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3,3

sur 282 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Il n'avait tout de même pas l'idée de faire diner la bonne avec eux?"
Mais oui, mais oui "Madamedu", "Madamedu" tout va très bien, tout va très bien.
Sophie du Vivier, la grande bourgeoise perfectionniste experte dans "l'art du placement", dite "Madamedu" par la jolie Sonia discrète et "bien dans sa peau" et l'impulsif Othman, ses employés de maison très classe, se rappellera de sa réception mondaine où, de petits riens en petits riens,rien ne va se passer comme prévu jusqu'à frôler la catastrophe!
Les invités (d'où le titre) étaient pourtant triés sur le volet: un normalien, un énarque ambassadeur, son épouse à "l'enfance aristocratique",un couple de nouveaux riches glamour,un avocat bavard,son épouse "diaphane", une directrice de programmes de chaine cablée,un académicien,une scientifique de haut niveau et "l'invité d'honneur" un richissime industriel canadien.Par le jeu du hasard, un couple s'est désisté, un deuxième normalien distrait se joint au groupe puis se retire s'apercevant qu'il était invité à l'étage du dessus. 13! Les voilà 13! Impossible n'étant pas français voilà une bonne étrangère à leur table pour calmer les superstitieux!
La plume ironique de Pierre Assouline va orchestrer ce cruel repas aux conversations, tous azimuts, des plus pétillantes !
Comme pour le cocktail dinatoire d' Etat LimitePierre Samson "aime soulever le tapis pour voir ce qu'on a glissé dessous", c'est ici Georges Banon "l'invité d'honneur" (le plus humain des convives présents) qui accomplira le même geste en fin de repas, car les défauts des uns et des autres vont apparaitre de ci de là (snobisme,manque de diplomatie,arrivisme,moqueries,humiliations,méchancetés,racisme,perversité,
perfidie,malveillance,vulgarité..) d'où les réactions disparates de cette "comédie des apparences" (entre gêne,malaise,énervement,réparties,lourds silences,jeux de mots pour sauver l'atmosphère plombée,disputes).
Les secrets se révèlent au cours des conversations ou sont surpris au détour d'un regard ou d'une éclipse dans la salle de bains: qui est homosexuel,cocaïnomane,en échec,en désamour,cancéreux...à moins qu'il ne soit pas un bon chrétien bien formaté selon les critères de cette société bien pensante? Elle court, elle court la rumeur!
Je laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir ce "dîner de cons" (toutefois imprévu) où bien sûr les rôles parfois s'inversent car les invités tombent de haut!
Pierre Assouline, dont j'avais adoré l' analyse psychologique implacable de Double vie (Prix des libraires 2001) et l'extraordinaire humour mordant d' Etat limite, pond, ici encore, un petit chef d'oeuvre qui conforte sa réputation de grand écrivain aux moult récompenses (Vies de Job a obtenu le Prix français Méditerranée, Lutétia: le prix des Maisons de la presse 2005 et le Portrait: le prix de la langue française 2007).
Bravo et merci pour ce grand moment de détente (aux brillantes formules du style "Un dîner à Paris est en soi une comédie française") et cette belle leçon de vie!
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De nos jours, dans l'univers cossu de la "haute bourgeoisie" ...
"Madamedu" organise un dîner, tout un cérémonial pour celle qui ne veut rien laisser au hasard : plan de table, choix de la nappe, menu, tout est consigné dans un coffre afin de ne pas commettre d'impair ... Mais que se passe-t-il lorsque le "hasard" s'en mele et que suite au désistement d'un invité, l'on se retrouve 13 à table ? Absolument inimaginable pour l'une des convives, il faut d'urgence trouver une solution ... La seule possibilité : convier à cette table la bonne ("horreur"), d'origine étrangère de surcroit ("quelle infamie") ... Et là, très vite les masques tombent ... Une fois gratté le vernis de la bienséance, le racisme primaire refait surface, les lieux communs abondent et les paroles blessantes fusent de ces lèvres que la chirurgie esthétique (passage obligé dans ce milieu) s'évertue à protéger de l'outrage du temps ... L'invité d'honneur (riche industriel canadien) sera le seul à venir en aide à "Sonia" ... Mais en a-t-elle réellement besoin, elle qui en surprendra plus d'un par l'étendue de se connaissances et par son cheminement personnel ...
J'ai adoré ce livre, remarquablement écrit, grinçant à souhait et tellement actuel ! On notera également 2 clins d'yeux discrets à d'autres oeuvres de Pierre Assouline ...
A déguster sans tarder !
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Panel puissant de ce que l'humain est capable d'être, de faire ou de dire, non pas sur une vie toute entière mais le temps d'un dîner. À se demander comment on se sortirait des griffes d'une table étonnamment minée d'abrutis de la haute, tous assoiffés de ragots destructeurs, et qui se réjouissent de la difficulté des autres. C'est dégoûtant de vérité.
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Oh qu'il est savoureux ce livre ! Et rien de plus normal puisqu'il raconte ..... un dîner !
Mais pas n'importe quel dîner .... Un des fameux dîners de "Madame Du".
Nous sommes dans le VIIème arrondissement, près de l'église sainte Clotilde. A ce dîner on ne trouve que du "beau monde" .... avocat, à la limite de la caricature; ambassadeur, hommes d'affaire.
Au moment de passer à table, l'une des invitées refuse de s'asseoir et de participer à ce dîner parce qu'ils vont être 13 autour de la table et cela porte malheur, tout le monde le sait bien !
Que faire ? l'un des invités a une idée : convier la bonne à s'asseoir avec eux !La jolie, très jolie même, Sonia.
Peinture grinçante de ce milieu catholique - bourgeois - intello - bien pensant - imbu de lui-même - arriviste - nouveau riche ..... Bref, un cocktail assez imbuvable .....
Comme il est jouissif de voir la jolie Sonia prendre part à la conversation et la surprise des autres convives en découvrant son érudition. Quoi ? la bonne ? et arabe en plus ?
Très bien écrit et vraiment savoureux.
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Les superstitions ont parfois du bon.

Lorsque l'excellente maîtresse de maison constate que ses invités sont treize c'est la grande panique ! L'unique solution qu'elle trouve pour conjurer les mauvais sorts demande à sa "bonne à demeure" de se joindre à eux.

Choc de culture, de classe sociale pensez vous ? Ne soyez pas aussi étroit d'esprit comme notre hôtesse !

La "bonne" sait elle se servir des bons couverts ? Saura t'elle faire la différence entre le verre à vin et le verre à eau ? Mettra t'elle correctement sa serviette sur les genoux ? Car enfin elle n'est "que la bonne".

Enfin c'est son statut mais l'est t-elle vraiment ?

A vous de le découvrir en passant à table avec cette noble (?) assemblée.

Bon appétit.
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Superbe, cruel, drôle, précis, bien écrit.
Ce livre qui se dévore sur une soirée décrit la bonne bourgeoisie parisienne en l'occurrence mais transportable dans toutes les villes de France. On y découvre les bonnes manières, les lieux communs et le racisme ordinaire que l'on peut croiser dans ces dîners. Un véritable plaisir de lecture
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Une bien belle idée et un bien beau roman que celui-là. On est happé, on ne lâche plus le bouquin, ça en devient indécent, assassin, criminel... On assiste en voyeur au délitement et à la bêtise de l'élite parisienne. On goûte avec un certain plaisir leurs conversations aigre douces. Un magnifique portrait au vitriol de la bourgeoisie contemporaine avec la totale : plan de table, espace millimétré, conventions, hypocrisies et méchancetés piquantes. Un vrai ravissement, un réel plaisir à lire. On se prend à rire subitement sans prévenir, partout, dans le train, dans les transports en commun.

Une bien belle comédie de genre que je ne définis pas ainsi sans arrière-pensée, au théâtre bien sûr, où ce roman devrait être adapté. Il y est d'ailleurs fait question à de nombreuses reprises dans la pièce - que d'autre que le théâtre et les arts pour distinguer l'élite des pauvres manants ? - et on assiste réellement à ce portrait au vitriol du point de vue du spectateur, dans cette société où le code est la règle, où le metteur en scène est la maîtresse de maison qui dirige ses comédiens-invités comme des marionnettes, ceci dit bien récalcitrantes. Une belle diversité de personnes - bravo au metteur en scène ! - qui permet aussi d'assister à de belles disputes et de belles joutes verbales.

Si je devais faire un commentaire négatif, deux choses me viennent néanmoins à l'esprit :
- Tout d'abord une mise en garde : bien entrer dans l'histoire dès le début, ne pas hésiter à se munir d'un papier et d'un crayon définissant bien clairement qui est qui car il faut avouer qu'une fois qu'on est perdu, on confond facilement le lard et le cochon, l'industriel et l'immortel...
- Ensuite, un manque de paroles évident, beaucoup de descriptions, aidées par l'omniscience du narrateur qui rapporte les conversations, plutôt que de les laisser vivre par elles-mêmes. Ça a certes ses bons côtés, notamment concernant l'effet comique ainsi augmenté, mais il devient parfois difficile de ne suivre que des explications et de ne pas entrer directement dans le vif du sujet !
Lien : http://volcan-challenges.blo..
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Du grand Pierre Assouline ! Drôle, jubilatoire et caustique ! Une galerie de personnages inclassables, un regard distancié et presque pervers sur le microcosme de la grande bourgeoise qui se révèle pas si grande lorsque le vernis social craque. Un bonheur à lire, on, rit beaucoup et on est très soulagé de ne pas être au nombre des invités de ce dîner !
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Nous sommes conviés au théâtre pour découvrir « les invités ». Malheur une convive se désiste et le chiffre 13 s'affiche !!! Il en effraie la maîtresse de maison jusqu'à l'irréparable avec la 14ème convive… Pierre Assouline a l'art de décrire la bourgeoisie française, société fermée et bourrée de préjugés. L'écriture caustique agrémente des dialogues enlevés, une formulation drôle mais pas moins percutante. L'écriture fluide rend la lecture facile.

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Dîner avec une invitée surprise, Sonia ce qui évite d'être 13 à table,..
Sauf que Sonia est la 'domestique' de la maison qui plus est, 'invitée' de France,.. bref une bien curieuse convive pour cette bourgeoisie élitiste parisienne...
Une fresque de la France délicieuse; Assouline jongle et se joue de chaque mot de la langue française et de son contraire ainsi que de la vie et de ses vicissitudes qu'il connait bien!
FABULEUX, un des seul livres que je relirai pour ne pas en oublier les finesses de phrases et d'humour de la société.
(livre prêté par Jeanne de Kerchove)
C'est un dîner de cons à l'envers ! Ici les cons sont les invitants, et « la pas conne du tout » est l'invitée surprise : une beurette thésarde universitaire dont les parents sont venus du Maghreb. C'est une allégorie de la société d'aujourd'hui par un auteur lucide lui aussi issu de la diaspora, qui lui aussi se sent au fond de lui un invité permanent de la douce France. Invités comme les Gastarbeiter c'est ainsi qu'on appelle les travailleurs immigrés en allemand et en néerlandais, les « travailleurs invités ». Ils ont fini par s'incruster jusqu'à faire « presque » partie des meubles du pays hôte. Comment ne pas songer à la délicieuse Rachida Dati, une charmante « beurgeoise » invitée à participer au gouvernement blingbling pour éviter qu'ils ne siègent « à treize autour de la table ».
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