Fanny Price est la parente pauvre des Bertram. Arrachée à sa famille à 9 ans pour être transplantée dans la belle roseraie de
Mansfield Park, son éclat est trop faible pour ne pas être éclipsé, face à ses brillantes cousines Maria et Julia. Une aubaine pour elle, selon ses tantes. Fanny le vit plutôt comme un déchirement.
Fanny grandit donc à Mansfield, avec pour seul confident son cousin Edmund, le fils cadet du baron. Elle est l'aide préférée de sa tante Bertram, le sujet de récriminations préférées de sa tante Norris, l'amie de son cousin Edmund et le faire-valoir de ses cousines.
L'arrivée du nouveau pasteur, le Docteur Grant, accompagné non seulement de sa femme, mais également du frère et de la soeur de celle-ci bouleverse le calme plat de cette vie provinciale.
Jane Austen signe son roman le plus moral, le plus sarcastique aussi. En effet, que répondre lors qu'on a un minimum d'intelligence, à une connaissance qui admet bien volontiers "que son opinion est généralement celle du plus grand nombre, puisque tant de personnes ne peuvent avoir tort".
Avec son style inimitable, l'auteur interroge l'utilité de l'éducation des classes moyennes et aisées de la société : Mary Crawford trébuchera, mais pas plus que Maria ou Julia. Qui, de Tom Bertram ou d'Henry Crawford, commettra le faux pas qui l'obligera à se retirer de la société ? Et quelle est la valeur d'une société où l'on ne peut entrer que par la naissance, mais où l'importance de votre portefeuille sera, ensuite, la seule valeur sûre...
Bien que très fan de
Jane Austen, j'avoue avoir eu du mal à finir ce roman entre-deux eaux : loin du style presque épistolaire de
Orgueil et Préjugés, mais pas encore exactement du style très intériorisé de
Persuasion, les mouvements d'émotion de Fanny Price sont trop mesurés pour nous la rendre sympathique, et les fautes des autres, trop importantes et trop nombreuses pour ne pas les retenir contre eux...
Un roman intéressant, en particulier si l'on étudie les six romans majeurs de
Jane Austen.