres, de dire.
Mais l'histoire va plus loin et s'étale dans le temps pour évoquer l'homophobie persistante encore bien des années plus tard (et l'actualité ne vient malheureusement pas le démentir, même en 2018 !), le début des années sida - le "cancer gay" - et la force qu'il faut pour ne plus se taire, ne plus se résigner à être une victime, tout en revendiquant que ce statut soit aussi reconnu.

Sur le fond, le sujet de ce roman est donc sans conteste très intéressant. Mais je n'ai malheureusement pas du tout adhéré à la forme. L'écrivain utilise des mots anguleux, cassants contre lesquels on vient se cogner comme aux os saillants de Klaus; son écriture pleine de rudesse, regorge d'aspérités, de mots crus, violents, indécents. Sa narration est hâchée, déroutante, presque délirante. Effet de style à mon avis inutile et superficiel qui éteint l'émotion, rend la lecture laborieuse.

J'ai déjà pu remarquer que les témoignages de déportés étaient souvent pleins de sobriété et de pudeur et que néanmoins ils atteignaient sans détour leur cible : notre coeur, notre mémoire, notre réflexion.
Ici, cet écran de fumée de mots qui veulent choquer, comme souvent lorsque les écrivains tentent de traduire le vécu d'un déporté, est vain. L'horreur se suffit à elle-même sans qu'il soit besoin, à mon avis, d'en rajouter dans l'obscénité.

En bref, je n'ai pas été émue. Pire encore, je me suis ennuyée.
Dommage.
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Ce roman me faisait de l'oeil depuis très longtemps et en même temps me faisait aussi un peu peur.

Peur car la thématique, bien que chère à mon coeur, est généralement très dure et peut être très violente au niveau du ressenti et de l'immersion.

Je ressors de ma lecture avec un avis en demi-teinte. J'ai beaucoup apprécié la plume de l'écrivain, ces phrases et ces mots qui surgissent par flots ininterrompus, qui s'entremêlent, qui nous perturbent, un style si représentatif de ce qu'il peut se passer dans certains cerveaux. Puis, j'ai beaucoup moins aimé les nombreux souvenirs qui sont répétés et répétés, et bien sûr, les passages les plus violents. Je l'ai lu une fois, j'ai bien saisi la chose et n'ai pas forcément envie de le relire et le relire. Mais je comprends cette volonté de l'auteur, lorsqu'une personne subit un traumatisme, elle le revit encore et encore, les souvenirs affluent au beau milieu de n'importe quelle situation lamda, sans prévenir. Et ça l'auteur le retranscrit très bien !

Après, l'histoire m'a bien sûr touchée, le jeune homme aussi. Envoyé à 19 ans dans les camps de la mort car homosexuel...qui se fait torturer et violer par tous, aussi bien prisonniers que gardiens...et qui revient dans sa ville natale au sein d'une famille qui aurait préféré qu'il soit mort. La famille est assez intéressante, leur culpabilité, leur fausse compassion, leur égoïsme sont particulièrement intriguants. J'aurais aimé que la relation avec le grand frère soit plus creusée car on sent qu'il y a quelque chose de très malsain, que ce qu'il ressent pour son petit frère n'est pas anodin et cela aurait mérité plus de profondeur.

Enfin, une fois passé la première partie qui pour moi traîne pas mal en longueur, j'avoue avoir lu la plupart des pages en diagonales car j'étais beaucoup moins ancrée dans le récit. le jeune homme que je trouvais attachant au début me paraissait antipathique. J'ai par contre aimé les diverses thématiques abordées dans ces deux dernières parties : le racisme, l'homophobie, Paris à cette époque, les débuts de la lutte contre l'homophobie...

C'est un livre qui me restera en tête car j'ai appris pas mal de choses sur le traitement infligé aux homosexuels dans les camps de la mort mais c'est un livre qui ne restera pas dans ma bibliothèque.
Lien : https://labullederealita.wor..
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