Quelle gifle ! quelle claque !
«
Les corps conjugaux » est un roman de toute beauté et écrit d'une rare intensité, d'une grande sensibilité.
D'une plume très délicate, la superbe romancière
Sophie de Baere a écrit une histoire d'une force impressionnante.
L'histoire d'Alice, son héroïne principale, à la fois fascinante et à la fois révulsante, m'a submergé d'émotions.
Mais comment écrire un commentaire sans dévoiler cette profonde et déchirante histoire ?
Comment parler d'Alice et de sa vie de femme ? Qui a toujours été étouffée par ses trop-pleins de bonheur, qui a été anéantie par d'immenses chaos et qui a été asphyxiée par ses chagrins ?
Comment parler de la ravissante petite fille blonde qu'elle a été ? En manque d'un père absent, en attendrissement devant Alessandro, son frère mongol et en désharmonie parfois avec sa grande soeur Mona.
Une petite fille très docile et insouciante de jouer son rôle de princesse à la demande de sa mère, une émigrée italienne modeste et autoritaire. Une mère qui inscrivait sa fille à tous les concours de beauté, pour avoir cette autosatisfaction de posséder la plus jolie fille de la région, lorsqu'Alice remportait le titre de Miss.
Comment parler aussi d'Alice et de l'amour qu'elle va rencontrer et vivre avec son Jean, beau et fort comme un Apollon ?
Un amour vrai et pur. Un amour céleste, trop démesuré pour ces deux êtres limités, parce que trop humains.
Et comment parler sans le révéler de ce secret de famille, qui va jaillir comme un volcan ?
La lave acide de la vérité brûlera et défigurera à jamais la vie d'Alice.
Mais comment vivre avec un secret aussi terrible, abominable et d'une cruauté inouïe ?
Un secret qui rendra les corps, les coeurs et les âmes vibrantes et cassantes comme du cristal, qui finiront par exposer en poudre de verre.
Un secret où les êtres seront violemment pulvérisés, où ils en perdront leur identité, leur fierté et leur dignité.
Puis il y aura cette fin, aux rivages plus apaisés, où Alice semblera avoir trouvé un maigre équilibre.
Mais un équilibre si fragile, si tremblant, si vacillant que le lecteur se surprendra à veiller sur chaque pas d'Alice, jusqu'au dernier mot du récit.
Merci Sophie de Baere, pour ce magnifique roman !