J'ai été invitée, le temps de lire quelques 200 pages à un dîner de cons, dans un des quartiers les plus chics de la capitale. Je m'y suis terriblement ennuyée. J'en baille encore en écrivant ces propos !
Sophie du Vivier, la maitresse de maison, invite un homme d'affaire étranger de la plus haute importance. Pour lui tenir compagnie le temps de cette soirée, elle convie quelques amis triés sur le volet. Cette soirée doit être brillante, alors elle frotte toutes ses idées, sélectionne ses relations afin qu'il n'y ait pas de fausses notes. Tout le vernis doit reluire de mille éclats, la table sera tirée au cordeau. Sophie du Vivier, surnommée Madamedu, va jusqu'à mesurer la distance entre les verres et les assiettes, comme à l'Elysée (copieuse !)…..Assurément l'homme d'affaires va en avoir plein la vue.
Les invités arrivent :
Marie-Do, esclave de la chirurgie esthétique, Joséphine, directrice d'un programme représentant les médias, Adrien, avocat de renom, un ambassadeur, un financier etc etc…….
Ils devaient être 14. A la dernière minute quelqu'un se désiste. 13 à table ? hors de question. Quelqu'un a une idée lumineuse. Invitons la « bonne » ;
Sonia d'origine marocaine, doctorante en histoire de l'art ôte son tablier et s'assoit le plus naturellement du monde. « Tellement intelligente qu'elle n'arrive pas à éprouver de rejet » !
Et les dialogues sont consignés un peu moins naturellement d'ailleurs, enchaînant clichés, banalités, convenances, idées reçues. Tout me semble cousu avec du fil blanc.
Quelqu'un demande à Sonia « Et vous vous plaisez chez nous ? Et à la question Quelle est votre religion ? Sonia répond : le savoir-vivre !
Je n'ai pas adhéré à cette comédie outrancière où le racisme fuse dans tous les sens. Racisme latent et primaire de la part des invités en direction de Sonia ; racisme méprisant et aux traits quelques peu grossiers vis-à-vis des « bourgeois », propos mordants à l'encontre de cet ambassadeur : « son excellence Alexandre »,qui s'agrippe à son marocain un peu terni « parce qu' il n'appartenait plus à aucun réseaux au coeur des hautes nominations : ni aristocrate, ni homosexuel, ni franc-maçon » et hop ! un coup de griffe au passage pour ces trois groupes catégoriés.
Pierre Assouline évoque même le racisme des gens incultes confrontés aux gens cultivés. Et si quelqu'un habite Passy alors là !!!!
Même les femmes, choisies pour ce texte bien sûr, apparaissent comme des poupées refaites et tout juste capables de s'échanger le nom de leur coiffeur ou de leur couturier. L'une d'elle semble cependant assez maligne pour glisser à l'oreille de Sonia : « séparément, ce sont tous des gens de qualité… Oui presque tous, je vous l'accorde. Mais une fois ensemble, ils en deviennent parfois imbuvables. Allez expliquer çà ! Au-delà-de deux, la vie en société agit comme une compétition d'égo où la surenchère révèle ce que l'âme a de plus noir. »
Tous se plient bon gré mal gré « aux structures élémentaires de l'apparté » .
J'ai trouvé ce récit ampoulé, éxagéré et discriminatoire vis-à-vis de pas mal de monde.
Les caricatures sont nombreuses et leur sens devient lourd à mes yeux.
J'ai refermé ce livre, très heureuse de garder un peu d'espoir sur l'être humain qu'il soit avocat, journaliste, employé de maison, français, anglais, péruvien ou femme de !
Je ne retournerai jamais dîner avec ces personnes là! jamais, jamais, jamais.....
Demain je vais réveillonner. Nous serons douze très précisément, à moins qu'une personne s'annonce à la dernière minute………..