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Citations sur Captive (163)

Une prison ne se contente pas d’enfermer ses détenus à l’intérieur de ses murs, elle empêche le reste du monde d’avoir accès à son univers. Pour Grâce, la prison la plus sûre, c’est celle qu’elle s’est construite.
[p377]
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C’est le matin et il est temps de se lever ; et, aujourd’hui, il faut que je continue avec cette histoire. Ou il faudra que cette histoire continue avec moi, qu’elle m’emporte en elle, sur le chemin qu’elle doit emprunter, jusqu’au bout, en se lamentant comme un train, sourde, borgne et bien bouclée ; pourtant, je me jette contre les murs de cette histoire, je crie, je pleure et je supplie Dieu en personne de me laisser sortir.
Quand vous êtes en plein milieu d’une histoire, ce n’est pas du tout une histoire, mais juste un embrouillamini ; un mystérieux rugissement, un aveuglement, des débris de verre brisé et des éclats de bois ; pareille à une maison prise dans une tornade ou bien à un bateau écrasé par des icebergs ou emporté par des rapides et que personne à bord n’a le pouvoir d’arrêter. Ce n’est qu’après que ça devient quelque chose qui ressemble un peu à une histoire. Quand on la raconte, à soi-même ou à quelqu’un d’autre.
[p310]
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Quelques jours plus tard, le docteur vint nous rendre visite. Il s’appelait docteur Reid, c’était un gentilhomme assez âgé, ou du moins en donnait-il l’impression. Mais, avec les docteurs, c’est difficile à dire, vu qu’ils présentent des mines graves et qu’ils promènent des tas de maladies dans la trousse en cuir où ils rangent leurs couteaux, c’est ça qui les rend vieux avant l’heure ; et comme pour les corneilles, quand on en voit deux ou trois ensemble, on sait qu’il y a une mort dans l’air et qu’ils sont en train d’en discuter. Pour les corneilles, c’est qu’elles sont en train de décider qu’elles parties elles vont déchiqueter pour filer avec, et c’est pareil pour les docteurs.
[p283]
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Et Mary dit, Tu es une femme, maintenant, ce qui me fit pleurer de plus belle. Mais elle me prit dans ses bras et me réconforta, mieux que ma propre mère n’aurait pu le faire, vu qu’elle était toujours trop occupée ou fatiguée ou malade. Puis elle me prêta son jupon de flanelle rouge en attendant que j’en aie un à moi et me montra comment le plier et agrafer les pans et elle ajouta qu’il y en avait qui appelaient ça les misères d’Eve, mais qu’elle trouvait ça stupide, que la vraie misère d’Eve, c’était d’avoir dû supporter les idioties d’Adam qui, dès qu’il y avait le moindre problème, la tenait pour responsable de tout.
[p176]
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Et, depuis cette époque, je me suis dit, comment se fait-il que les femmes choisissent de coudre de tels drapeaux pour ensuite les mettre sur les lits ? Parce qu’ils font du lit l’objet le plus voyant d’une pièce. Et puis je me suis dit, c’est une mise en garde. Parce que vous pensez peut-être qu’un lit est un objet pacifique, monsieur, et, pour vous, il est peut-être synonyme de repos, de confort et d’une bonne nuit de sommeil. Mais il n’en est pas ainsi pour tout le monde ; et il y a des tas de choses dangereuses qui peuvent se produire dans un lit. C’est l’endroit où nous naissons, et ça, c’est le premier péril de notre vie ; et c’est là que les femmes donnent le jour, lequel est souvent leur dernier. Et c’est là que se déroule l’acte entre homme et femme dont je ne vous parlerai pas, monsieur, mais j’imagine que vous savez de quoi il s’agit ; il y en a qui appellent ça de l’amour, d’autres du désespoir, ou encore une simple indignité qu’ils doivent subir. Et, enfin, les lits sont le lieu où nous dormons, où nous rêvons et où souvent nous mourons.
[p173]
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Il fait froid dans cette pièce. Je n’ai pas de châle , je noue les bras autour de mon corps, sinon qui le fera ? Quand j’étais plus jeune, je me disais que, si je réussissais à m’étreindre suffisamment fort, je pourrais rapetisser, parce qu’il n’y avait jamais assez de place pour moi, à la maison ou n’importe où ailleurs, alors que si j’avais été plus petite j’aurais eu une place.
[p45]
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Les visiteuses portent des robes d’après-midi avec des rangées de boutons sur le devant et des crinolines en fils métalliques bien raides par-dessous. C’est franchement un miracle qu’elles puissent s’asseoir, et, quand elles marchent, il n’y a rien qui touche leurs jambes sous leurs jupes bouffantes, excepté leurs chemises et leurs bas. Elles ressemblent à des cygnes, à avancer en glissant sur des pieds invisibles ; ou sinon aux méduses du petit port rocailleux à côté de notre maison, quand j’étais petite, avant même que j’aie entrepris cette longue et triste traversée de l’océan. Elles avaient une forme de cloche et ondoyaient gracieusement sous la mer ; mais quand elles étaient rejetées sur le rivage et qu’elles séchaient au soleil, il ne restait plus rien d’elles. Et c’est ce à quoi ressemblent ces dames : à de l’eau, principalement.
[p34]
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Mais les gens aiment à béer devant une tragédie ; c’est indécent
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il a d’abord commencé par le courant matérialiste. Ces praticiens étaient d’avis que les dérèglements mentaux étaient d’origine organique- dus, par exemple, à des lésions nerveuses et cérébrales ou à des problèmes héréditaires bien spécifiques tels que l’épilepsie;ou à des maladies contagieuses, y compris celles sexuellement transmissibles - là, il s’est montré elliptique , compte tenu de la présence des dames, mais tout le monde savait de quoi il voulait parler.
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Marie me réconfortait et disait qu’il ne fallut pas prendre les choses aussi sérieusement et que, si on faisait jamais de bêtises , on n’apprenait jamais; et quand Mme Gentil me parlait durement et que j’étais au bord des larmes,Mary disait que je ne devais pas m’occuper d’elle, vu que c’étaient ses façons, elle avait avalé une bouteille de vinaigre et ça lui ressortait par la langue.
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