L'amant de Patagonie

J'aime les espaces infinis que décrit Isabelle Autissier, la force des éléments, le bruit et l'odeur qu'ils génèrent. Quand je lis ses livres, je suis irrésistiblement transportée dans ces décors fabuleux d'un monde que je ne conçois qu'avec ses mots. Une nature qui me bouleverse à chaque fois. Et si la téléportation existait, c'est là assise sur la montagne que je me plongerais avec délice dans ce roman. J'observerais « l'entrelacs de golfes et de caps, de glaciers, de prairies, de forêts, la couleur des eaux allant du turquoise au bleu nuit, la houle qui s'enroule à chaque pointe pour rentrer dans les baies... »

Que ce pays est beau !
C'est Aneki, un indien Yamana, qui le murmure à Emily. Emily, cette jeune écossaise envoyée en Patagonie pour être gouvernante des enfants du révérend Bentley. Emily qui ne connaît rien de ces tribus indiennes et les regardent avec l'oeil condescendant d'une occidentale, mais qui au fil des jours va s'ouvrir à ce peuple et ces coutumes. Subjuguée par la beauté des lieux et amoureuse d'Aneki, elle finit par s'enfuir avec lui pour vivre pleinement son amour, qui n'a pas lieu d'être vis a vis de la communauté protestante sur place. Mais on ne s'affranchit pas ainsi du poids des traditions...

Voilà un roman remarquable par la qualité des recherches effectuées par l'auteure sur l'histoire d'Ushuaia, autrefois Ouchouaya. On y apprend l'arrivée de l'homme blanc et sa progression dans les paysages argentins. On y découvre son impact néfaste sur les populations autochtones, sous couvert de la parole d'un dieu apportant la bonne parole et le bon comportement. Toujours cette supériorité maladive du bon Blanc qui dispense ses pensées « positives » pour obtenir des biens et des terres sans contrepartie et sans autorisation. Que d'outrages commis envers les peuples et la terre-mère ! Heureusement, l'auteure sait apaiser la colère par la description des lieux, une nature exubérante, foisonnante et au pouvoir curatif exceptionnel. Enfin, c'est ainsi que je l'ai ressentie...

L'amant de Patagonie trônait sur ma pile depuis de nombreuses années, attirant mon regard et m'invitant au voyage et aux grands espaces. Maintes fois, après avoir relu sa quatrième de couverture, je l'ai reposé, avec délicatesse préférant attendre le moment opportun pour plonger dans ce petit livre que je pressentais être un trésor. Je ne voulais en perdre aucune miette. Je ne voulais pas que les parasites que je nomme stress, sur-activité et dispersion ne s'invitent dans l'aventure.
Bien m'en a pris. J'ai attendu le bon moment. J'ai surtout trouvé deux acolytes voyageurs passionnés et passionnants, Fanny1980 et Pancrace. Ils m'ont accompagnée lors de ce voyage littéraire au bout du monde.
Bon, il faut dire qu'ils ont voyagé vite avec leur bateau de colons aux voiles étincelantes tandis que je pagayais maladroitement, tentant de trouver la berge où m'installer en Terre de Feu. Je commençais à peine le livre qu'ils le terminaient déjà. Pas grave. L'aventure était lancée. J'ai fait la course presque en solitaire réfrénant mon envie d'aller lire leurs chroniques certainement superbes. (Je me suis toujours promis de lire les chroniques des talentueux Babeliotes uniquement après avoir écrit la mienne pour éviter d'être trop influencée).

En parlant de talent... C'est surtout celui d'Isabelle Autissier qu'il faut acclamer ici. Son écriture est délicieuse. On sent la pâte de l'aventurière, de la navigatrice qui au cours de ses périples s'est intéressée aux peuples, aux pays et à leur histoire. Son texte est habité. Il est empreint d'expérience, d'émerveillement, de fascination et de contemplation.

L'amant de Patagonie, c'est la rencontre de deux peuples, de deux cultures, de deux manières de vivre. C'est un saut dans le monde onirique et ancestral des peuples de la terre, de ceux de la mer, de ceux que la technologie n'avait pas encore abimés.
C'est un saut dans le monde des blancs, persuadés de détenir la vérité, annonçant à grands coups d'eau bénite et de domestication, la Bonne Parole pour offrir le paradis aux ignorants, aux sauvages.
Entre deux, Emily. Touchée au coeur par l'Amour d'Aneki, autochtone yamaha. Touchée à l'âme par Dame Nature que seuls des êtres sensibles et sensuels peuvent appréhender totalement.

Le voyage au pays de l'Amant de Patagonie n'est pas romantique. Il est initiatique. Tantôt lumineux, tantôt douloureux. Immensément intense !

« Voyager vous laisse d'abord sans voix, avant de vous transformer en conteur. » – Ibn Battuta

Roman historique, d'aventure, d'amour, ce livre nous entraîne en Patagonie avec comme personnage principal Emily. Jeune fille orpheline envoyée en Amérique du Sud, sur une terre hostile qu'elle ne connaît pas. Elle va seconder la famille nombreuse d'un pasteur.
Dans cette contrée sauvage, elle fera la connaissance d'Aneki et du peuple indien. Elle tombera amoureuse de leur culture et du jeune indien. Rattrapée par la réalité, son rêve de liberté, de vie sauvage, va se heurter à un choc culturel, avec d'un côté un peuple blanc colonisateur et de l'autre les indiens avec leurs modes vie traditionnelles spécifiques.

Isabelle Autissier nous transporte littéralement en Patagonie à travers le personnage d'Emily dans lequel on peut facilement s'identifier. Jeune fille un peu sauvage qui aime et veut défendre la nature et ses convictions quitte à s'opposer au reste d'un peuple blanc conservateur et borné.
Elle est l'une de seules à s'intéresser à la culture indienne, à son fonctionnement. Elle apprend leur langue, s'intègre peu à peu à eux. Elle s'improvise même enseignante en apprenant l'anglais aux plus petits.

Au delà, d'un livre d'amour, j'y ai surtout retenu l'histoire d'un peuple massacré par la volonté des blancs d'imposer leurs idées, leurs religions et leurs modes de vie alors qu'il ne souhaitait rien d'autre que de continuer à vivre comme il l'avait toujours fait en respectant la nature.
D'où pour moi, ce sentiment d'énervement, on ne peut pas imposer systématiquement nos volontés, chacun devrait pouvoir rester libre de choisir.

Excellente découverte!

Fin XIXe , Emilie orpheline très jeune se retrouve boniche au service des quatre filles du révérend Mac Kay qui ne l'apprécient guère.
Après cinq ans dans cette famille, elle est envoyée à Ouchouaya pour aider la femme du pasteur qui vient d'avoir son cinquième enfant.
Elle découvrira l'Argentine, ses splendides paysages, ses habitants qui la choquent à son arrivée. Avec Aneki autochtone yamana, elle vivra une passion réprouvée par les nouveaux arrivants de ce pays du bout du monde.
C'est le premier livre d'Isabelle Autissier que je lis et j'y trouve une très belle écriture, de belles descriptions de ce pays: ses couleurs, ses habitants.
J'ai bien aimé ce livre et j'ai l'intention d'en découvrir d'autres de cette auteure.

Un livre formidable !
Fin 19è, une jeune américaine éduquée par une famille de pasteur en Patagonie, et son histoire d'amour avec un autochtone. Elle ira vivre avec lui, reniera son éducation, ses traditions, sa civilisation. Et comme toutes les histoires d'amour finissent mal (!!) elle sera rattrapée par la réalité et par ses pairs....
Une expérience peu banale et insolite.
Belle histoire d'amour, et questionnements sur ce que l'on nomme la "civilisation".....

Isabelle Autissier que je ne connaissais que par ses exploits de navigatrice m'a permis de découvrir une superbe plume !

L'impression de visualiser tous ces passages sublimes de la Patagonie par son souci du détail, presque l'impression de lire un auteur du cru.

Emily et Aneki, une histoire d'amour libre, en liberté, sans souci des convenances. Mais cet amour là a un prix et Emily l'apprendra bien assez vite. En cette période de colonisation occidentale, il ne fait pas bon s'amouracher d'un autochtone appartenant à un peuple que l'on veut"humaniser", un peuple d'Indiens que l'on nomme "sauvages", mais qui ont encore ce rapport à la nature déjà perdu par les occidentaux.

Un véritable coup de coeur !

1880. Au Nord du continent, les wiggams des tribus amérindiennes sont depuis longtemps décimés. Au sud, la nature hostile et la météo implacable rendent plus hasardeux les élans évangélistes et colonialistes... La terre de Feu est toujours essentiellement peuplée de tribus autochtones.
C'est pourtant dans cette lointaine contrée que débarque la jeune Emily. Éprouvée par la vie, ce poste de gouvernante au bout du monde est pour elle un second départ.
En fait de départ, c'est d'une arrivée qu'il s'agit. A peine sur le canal de Beagle (Monsieur Fitz Roy a déjà cartographié le territoire), Emily sait qu'elle vient de trouver sa terre d'élection. Chacune de ses cellule hurle sa plénitude devant ces paysages et leur immensité.
La jeune femme ignore encore que cette terre va la conduire à l'ultime transgression. Elle va aimer un indigène et porter son enfant.
La minuscule communauté blanche ne peut tolérer une telle abomination.
Ce roman est une fois de trop celui d'un génocide. le récit implacable de l'acharnement des Blancs à vouloir modeler le monde à leur image au nom de Dieu et des dollars.
Isabelle Autissier, sans jamais oublié la beauté indéfectible d'un cadre éblouissant, donne à voir le plus abject et le plus sordide. Quand les maladies, la faim ne suffisent plus à anéantir les hommes, il reste les bras armés et leurs colliers d'oreilles humaines.
Emilly nous tient la main tout au long des pages . Ce portrait de femme est aussi celui d'une humanité qui a échoué. Un très, très beau roman sur la Patagonie.

Isabelle Autissier n'est pas seulement une exceptionnelle navigatrice, c'est aussi une auteure, une raconteuse d'histoire.

Elle nous entraîne loin, très loin dans une partie du globe qu'elle semble particulièrement affectionner : la Patagonie. Son héroïne, Emily est une jeune orpheline d'origine écossaise, envoyée là-bas pour servir de gouvernante à la famille du pasteur en charge d'évangéliser les Yamana.

Agée de 16 ans à son arrivée, Emily va découvrir et s'intéresser peu à peu aux coutumes de ces autochtones. Une histoire d'amour va naître entre elle et Aneki. Quand elle confie au pasteur son désir d'épouser ce jeune homme, de fonder une famille qui sera un pont entre les deux cultures, elle déclenche la colère et le dégoût du pasteur. Rejetée, isolée, elle finira par s'enfuir avec l'homme aimé. Mais leur histoire d'amour se terminera en tragédie.

Isabelle Autissier fait preuve d'un grand talent pour nous faire découvrir l'histoire de l'installation des colons blancs, l'exploitation du pays et le pillage des ressources naturelles qui s'ensuit, les massacres volontaires ou provoqués par les maladies apportées d'Europe qui vont décimer les autochtones. Elle nous fait partager son amour pour la terrible beauté du Grand Sud.

Ce roman aurait tout aussi bien pu s'appeler "L'amante de la Patagonie". Il raconte la vie d'une Écossaise partie vivre au bout du monde à seize ans, en 1880. Deux civilisations se rencontrent à l'extrémité de la terre et de la mer et bientôt s'y affrontent : les colons d'origine européenne venus sur leurs gros bateaux (bientôt à vapeur) et les tribus indiennes qui ne se déplacent qu'en pirogue.

Isabelle Autissier connaît assez bien les environs d'Ushuaia pour avoir navigué aux confins de la Terre de Feu. La vie des pionniers, la fascination engendrée sur eux par l'exotisme, la résistance des Indiens à l'envahissement et les ravages causés par les maladies importées sont décrits de manière tout aussi convaincante que le sont les paysages et l'atmosphère hivernale prédominante.

Quoique non romantique, il y a du "Paul et Virginie" dans ce livre : monde lointain, recherche d'idéal, lutte contre l'exploitation de l'homme et célébration de la nature. Il est cependant marqué par l'époque où il a été écrit : notre époque. L'auteure fait ainsi dire à un indigène que son pays est beau. Peut-on vraiment dire cela sans jamais avoir quitté son territoire ? Dans la même veine, les références à l'écologie sont le reflet de préoccupations actuelles. Il est cependant vrai que l'arrivée d'Européens en quête de bois, de graisse et de peaux de bête a nécessairement dû amener les tribus autochtones à s'interroger sur la pérennité de leur environnement qu'ils avaient jusqu'alors considéré être immuable.

le style d'Isabelle Autissier est efficace, sans emphase : "Les mois sont longs. le temps est lent. L'hiver semble avoir pris possession pour toujours de la Patagonie, tenir ce bout de terre dans ses serres, s'insinuant sous chaque motte et au coeur de chaque caillou." La construction du récit est habile : vous serez vite pris par l'envie de connaître la suite de l'histoire.

Ce roman offre ce qu'on attend d'un roman : le plaisir de le lire, un peu de savoir sur une région et une époque lointaines et une meilleure connaissance de l'être humain.

Un passage, que je vous laisse découvrir ou vous remémorer, m'a particulièrement touché : celui de la renarde avec ses petits. Allez-y voir !

Ceci n'est pas une critique,mais juste un souhait que vous lisiez ce beau livre .beau comme le vent, l'eau ,la mer, la terre
Toute cette culture ,cette façon de vivre avec la nature perdu a jamais ,balayé par les hommes assoiffés de terre nouvelle pour amasser des richesses qui ne servent pas à grand chose (en fin de compte)
Autissier nous raconte une belle histoire de peuples qui sont a jamais disparus
Oui c'est vraiment un beau livre