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4,06

sur 122 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir une histoire dense, complexe, qui force le lecteur à réfléchir, proposant de nombreux axes de réflexion, principalement sur l'Homme, et qui et ne laisse pas indifférent. Un récit humaniste et efficace, bien porté par un univers pointu et des plus captivant, détaillé, qui se dévoile avec plaisir à l'imagination du lecteur sans jamais le perdre grâce à des explications abordables. Comment ne pas tomber sous le charme de ces AnimauxVilles, ces armures, ces vaisseaux etc… Les personnages ne manquent pas d'attraits et se révèlent soignés et entraînants même si j'ai trouvé que parfois l'aspect émotionnel était un peu voilé par le message que cherche à faire passer les auteurs. La plume des auteurs se révèle efficace, vivante, riche, faisant monter la tension au fil des pages pour un final explosif, immersif et flamboyant. Je regretterai juste peut-être une première partie légèrement verbeuse ainsi qu'une conclusion qui s'offre quelques facilités dans les relations des personnages et un petit peu trop happy-end par certains aspects, mais franchement des broutilles tant je me suis retrouvé happé par ce texte.

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C'est un très grand roman de science-fiction que nous offrent Ayerdal et Dunyach. Réellement dépaysant en termes de lieux, de formes de vie, ce roman n'en est pas moins d'une brulante actualité. Il analyse différentes formes de gouvernance, de choix de vie, de… déviance politique. Les personnages très bien ciselés d'un point de vue psychologique nous donnent à voir ce qu'est l'humanité. Si parfois j'ai été perdu dans des données issues de la physique ou de l'astronomie, j'ai été transportée par la grandeur des images et des voyages proposés.
Nous sommes dans un lieu et un temps ou l'univers (encore replié sur lui-même) s'appelle le Ban, seuls les animals-villes – des planètes vivantes et pensantes- peuvent traverser cet univers de part en part. Ces êtres incarnent dans le roman une sorte de sagesse vivante, une vie bienveillante qui communique avec les hommes par une sorte de télépathie (le terme est inexact). Leur structure physique, leur « chair », se transforme en rue, avenue, beffroi… Il faut se familiariser avec ces êtres et cela m'a demandé un certain temps pour comprendre leur rôle et leur façon de fonctionner… passionnant.
Viennent ensuite les « humains » - je les appelle ainsi mais le terme est, là encore, restrictif. Ces êtres sont tous issus d'une même souche qui vivait ensemble. Suite à des guerres fratricides, qui les menaient à leur totale destruction, les animaux-villes ont décidé de les disperser aux quatre coins de l'univers. Chacun des rameaux a ensuite évolué selon ses préceptes. Chacun fait l'objet de chapitres où les personnages centraux sont présentés. Les Mécanismes, civilisation guerrière et machiste, gouvernée par des hommes, exclut les femmes de toute décision (ça évoque des choses). Ils vivent dans des armures quasi-vivante, greffées qui leur donnent une puissance physique impressionnante. Les Originels sont ceux qui ont développé un savoir pour créer des personnaes sorte de fantômes abritant la mémoire des défunts, pour cela les vivants ont besoin d'un passeur des morts. L'Artefaction est une civilisation ou femmes et hommes sont à égalité, les décisions sont collégiales, leur originalité réside dans le fait qu'ils « accouchent » d'artefact des « choses » vivantes ayant des qu'ils doivent impérativement offrir sous peine d'en mourir. Pour terminer viennent les Connectés, des êtres subtils qui sont dotés d'un flagelle dans le dos leur permettant de partager avec leur semblable un flux continue d'informations, sans cette communion avec les leurs, ils meurent.
Ces rameaux sont invités par les animaux-villes à accompagner une supernova, la mort d'une étoile. Chacun arrive avec ce qu'il est. Ceux qui veulent dominer les autres par tous les moyens, ceux qui méprisent les autres civilisations, mais aussi ceux qui voudraient redonner du sens à leur rameaux car chacun dans son coin d'univers se rabougrit. C'est là que cette fresque gigantesque nous conduit vers la réflexion sur la technologie, la différence, l'égalité homme-femme mais aussi l'amour, mais aussi les confins de l'univers, le chant des étoiles.
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Grande saga post-humanité, cette histoire dense nous plonge dans un nouvel ordre du monde en perpétuelle évolution, habité par des animauxvilles, cités vivantes de chair et de cartilage, qui ont permis aux hommes de coloniser l'espace.

Mais que sont justement devenus les hommes?

L'humanité est désormais divisée en quatre rameaux, dont l''éloignement géographique accentue les divergences. La guerre ne semble pas être bien loin.
Les Retrouvailles entre des représentants de tous ces rameaux, mises sur pied par l'une de ces cités, vont-elles permettre une réconciliation?

C'est un roman à message sur la place de l'homme et l'avenir de l'humanité. Donc, si vous aimez l'anticipation, la science-fiction, ce livre est fait pour vous. Vous visualiserez ce nouvel espace, vous vous attacherez aux principaux personnages, chacun cherchant sa place dans son monde et dans l'univers.
Je ne sais pas si cela a déjà été envisagé, mais une mise en image devrait donner un film assez époustouflant.
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C'est un univers parallèle probant qui s'ouvre en grand: les humains dispersés en quatre Rameaux qui s'évitent avec chacun des aptitudes étonnantes.
Les quatre parties décrivent les Rameaux: les mécanistes, les Originels, les Organiques, les Connectés. C'est souvent long, voir assommant, alambiqué voire pédant et je saute des pages entières.
Et pourtant je sais que je vais apprécier la cinquième partie les "retrouvailles" de ces rameaux autour d'une supernovae.
Parcequ'il y a suffisemment d'idées, de force évocatrice et rien de téléphoné, et je sais que cette rencontre des Rameaux ne pourra être que surprenante. Elle tient ses promesses, même si j'ai regretté un certain manichéisme. La théorie sur la façon dont se crée un univers est passionnante.
L'esprit des grandeurs oui, mais totalement assumé.
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A sa sortie, « Etoiles mourantes » avait divisé la critique – et cette division ne rend la découverte du roman que plus intéressante aujourd'hui.

L'arrivée de gigantesques êtres extraterrestre capables d'abriter des populations entières d'hommes dans ses entrailles, appelés AnimauxVilles, a bouleversé l'humanité, mais a surtout exacerbé ses désaccords. Jusqu'à provoquer la scission de l'espèce humaine en quatre « Rameaux », quatre voies d'évolution différentes. Pour mettre fin aux conflits les opposant, les quatre Rameaux, à l'instigation des AnimauxVilles, se sont dispersés dans autant de recoins de la galaxie.

A l'idée d'un Rameau correspond un futur possible pour l'humanité. Ils sont indirectement exposés l'un après l'autre dans la première partie du roman. La richesse de leur traitement donne l'impression de se retrouver face non pas à un roman mais à quatre, tant ces sociétés, qui n'ont plus rien à voir entre elles, sont finement détaillées. de vastes intrigues pourraient être racontées dans chacun des Rameaux, indépendamment des autres. de cette richesse de détails naît une profondeur et un réalisme capables de donner une vie propre à ces sociétés, en-dehors de l'intérêt immédiat de l'intrigue. Entre ces Rameaux, la plus grande réussite du duo d'auteurs est à coup sûr le peuple des Connectés, qui ne supportent pas physiquement de vivre sans connexion au réseau, et doivent respecter des sortes de paliers de décompression de données lorsqu'ils s'y reconnectent... le lien avec notre monde actuel est évident, et plus pertinent que jamais. La première moitié du roman ouvre à chaque nouvelle découverte d'un Rameau à un sentiment de vertige, en repoussant ainsi par quatre fois l'horizon fictionnel.

La seconde partie, les « Retrouvailles », rassemble toutes les intrigues amorcées dans la première autour d'un système binaire d'étoiles mourantes s'acheminant irrémédiablement vers une supernova. Avec ces deux parties, le roman est donc bâti selon des logiques contradictoires, qui dessinent comme un rebond de l'univers fictionnel : une expansion puis une contraction. Lors de cette dernière, ce n'est plus le vertige de l'ampleur croissante du récit qui agit, mais un sentiment d'inéluctabilité : au fil des pages, le roman se resserre. Il perd de sa fraîcheur, mais gagne l'intensité du compte à rebours : le final est en effet annoncé dès le titre du roman. Or cette supernova est plus qu'une toile de fond aux proportions cosmiques, car elle agit comme un catalyseur dramatique, accentuant puis précipitant sensations et émotions, jusqu'à l'explosion. La construction comme l'écriture-même du roman s'accordent donc à la nature d'une supernova.

« Etoiles mourantes » brille donc par sa construction, son univers fictionnel riche, détaillé, pertinent, mais aussi par l'étonnant concept d'appréhension de la réalité que développent les auteurs tout au long du roman pour expliquer la manière dont les AnimauxVilles se déplacent de points en points dans l'Univers. Ils se basent, on l'apprendra à la fin du livre, sur une théorie scientifique : comme toute bon travail de science-fiction, la lecture d' « Etoiles mourantes » est donc des plus stimulantes.
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La race humaine menaçait de s'exterminer et les AnimauxVilles l'ont sauvée en dispersant les grandes tribus dans des différents coins de l'univers. L'effet n'était pas comme souhaité. Loin de prendre recul à leur conflits grâce à la distance et de s'approcher ensuite sereinement sur un pas diplomatique, les Rameaux ont exacerbé l'évolution de leurs traits séparatifs. le gouffre entre les différentes parties de l'humanité s'est élargi davantage, il règne la méfiance et le racisme entre eux et les Mécaniciens ont conçu un plan pour assujettir les autres trois Rameaux ainsi que les AnimauxVilles.

Une supernova s'annonce, singularité qui fait effondre le Ban sur un point infime avant qu'il ne se déploie à nouveau dans l'explosion cosmique successive. le Ban est le réseau qui sous-tend l'univers et dont les points nodaux servent aux AnimauxVilles pour se déplacer. Les Mécaniciens, avec l'aide d'une AnimalVille aux intentions peu claires, ont réussi à construire un vaisseau stellaire qui peut chevaucher sur le Ban. Avec ce vaisseau en état opérationnel, les Mécaniciens seront capacités de se libérer de la dépendance aux AnimauxVilles pour le transport galactique. Il leur sera possible d'atteindre les planètes des autres Rameaux qui, face aux prouesses guerrières des Mécaniciens, seront réduits à l'esclavage. En plus, les Mécaniciens veulent intervenir directement dans le cataclysme de la supernova et altérer le déploiement du Ban, en sorte que les AnimauxVilles ne puissent plus l'utiliser pour leurs sauts dans l'espace. En bref, les Mécaniciens ambitionnent la domination absolue du cosmos.

Le roman, malgré son long développement, maintient en réveil l'intérêt du lecteur pour la trame qu'il échafaude. Il achève d'intégrer l'ampleur de la conception de son monde et les univers personnels des caractères principaux.
Dans la première moitié du roman, le lecteur est conduit aux mondes des différents Rameaux et apprend à connaître la constitution civique et politique de ces mondes, ainsi que les personnages centraux qui vont influer sur le déroulement de la deuxième moitié du livre. Celle-ci s'appelle « Les Retrouvailles » et chronique le spectacle extraordinaire que les AnimauxVilles ont préparé : la réunion des représentants de la humanité dispersée. Les Retrouvailles sont, principalement, la grande réunion pour les AnimauxVilles. Pour un motif qui déjà échappe à leur mémoire, elles se réunissent chaque fois que le Ban se replie sur lui-même dans une étoile qui se consume, et elles assistent à la reconstitution du Ban dans l'explosion qui s'ensuit. Et pour un motif que lui aussi n'est pas détaillé, ils tiennent à ce que les humains soient également sur place quand la singularité se produite.

Quoique « Étoiles Mourantes » est situé dans le même univers des AnimauxVilles que son prédécesseur chronologique, « Étoiles Mortes », les deux histoires sont complètement différentes sur les plans stylistiques et sémantiques. « Étoiles Mortes » offrait une vue très intime de cet univers, depuis une perspective artistique, avec un narrateur à la première personne qui enchaînait des perceptions fortement subjectives, parfois même elliptiques, et pétillant de sous-entendus. le monde de « Étoiles Mortes » était vraiment le monde de ce narrateur, Closter, avec toutes les limitations que cette vision uniquement focalisée sur lui a signifiées pour la connaissance que le lecteur pouvait acquérir des AnimauxVilles.

Correspondant à la vaste conception de l'histoire de « Étoiles Mourantes » les auteurs ont choisi d'abandonner le discours autodiégétique et ils ont introduit le classique narrateur hétérodiégétique, ou auctorial, qui est doué d'omniscience. En même temps, c'est la focalisation zéro qui caractérise le roman – c'est-à-dire, l'histoire n'est pas raconté depuis le point de vue d'un seul caractère, ou des quelques caractères sélectionnés, mais le narrateur peut potentiellement relater tous les sentiments et pensées des agents, et c'est cela ce qu'il fait. Donc, il se trouve aussi des scènes avec des changements de focalisation rapides entre les participants aux événements.

Le roman pèche par une sorte d'ivresse d'omniscience.
Closter jouissait d'une relation exceptionnelle avec les AnimauxVilles. Sa sensibilité artistique lui permettais de se communiquer avec eux, mais cette communication était fortement imprégnée du poétique et ne se réduisait point à des causeries d'ordre quotidien. On se rappellera Closter se retirant les chaussures, marchant pieds nus sur l'épiderme des rues des AnimauxVilles pour capter les vibrations du caractère d'une ville. En « Étoiles Mourantes » les Villes parlent. Plus encore, elles bavassent. À maintes reprises elles se glissent dans la conscience des agents principaux et commentent leurs actions, répondent aux questions, relayent des messages à d'autres personnes. Il paraît que le pouvoir des Villes pour dénicher les pensées des agents est illimité, et de ce fait il est surprenant lorsqu'elles manifestent des ignorances. « Elle savait qu'aucun AnimalVille n'était capable de percer les secrets de la conscience et du subconscient humains », mais le lecteur a la forte impression que les AnimauxVilles ne font rien d'autre tout au long du texte. « Non, tout compte fait, je crois que je ne te comprends absolument pas », capitule la Ville Turquoise face au comportement altruiste d'un Mécanicien, malgré ses millénaires d'existence et sa connaissance intime des pensées d'hommes et de cet homme en particulier. Peut-être les auteurs ont-ils souhaité garder une barrière d'incompréhension, et ainsi de mystère, entre les humains et les Villes, mais le lecteur ne peut plus y croire, puisqu'ils ont déjà écarté cette barrière en transformant les Villes en une sorte de conscience sempiternellement en relais, un super-ego indiscrètement loquace : « Il débita d'un trait son insupportable vérité » – les Villes ne s'en lassent jamais.

Les Villes se humanisent, ils perdent tout à fait l'étrangeté mythique qui gardaient leurs actions en suspens dans « Étoiles Mortes ». Et non seulement les Villes s'entretiennent familièrement avec les agents humains, mais en plus le lecteur devient auditeur de leurs conversations entre eux, où, encore une fois, leurs traits très humains, comme l'ignorance des faits qu'elles devaient savoir, confondent le lecteur frappé par l'incongruité. Dans une scène les Villes Noone et Turquoise échangent leurs idées sur la structure de l'univers et Noone prouve être la mieux renseignée – « Cet univers a une fin. [sic!] Turquoise » – parce qu'elle est la seule Ville qui n'ait pas choisi d'oublier la raison du rassemblement des AnimauxVilles autour des supernovæ.

Étrangement, dans le dialogue des Villes se mêlent aussi des informations exclusivement à l'adresse du lecteur, comme quand Noone explique : « Certains d'entre eux [les humains] ont pourtant compris que l'univers est cyclique et instable, et que les alephs sont tous interconnectés. Ils savent que, lors des explosions d'étoiles, il se crée un attracteur à l'échelle du Ban. » etc. Au moins les auteurs ne poussent pas l'ignorance de Turquoise au point qu'il ne lui serait pas permis de répondre comme il le fait effectivement : « Je connais cette théorie […] Et alors ? »
La focalisation interne sur les caractères principaux se réalise jusque dans le discours indirect libre et des interjections d'un discours immédiat, sans intervention apparente du narrateur : «La dernière nanotechno, hyperstable, un coefficient de redondance multiplié par mille, promisjurécraché ; mon cul, oui ! » Mais les apparences trompent. Malgré que l'action est racontée depuis les points de vue des personnages centraux, ils ne deviennent pas intimes au lecteur. En comparaison avec le contact direct qu'on a eu avec la personnalité de Closter, ils restent même infiniment éloignés. Il y a des raisons pour cela. Premièrement, après que les personnages ont été introduits dans la première moitié du roman, on aurait pu s'attendre à l'approfondissement de leurs traits dans la dynamique de leur interaction lors des Retrouvailles. Mais non seulement des éléments propres à eux faussent la spontanéité de leurs relations, comme les armures des Mécaniciens ou le Réseau de la Connecté Nadiane – plus encore, c'est le babillage des Villes, ou de l'esprit qui habite une Ville (Marine), qui s'immisce impunément en leur discours intérieur et le mine d'un double-fond. Piégés dans ce fond, les personnages perdent leur propres caractéristiques, l'omniscience des Villes les engouffre. Et les Villes mêmes n'apparaissent point comme des personnalités distinctes, parce que leur voix est à plusieurs reprises infestée par le narrateur omniscient. Son omniscience se multiplie en eux. Leur ignorance des faits spécifiques paraît si étrange au lecteur parce qu'il les a déjà confondus avec la voix du narrateur omniscient. Pourtant, ce narrateur reste à part, il commente rarement en intervention directe, mais sa présence se fait insinuante quand des monologues explicatives des caractères, ou des dialogues entre eux, ont visiblement aucune autre fin que d'informer le lecteur sur ce qu'il ne sait pas encore. Pourtant ce narrateur ne hante pas le roman comme un spectre, il parle. Par exemple, dans l'échange mentionné entre les deux Villes, on pourrait d'abord se surprendre que leur langue est directement intelligible pour le lecteur humain. le narrateur omniscient, allant au-devant de la surprise, avoue son travail de traduction : « Retranscrit en termes humains, toutefois, cela [l'entretien] se résuma ainsi : » etc. le narrateur parle aussi lui-même quand, dû à la nature des événements qui ne peuvent pas être présentés par les caractères, il ne peut pas s'approprier de leur discours pour relater ce qui se passe : « Au sein de l'étoile primaire, dans la masse centrale constituée de noyaux de fer dégénérés, les énergies avaient atteint des proportions inimaginables. » etc. Au moment culminant du récit, le narrateur se fait même philosophe : « C'était un magnifique et inutile exemple de perfection, comme l'humanité elle-même. »

L'accès aux personnalités du roman, accès si douloureusement ouvert à l'âme de Closter en « Étoiles Mortes », est bloqué ici par la voix du narrateur omniscient qui mêle ses propres énoncés et explications aux pensées des caractères et se reproduit aussi dans les AnimauxVilles, qui font la même chose que lui, mais s'aidant en toute impunité de leur poids charnel. Une relation de coeur à coeur avec les personnages est interdite au lecteur, ils perdent leur authenticité à mesure que le narrateur omniscient s'approprie d'eux pour les rendre ses porte-parole.

La transformation des Villes, des phénomènes guère déchiffrables en demi-Dieux bavardes, est symptomatique pour un changement éminent qui a subi l'univers des AnimauxVilles par rapport à « Étoiles Mortes ». La connexion de Closter aux Villes était établie par une sensibilité artistique ouverte à la riche gamme des perceptions sensuelles. À travers la vision de Closter, l'univers des AnimauxVilles, son univers, devenait un champ de finesses sensorielles qui se livrait à l'exploration du lecteur. Mais en « Étoiles Mourantes » la sensibilité somatique a été brutalement bousculée par une voracité charnelle. Il y a des scènes de combat qui dégénérèrent « en une vulgaire formalité de boucherie ». le Mécanicien Tecamac découvrit le statut exceptionnel de son armure en copulant avec une Geisha, scène que les auteurs ne se privent pas de rapporter en tout détail. Apparemment, il fallait aussi que la relation de la Connectée Nadiane avec son frère soit incestueuse pour être profonde. Et bien sûr, les AnimauxVilles, lors des Retrouvailles, ne peuvent s'adonner qu'à une seule activité : « […] la sexualité des AnimauxVilles relève essentiellement de la mécanique céleste ! » Quand Noone et Turquoise s'accouple, le narrateur note dûment : « le contact intime de leurs chairs, face à face, éliminait les mensonges et les sous-entendus. » Pourtant, il n'y avait pas de supercherie dans la réceptivité sensuelle de Closter non plus ; et si, pour préserver les sous-entendus, pour éviter que les Villes deviennent des érotomanes radoteurs, il avait fallu garder la sensualité dans des certaines limites, ceci aurait été un prix facile à payer.

L'intrigue du livre est bien tissée, l'action vibre de suspens, les caractères, malgré éloignés, ne manquent pas en complexité. Il y a toujours des moments d'incertitude qui incitent à continuer la lecture. Évidemment il aurait été un délit bizarre en disproportion, donner moins de quatre étoiles au roman.
Mais le roman est une déception pour tous ceux qui connaissent le prédécesseur, et l'aiment autant que moi. Il faut concéder que le texte de « Étoiles Mourantes » est plus abordable, et ceci en large mesure grâce à la substitution d'un narrateur auctorial à la vision intime d'un artiste en première personne. Mais comme fan de « Étoiles Mortes » on ne peut qu'être outré par comment la substitution a été grossière. Investissant le livre avec mes expectations nourries par la lecture de l'aventure de Closter, je perçois en « Étoiles Mourantes » tout ce qu'il aurait pu être, et ce qu'il n'est pas. « Nadiane éprouva une soudaine bouffée de nostalgie en songeant à l'époque où les objets n'étaient ni des symboles, ni des codes, mais de simples présences opaques ou lumineuses ». Moi aussi j'ai songé avec mélancolie aux moments quand Closter pouvait encore s'abandonner au jeu des excitations des sens sans que cette sensibilité fluctuante débouche d'abord sur un sensualisme stérile pour ensuite se figer dans les codes de la littérature sensationnaliste, la violence et la chair. Moi aussi j'ai songé aux temps quand les présences opaques ou lumineuses de l'esprit de Closter se révélaient à moi, sans que la vision du caractère focalisé soit parasité par le didactique scientifique, moral ou autrement explicatif d'un narrateur indécemment auctorial. En effet, le frère de Nadiane « avait donné une épaisseur aux apparences et elle sut qu'un jour viendrait où elle lui en voudrait pour cela ». Pour moi le jour est déjà venu. Je vous en veux pour cela, Monsieur Dunyach.


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Livre écrit par AYERDHAL et Jean-Claude Dunyach, le projet est ambitieux et réussi. Les êtres humains ont quitté le tronc commun de leur développement et sont parties dans quatre directions différentes, fondant quatre civilisations profondément différentes - presque quatre nouvelles espèces - qui s'ignorent ou se méprisent. le livre raconte la rencontre forcée de ces mondes à l'occasion de l'explosion d'une super-nova. Un style agréable et fluide, une histoire qui marche bien et beaucoup de très belle idées comme ces animaux ville qui dérivent et naviguent sur les trames de l'espace-temps.
Un trés bon souvenir de lecture.
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Sorti en 1999, Etoiles mourantes est un livre de science fiction francophone que nous devons au duo composé de Jean-Claude Dunyach et d'Ayerdhal. Leur récit invite notre imagination à nous projeter dans un avenir très, très, (très) lointain. Vous y êtes ? Voilà. Là-bas, loin, l'humanité a bien changé. Elle s'est dispersée à travers l'univers et en a profité pour se diviser en quatre « rameaux » qui s'évitent autant qu'ils se détestent.

Commençons par les moins originaux : les Mécanistes. Extrêmement hiérarchisée et tournée vers la guerre, cette société est composée de guerriers dont chaque représentant mâle vit engoncé dans une armure dotée de personnalité propre. Les Organiques en sont un peu les opposés. Pacifistes, anarchistes, ils sont tellement naturels que chacun d'eux vit en symbiose avec un être qui, en échange de pouvoirs particuliers, leur fait sécréter d'étranges artefacts. Les Originels, eux, vouent un culte aux morts qui atteint des proportions telles qu'ils vivent avec les âmes reconstituées de ancêtres décédés. Enfin, mes préférés, les Connectés, très fragiles, dépendent entièrement de leur réseau et d'un afflux de données qui leur est aussi vital que l'air et l'eau. A ce tableau s'ajoute une espèce extraterrestre exotique : les AnimauxVilles, vastes entités intelligentes voyageant dans l'espace. Profitant des lois physiques pour traverser des distances gigantesques, elles ont un jour croisé la route de l'humanité et lui ont permis de se disperser. Certaines Villes communiquent et vivent avec les humains, certaines mêmes en abritent.

A l'occasion de l'explosion imminente d'une étoile binaire, les Villes invitent divers représentants des rameaux humains à assister à l'événement sur place. L'histoire raconte donc les préparatifs et le déroulement de ces retrouvailles historiques, que l'ambition des Mécanistes, sur le point d'achever la construction d'un vaisseau d'un genre nouveau, pourrait bien venir perturber. Concrètement, chaque rameau a droit à sa propre intrigue et à un minimum de background social et politique. Cela permet aux auteurs d'aborder pêle-mêle des sujets tels que le féminisme, le racisme et l'anarchisme, de traiter du rapport à la mort, à la nature ou encore à la famille, en saupoudrant le tout de space opera, de métaphysique et d'extraterrestres aussi immenses qu'étranges.

Evidemment, cette richesse se paie de prime abord par une certaine aridité qui peut effrayer au moment d'aborder un pavé de plus de quatre-cent pages. Heureusement, les premières clés arrivent au bon moment et il ne faut pas bien longtemps au lecteur pour commencer à maîtriser les arcanes de cet univers. Notons également que le style varie selon les rameaux abordés. Les passages évoquant les Mécanistes apparaissent ainsi rigides et pragmatiques (parfois même un peu pénibles), en comparaison de quoi les Organiques, prompts à débattre, font l'effet de bouffées d'oxygène. Et les personnages ? Ils sont nombreux, comme il se doit. Humains de diverses obédiences ou AnimauxVilles, il y en a pour tous les goûts et tous ont suffisamment de caractère pour qu'on s'y attache et se souvienne de chacun d'eux.

Dans Etoiles mourantes, il est au final surtout question de peuples qui ne se parlent guère et ne se comprennent pas. le sujet est on ne peut plus d'actualité, et c'est loin d'être le seul point sur lequel ce récit reste parfaitement à jour. le plus fort, c'est que malgré la gravité thèmes qu'ils abordent, Ayerdhal et Dunyach arrivent en plus de tout cela à transmettre leur émerveillement tout enfantin face à l'univers et ses mystères insondables. N'est-ce pas formidable ?
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Deux auteurs de renom ont uni leur talent pour écrire une histoire humaine extrapolée à l'extrême. Quatre branches de l'humanité séparées depuis des générations, ont évolué différemment, chacune à leur façon, en développant une symbiose avec un supplément à leur être. Des personnae, des embiotes, des armures, des réseaux connectés, autant de différences qui auront leur avantage et leur inconvénient lors de l'ultime confrontation. Les Animaux-Ville, vastes organismes naviguant dans l'espace, amènent des représentants de chaque rameau pour des Retrouvailles auprès de deux étoiles sur le point de se transformer en supernova.
Des personnages de caractère, du plus fragile au plus fourbe, une intrigue cousue avec brio, grouillant d'imagination, mêlant rébellion, trahison, ambition, amour, complicité, pour un final grandiose.
Une belle leçon d'humilité, et d'unité.
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excellent bouquin , scénario dense et captivant , mais il faut surement être calé en astrophysique pour comprendre les événements spatiaux qui en sont la toile de fond .
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