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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Des femmes- de l'étrange- des mots de femmes- des personnages féminins- l'insaisissable étrangeté qui les entoure- l'inspiration d'autres femmes- un monde incertain, vacillant et fragile- Un "choeur féminin", voilà ce nous proposent Lucie Eple et les éditions du Typhon.
Proposition originale et singulière- un recueil collectif écrit par des femmes, sans intention féministe, juste l'écriture au féminin à travers le prisme de l'étrange à sonder.
Six femmes, auteures contemporaines qui en écrivant chacune de son côté, indépendamment des autres, vont créer à travers ce thème imposé "un choeur indirect" (dixit Clara Dupuy-Morency), un choeur qui s'est constitué à distance, sans concertation et duquel émane pourtant la puissance des points communs, des résonnances, un esprit collectif, surprenant, donnant naissance à un recueil cohérent, sublimé par les paysages oniriques en illustration de Jérôme Minard.
Et le lecteur de constater que cette alliance "étrange-féminin" fonctionne à merveille et que finalement comme l'affirme Bérangère Cornut "les contraintes tendent plus fort" l'écrivain.
Cette ouvrage a poussé ma curiosité à le lire. Je suis très sensible à l'idée d'un recueil de nouvelles, forme trop boudée à mon sens par la littérature française contemporaine.
Bien sûr j'ai été plus sensible à l'univers et/ou à l'écriture des unes et des autres, mais j'ai été chaque fois surprise et parfois carrément émue à la lecture de ces textes marqués du sceau de l'étrange, de la plume féminine et d'une expérience sensorielle troublante. J'ai ressenti de vrais coups de coeur pour certains de ces textes. Caroline Audibert, sa poésie et son personnage insaisissable de Naïs; Clara Dupuis Morency et l'histoire d'une vampire cruelle et fascinante qui m'a rappelée La morte amoureuse de Théophile Gautier, Bérangère Cornut et son immersion extraordinairement sensorielle dans une nature à l'état brut, ou encore Karin Serres et son fascinant récit poétique et sensible qui clôt magnifiquement bien ce recueil.
De très beaux textes au coeur de l'obscurité d'un monde éclairé et magnifié par les mots de ces six femmes offrant six expériences de lectures en immersion dans les abysses profondes et irrésistibles de l'étrange.

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Ce recueil de nouvelles est bien étrange, comme son titre le laisse présager. Ici pas question de rester les pieds sur terre, et nous allons même parfois flirter avec le fantastique. Six autrices contemporaines offrent chacune un récit, une nouvelle. Trois d'entre elles s'appuient sur des références littéraires, trois autres vont partir de leur seule imagination.

Pour les premières, nous retrouvons la nouvelle intitulée « Une robe couleur de souffrance », où Clara DUPUIS-MORENCY part de « La marquise de Sade » de RACHILDE, femme fascinée par la violence, dans un long poème gothique en prose et empli de souffrance. Hélène FRAPPAT s'inspire de la vie de Mary SHELLEY (la créatrice de « Frankenstein ») au XIXe siècle dans un récit fort et sombre, « Cette nuit ne finira donc jamais », où elle revient sur la mort de la mère de la petite Mary lorsque celle-ci n'a que 11 jours, cette même Mary qui, une fois adulte, perd son enfant et se voit en meurtrière. Doublement. Marie COSNAY choisit le classique « Les hauts de Hurlevent » de Emily BRONTË pour dresser un parallèle entre ce qu'elle y a lu adolescente et les échos avec son propre parcours dans les Landes. Un texte exigeant, qui convoque par exemple Énée et Didon.

Les trois autres textes, de pure invention ceux-ci, sont aussi signés par trois autrices. « La femme du fleuve » de Caroline AUDIBERT est un récit glacial où un violent orage tourne au déluge sous lequel se trouvent notamment deux véhicules. le style de cette nouvelle est puissant et proprement apocalyptique, c'est celui qui entame le présent recueil.

Dans « Jaune vif, veiné de noir », Bérengère COURNUT présente une forêt onirique aux débuts de la création avec une créature mi-animale mi-minérale, dans un texte obscur, préhistorique et savamment mythologique.

Le recueil se clôt sur « Niglo » de Karin SERRES, un autre texte fort curieux où des translucides vivent dans un aquarium de laboratoire humain, celui des « nage-pas ». Les translucides sont avant tout utilisés pour servir de réservoirs à organes. Karin SERRES se plaît à nous plonger à la fois dans l'aquarium ainsi que dans un univers énigmatique.

Vous l'aurez compris, c'est le style fantastique qui prime ici, comme le laisse d'ailleurs présager la couverture datée du recueil. Bien que différents, les six textes choisis ont tous ce point commun de nous balader entre réalité possible, passé supposé et déformation du réel, interprétation. Ils sont à la fois imprégnés d'un gothique cher au XIXe siècle tout en restant très modernes sur la forme, tous avec une forte dose de poésie comme désespérée (pas toujours), ainsi que féminisme parfois sous-jacent. Ce livre sorti en 2020 aux éditions du Typhon en pleine pandémie est peut-être passé un peu inaperçu, il vaut le coup de faire un petit détour, ne serait-ce que pour les six écritures très accrocheuses des autrices ici présentes, et leurs univers originaux et désarmants, univers rendu plus distendu encore par les dessins de Jérôme MINARD.

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Un ouvrage qui s'annonce étrange, comme c'est bizarre. Pourtant mystérieux, cabalistique sont les premiers vocables qui tournent dans la tête, puis au fil de la lecture. Déjà la présentation originale donne le ton : du noir et blanc et des illustrations de Jérôme Minard qui mettent en scène la nature dans tout son fantastique : branches, pierres, eau, brouillard qui peuvent soudainement se déchaîner en des tourbillons phosphorescents et troublants.

L'éditrice et communicante Lucie Eple a rassemblé six voix féminines pour une chorale aux rythmes incantatoires et fabuleux, pour une plongée dans des ombres gothiques ou surgissent des êtres imaginaires, des fantômes, des formes spectrales ou tout simplement les forces de la nature dans un déchainement ténébreux.

Quelques figures littéraires du passé rencontrent des êtres d'aujourd'hui, des ectoplasmes ou fascinantes divinités. Frissons qui pourtant apaisent, obscurité qui porte une lumière, puissance de l'écriture sur la fragilité du monde, un ensemble qui dompte les peurs tout en les faisant sortir. Un choeur qui chante en solo mais sur la même harmonie.

La femme du fleuve
Caroline Audibert brosse le portrait de Naïs, telle une déesse du fleuve en proie aux forces de Zeus, un orage terrible s'est abattu et des pluies diluviennes rendent les routes comme des torrents. Partant à la dérive elle est sauvée par Theo (le choix des prénoms n'est pas anodin). Il lui apporte les premiers secours, repartent ensemble et vont s'aimer le temps d'une nuit. le récit le plus réel de l'ouvrage et qui résonne terriblement par rapport à l'actualité météorologique. Dans cette vésanie qui embrasse la nature, une plume sculpte les contours de l'inattendu.

Une robe couleur de souffrance
Clara Dupuis Morency trempe une plume de sang dans les veines d'une histoire ancienne, celle d'une femme, Mary Barbe dans « La marquise de Sade » de Rachilde, dont la première robe commandée avait été créée par la couleur de la souffrance. Mante religieuse, cruelle, elle se joue des hommes à cause d'une enfance marquée par un père qui n'avait que faire d'une fille et de l'image ineffaçable d'une vache égorgée. Vampirisant.

Cette nuit ne finira donc jamais
Hélène Frappat convoque le fantôme de Mary Stelley, s'habille de lueurs translucides pour éparpiller des feux follets d'où surgissent ses phrases. La femme de lettres anglaise a été entourée par la Grande faucheuse, est née avec elle, sa mère décédant onze jours après sa naissance. Elle-même va vivre le même cauchemar, par trois fois. Que dire, que faire… Convoquer les esprits qui crient la détresse, la chair écorchée d'une mère. le courage d'une vie broyée.

Jaune vif, veiné de noir
Bérengère Cournut raconte l'histoire de Pierre-Luisante, femme de la forêt dans un temps suspendu. Sa communauté a été dévastée, elle survit puis vit en chassant, en humant, en regardant. Sauvée par une louve, elle part en plaine mais retourne dans sa forêt pour retrouver ses arbres, ses ruisseaux, sa grotte. Elle fait corps avec la nature jusqu'à faire l'amour avec elle. de là, vont naître d'autres petites pierres. Conte poétique qui rappelle, sur le fond, Regain de Jean Giono.

Petit traité d'immortalité à la fenêtre
Marie Cosnay fait hurler le vent dans la noirceur de la lande d'Emily Brontë. L'écrivaine découvre une édition de 1962 du célèbre roman et se met à imaginer qu'elle a aussi convoqué Catherine, Hearthcliff, Edgar, Lockwood… mais soudain, un autre fantôme entre dans le paysage, celui de Didon, Didon la femme courageuse face à la jalousie. Entrechats imaginaires entre une divinité phénicienne et romantisme anglo-saxon.

Niglo
Karin Serres ferme le ban par l'élément vie de la terre : l'eau. Une confrontation entre des êtres étranges plongés dans des aquariums de laboratoire et des nage-pas aux différentes couleurs de peau, qui s'habillent en blanc et plongent des mains vertes ou bleues dans les bacs. Mais enfermer des ondines n'est pas aisé et l'une d'elle va s'échapper… Une fontaine aérienne dans des flots fantasmagoriques.

Et maintenant, à vous de vous immerger dans ces incantations et métamorphoses féminines.
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