Mansfield Park

Lorsque deux cœurs en harmonie s'engagent dans le mariage, cette union ne peut qu'être nommée "une vie heureuse".

Si l'une des facultés de notre nature peut être plus pure, plus merveilleuse que les autres, je crois que c'est la mémoire. Il semble y avoir quelque chose de plus incompréhensible dans les pouvoirs, les défauts, les inégalités de la mémoire que dans aucune autre activité de notre intelligence.

Même lorsqu'il était encore entièrement infatué de l'autre, il avait reconnu la supériorité mentale de Fanny. Que devait-il donc en penser maintenant ? Elle était évidemment trop bonne pour lui. Mais, comme nul ne voit d'inconvénient à posséder ce qui est trop beau pour soi, il ne relâcha pas ses efforts dans la poursuite de ce bienfait du Ciel, et il n'est pas possible que les encouragements du côté de la demoiselle lui fissent longtemps défaut.

"Très chère Fanny, j'espère vous procurer plus de plaisir que de peine en faisant ce retour sur ce qui aurait pu être, mais n'a désormais plus aucune chance d'exister. Vous ne souhaitez pas que je me taise ? Si oui, un regard, une parole, et je m'arrête."

Elle ne lui adressa ni regard ni parole.

"Dieu soit loué ! dit-il. nous étions tous amenés à nous poser la question, mais il semble que, dans sa merci, la Providence ait fait en sorte que le cœur innocent de toute fraude n'ait pas eu à souffrir."

Juste avant de quitter Oxford, tandis que Susan était postée à une fenêtre à observer attentivement le départ de l'auberge d'une nombreuse famille, les deux autres se tenaient debout près du feu. Edmund, particulièrement frappé par l'altération des traits de Fanny et, dans son ignorance des désagréments rencontrés chaque jour chez le père de la jeune fille, en attribuant la cause au récent évènement pour une part trop grande, ne voyant même que cela, lui prit la main et dit à voix basse, mais de manière fort expressive : "Rien d'étonnant... Vous devez en être éprouvée... Vous devez en souffrir. Comment un homme qui vous a aimée a-t-il pu vous abandonner ? Mais votre... votre affection était récente en comparaison de... Fanny, pensez à moi!"

À 8 heures, Edmund était dans la maison. Les jeunes filles de leur chambre en haut l'entendirent entrer, et Fanny descendit. La perspective de le revoir tout de suite, sachant ce qu'il devait supporter, raviva tout ce qu'elle avait d'abord ressenti. Il était là, tout près, et malheureux. Elle fut sur le point de défaillir à l'instant de pénétrer dans le petit salon. Il était seul, et aussitôt alla au-devant d'elle. Elle se retrouva pressée sur son cœur, avec ces mots, à peine articulés : "Ma Fanny, ma sœur, la seule, mon seul réconfort à présent." Elle fut incapable de prononcer une parole. Lui aussi durant quelques minutes ne put en dire davantage.

Il se détourna pour se reprendre. Quand il recommença de parler, sa voix tremblait encore, mais son attitude révélait un souci de se maîtriser et la détermination d'éviter toute autre allusion du même genre.

vous m'êtes apparue fort différente de celle que je m'étais imaginée. Que votre famille, votre frère et vos soeurs, puissent en cette circonstance, retirer quelque avantage ou désavantage, ne semble pas vous avoir traversé l'esprit . Il ne vous est rien qu'ils puissent tirer profit de cette alliance, ou s'en réjouir. Vous ne songez qu'à vous ...
Sir Thomas à Fanny, page 340

La fillette fit le long voyage sans incident. Mrs Norris vint la chercher à Northampton et put ainsi se flatter d'avoir été la première à l'accueillir, puis à la présenter aux autres en la recommandant à leur bonté. Fanny Price venait alors d'avoir dix ans. Lorsqu'on la voyait pour la première fois, elle n'avait rien de particulièrement remarquable, mais ne possédait rien non plus qui puisse déplaire à sa famille. Petite pour son âge, elle avait le teint terne et n'était pas d'une beauté frappante ; craintive et timide à l'excès, elle cherchait à se faire oublier. Toutefois, malgré sa gaucherie, elle n'avait rien de vulgaire: sa voix était douce et, quand elle parlait, son visage devenait plaisant.

Je suis très forte et je ne suis fatiguée que lorsque je fais ce que je n´aime pas faire.

“Oh, ne m’attaquez pas avec votre montre !
Une monte est toujours en avance ou en retard.
Je n’accepte pas qu’une montre me dise ce que je dois penser.”