Entre roman de terroir, documentaire, quête des origines et Nature writing,
Alto braco, « Haute boue », plonge le lecteur au coeur de l'Aveyron, à quelques encablures de Laguiole et de Nasbinals, village natal de Brune Rigal.
Un style plutôt enlevé avec de belles pages sur le terroir originel de la famille Rigal, nous emporte avec lyrisme et poésie dans la nature sauvage de ces terres situées entre Cantal et Aubrac, là où sont élevées les belles vaches éponymes…
Le thème et l'intrigue qui tournent autour d'un secret de famille auxquels se mêlent les enjeux très actuels de l'élevage bovin, confrontent le lecteur à la problématique de la mondialisation et de la concurrence européenne que subissent les régions productrices françaises.
Enfin, l'histoire personnelle de Brune, élevée à Paris dans le bistro de ses deux grands-mères, amène la jeune fille à redécouvrir ses racines et le passé de ses parents à l'occasion du décès de sa grand-mère et peut-être bien à reconsidérer son avenir…
Tous les ingrédients nécessaires à un bon roman sont là, mais il manque un je-ne-sais-quoi, un tout petit supplément d'âme pour que le lecteur sente qu'on s'adresse à lui. Je suis restée en périphérie, comme reléguée en marge d'une histoire, certes intéressante, documentée, crédible, mais dont les protagonistes ne m'ont jamais vraiment adressé la parole. Dans ce roman construit comme un repas, j'ai eu le sentiment d'être le convive oublié en bout de table, qui regarde passer les plats mais reste un peu sur sa faim.
Même si la lecture en a été agréable, cette histoire ne m'a pas emportée. Je n'ai pas éprouvé de sentiment pour Brune, ni pour Rose la mère, ni pour Annie la grand tante, à part une peu d'agacement peut-être (sans doute parce qu'elle me rappelait quelqu'un de peu aimable)…et c'est quand même bien d'éprouver de l'empathie pour les personnages qu'on accompagne...
Dommage que la partie "romanesque", celle qui donne à voir les humains dans leur complexité et leur contradiction manque d'investissement affectif, car tout le reste du discours sur les problématiques de l'élevage bovin, transposable à d'autres dérives agroalimentaires, m'a beaucoup intéressée et m'a paru d'une grande pertinence,