J'ai déjà lu plusieurs romans de
Margaret Atwood comme "
Neuf contes", "
Graine de sorcière" ou encore "
Captive" que j'ai beaucoup aimé, mais s'il y en a bien un que j'ai adoré c'est "
La servante écarlate", donc il était évident pour moi de lire "
Les testaments", qui est la suite, que l'autrice a écrit une bonne trentaine d'années plus tard, pour répondre, comme elle l'explique elle-même aux questions de ses lecteurs. Notamment sur la destinée de Defred.
Une quinzaine d'années après le récit d'une servante, Galaad est contaminé par un ver - la cupidité - et se désagrège de l'intérieur. La destinée de trois femmes qui n'auraient peut-être jamais dû se rencontrer, va être mise en danger par des horribles secrets patiemment collectés et qui représente une véritable bombe pour ce régime totalitariste, sous couvert de religion. L'une d'elles a participé à la fondation de Galaad, la seconde est le fruit de l'éducation de cette société, la troisième vit de l'autre côté de la frontière et déteste tout ce que peut représenter ce système.
C'est sans mal que le lecteur replonge dans l'univers de Gilead, dont le nom s'est transformé en Galaad, ainsi que quelques autres termes liés à cet univers, que la traductrice,
Michèle Albaret-Maatsch, a pris le parti de modifier. Et il est vrai que cela rend la lecture plus fluide. le récit alterne donc entre trois narratrices. Au début chacune a une succession de chapitres qui lui sont dédiés, dont la page de garde porte une icône représentative. Pour éviter de spoiler, aucune précision supplémentaire ne sera donnée.
Le retour sous le régime de Galaad est plus violent et immersif que dans "
La servante écarlate", car le lecteur va découvrir les geôles de Galaad, la manipulation mentale mise en oeuvre pour faire plier les femmes, leur assujettissement. Certaines scènes font invariablement pensé à des événements qui ont eu lieu pendant la seconde guerre mondiale en France, lors des rafles. La torture psychologique décrite, même si elle n'est pas "trop trash" n'est reste pas moins nocive. La peur latente et la dénonciation sont monnaie courante, de même que la corruption et la soif de pouvoir - pour se mettre à l'abri du jugement, même si les plus hauts placés dans la pyramide du pouvoir risque d'être balayé à tout instant, pour une vétille.
La vision portée par les deux autres narratrices est également marquante, lorsque le lecteur se met à leur place, et compare avec l'époque actuelle. Les similitudes, les possibilités, les coïncidences... La place de la femme, à tous les niveaux de la société, en tant qu'être inférieur est étouffante et angoissante. Les idées développées par l'autrice sont fortes et abouties. Même le réseau clandestin et le paradoxe avec la vie de l'autre côté de la frontière est frappante. La natalité et la pureté des moeurs sont une obsession dans cet état théocratique.
Margaret Atwood a été fine. Surfant sur la vague du succès rencontré par "
La servante écarlate", elle a eu envie d'écrire cette suite tant attendue par les lecteurs. Mais, elle place ce récit quinze ans après celui de Defred et narre la vie des trois personnages distincts. le lecteur n'a donc par réellement affaire à une suite à proprement parlé mais à un développement des idées présentées dans le premier opus, telle les moyens utilisés pour manipuler la population et dompter toute envie de rébellion, ce que cet enseignement strict et presque carcéral à produit au bout ces années écoulées, etc. Et même si Galaad a été édifié par la misogynie, aucun mâle ou presque n'est présent dans le récit. Ils sont tous au second plan, comme une menace qui rôde. (...)
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