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Critique sur L'élixir de longue vie seul :

J'ai dévoré cette nouvelle brillantissime, mais il est vrai que j'ai toujours été intéressée par la figure de Don Juan, notamment le personnage de Molière, auquel Balzac se réfère.

Dans une construction inversée des plus machiavéliques, Balzac fait de don Juan le jeune et séduisant fils d'un vieillard qui tarde à mourir, et qui, lorsque le moment vient, se méprend sur le sentiment de son fils et lui demande de le ressusciter avec l'élixir magique qu'il a conservé toute sa vie. Il a été un père aimant, indulgent, mais le résultat de son éducation est que le jeune Juan est égoïste, viveur, et surtout peu tenté de voir son père prolonger son existence...

Ensuite, eh bien, c'est la vie du don Juan "grand seigneur méchant homme" connu de tous que nous dépeint avec talent Balzac, vu surtout à travers son esprit libertin et son irréligion. Don Juan épouse dona Elvire, jeune Andalouse pleine de vertu, ils ont un fils nommé Philippe, et lorsqu'il arrive à la fin de sa vie, don Juan a tout prévu pour revivre, mais les choses se dérouleront autrement.

Il y a en germe dans cette nouvelle plusieurs thèmes balzaciens, comme la figure du père aimant ainsi que celle du Père Goriot, et la malédiction de l'immortalité que nous retrouverons dans La Peau de chagrin. le sujet de don Juan donne à Balzac l'ampleur d'une cathédrale dans le volume d'une alcôve. L'écriture est éblouissante, ainsi cette scène de la triste mort du père de don Juan, ou encore la cérémonie finale de sanctification après le "miracle". Comme toutes les études philosophiques, la réflexion spirituelle ne manque pas, mais Balzac est également féroce dans l'observation des moeurs humaines, ici vers 1506 à la cour de Ferrare, cour raffinée mais cruelle et dissipée.

Je mettrais un seul bémol : celui de déployer un talent fou dans des moments étirés, les scènes dont j'ai parlé, mais de passer vite sur des aspects constitutifs du mythe, notamment ses relations avec les femmes. Il est vrai qu'une nouvelle ne permet guère de développer tout ce qu'on aimerait, et qu'il est contraint de styliser le récit, cela n'empêche donc pas un coup de coeur.
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Sûrement les deux nouvellesDe Balzac que j'ai le plus appréciées jusqu'à présent.

El Verdugo est une merveille de cruauté. En 1809, après la rébellion ratée d'une ville espagnole au nom imaginaire (mais qui pourrait être Santander), le général de l'armée napoléonienne décide de faire un exemple : les nobles de la ville seront pendus, et toute la famille du Grand d'Espagne possédant le château sera décapitée… par l'ainé de la famille. Balzac décrit à la perfection l'incroyable courage des membres de la famille face à la mort, et la brutalité des Français dont l'état-major continue à rire et manger pendant l'exécution. Les forces d'occupation sont conformes au modèle courant des conquérants, ressemblant aux Allemands de la seconde guerre mondiale ou à l'Empire de Star Wars (ou aux Espagnols eux-mêmes en terre américaines) : sans pitié, jouant de la terreur et jouissant de la violence sur les populations. Un seul Français, amoureux pathétique de l'ainée de la famille espagnole, montre des émotions que je qualifierais d'humaines (bien qu'elles le soient toutes). Une goutte dans l'océan.

L'élixir de longue vie est très différent. La nouvelle propose une biographie alternative, et quelque peu fantastique, de Don Juan. L'homme est en fait un noble du duché de Ferrare, en Italie, au XVIe siècle. Son père, sur son lit de mort, lui demande d'oindre son corps d'une eau miraculeuse quand celui-ci ne sera plus vivant. Mais Juanito est malin : il expérimente sur un oeil et, au vu du résultat, garde la fiole pour lui, quand son temps sera venu. Il entame alors sa vie de séducteur patenté et d'opposant à tout ce qui fait la morale de son temps (voire de tous les temps). Cette nouvelle est une dénonciation sans nuances des êtres humains qui, sous des dehors honnêtes et généreux, cachent des sentiments égoïstes ou libertins. Les exemples des papes Alexandre VI et Jules II, croisés par Don Juan, ou des fils qui espèrent la mort de leurs pères pour hériter, sont éclairant. Face à ce comportement, Don Juan dit « soit » et décide de battre les hommes à leur propre jeu.
Je ne parlerai pas de la fin « miraculeuse », alors qu'il faut bien utiliser la fiole. La scène est assez horrible. Mais s'agit-il d'une punition ou de la dernière action d'éclat de Don Juan ?

Je regrette seulement la part conséquente prise par les notes de bas de page, qui parfois remplissent la moitié de ladite page.
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Dans L'élixir de longue vie, Balzac revisite le mythe de Dom Juan.
Je n'ai pas retrouvé dans cette nouvelle le Balzac que j'aime, et comme je suis également relativement imperméable au mythe de Dom Juan, cette lecture, courte heureusement, aura été une déception.
Seul point positif à mon sens : la façon dont les relations père fils sont étudiées.
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Je précise ici que je ne présente que "El Verdugo", lisant les oeuvres De Balzac, y compris les nouvelles, dans l'ordre chronologique.

J'ai apprécié cette courte nouvelle, qui m'a replongée dans le contexte historique des guerres napoléoniennes, cette fois en Espagne.

Le jeune officier Victor Marchand est chargé de surveiller le château et la ville de Menda, car les autorités de l'Armée française soupçonnent une trahison du marquis de Leganes, Grand d'Espagne, avec le risque d'un soulèvement et d'un débarquement de la flotte anglaise. Or, voici qu'en même temps que retentissent les accords du bal donné au château, des feux suspects se montrent en contrebas, attirant l'attention de Victor... En peu de temps se noue l'action, et Victor, sauvé par la belle Clara, fille du Marquis, n'a que le temps de se rendre à l'état-major, pour permettre de dompter la révolte, puis de punir les traîtres, au château même, avec la cruauté de mise en ces temps de guerre.

Cette nouvelle brève et stylisée présente peu de surprises : l'intrigue offre une situation tragique, un noeud formé par l'infâme proposition du Général : la famille de Leganes devra être exécutée, mais un des fils du marquis aura la vie sauve (pour perpétuer le sang de ce Grand de la noblesse d'Espagne), s'il accepte d'endosser la fonction du bourreau ("el verdugo" en espagnol). Est-il possible d'accepter une telle offre ? Quoi qu'il en soit, les membres de la famille montreront le plus grand courage, et une noblesse de conduite qui ne font pas honneur au commandement français. Il est dommage du reste que Victor, témoin privilégié cherchant à intercéder pour la famille du marquis auprès du Général, passe trop vite au second plan dès la seconde moitié de la nouvelle. La toute fin du récit se détache un peu trop du corps de l'action, en un épilogue un peu convenu.

Outre le contexte historique bien tracé (faits remontant à 15 ans environ au moment où Balzac écrit) - j'ai trouvé dans cette nouvelle des ressemblances avec les embûches des Chouans à Fougères ; la situation en elle-même est riche de possibilités dramatiques, et permet d'exacerber les choix des personnages, leur esprit de sacrifice, jusqu'aux jeunes filles et au plus jeune frère, Manuel. On peut trouver un peu surfaite et cliché l'image du fier Espagnol, indomptable et fougueux, aussi sombre et flamboyant que le feu de sa prunelle est noire... La nouvelle se lit facilement, et si elle ne me laisse pas un souvenir impérissable, j'en aurai toutefois apprécié l'ambiance et la peinture outrée et sombre, à la Goya, dans ses toiles du "Dos et Tres de Mayo".
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Contes fantastiques De Balzac: élixir de jouvence, ruses, scélératesses, etc…

D'autre part, j'ai aussi lu les contes suivants, toujours De Balzac, "Un épisode sous la terreur" et " Étude de femme".

Je vous suggère plutôt de lire "La cousine bette", que j'ai préféré… plus tordu ;)
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» Nouvelle particulièrement grâtinée du côté mélodrame . le fils qui doit exécuter sa famille pour sauvegarder le nom et toutes les péripéties afférentes sur fond de guerre napoléonienne en Espagne c'est un peu excessif.
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Beau livre
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Deux longues nouvelles, contes, courts romans, publiés tous deux en 1830, se déroulant en Espagne, toutes les deux sur le thème de de la mort du père. Assez loin du réalisme de la Comédie Humaine, plutôt dans le domaine fantastique.
El Verdugo, publié dans les Souvenirs Soldatesques se déroule pendant les Guerres Napoléoniennes en Espagne. Massacres, scènes sanguinolentes. Heureusement c'est court; mais je n'ai pas trop accroché.

L'Elixir de longue vie est beaucoup plus complexe.Il se déroule selon deux parties, la première Festin raconte la mort du père de Don Juan Belvito, mort souhaitée par Don Juan qui est pressé d'hériter. Fils tardif, il est pourtant choyé et son père lui passe tous ses écarts."Jamais sur terre un père si commode ne s'était rencontré!"Le père a découvert un moyen de ressusciter : un flacon de cristal qui contient un élixir : L'élixir de longue vie qui a donné son nom au livre.Que va faire Don Juan? A vous de lire!

"Pour les négociants, le monde est un ballot, ou une masse de billets en circulation ; pour la plupart des jeunes gens, c'est une femme ; pour quelques femmes, c'est un homme ; pour certains esprits, c'est un salon, une coterie, un quartier, une ville ; mais pour don Juan, l'univers était - lui!"
Dans la seconde partie, en Espagne, Don Juan a épousé Dona Elvire. Cela ne vous rappelle rien? le ton change, les allusions à la littérature sont jubilatoires. Jubilatoires aussi les blasphèmes et la scène grand-guignolesque que je ne veux pas vous dévoiler.Un Balzac romantique?
Lien : http://netsdevoyage.car.blog.
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El verdugo le bourreau, ou el desdichado, le malheureux ou le déshérité...
Cette très courte nouvelle m'a fait penser au poème De Nerval - postérieur mais plus connu. Peut-être le cadre espagnol... Ce cadre n'est d'ailleurs qu'évoqué, mais de façon à suggérer un cadre historique précis et évocateur : l'occupation française et les guerres napoléoniennes.
Le bourreau, c'est donc l'occupant français qui oppresse les Espagnols. Mais inversement, les Espagnols qui massacrent la garnison française par surprise ne peuvent-ils pas paraître des bourreaux ? L'officier français cherche le bourreau et le châtiment face à ce qu'il considère comme son déshonneur.
Mais, pour reprendre une citation du Trône de fer, "celui qui prononce la sentence doit être celui qui tire l'épée". le véritable bourreau ne serait-il pas le général, prêt à sacrifier un officier de valeur, et surtout à condamner toute une famille, des enfants aux domestiques, avec un châtiment inhumain ? le jeune noble n'est que l'épée, pas le juge, il n'est pas responsable de son destin tragique.
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Balzac a le don de la dramaturgie romanesque. Si vous ne comprenez rien à ce que j'entends par-là, laissez-moi vous expliquer : Balzac rythme ses ouvrages comme des pièces de théâtre, pour être précis des tragédies, c'est-à-dire comme des oeuvres contant l'avancée vers un destin inéluctable. Illusions perdues, le Père Goriot, le Colonel Chabert, Les Chouans, El verdugo, Ferragus, le Réquisitionnaire, toutes ces oeuvres sont des tragédies. Mais ce sont des tragédies romanesques : certaines des ressources utilisées ( descriptions, recours à l'imagination du lecteur... ) seraient inutilisables sur scène. Et ces procédés, qui sont des procédés de dramatisation, sont une clé. Ou ils manquent, il y a un vide. Un vide artistique. Et dans El verdugo, justement, ils manquent ! Ni oeuvre de fond, ni oeuvre de forme ( le comble pour une oeuvre de fiction ! ), El verdugo ne peut plaire à personne.
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