Citations sur Invisible (74)
Nous ne sommes pas tombés amoureux l'un de l'autre, on pourrait dire plutôt que nous sommes tombés l'un dans l'autre et, dans l'espace profondément intime que nous habitâmes pendant ce peu, très peu de temps, notre seule préoccupation fut le plaisir. Plaisir de manger et de boire, plaisir sexuel, plaisir de prendre part à un dialogue animal, non verbal, dont le langage consistait à regarder et à toucher, à mordre, savourer et caresser.
J'ai probablement vécu trop seul depuis six ans. Je confonds parfois ce que je pense du monde avec le monde lui-même.
Je ne voudrais pas l'insulter. La pitié est une émotion si affreuse, si inutile - il faut la refouler, la garder pour soi. Dès l'instant où tu essaies de l'exprimer, ça ne fait qu'empirer les choses.
Born avait à peine trente-six ans, mais déjà c'était une âme dévastée, un individu en ruine et, tout au fond de lui, j'imaginais qu'il avait dû souffrir terriblement, vivre dans une douleur constante, lacéré par les coups de couteau du désespoir, du dégoût et du mépris de soi.
J'avais beau être sur mes gardes, je me sentais fasciné, aussi, par ce type étrange et indéchiffrable, et le fait qu’il parut authentiquement content d’être tombé sur moi alimentait les feux de ma vanité- cet invisible chaudron d’estime de soi et d’ambition qui frémit et bouillonne au fond de chacun d’entre nous.
La vie est trop courte pour lambiner
Mais c'est ça, notre boulot, au CNRS: rendre le monde aussi ennuyeux que possible (p. 259)
Vous tâtez donc de l'eau avec précaution, petit pas à petit pas, en effleurant de vos bouches le cou de l'autre, en effleurant de vos lèvres les lèvres de l'autre, sans ouvrir la bouche pendant de longues minutes et, bien que vous vous teniez l'un l'autre embrassés en une forte étreinte, vos mains ne bougent pas. Une bonne demi-heure passe, et vous ne manifestez ni l'un, ni l'autre la moindre envie d'arrêter. C'est alors que ta sœur ouvre la bouche. C'est alors que tu ouvres la bouche et, ensemble, vous plongez dans la nuit.
Ne sous-estimez jamais l'importance de la guerre. La guerre est l'expression la plus pure, la plus vive de l'âme humaine.
Mais Margaux était si à l'aise avec elle-même, si au fait de l'art de mordiller, de lécher et d'embrasser, si peu réticente à m'explorer des mains et de la langue, à attaquer, à se pâmer, à se donner sans coquetterie, ni hésitation, qu'il ne me fallut pas longtemps à me laisser aller.