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3,6

sur 249 notes
Il n'a pas un physique de jeune premier, pourtant il séduit les hommes, les femmes, les jeunes et les vieux, les puissants et les petits, les hétérosexuels comme les homosexuels. Il est intelligent, mégalomane, excessif, transgressif et dépressif, irascible et charmeur, novateur et tyrannique. Le jour il gère son école sans partage, Science Po est son enfant, sa chose dont il élargit sans cesse l'influence, la nuit il est autre, il ne se refuse aucun excès, jusqu'à se perdre et ne plus savoir qui il est.

Richie est la biographie passionnante de Richard Descoings, un homme hors norme, remarquablement écrite par Raphaëlle Bacqué, une journaliste rigoureuse qui ne fait pas dans le sensationnel mais revient sur notre histoire politique récente pour nous montrer l'envers du décor du pouvoir.
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Je ne ferai pas un long commentaire à propos de cette biographie lue d'une traite,avec passion. Madame Raphaëlle Bacqué nous révèle, à travers un portrait saisissant, acéré, parfaitement documenté, le visage d'un homme : Richard Descoings , à la double personnalité, d'un côté , le jour, un énarque fourmillant d'idées nouvelles, passionné d'éducation, réformateur et innovant, nommé directeur de Sciences Po à seulement 38 ans, brillant, mais aussi tyrannique, injuste, monarque irascible, despote, dépressif, à la gestion dispendieuse.......
De l'autre , la nuit,une plongée dans les nuits branchées parisiennes avec ses excès, son homosexualité, ses dérapages, ses folies, son besoin irrépressible d'être aimé....
Une personnalité atypique et une plongée angoissante dans les années sida....
Un récit incroyablement riche et interessant oú l'on ressent les dérives du pouvoir oú les apparences et l'argent restent les maîtres....
Une lecture fluide et prenante, un portrait fourmillant d'anecdotes qui se lit comme un roman !
Une trajectoire surprenante , de l'ascension fulgurante, flamboyante , à la chute brutale et à la fin tragique qui reflète les contradictions de notre époque avec ses faux semblants, ses hypocrisies et ses mensonges !
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J'ai lu hier soir les 280 courtes pages de Richie d'une traite
3 raisons d'en conseiller la lecture
1. Un livre bien troussé voire un véritable page turner par une journaliste du Monde qui sait ce qu'écrire veut dire
2. Une histoire qui revisite les lieux où je vis et où je travaille - même si la vie de Richie fut dix fois plus ébouriffante que la mienne
3. Un portrait finalement très bienveillant de l'ancien directeur de Sciences Po loin de l'étalage voyeuriste contre lequel ses amis m'avaient mis en garde
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« C'est un des traits de caractère de Richard que d'anticiper les effets du désamour. Toujours, il préférera rompre avant l'autre. »

Et c'est peut-être ce qui s'est produit un soir d'avril 2012 à Manhattan, une dernière révérence avant l'heure, pour ce haut fonctionnaire, dont la « soif d'être aimé n'est jamais étanchée. »

J'ai particulièrement apprécié ce livre, l'écriture de Raphaëlle Bacqué est vive, dynamique et honnête. Elle rend compte et donne son ressenti toujours argumenté.

« Le roi Richard vit comme un grand chef un peu fêlé, un nabab exigeant, un enfant perdu. »

C'est exactement l'impression qui a dominé cette lecture et résume pour moi ce personnage. L'auteur a choisi de ne pas beaucoup exploré l'enfance de R. Descoings pour centrer le livre sur l'activité de ce dernier du sortir de l'ENA jusqu'à la fin de sa vie. J'ai ainsi découvert son parcours professionnel et associatif, ce dernier que je ne connaissais pas du tout.

Elle développe bien le caractère ambivalent du personnage. « Richard aime les hommes et a épousé une femme, appartient aux grands corps et veut dynamiter l'État, pousse à une ouverture internationale quand lui-même est si français, fait une psychanalyse sans voir la folie autour de lui. Quel beau sujet d'étude pour un intellectuel comme lui ! »

Une lecture qui souligne les liens d'amitiés qui existent dans les hautes sphères de l'État, les rouages et la mécanique institutionnels qui ne sont pas écrits dans la constitution et qui cependant font et défont des politiques.
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Il a été pendant douze ans, de 1996 à 2012, le directeur de la vénérable institution de Sciences Po. Richard Descoings, que ses étudiants de Sciences Po surnommaient affectueusement "Richie" n'avait pourtant pas, a priori, le profil type pour diriger cette institution séculaire.
Son parcours, classique pour les études: Sciences Po, l'ENA, le Conseil d'Etat, son passage au ministère du Budget, le préparaient certes à cette fonction mais sa personnalité et ses engagements ont marqué fortement ses choix et orientations pendant ces douze années où il a dirigé l'école de la rue Saint Guillaume.
Homosexuel militant, il participe aux belles soirées des années Palace, et fréquente les boîtes de nuit à la mode pendant les années 80.
Il est aussi très actif auprès de l'association Aides pendant ces années, pour aider les malades atteints du Sida qui commence à sévir à ce moment.
Il va insuffler un vent nouveau dès sa prise de fonction à Sciences Po. Il nourrit une grande ambition pour cette école qu'il veut vraiment ancrer dans la mondialisation. Son but sera de faire de Sciences Po une sorte de Harvard à la française.
Pour cela, il faut réformer les modes d'admission des élèves, ouvrir l'enseignement aux jeunes des banlieues (ce qui va véritablement être révolutionnaire..) et préparer les futures élites à la mondialisation.
Vaste programme.
Sous sa houlette, la vénérable école gagne en popularité et en visibilité, à tel point que la revue Business Week le classe parmi les 25 stars de l'Europe à l'avant-garde du changement.
Oui mais son style et son comportement trop autoritaire, ses manières trop familières avec ses étudiants déplaisent fortement à certains,
Il fait de sa femme, Nadia Marik, sa principale adjointe, ce qui n'est pas du goût de tout le monde.
Sa trajectoire brillante se finit brutalement par une mort mystérieuse dans un hôtel de New York..
Une personnalité étonnante, dont la journaliste Raphaëlle Bacqué, grand reporter au Monde, nous montre avec beaucoup de finesse et de brio le côté ombre et le côté lumière.
Une excellente biographie qui nous entraîne dans le monde de la politique et des affaires dans les années 80 à 2012.
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Cette biographie de Richard Descoings écrite par la journaliste Raphaëlle Bacqué est passionnante et se lit comme un roman.
Il faut dire que la vie de l'emblématique directeur de Sciences Po est particulièrement romanesque, jusqu'à sa fin à la fois tragique et mystérieuse.
Plus que les zones d'ombre de l'homme privé, je retiendrai surtout de ce livre très intéressant sa volonté de réforme.
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Une lecture passionnante pour tous ceux qui s'intéressent aux couloirs du pouvoir. Une enquête minutieuse sur la personnalité et la vie tumultueuse du directeur de Sciences Po, Richard Descoings dit Richie...le Tout Paris et le monde politique l'adoraient et pourtant cet homme s'autorisait toutes les transgressions de toute nature...ce livre est édifiant sur l'influence d'une élite homosexuelle dans les allées du pouvoir et sa lecture nous éclaire parfaitement sur certaines nominations ou carrières politiques...On connaît la fin, mais la vie de cet homme est un véritable thriller. A lire...
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Pari réussi pour cette biographie qui se lit comme un (bon) roman ! L'intérêt ne réside pas tant dans la description du personnage très décadent de Richard Descoings mais dans le tournant spectaculaire qu'il a fait prendre à Sciences Po, d'une école bourgeoise et franco-française légèrement compassée à un établissement international d'excellence également ouvert aux élèves défavorisés.
Evitant adroitement le propos racoleur, Raphaëlle Bacqué parvient à donner une image semble-t-il assez objective d'un homme ambigu et voué à tous les excès dans sa vie privée, sans pour autant tomber dans le sordide ; pour un peu on le trouverait presque sympathique !
L'autre intérêt de cet ouvrage est de montrer la collusion incroyable qui existe parmi tous ces puissants qui nous gouvernent, et qui feraient à peu près n'importe quoi pouvoir continuer ! Pas vraiment joli-joli…

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Lorsque j'appris la mort prématurée de Richard Descoings, et comme bien d'autres anciens de Sciences Po, j'ai pleuré. Pourtant, je ne le connaissais pas puisque ma scolarité dans cette prestigieuse école s'était achevée en 1966 … Mais j'avais suivi avec beaucoup d'intérêt son action innovatrice et réformatrice qui fit en peu d'années de cette maison, symbole un peu compassé de l'endogamie des élites, l'un des établissements d'enseignement supérieur parmi les meilleurs au monde.

Cette biographie acérée, furieusement bien écrite, documentée, sans complaisance, qui « balance » pas mal de leaders de notre microcosme économico-politique, m'a beaucoup appris sur le système dans lequel nous avons été éduqués (nous et nos enfants !) et surtout sur le personnage extraordinaire que fut cet homme exceptionnel, dans le bien comme dans le mal.

Un garçon doué et travailleur acharné, habitué à dissimuler ses capacités puisqu'il sortit 10ème de sa promotion de l'ENA - donc au Conseil d'Etat et dans la « botte » - alors qu'il n'avait jamais suscité le moindre intérêt parmi ses brillants condisciples, homosexuel et bipolaire, s'affichant à gauche, vivant en couple pendant 11 ans avec un haut fonctionnaire et cependant amoureux et marié à Nadia Marik, une femme ouvertement militante de droite …

Entre carrière dans les cabinets ministériels et travail bénévole à l'association AIDES dès 1985, entre folles nuits au Palace et les couloirs du Conseil d'Etat, Richard Descoings vit avec Guillaume Pepy mais s'affiche avec Diane de Beauvau qui le tire vers les profondeurs, hante les boîtes de nuit et les bars de la rue Sainte Anne, abuse de tout : alcool, cocaïne, ecstasy … qui lui permettent de tenir le coup dans les réunions de la haute fonction publique.

C'est un homme pressé, il sait qu'il a peu de temps pour vivre toutes ses vies.

Homme des cabinets mitterrandiens, il est nommé à la Direction de Sciences Pô par Alain Juppé, sur le conseil de Michel Pébereau, le grand banquier centriste, et adoubé par le professeur René Rémond (mon idole !) à 38 ans seulement. Cela fait dix ans qu'il s'y prépare : son ambition est de faire de la rue Saint Guillaume le Harvard à la française, et il va y parvenir.

Il tient ses collaborateurs sous l'emprise de son intelligence et de son charme magnétique, mais ne peut s'empêcher de flirter avec ses étudiants, sur les réseaux sociaux, lui dont la silhouette élancée se différencie si peu de ces jeunes gens aux yeux de biche.

Il est le premier – et à vrai dire pour l'instant le seul – à mettre en oeuvre une forme de discrimination positive permettant aux excellents élèves des lycées des quartiers difficiles d'intégrer l'école sans passer par le tamis d'un concours d'entrée socialement discriminant et grâce à des cours de culture générale accélérés et des bourses d'études. Il faut une loi pour entériner une telle réforme, elle sera votée en 2001.

Ensuite il rencontre Nadia Marik, énarque comme lui mais passée par l'entreprise, en fait sa principale collaboratrice (« la Tsarine ») et l'épouse … Nul ne saurait dire lequel des deux époux se montre le plus despotique. Richard Descoings travaille comme un forcené et continue ses folles échappées … Il se consume de moins en moins discrètement …

Aucun romancier n'aurait osé concevoir la trajectoire d'un tel personnage que l'on retrouve mort à 53 ans d'une crise cardiaque dans une chambre d'hôtel de New York, après une nuit passée avec deux jeunes escort boys et pas mal d'alcool …

Mieux qu'un roman, le livre se lit d'une traite, on en connaît bien entendu la fin, mais c'est l'itinéraire qui fascine et interpelle … comme Richie, l'homme aux deux visages qui voulait mettre pleinement deux vies dans la même seringue et aura accompli dans sa courte vie des prodiges dans un monde particulièrement allergique à toute forme de réforme. Comme le déclarait méchamment Alain Finkielkraut – toujours à propos pour proférer des vacheries – son ouverture aux gamins des banlieues, c'était « des barbaresques que l'empire aurait décidé de romaniser ». Monsieur Finkielkraut, je vous emm….. !
R.I.P. Richard Descoings ...

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Intriguée et curieuse d'en savoir un peu plus sur l'étrange personne qu'était Richard Descoings, je craignais malgré tout, en abordant ce livre, de tomber sur un récit crapoteux. Il n'en est rien et je félicite l'auteure Raphaëlle Bacqué qui n'est pas tombée dans la vulgarité ou le voyeurisme.

Son enquête, menée auprès de ceux qui ont connu et fréquenté RD (Richie) à titre professionnel ou privé, relate les faits objectivement sans insister avec outrance sur les aspects les plus ambigus et dévoyés de ce spécimen typique de pervers narcissique.
On découvre un homme terriblement ambitieux non seulement pour lui mais aussi pour l'école qu'il dirige et pour laquelle il déploie toute son énergie à développer la qualité de l'enseignement et le prestige à travers le monde des universités. Ses intentions louables pilotées par un esprit réformiste et progressiste le conduisent au succès et à une immense popularité dans la sphère éducative et auprès de ses élèves. Dépassé par sa réussite et devenu mégalomane, il tombe dans les excès en tous genres : dérives financières, abus de pourvoir, rapport dictatorial avec ses collaborateurs et pernicieux avec ses élèves. Sa vie privée devient contestable de même que sa gestion des fonds publics ou récoltés selon la méthode américaine.
Récit instructif qui lève un peu le voile sur le fonctionnement de nos institutions, le système du cooptage et des réseaux où la politique et la finance mènent le bal. Le mot de la fin, je le laisse à l'Express qui parle "d'élite en perdition" car c'est bien ainsi que je l'ai perçu.
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