Les Indes fourbes

- Moi ? Euh. Je partirai très loin...
Dans un pays où même un pauvre peut devenir un grand d'Espagne !
- Un tel pays n'existe pas Pablicos ! Partout les gros mangent les petits... Et veillent à ce que jamais ils ne puissent... Enfler jusqu'à leur taille !

Cupidité des uns, orgueil des autres... Les plus éhontés mensonges peuvent être crus. Il suffit de les accorder au vice de sa dupe.

Don Diego était devenu pour moi plus qu'un maître. Je tenais à offrir à ses reliques une sépulture décente en terre chrétienne. Mais ensuite, que faire ? Chercher de nouveaux compagnons, repartir pour l'Eldorado ?
" C'est au-delà de mes forces !... Dois-je vraiment persévérer ? Dites-le-moi, don Diego!"
La tête, bien sûr, ne répondit pas.
Mais d'autres voix, en moi, se faisaient entendre : celle des Cimarrones, dont la liberté valait si cher ; celle du père Balthazar qui savait où sont les vraies richesses ; celle du vieux conquistador à qui trop d'or avait ôté la vue... A contempler ce chef, je mesurai la vanité de ma quête.
Après tant d'errances, j'ai fini par comprendre que l'homme qui ne change que de lieu, et non de mœurs, n'améliore jamais sa condition.

Écoutez bien votre grâce, car les mots peinent à dire tant d'horreurs et de merveilles !
Écoutez, imaginez , et de tous vos yeux ... voyez !

Après tant d'errances, j'ai fini par comprendre que l'homme qui ne change que de lieu, et non de mœurs n'améliore jamais sa condition. (p. 79)

- De l'audace, par Dieu, de l'audace ! Si tu raisonnes petitement, tu n'entreprendras jamais rien de grand !
À grande entreprise, grand péril, songeai-je !
Mais à côtoyer ce brave, un courage inédit me gagnait. (p. 61)

" J'ai ouï dire que cette créature qu'on appelle la Fortune est une femme capricieuse, fantasque, toujours ivre, et aveugle par dessus le marché. Aussi ne voit-elle pas ce qu'elle fait et ne sait-elle pas ni qui elle abat, ni qui elle élève."

Au long d'années d'errance, j'ai fui l'horreur, la misère, l'ignominie. Pour cela, j'ai même changé de monde. L'Horreur m'attendait sur place. La Misère aussi. L'ignominie fit la traversée avec moi.

Nous quittâmes Cuzco le matin de l'Assomption, suivant des routes oubliées des hommes, vers des contrées oubliées de Dieu.

Après tant d'errances, j'ai fini par comprendre que l'homme qui ne change que de lieu, et non de mœurs, n'améliore jamais sa condition.