Une fleur souffre
(Poème de printemps)
Probablement faut-il / s’imaginer aussi
la floraison / comme un processus/douloureux. Une chose
qui reposait, enroulée autour de son centre, rentrée
/ en elle-même, est
ouverte de force &/ écartée par une main étrangère &
/ clouée en largeur
s’ouvre encore ce qu’elle a/ de plus vulnérable, béant
entre ses ailes brisées
le bonheur.
//Andras Unterweger (1978 -)
/ Traduit de l’allemand par Laurent Cassagnau,
MAISON – DANS LA FORÊT DU MONDE
dédicace — à la petite fille Alexandra
la maison — ou le monde
où je descendais à la cave
quand le jour était blanc — et moi
cherchant le lait — cela se maintenait longtemps
descendant avec moi : c'était
un fleuve-jour : dès lors qu'afflue
une lumière de plus en plus vaste
transvasée dans le monde :
j'étais d'un événement créateur
à l'âge
des créations premières —
la cave — il y a longtemps c'était simple et durable —
la forêt blanche dans la brume
et cette
enfant portant la cruche — ces yeux
étaient un univers — le ciel alors
chantait de toute vastitude — comme un chant bien à elles
répandent sur le monde
les femmes — par la simple irradiance du passage
de leur blancheur — dans l'élargissement
du champ où je commençais voix —
être-univers-enfant :
je fus — cela chanta et fut
(1987)
// Guennadi Aïgui / traduction André Markowicz
DANS LE VENT – DE NOUVEAU
et le temps
d'être
non-parlant ... — ici
tout est très simple (et même trop) :
d'autre simplicité — non le miracle
d'amour ... de compassion ... — de l'autre,
simple : ni la vie ni la mort ... — où même la misère
s'est dénudée — un os ... — et même cette bride
est comme un crime ... — devant quoi nous savons ... — par nudité
plus qu'individuelle ! ... — et donc : enfin
il faut qu'on se prépare :
à l'instant — pour que tombe
à croire dans le coeur — à rien ! — en comme-si miracle
final — du coup
(1984)
// Guennadi Aïgui / traduction André Markowicz