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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
James Baldwin est une icône de la condition afro-américaine aux Etats-Unis, et il porte le drapeau, associé à celui de l'homosexualité, double peine dans cette nation aux idées corsetées dans des principes aliénants et iniques.

Dans ce récit, James Baldwin s'appuie sur une série de meurtres perpétrés sur des enfants et adolescents,, 28 en deux ans, et tous noirs. A la barre, un accusé idéal, noir, lui aussi, et reconnu coupables de deux meurtres, concernant des adultes. Dans la foulée, il fut aisé, en accumulant des indices ténus et discutables, de lui attribuer la responsabilité des meurtres d'enfants.


Le récit se décline comme une enquête policière, et analyse les arguments de l'accusation, qui a de plus pris appui sur des techniques récentes et révolutionnaires, comme la recherche des « fibres ». le juge avait un but : prouver par tous les moyens que Wayne Williams était l'auteur de tous ces meurtres, ce qu'il n'a jamais reconnu, et ceci quels que soient les arguments et preuves, parfois sidérantes, qui seraient utilisées.


A partir de cette affaire, l'auteur pose la question de la place des noirs dans son pays. En revenant sur les origines, l'histoire et les postulats sur lesquels s'est créée cette entité multiforme que sont les Etats-Unis. Il pointe aussi du doigt la responsabilité de l'économie et de la place prépondérante qu'elle a prise dans notre monde, qui ne voit que par la valeur marchande des biens, fussent-ils humains. Il refuse également la notion de couleur de peau qui est une aberration si on l'utilise pour créer des catégories humaines. A moins que la vraie raison soit ailleurs.

Un plaidoyer d 'une logique implacable, mais que pèse la logique dans une société qui se prosterne devant le dieu du commerce ?
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Les faits, rapidement : Atlanta entre 1979 et 1981, au moins 28 enfants et adolescents de 7 à 17 ans sont assassinés, tous africain-américains. Pas de mobile apparent, pas de pistes, une enquête qui prend son temps avant de passer la seconde et finalement l'arrestation d'un certain Wayne Williams, 23 ans, peut-être coupable, peut-être pas mais qu'importe puisqu'il prend deux peines de perpétuité pour l'assassinat de deux adultes survenu dans la même période, n'écopant de rien pour les enfants tout en laissant planer une culpabilité qui ne fait de doute pour personne.

On voudrait accuser le racisme (et on aurait raison, les faits sont là) mais à l'instar de Reagan qui déclarait la « guerre à la drogue » quand on comprenait bien que le message sous-jacent était « guerre aux Noirs », Atlanta, ville du Sud, raciste et bigote a à cette époque un maire noir à sa tête, alors, du racisme ? Où ça ?
D'un autre côté, que Wayne Williams soit lui aussi Africain-américain peut-être considéré comme "normal". Pour Micki Pistorius, Robert Ressler, John Douglas et tous ceux qui se sont sérieusement penchés sur les meurtres en série, les serial killers dans leur grande majorité choisissent leurs victimes dans leur propre groupe ethnique.

Alors la discrimination et la haine dont cette affaire a pourtant toute l'apparence auraient pu passer sous les radars du racisme si James Baldwin ne s'était pas rendu lui-même sur place histoire d'y mener sa propre enquête et de nous livrer le résultat de ses recherches. Résultat sinistre mais malgré tout, tristement prévisible.
Donc malgré l'absence de preuves décisives et même si le tribunal ne le condamne pas pour le massacre des enfants, dans l'opinion publique, Wayne Williams est le seul et unique coupable. Fin de l'histoire.


James Baldwin à travers ce livre émettra d'emblée des doutes sur la culpabilité de Williams et si on accepte de s'y pencher un peu avec lui, vu comme cette affaire fût honteusement traitée, difficile de ne pas en avoir. Malgré cela, il n'exonèrera pas non plus Williams de toute accusation.
Peut-être Baldwin pensait-il en envisageant l'écriture de ce livre y mettre plus de sérieux que cette parodie de procès et donc réussir à trancher ce noeud gordien. Il n'en sera rien et ce qui devait être à la base un livre sur l'affaire en question va en profiter pour prendre d'autres directions, beaucoup d'autres.

Si, bien entendu, les meurtres d'Atlanta servent de fil rouge à cet essai, c'est avant tout d'Histoire, de société et de l'éternelle dichotomie Noirs-Blancs dont James Baldwin nous entretient en refaisant le chemin qui de petit bled bouseux a mené Atlanta à devenir la grande métropole qu'on sait, à l'intégration rendue impossible et au rêve américain qui s'apparente encore et toujours à un cauchemar pour les Noirs.
Deux ans d'assassinats sauvages, une arrestation quelque peu arbitraire et c'est toute l'histoire de l'Amérique qui se déroule pendant une parodie de procès dont on ne saura peut-être jamais si la culpabilité décrétée de Wayne Williams est avérée ou si ce pauvre gars "arrogant et mou" selon Baldwin s'est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment et surtout avec la mauvaise couleur de peau.

L'intérêt de ce livre est donc l'ingénieux entrelacement que tresse James Baldwin pour d'une part nous raconter l'affaire des meurtres d'Atlanta et d'autre part faire une critique virulente mais juste et justifiée de sa terre natale visant, au travers une écriture riche et incisive, à la dénonciation d'une société injuste et clivante, société qu'il ne connaissait que trop bien.
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James Baldwin a été, toute sa vie durant ,(il est mort en 1987) un ardent militant de la lutte pour les droits civiques, un opposant farouche au racisme anti-noir, il a lutté également pour la cause homosexuelle, c'était donc un homme de tous les combats que l'on qualifierait aujourd'hui de « progressistes ». « Meurtres à Atlanta » est son dernier livre paru en 1985, le titre original était « The evidence of things not seen » (« la preuve des choses non vues ») en référence à un extrait de l'Épître de Paul aux Hébreux. Dans cet essai, James Baldwin nous parle de l'affaire des meurtres d'Atlanta. Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants noirs furent retrouvés morts étranglés dans la ville d'Atlanta, aux États-Unis. Vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis. En juin 1981, un jeune homme noir, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C'est le suspect idéal. Il fût jugé et condamné à la prison à vie alors même que les preuves rassemblées pour démontrer sa culpabilité étaient infimes. Mais au delà de cette enquête, c'est la place de l'homme noir dans la société américaine qui est questionnée. Trente cinq ans ont passé et le mouvement “Black lives matter”, mouvement politique dans la communauté afro américaine qui milite contre le racisme qui sévit aujourd'hui encore contre les afro américain, poursuit ce combat anti-raciste. La mort de George Floyd rend ce livre incroyablement actuel car le racisme, décrit par James Baldwin, perdure malheureusement aux États-Unis. La question de cet essai n'est pas tant de savoir si Wayne Williams est coupable ou pas, mais il vise à questionner la place assignée par le peuple américain aux Noirs. C'est un texte fort, moderne, incisif, celui d'un homme révolté par les outrages subis par les hommes, femmes et enfants noirs pour leur couleur de peau. On ne peut qu'être touché par ce combat. La justice est questionnée, le système capitaliste libéral également. Je pense qu'il est utile de lire ce livre dont la réédition 35 ans après, correspond malheureusement à une réalité qui n'a que peu changé.

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Entre 1979 et 1981, 28 enfants sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis.

Petites précisions importantes pour ce qui va suivre : tous étaient noirs et tous étaient issus de familles pauvres.

Ça va mieux situer les choses de connaître l'origine sociale et "raciale" de ces gamins (je n'aime pas le mot "racial" mais il prend tout son sens lorsqu'on lit le roman de Baldwin).

Si ces gamins avaient Blancs et issus d'une classe sociale moyenne ou élevée, les autorités auraient mis le paquet dès le premier disparu ou dès le premier corps sans vie retrouvé.

Ici, l'enquête piétine, on en parle très peu, jusqu'à ce qu'un homme Noir (Wayne Williams) soit arrêté. Il est accusé du meurtre de deux adultes et pourtant, on va lui coller l'assassinat de ces gamins sur le dos, alors qu'aucune preuve ne vient étayer cette accusation.

Le voici donc présumé coupable de 28 morts en plus… Sans qu'il y ait eu arrestation pour ce chef d'accusation. Sans qu'il y ait des preuves concluantes qu'il ait assassiné ces 28 enfants. Un simulacre de procès aura lieu et le condamner "coupable" permettra de clore les dossiers et de les oublier ensuite. Bravo la justice…

Baldwin va utiliser cette affaire de meurtre et de simulacre de justice pour nous dresser un portrait peu flatteur de l'Amérique (qui est menteuse) et de la société Blanche qui la compose, qui prend les décisions, même si la ville d'Atlanta a un maire Noir. L'État est dirigé par des Blancs, le pays aussi.

La plume de Baldwin est trempée dans l'acide, il frappe dans les couilles de l'Amérique WASP (White Anglo-Saxon Protestant) qui se veut bien pensante, mais aussi dans celles de l'Europe. Il y met les formes mais certains auront besoin de glace posée sur les bijoux de famille pour atténuer la douleur.

Ce court roman/essai de 180 est bourré d'informations, de réflexions, d'Histoire et lorsqu'on arrive à la fin, on se retrouve un peu groggy tant on y a vu défiler de la misère, de la douleur, des peurs, du sang, de l'esclavage, Scarlett O'hara, de la ségrégation, des injustices…

L'intérêt du livre n'est pas tant de savoir si Wayne Williams est coupable ou pas, mais de voir comment la justice s'est arrangée avec les preuves, les témoignages, créant même un précédent dangereux.

Ce sera le fil rouge qui servira à Baldwin de faire un procès à charge contre l'Amérique, les Blancs, l'Europe, l'Angleterre et même la communauté Noire.

C'est un livre à lire et à relire, pour bien s'imprégner de tout ce que l'auteur écrit.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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L'auteur est invité à mener l'enquête journalistique d'une série de meurtres d'enfants noirs à Atlanta à la fin des années 1970. le présumé coupable de deux de ces meurtres sera jugé pour les 28 homicides.
James Baldwin nous rapporte les différents mécanismes de la justice mais aussi de la vindicte populaire qui encadrent cette affaire emblématique des limites de la loi sur les droits civiques.
James Baldwin a toujours défendu le concept de déségrégation et démontre combien celui de l'intégration est délétère et finalement toujours raciste.
En effet, il se serait agi de permettre aux Noirs de vivre leur culture en toute liberté et non de les « autoriser » à vivre comme les Blancs.
C'est sur la base de ces deux notions qu'il développe sa pensée sur l'esclavagisme, la condition des soldats noirs, l'Apartheid.
C'est brillant, tout simplement
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Ce livre, qui n'est pas un roman, a été écrit et publié en 1985, il s'agit donc d'une ré-édition.

Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis.

En juin 1981, un Noir de 23 ans, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C'est le suspect idéal. Et c'est lui qui sera jugé, puis condamné à la prison à vie pour le meurtre des vingt-huit enfants, sans aucune preuve tangible.

Quand l'auteur est invité à écrire un livre sur les meurtres de ces enfants, il accepte. Après une enquête menée sur place, quatre ans après les événements, Baldwin ne conclut ni à la culpabilité de Williams, ni à son innocence.

L'essentiel est ailleurs.

Ce livre tire plus du côté de l'étude sociologique de la place de l'homme noir dans la société américaine encore très marqué par la ségrégation.

J'ai été étonné que l'auteur montre que le suspect ne pouvait pas être le coupable. Encore un innocent en prison…

Des citations qui parleront mieux que moi :

Atlanta, « la ville trop occupée à gagner de l'argent pour haïr. » (p.33)

Mais il semble que (l'accusé) n'ait jamais appris à s'aimer lui-même. (p.43)

Il existe, selon Andrew, un mal qui atteint particulièrement la communauté noire, la sorriness, une sorte de pitié de soi-même. Cette maladie frappe les Noirs de sexe masculin. Elle est transmise par la mère, dont l'instinct est évidemment de protéger le mâle noir de la destruction qui le menace dès lors qu'il s'affirme en tant qu'homme. Un des résultats de ce processus est que le frère risque de ne jamais grandir. (p.44)

Le Destin manifeste, par exemple, n'est rien moins qu'une justification de la pratique délibérée et calculée du génocide. (p.75)

A propos des européens : Ils n'ont jamais eu de respect les uns pour les autres et comment pourrait-on concevoir qu'ils en aient un jour ? Les Anglais traitent les Ecossais et les Irlandais comme des chiens, et se traitent entre eux de la sorte. (p.125)

Il n'y a pas un seul raciste en ce monde qui ne soit un menteur et un lâche. (p.150)

Oui, ce système n'a raconté aux Noirs et à lui-même que des mensonges. (p.158)
Lien : https://alexmotamots.fr/meur..
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A la fin des années 70 - début des années 80, 28 enfants et adolescents ont été assassinés à Atlanta. Leurs points communs : ils sont tous noirs et pauvres. L'enquête piétine jusqu'à l'arrestation de Wayne Williams, qui sera condamné pour le meurtre de deux adolescents. Wayne Williams est noir.

« Juin 1981 : vingt-huit cadavres d'enfants ont été retrouvés depuis le premier meurtre de la série, vingt deux mois plutôt. C'est alors que Wayne Williams, alors âgé de vingt-trois ans, est arrêté pour meurtre. Il est noir, c'est important parceque la municipalité est noire et que toutes les victimes sont noires. »

A travers cet essai écrit en 1985, James Baldwin pose la question de la culpabilité : est-on coupable parce qu'on est noir? Si on comprend entre les lignes que James Baldwin doute de cette culpabilité, il fait une critique acerbe de la société américaine, de la manière dont les noirs ont été traités et sont encore traités à cause de leur couleur de peau et du peu d'espoir qu'on leur offre. Il revient sur leur Histoire et sur leur place dans la société américaine encore marquée par la ségrégation. C'est un essai brillant et éclairant. Même trente-cinq ans plus tard. On aurait aimé que les choses soient aujourd'hui très différentes et pouvoir dire que cet essai avait vieilli...

L'histoire de ces jeunes enfants et adolescents assassinés a également été reprise dans la série Mindhunter. Tout comme dans cet essai, la série met en exergue des doutes quant à la culpabilité de Wayne Williams
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