American Darling

Lecture abandonnée assez rapidement en raison d'une franche incompatibilité entre ce texte et moi, tant sur le fond que sur la forme.
Trop politique (ça ne me passionne pas), trop cruel (ça me chamboule), trop elliptique par moment (ça m'agace) et trop pointilleux à d'autres (ça me barbe).
Beaucoup trop de "trop" pour me convenir et, paresse oblige, je n'ai pas eu envie de me forcer. Cependant, je ne suis pas mécontente d'avoir tenté cette lecture même si cela n'a pas été une réussite. Au moins c'est fait !
Voilà... j'ai donné mon avis (pas trop fameux)☺

Je n'ai pas aimé ce roman alors que j'ai été emporté par d'autres livres de Russel Banks, notamment de beaux lendemains et par ses nouvelles. Les personnages de Hannah et ceux de ses parents sont des assemblages de stéréotypes. Idem pour les quelques personnages africains. Russel Banks ne connaît pas l'Afrique au moment où il écrit ce livre et cela se voit (ou alors il n'a pas su en parler). J'ai été touché à un seul endroit, dans l'évocation des chimpanzés. La construction est comme d'habitude chez Russel Banks ambitieuse et travaillée. Par contre il y a un gros Deus ex machina dans la dernière partie du livre, une coïncidence entre la présence d'Hannah dans une ville des USA, l'un de ses amis et celle d'un prisonnier africain. Autre problème de vraisemblance, les enfants de l'héroïne, inexistants pendant presque tout le livre, puis qui jouent un rôle soudain. Je suis allé au bout du livre car Russel Banks a du métier et réussit à me tenir par son écriture, la construction, mais ce roman qui se situe dans le champ du réalisme manque trop de vraisemblance. Il faut lui reconnaître de l'ambition, aborder ce lien entre le Libéria et les USA, mais justement il est en concurrence avec un deuxième sujet, celui de l'émancipation féminine dans les années 80. J'ai vu toute la construction dans laquelle excelle Russel Banks sans jamais réussir à l'oublier.

Un récit plein de détails et de force de caractère, sur un pays moins médiatisé: le Libéria. Cette femme, Hannah Musgrave a une grande force, pour vivre en clandestine comme elle le fait, dans un pays aussi instable. Quant à son engagement (dévouement) envers les chimpanzés, ses rêveurs, il est magnifique.
Juste un bémol sur la structure de ce roman, peu de chapitres et de dialogues, on peut avoir du mal à entrer dans l'histoire.

Hannah, fille unique d'une bonne famille bourgeoise et démocrate de Boston, nous décrit ses états d'âme et ses sentiments. Elle parle de son activisme passé mais on a du mal à s'imaginer qu'une femme d'une telle passivité ait pu être active. Elle parle de sa froideur, au point de trouver plus d'humanité dans le regard des chimpanzés que dans celui de son mari et de ses enfants. Elle parle de libérer le peuple libérien sans même le voir, ni le fréquenter pour apprendre à mieux le connaître alors qu'elle le côtoie au quotidien.

R. Banks quant à lui, et concernant la situation politique du Libéria, me semble s'aventurer sur des chemins qu'il ne maîtrise pas ; ne connaissant pas l'Afrique (à mon sens), n'y ayant jamais vécu, il nous débite des truismes pseudo historico-géo-politiques, des lieux communs que l'on pourrait lire ou entendre dans un documentaire. du coup le tableau africain, la description des Libériens (qui est inexistante) et du Libéria manque d'authenticité, de profondeur ; ça manque de vécu et d'étude approfondie. Au final le plus dérangeant, c'est de voir traiter de problèmes politiques dramatiques pour tout un peuple, comme s'il s'agissait d'exposer un simple fait divers. Monsieur Banks allez voir « la vrai vie » sur le terrain afin d'éviter de livrer au lecteur une vision simpliste, tronquée, voire erronée de l'Afrique.

Enfin, je dirais que vu la multitude de sujets traités -la question de l'identité (Qui suis-je ? Qu'est-ce qui fait que je suis moi ? Quels sont mes choix ? Mes relations avec mes parents ? Ma place dans mon pays, ma culture, mon époque ? Quel est mon espace de liberté dans la constitution de mon identité ?)-, la question raciale, l'engagement politique, les différences culturelles, la maternité, l'impérialisme américain, la manipulation, la difficulté de respecter ses propres engagements, … - font que de nombreux thèmes sont abordés mais de manière très superficielle sans qu'aucune réponse ne soit proposée.

Bref, je n'ai pas vraiment aimé ce livre, ni le personnage d'Hannah Musgrave: enfant gâtée qui n'est pas parvenue à attirer ma sympathie. Un livre agaçant...