Quel bonheur toujours renouvelé, de plonger dans l'univers des grands auteurs du 19ème siècle. J'avoue avoir un peu plus de mal à lire
Balzac que les autres. Et lire
Balzac me fait toujours penser à Colette, qui a lu
Balzac très jeune : "C'est mon berceau, ma forêt, mon voyage" à-t'elle dit. Voilà, je pense que je n'ai pas lu
Balzac assez jeune !
La Rabouilleuse est un des romans les moins connus
De Balzac. Pourtant le fil de l'intrigue est assez simple : deux canailles issues de bonnes familles, Philippe et Max, anciens Dragon et Grenadier de la Garde impériale napoléonienne, se disputent une succession : celle du Docteur Rouget, bourgeois licencieux, qui a recueilli quelques années auparavant une petite beauté miséreuse, Flore, devenue entre-temps sa servante-maîtresse. Celle-ci est amoureuse de Max et tout finira mal pour eux.
Autour d'eux, gravitent des personnages au coeur pur, qui incarnent les plus belles qualités morales. Exceptionnelle galerie de portraits et description désenchantée que celle de ces grandes âmes qui, par leur aveuglement, favorisent les appétits les plus cyniques. L'enfer est pavé de bonnes intentions, c'est bien connu.
Alors pourquoi "
La Rabouilleuse" est-elle peu aimée ? Serait-ce en raison du lieu de l'intrigue, cette province berrichonne ensevelie sous les "disettes", les racontars ? Où les soldats devenus inutiles et inemployés, sont réduits à une quasi misère et subsistent uniquement grâce à leur demi ou quart de solde. Pour tromper l'ennui, ils s'organisent en bande farceuse, "les Chevaliers de la Désoeuvrance", et sèment la frayeur dans la petite ville d'Issoudun, qui connut son heure de gloire au temps de l'empire romain, mais se trouve maintenant assoupie comme une Belle au bois dormant.
Et certes,
Balzac fait figure d'oiseau de mauvais augure, lorsqu'il dénonce dans sa préface les dangers de « cette société basée uniquement sur l'argent ». Il semblerait pourtant que cela n'ait guère changé au 21ème siècle.
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