La définition de "rabouilleur" est la personne qui trouble l'eau afin d'effrayer les écrevisses en vue de leur capture. Cette petite fille en haillon se livrait à cet exercice avec son père quand Jean-Jacques ROUGET l'aperçut.
Frappé par la beauté de la fillette il "l'achète" comme domestique.
Peu à peu il s'attachera à elle. Arrivée à l'âge adulte Flore comprendra toute l'ampleur de son pouvoir sur le vieil homme. Avec l'aide d'un garçon de son âge (Max), dont elle est secrètement éprise, elle tentera de capter l'héritage, enjeu crucial du texte.
C'est sans compter sur l'arrivée sur l'échiquier de Philippe BRIDAU, plus rusé encore que
la Rabouilleuse et son complice.
Qu'en penser ?
A voir l'historique de ce texte on comprend vite le pourquoi d'un tel fourbi, car la trame est vraiment tentaculaire (un mélange de DALLAS et de DYNASTIE... pour ceux qui ont connu).
C'est compliqué, parfois même incohérent mais qu'importe : quand
Balzac écrit, on lit !
A noter que pour la première fois l'auteur tient des propos rabaissant la femme. Il fait dire à un des ses personnages :" Les femmes sont des enfants méchants, c'est des bêtes inférieures à l'homme, et il faut s'en faire craindre, car la pire condition pour nous est d'être gouvernés par ces brutes-là ! " sic
HISTORIQUE DU TEXTE
Au départ le projet de 1839 se nommait LE BONHOMME PIEDEFER, puis en 1840 LE BONHOMME ROUGET. Un texte qui servait à rembourser un trop perçu que le journal qui employait
Balzac lui avait octroyé. La parution se fait en deux fois avec un an et demi d'intervalle.
L'auteur ne livrera qu'une petite partie du texte (juste le nécessaire pour payer sa dette.
En 1841, un journal concurrent lance un texte à épisode qui recueille un grand succès.
Balzac lance alors la totalité du texte sous le titres LES DEUX FRERES (9 épisodes).
Remaniement du texte et rajouts donneront la première édition originale aux éditions Souverain
PERSONNAGES
On peut s'en tenir à ceux qui justifient les titres successif envisagés par
Balzac et autour desquels le roman se construit : Rouget, les deux frères Bridau,
la Rabouilleuse.
– flore BRAZIER : c'est la fille du peuple, condamnée dès l'origine, pour peu qu'elle sorte de sa condition. Elle est programmée par son nom, de la fleur au feu (elle finit brûlée par les « liqueurs »). Très tôt orpheline, à la garde d'un oncle alcoolique et d'une tante qui la hait. Elle est cependant, à douze ans, une « petite fille ravissante », un « miracle de beauté » aux yeux du vieux Rouget qui la découvre « quasi nue » dans la rivière, occupée à rabouiller. Il l'achète à son parâtre, cent écus par an. C'est François, l'un des « cinq Hochons » qui révèle son surnom méprisant, dans le journal ragoteur d'Issoudun. Rouget entreprend son éducation, se réservant sans doute d'en recueillir les fruits. Ce ne serait pourtant que le « 15 avril 1806 » que Flore cesse d'être une « honnête fille », en devenant la maîtresse du fils Rouget. En 1815, dans « l'entier développement de sa beauté », elle règne sur la maison (et le ménage du garçon). Puis les événements se compliquent : maîtresse de Maxime en 1816, elle épouse Jean-Jacques Rouget en 1823, et devient ainsi la tante de Philippe qui la subjugue, l'épouse, en fait une éphémère comtesse de Brambourg pour mieux la dépouiller et l'achever : « Dieu se sert de lui comme un fléau ! », dit la moribonde à ceux qui sont à son chevet, avec Joseph Bridau : Bixiou, Bianchon, Desroches, les « bons » reparaissant.
– Joseph BRIDAU : Sa présence dans le roman est tempérée. Il est le sage !
Déjà apparu dans
UN DEBUT DANS LA VIE : il participe aux deux voyages à Presles, celui de 1822 dans le coucou de Pierrotin et celui de 1838 dans son Hirondelle de l'Oise. de rapin farceur qui se fait passer pour le grand peintre Schinner dans le premier
– Philippe BRIDAU : après l'avoir crée dans Les Deux frères (voir Histoire (s) du texte),
Balzac l'ajoute à des textes antérieurs, plus pour l'effet de reprise que pour nourrir une biographie déjà détaillée par
La Rabouilleuse.
Il est toute la laideur incarnée, sans scrupule ni conscience.
– Jean-Jacques ROUGET (alias le bonhomme Rouget) : le personnage est en quelque sorte la réplique du Jérôme Rogron de PIERETTE (même si Flore n'est pas Bathilde), mais en plus gris. Il est construit en négatif, par contraste. Agé de 37 ans à la mort de son père, dont il n'a ni la trempe, ni le caractère, ni la malice. A l'inverse de sa soeur Agathe il est incapable de grands sentiments. Elevé pour être propriétaire, c'est-à-dire rentier, c'est un inutile, un « nul », un boutonneux, malade de timidité physique et morale avant que Flore le déniaise. Il a pour elle un attachement « animal » et deviendra une proie facile entre les mains de son neveu Philippe. Resté célibataire dans le mariage, incapable d'être père, ce garçon de province sera tué par Paris.