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2,83

sur 98 notes
La mécanique du pouvoir totalitaire a quelque chose de fascinant. Louis XIV, Napoléon, Hitler ou Staline, tous ont plusieurs traits en communs. Tous ont posé des actes politiques forts ; ils ont transformé un état en une nation incontournable. Tous ont créé un univers, un mode de vie, un courant de pensée, et même une esthétique. Mais quel que soit le soleil, jaune, rouge ou noir, il ne serait rien s'il n'y avait aucune planète pour évoluer autour de lui … sans compter les myriades d'autres satellites, tournoyant dans la galaxie politicienne.
En réalité, ce livre de Jean-Daniel Baltassat ne parle guère de Joseph Staline, le secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique. Non, c'est plutôt une galerie de portraits de ceux qui tentent de profiter de sa lumière noire. Des admirateurs, des séides, des sicaires, des arrivistes, des opportunistes, un artiste également… sans oublier, non pas une femme, mais bien LA femme, celle qui l'accompagne depuis longtemps, l'amante éternelle, l'incontournable, l'indispensable, celle qui le connaît un peu mieux que les autres membres de cet aréopage.
En 1950, Staline est un vieillard ayant perdu de sa superbe, un dictateur paranoïaque, radotant, mégalomane, l'esprit complètement embrumé par le culte de sa propre personne. Rien, n'y personne ne trouve grâce à ses yeux : ni Lénine, ni Trotsky, ni Freud, ni même le Parti (dont il devrait être l'incarnation). Par contre, Dunhill, Hollywood, les produits de luxe et autres fantaisies occidentales, décadentes et onéreuses font partie de son quotidien. le pouvoir isole. le pouvoir sclérose. le pouvoir ralentit. le pouvoir érode doucement mais sûrement.
En réalité, il ne se passe presque rien dans ce texte, mais c'est ce « presque rien» qui fait la différence. Un « presque rien » bien souvent elliptique, aux accents de nouveau roman. Un livre exigeant qui demande une attention toute particulière.
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Roman agréable à lire et de bonne facture.
Pourtant se dégagent en cours de lecture les raisons pour lesquelles évoquer la vie du tyran Staline est une gageure difficile à remporter : les personnages sont tous tellement figés par la peur qu'on les dirait pris dans la glace. Car tous sont conscients que vivre à proximité du monstre vaut à terme une condamnation à mort. Il s'ensuit qu'ils se ressemblent tous et qu'on ne s'attache à aucun d'eux.
Ce livre, ajouté à plusieurs autres, m'a brusquement permis de mettre en mots ce que je n'avais que ressenti jusque là : la fameuse "vertu bolchevique", intraitable et austère, incessamment invoquée par les membres du pouvoir stalinien, n'est autre que l'assemblage des trouilles intenses, du goût du pouvoir et des sadismes individuels et collectifs. Vertu qui a la raideur du cadavre.
Staline lui-même est une épave rongée par l'angoisse de mort et la solitude : il tente d'échapper au gouffre de son anéantissement prochain en se noyant dans l'alcool, mais l'insomnie le rattrape et le voilà piégé en permanence dans sa propre réalité. Oui en vérité, le Petit Père du peuple lui-même a peur.
Que ce soit dans les rouages du pouvoir, chez les modestes ou sur l'Ile la Mort, un homme ne peut rester homme en dictature et se transforme en un monstrueux loup aux yeux jaunes qui se dévore lui-même.
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L'univers historique de l'auteur rend cette brillante analyse en un récit fascinant. Il soigne ses personnages et son univers comme la peinture de Danilov le jeune peintre convoqué par le Petit Père des peuples pour créer une fresque en son honneur. Ce livre nous prend au piège de la douceur, et de l'apparente beauté d'un jardin où Staline vieillissant soigne ses fleurs, et pourtant il terrorise son peuple, et sa maitresse le craint, sans rien ignoré du dictateur qui ne manifeste aucune confiance à personne. Après avoir vaincu les nazis, il fait trembler les chinois et les américains en Corée en les manipulant avec une détermination compulsive et féroce. Les derniers chapitres nous offrent les touches finales à un tableau réussie. À lire absolument.
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Cette lecture fut une épreuve. Je me demande pourquoi je l'ai entreprise et comment j'au pu arriver à son terme.
Contrairement au titre, rien à voir avec une approche psychanalytique du phénomène Staline.
Dans cette histoire, je n'ai rien retenu de positif à mentionner, rien qui retienne mon attention ou attise ma curiosité malgré une amorce avec le personnage de Danilov, artiste au servie de la gloire de Staline, mais vite oublié dans le récit.
Quelle étrange mise en scène de Staline, quel style bizarre : par exemple de la page 45 à la page 49 une seule phrase, sans ponctuation. On décroche en perdant vite le sens du propos. Une avalanche de détails superflus du début à la fin.
Quel était le projet de l'auteur : roman, satire, constat politique ? Ce n'est pas clair dans mon esprit
J'arrête mes jérémiades. Pour moi, juste un livre de trop.
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Curieux exercice. Staline dans son intimité avec une charmante personne dont l'auteur laisse planer des doutes sur ses fonctions, sans doute au-delà de la psychanalyse. le dictateur peste contre son mentor Lénine, distrayant, la lucidité vient avec l'âge, une façon de se dédouaner de ses propres crimes, bel hommage au maitre sur ce point. A la fin, on découvre pourquoi le “Vojd” est si indulgent avec un artiste venu lui proposer un monument à sa gloire, à édifier en face du Kremlin. Un renvoi à un des plus sinistre épisodes de la répression, à découvrir par le lecteur, pour ceux moins familiers avec les livres de N. Werth.
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Dans les dernières années de sa vie, Staline ne dormait plus dans un lit mais dans un fauteuil ou sur un divan. À partir de ce fait, l'auteur a imaginé Staline découvrant, à l'intérieur d'une revue britannique, une photo du divan utilisé par Freud lors de ses consultations, en tout point semblable à celui de sa chambre au Palais Likani. À la suite de quoi, celui que Staline surnommait le « Charlatan viennois » deviendra le prétexte à des confidences, des souvenirs et des règlements de compte avec son entourage passé et présent. Un roman fouillé et très bien écrit.
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J'ai bien peur de rejoindre les critiques les moins enthousiastes...
Le sujet m'interpelait : une incursion dans la fin de la vie de Staline. Pour quelqu'un qui, comme moi, est intéressée par la Russie, particulièrement la période soviétique, les totalitarismes en général et les hommes qui les incarnent en particulier, le sujet avait de quoi séduire.

Au final, on a une intrigue plutôt confuse et des personnages plutôt monolithiques à part Staline et la Vodieva. La magie ne prend pas. Je ne suis jamais parvenue à m'intéresser à cette histoire alors qu'à côté, j'ai fait maintes petites recherches (merci Wiki**) sur tel ou tel personnage secondaire dont j'ignorais l'existence jusqu'alors.

Finalement, en terme de duplicité et de "part d'ombre" des hommes de pouvoirs, on est plus instruit par un "simple" James Ellroy (Trilogie Underworld USA) alors qu'il s'agit de modeste fiction que par ce roman qui se veut historique...
L'auteur est de toute évidence érudit mais il ne parvient pas à communiquer son enthousiasme (si enthousiasme il y avait).
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En 1950, Staline vient passer quelques jours dans sa résidence de Borjomi en compagnie de sa maîtresse et de son état-major car il veut rencontrer un jeune artiste qui a eu l'idée d'un monument à sa gloire. Dans ce lieu clos, entre soupçon et réalité, la vie va prendre un tour étrange pour le Petit Père de Peuple qui va replonger dans ses vieux souvenirs.
Il est vrai que mon résumé est un peu différent du résumé de Seuil mais je trouve que ma version est plus proche du livre que j'ai lu que l'autre. En effet, on suit Staline qui allongé sur son divan semblable à celui de Freud raconte ses rêves à sa maîtresse la Vodieva. Ça donne envie, un résumé comme ça ? Entrer dans la tête de Staline et découvrir ce qui s'y cache mais le roman n'est pas à la hauteur de son résumé. C'est une grosse désillusion pour moi, j'ai mis presque un mois à le lire, c'est pour dire. Je n'arrivait tout simplement pas à rentrer dedans.
Le thème me passionne (j'adore tout ce qui touche à l'histoire contemporaine) mais le style de l'auteur m'a très vite rebuté. Des phrases longues, tellement longues qu'on en oublie le début lorsqu'on arrive à la fin beaucoup trop imagées à mon goût. A cela, il faut associer à certains moment des successions, des listes de noms propres ou d'objets qui n'ont pas vraiment d'intérêt pour l'histoire en elle-même. J'ai aussi été rebuté par la fçon dont le livre est écrit. Les points de vue interne et externe se succède sans cesse, on alterne à presque chaque paragraphe de discours directs à des discours indirect sans indication, ce qui fait que le lecteur se perds très – trop – vite. Certaines fois, il fallait que j'attende la fin du texte pour comprendre qui parlait à qui, c'était très désagréable...
Il est vrai que le style ne m'a pas du tout plu mais j'ai aimé le thème abordé par l'auteur, c'est-à-dire, l'éternité et les souvenirs qu'on laisse à ceux qui reste. Que ça soit en parlant de Lénine ou de sa seconde femme Nadejda, le personne repart toujours sur ce thème. C'est un sujet qui m'intéresse là aussi, la façon dont on reste dans les mémoires des autres après sa mort mais là encore, la vision que l'auteur était trop embrouillée pour qu'elle m'entraîne dans une vraie réflexion. Sous une autre forme, je sais que je me serais parlé à moi-même pendant plusieurs jours sur ce thème, pour essayer de me faire ma propre opinion. Là, en rédigeant cette chronique, alors que j'ai fini mon livre hier, j'ai beaucoup de mal à me souvenir de certains passages de l'histoire.

Une grosse déception qui me peine car j'avais été emballée par le résumé. Un texte trop compliqué pour un sujet qui était pourtant intéressant à la base. Dommage, ça sera pour une prochaine fois !
Lien : http://leslecturesdeollie.bl..
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Une entrée dans l'intimité de l'Histoire, « le divan de Staline de Jean-Daniel Baltassat
Pendant les vacances, je reçois un mail de Babelio me proposant de faire une critique du Divan de Staline de Jean-Daniel Baltassat. Pourquoi pas ? En cette rentrée littéraire, je suis curieuse de découvrir les nouveautés.
Le titre laisse songer à une fiction de l'intime. Plongeons dans l'histoire pour confirmer ou infirmer cette première impression.
Nous pénétrons dans un huis clos au coeur du palais de Mikaïlovitch. Les trois personnages, Staline, Lidia Semionava, sa maîtresse et l'artiste peintre Damilov jouent au jeu des mensonges et des vérités.
L'écriture de ce roman est à fois dense et riche. Elle construit cet univers fermé où les personnages évoluent avec une peur et une angoisse sous jacente.
Derrière l'écriture de Baltassat, on sent le travail de recherche, la volonté de précision est à l'oeuvre dans cette fiction. Et même si la veine historique est visible dans ce roman, le lecteur est surpris par les dernières pages de cette fiction.
La fin de ce roman soulève des questions sur la psychologie de Staline – personnage que je connais peu en dehors de mes vieux cours d'Histoire – qui apparait comme critique envers son aîné Lénine ou le Charlatan Viennois – Freud
En revanche, j'ai du faire une gymnastique continue pour m'y retrouver à travers ces noms russes qui se ressemblent tous !
En résumé : une fiction riche tant dans l'écriture que dans le sujet. Babelio et Seuil m'ont permis de faire une lecture que je n'aurais peut être pas choisie de moi-même mais qui est intéressante.

Lien : http://gourmandisesetplaisir..
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Au début des années 50, en pleine guerre de Corée, Staline se retire quelques temps dans une résidence de Géorgie avec sa maîtresse de longue date (La Vodieva) et un jeune peintre ambitieux (Danilov).
Alors que culte de la personnalité est à son apogée, l'artiste est chargé de concevoir le monument (1) dédié à la gloire éternelle du Petit Père des Peuples, le « vojd » comme on l'appelle (le guide en VO, c'était la mode à l'époque).
À cette époque, vieillissant et s'approchant de sa fin, Iossif Vissarionovitch Djougachvili est sans doute l'homme le plus fort et le plus craint de la planète.
Il a vaincu l'enfer nazi, il manipule chinois et américains en Corée, …
En tout cas on le sait bien, il terrorise son peuple et ses proches. Même sa fidèle maîtresse le craint, qui sait pourtant tout de lui.
Seule l'ombre inquiétante de son dernier rival, Beria, plane encore depuis Moscou jusque sur la résidence de Géorgie (2).
Les premiers chapitres de ce Divan de Staline excellent à transcrire l'attente, le règne de la terreur et cette crainte de l'homme d'acier (Staline en VO) : bien avant même l'arrivée du maître, tous tremblent comme les feuilles à l'automne et les rivalités de cour entre les colonels et les généraux proches du pouvoir vont bon train. Tel le candide de service égaré dans l'antre de l'ogre, le pauvre artiste Danilov nous emmène nager en eaux troubles.
L'écriture riche et puissante de Jean-Daniel Baltassat accentue encore cette impression de se retrouver à la cour d'un roi soleil omnipotent. Il ne faudrait pas grand-chose pour qu'on tremble de crainte nous aussi, dans notre fauteuil, en attendant que la police secrète frappe à la porte et viennent poser quelques questions sans bonne réponse. Heureusement ouikipédia nous confirme que Staline est bien mort en 53, ouf, c'est fini.
Mais non, ce n'est pas un thriller politique : le petit père Staline est venu se reposer, souffler un peu entre deux purges ou deux guerres.
Il est venu jouer à la psychanalyse avec sa maîtresse et confidente, La Vodieva, c'était même elle qui était chargée d'amener les livres interdits.
Freud est bien sûr un suppôt abhorré de l'occident dégénéré et capitaliste : Staline le surnomme le charlatan viennois.
Mais Staline est aussi fasciné par ces travaux au point d'avoir fait installer dans sa résidence, un divan qui, jusqu'aux coussins, est l'exacte réplique de celui du Charlatan, repéré dans un magazine occidental ! Savoureux.
Pour autant les amateurs de psychanalyse seront déçus : l'épisode du divan où La Vodieva joue les interprètes de rêve amateurs tient finalement peu de place dans cette histoire.
Car somme toute, voici un roman bien surprenant qui prend intelligemment le lecteur à contrepied des attentes convenues : on y parle beaucoup du divan mais peu de psychanalyse, beaucoup du passé mais peu de l'histoire soviétique, beaucoup de peinture et sculpture mais peu du fameux mémorial, …
Alors ? Alors on côtoie longuement et agréablement (en dépit du contexte !) les personnages de ce huis-clos à la campagne, presqu'une pièce de théâtre : le jeune artiste ambitieux, la maîtresse fidèle (savoureux et sensuel portrait de dame) et un dictateur effrayé par lui-même et les démons et les fantômes qui jalonnent sa carrière. Dom Juan et son Commandeur, dans un tout autre registre.
Ce sont d'ailleurs ces démons et ces fantômes (et il y en aura des terribles) qui viennent hanter les rêves de Staline. D'où le divan.
Iossif Vissarionovitch Djougachvili apparait ici comme désincarné, presque schizophrénique, et finalement au service et à la merci d'un Staline qu'il a lui-même créé. Staline parle de Staline comme s'il était un autre.
Le propos de Baltassat n'est évidemment pas de réhabiliter le portrait d'un bonhomme qui serait aimable, tendre et sympathique mais qui aurait été maltraité par l'Histoire.
Non bien sûr, mais on peut s'essayer à imaginer ce que pouvaient être la vie intime et les tourments intérieurs d'un dirigeant hors du commun.
Non bien au contraire, et on apprendra encore des histoires des plus terribles sur une Histoire déjà terrible … mais stop, on ne vous en dit pas plus !
Tout au long d'une lecture fort agréable et d'une belle écriture (3), Jean-Daniel Baltassat nous aura menés habilement et intelligemment par le bout du nez pour nous amener là où il voulait.
Une belle histoire, brillamment contée, comme une parenthèse dans l'ombre et les failles d'un monstre.
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Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette lecture de la rentrée littéraire !
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(1) - le monument glorieux devait se dresser sur la Place Rouge, le long du Goum, juste en face du mausolée de l'ennemi juré.
(2) - paradoxalement Béria ne survivra pas à la disparition de Staline en 53 …
(3) - malgré quelques effets un peu trop répétés comme cet usage du 'on' qui donne un peu de distance ou encore ces dialogues interrompus qui donnent du rythme - décidément trop de nos auteurs français se croient obligés de suivre cette mode qui consiste à se différencier par l'abus d'un tic de langage - d'autant plus inutile que la prose de Baltassat ne manque justement ni de style ni de panache
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/2..
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