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sur 207 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Russell Banks nous propose un roman où, comme souvent dans les romans américains, la destinée personnelle du héros est intimement liée à l'histoire du pays.
Léonard Fife est un documentariste célèbre et engagé, il est en fin de vie, hospitalisé chez lui et dépendant d'aides pour toutes ses fonctions vitales.
Malcolm, un de ses élèves, vient l'interviewer et le filmer pour un bilan de sa vie et un ultime témoignage sur ses engagements et ses inspirations.
Pour Léo, cette interview se transforme en confession où il explore les moments de sa vie les plus intimes et les moins connues, une manière pour lui de se montrer à sa femme dans toute sa nudité (oui ça rappelle Rousseau dans "Les Confessions"...)
Ses choix artistiques et personnels n'ont pas toujours été glorieux et il a souvent fait preuve de lâcheté, sous couvert d'autres raisons...
Et sa notoriété due à son engagement pendant la guerre du Vietnam où il a déserté pour partir au Canada, et à son premier documentaire sur des activités cachées de l'armée, a été davantage le fruit du hasard qu'une conscience politique aigüe.

Russell Banks brosse un portrait fouillé, dense et intelligent d'un homme en fin de vie qui tente de faire un bilan sans concessions de cette existence.
Si la vérité semble travestie, c'est peut-être parce ses médicaments apportent un peu de confusion dans son esprit, c'est sans doute aussi parce que ce sont ses souvenirs à lui, et personne d'autre ne peut avoir cette vision de sa vie.
C'est un portrait sans compromis d'un homme et d'une époque, et aussi une plongée dans l'univers d'un créateur grâce à cet mise en abîme d'un documentariste interviewé et filmé par un autre documentariste.
Russel Banks fait ici un récit très fort, auquel j'ai quand même trouvé quelques longueurs, d'un homme au crépuscule de sa vie.

Merci à Babelio/Masse critique et à Actes sud.

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Leonard Fife est un cinéaste engagé, aujourd'hui à la retraite, qui a fui les États-Unis au moment de la guerre du Vietnam pour se réfugier au Canada, comme des milliers d'Américains d'alors qui bénéficieront du statut de réfugiés politiques.
Leonard Fife a soixante-dix-sept ans, il est en fin de vie, rattrapé par un cancer en phase terminale, il sait tout comme ses proches qu'il n'a plus que quelques jours à vivre. Ce qu'il a sur le coeur, ce qui est encore là à portée de sa mémoire, il doit se dépêcher de le confier, de le délivrer.
Hospitalisé chez lui, il accepte de recevoir Malcolm, un de ses anciens élèves et toute son équipe de tournage afin de réaliser un documentaire pour la télévision.
Leonard Fife que tout le monde appelle Leo bénéfice d'un prestige national, son engagement lui a permis de réaliser des investigations de fond sur des sujets brûlants qui se sont transformés en véritables scandales politiques.
C'est l'ultime occasion pour Malcolm d'interroger son vieux mentor, peut-être d'obtenir de lui d'autres révélations sensationnelles.
Le temps presse, les fonctions vitales de Leo lâchent les unes après les autres, qu'en sera-t-il de sa mémoire ? C'est un récit crépusculaire qui commence...
L'équipe s'installe dans le luxueux appartement du cinéaste à Montréal. Leo insiste pour que son épouse soit présente. Il veut être filmé quasiment dans le noir. Il a en effet des choses importantes à révéler mais contre toute attente, il balaie d'un revers de main les questions que Malcolm avait soigneusement préparées. Cela ne concerne pas la sphère géopolitique, mais sa propre histoire intime, son parcours, les véritables raisons qui l'ont amené à quitter les États-Unis, fuir au Canada...
Alors un autre récit, un discours édifiant pour ses proches, s'invite dans ce reportage, l'envers du décor, derrière l'histoire officielle d'un cinéaste engagé, il y a peut-être un autre homme, avec ses erreurs, ses errances, ses mensonges, ses petites lâchetés, ses arrangements avec son propre récit de vie...
Emma est présente à côté de son mari presque agonisant et se demande alors brusquement si elle connaît l'homme qui parle et qui va mourir, celui qui est son époux depuis quarante ans...
Dans cette interview qui se transforme peu à peu en confession intime voire impudique pour ses proches, la force du récit tisse un entrelacement de faits dans cette quête ultime de soi, jetant un trouble, un doute, est-ce la mémoire d'un imposteur qui vient remettre la vérité en place ou est-ce celle d'un malade en fin de vie qui mélange vérité et mensonges, ne se souvient peut-être plus, invente un parcours jalonné de ronces dans une mémoire trouée comme une passoire... ?
Doit-on respecter Leonard Fife parce qu'il ose se confesser, faire tomber les digues ? Doit-on lui en vouloir parce que cette confession est jalonnée de douleurs et de blessures ? Une lâcheté de plus, si facile, à quelques heures de mourir, une lâcheté pour soulager une conscience à géométrie variable ?
Russell Banks dresse avec intelligence et justesse un portrait sans concession d'un homme qui se retourne sur le parcours de son existence. La force de son écriture est de réussir à nous immerger dans la tête de Leonard Fife, ce qui n'est pas forcément un endroit très confortable, je vous l'assure.
C'est un voyage à la fois intérieur mais qui traverse un pan de l'Histoire des États-Unis. Nous sommes plusieurs ici à admirer la littérature américaine pour sa capacité à savoir poser des passerelles entre récit intime et dimension universelle... C'est un peu sa marque de fabrique, son ADN... Russell Banks le fait ici avec brio.
Confession ? Imagination ? Affabulation ? Est-ce que Leonard Fife nous mène en bateau ? Est-ce qu'il le sait lui-même ? Tout l'intérêt du récit est d'osciller avec subtilité dans cette ambiguïté...
Oh, Canada est un roman insolite, inclassable, exigeant aussi, que j'ai beaucoup aimé. Un récit tout en tension, tendu comme un arc jusqu'au dénouement final, un récit oppressant parfois, parmi cette pénombre dans laquelle nous plonge Russell Banks, mais un récit d'une écriture lumineuse, ciselée, démontrant à chaque page qu'il est un grand écrivain.
Et puis, et puis, j'allais oublier de parler d'elle puisqu'elle est présente dans le roman, celle qui a bousculé mon coeur de jeune homme lorsque je l'ai vue la première fois en concert à Brest seule sur scène avec sa guitare et une voix d'un timbre éblouissant, j'avais vingt-deux ans, Joan Baez, oui la grande Joan Baez...

♫ Well, I'll be damned
Here comes your ghost again ♬
♫ But that's not unusual
It's just that the moon is full
And you happened to call ♬
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Un. Deux. Trois… J'ai compté, comme dans une fin de vie, d'ailleurs ma vie sent déjà la fin, un parfum de pisse et de mort qui colle à ma peau, le nombre de livres que j'ai lu de Russell Banks. Ce « Oh, Canada » fut donc mon dixième roman de cet auteur, à noter dans mon testament, au cas où, je les lègue à qui de droit ou à qui en veut, d'ailleurs j'ai déjà commencé le legs de certains d'entre eux. le testament de la rue Sherbrooke.

Il est encore beau, ce roman pas moi, d'une profonde tristesse, ce roman et moi, tout de même, mais c'est que je dois aimer profondément les romans tristes. Ils se conjuguent parfaitement avec mon regard, avec ma vie, avec mon verre vide. Fife, une perfusion dans le bras, est sur le point de passer l'arme à gauche. Grand documentariste au Canada, c'est dans son appartement de la rue Sherbrooke, avec un verre de rhum des Caraïbes et des pancakes au sirop d'érable, qu'il se confie à une équipe de tournage venu réalisé un documentaire sur sa vie. L'occasion de jouer cartes sur table avec sa femme ou avec Dieu. Les rideaux du salon sont tirés, Fife parle dans le noir, d'une voix tremblotante, même le liquide brun qui s'écoule de son verre tremble dangereusement au-dessus du canapé. Il s'est endormi ? Il est déjà mort ? Non, il respire, il fait une pause. Il souffle sa peine, son chagrin, ses remords. Dans cette pénombre, il se confie ouvertement à l'oeil de la caméra, à l'ouïe du magnétophone. Façon d'absoudre ses péchés. Ou de raconter à sa femme, son amour, le passé peu reluisant qui coule au fond de lui et l'a mordu tout au long de ces années. Un passé dont il ne peut être fier, un passé qu'il n'a jamais réussi à évoquer. Jusqu'à ce que cette caméra ne vienne le retrouver avant de s'éteindre et d'entendre du metteur en scène le fameux clap de fin.

On se regarde, tous. le caméraman, l'assistante, une jolie blonde au passage – d'ailleurs, si j'avais été plus jeune... -, sa femme. On se demande la part de vérité dans ce témoignage. La dose d'affabulations engendrées par la vieillesse, l'oubli ou la fatigue. Mais au final, peu importe, le documentaire sera monté, les gens découvriront peut-être une autre facette de Fife, de son parcours de Virginie jusqu'à la rue Sherbrooke, Montréal. Mais si on parle testament, on en induit souvent un bilan, bilan de carrière, bilan de vie, les mémoires d'un pauvre type ou d'un bison. Et ben, à toé j'vais te l'dire, ce « Oh, Canada », intègre les limites de mon top five de l'auteur et comme ce dernier fait partie de mes auteurs fétiches (encore heureusement avec 10 bouquins, je suis certes maso, mais pas au point de m'infliger à grande échelle des auteurs que je n'apprécie pas), j'en attends beaucoup de lui. Exigence élevée donc, exigence relevée pour ce « Oh, Canada ». Un grand bouquin.
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Russel Banks s'attache dans ce roman à écrire la mémoire qui s'enfuit, les souvenirs qui s'embrouillent alors que le besoin d'absolution se fait plus fort que la mort qui guette. Il superpose les couches temporelles qui s'affaissent parfois, se fondent peu à peu en une seule ligne d'horizon, celle que fixe Leo Fife tandis que ses yeux se ferment peu à peu, celle vers laquelle il s'est dirigé toute sa vie, fuyant encore et encore sa vie (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/09/18/oh-canada-de-russel-banks/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Dans cet ultime roman de Russel Banks, au ton crépusculaire, la mort y mène la danse d'un bout à l'autre...

Leonard Fife est un cinéaste, documentariste de renom depuis le début des années 1970. Il a percé au Canada car il fait partie des milliers des jeunes américains qui avaient choisi de se réfugier dans ce pays pour échapper à la conscription américaine pour la guerre du Viet Nam. Il n'y avait pas pour eux de retour possible, à moins de vouloir être emprisonné. le Canada n'avait pas à proprement parler accordé un statut de réfugié à ces objecteurs de conscience, qui restaient dans une situation précaire.

Leonard est agonisant, d'un cancer généralisé. Il a accepté le projet d'une interview filmée qui doit être diffusée, après montage par le réalisateur, par la télévision canadienne. Toute l'équipe technique (assez réduite) est là pour recueillir ses dernières impressions avant la fin.

Leonard se soucie pourtant peu de savoir ce qu'il va laisser derrière lui comme image publique. Ce tournage, alors qu'il est assommé par les médicaments et la morphine, c'est pour lui l'unique occasion de se confesser de ce qu'il estime être un lourd passé auprès de sa compagne. Elle est là, réticente, dans le noir de cette pièce où se déroule le tournage. Seul un projecteur non aveuglant éclaire le visage de Leonard, qui n'écoute d'ailleurs pas vraiment les questions du réalisateur, brode sur ce qui lui vient à l'esprit au risque d'être inintelligible.

Pouvons-nous faire confiance aux souvenirs d'un homme si malade ? Quelle est la part de reconstruction dans ce qu'il dit ? Ces questions ne seront pas forcément résolues.

Ce roman très puissant sera donc le dernier écrit par Russel Banks, aujourd'hui décédé, dont on se demande souvent ce que les pensées de son personnage principal Leonard ont eu à voir avec son autobiographie.

Ces pages graves ne sont pas toujours plaisantes à lire mais force est de reconnaître que ce roman compte parmi les plus remarquables de son auteur...
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La mémoire. Une nappe de connexions neuronales dans l'imagerie, aux multiples adresses cérébrales, elle passe souvent par l'hippocampe mais finit parfois dans une impasse, à la butée d'un nom, un mot, un souvenir. Plurielle, sujette aux épithètes, elle peut être volatile, mensongère. Malade, parfois aussi.
Celle de Fife devait être testamentaire, elle se révèle gigogne. Une boite à souvenirs vient à peine de s'ouvrir, et hop en voilà déjà une autre. Seule sa femme ne semble pas surprise, elle invoque le traitement pour son cancer et se détache de ces révélations préalables de vies antérieures, de mariages et d'enfants. Mais si sa mémoire paraît tonique, confabulatrice même, le reste va mal chez Fife, très mal, sa vie va s'arrêter quand « le voyage dans sa tête » commence. le genre de voyage auquel ne s'étaient pas préparés non plus les admirateurs de son oeuvre de cinéaste documentariste, venus ici avec leurs questions pour l'interview, et une mise en scène toute de sombre voulue avec le crâne de Fife en contre-jour dans une aura de postérité, qui devait expliciter son travail depuis qu'il est au Canada, raconter ses reportages, comme l'épandage clandestin d'agent orange par l'armée américaine. Mais Fife en a décidé autrement, fini le rôle pourfendeur de « la corruption, le mensonge et l'hypocrisie dans le gouvernement et dans les affaires », désormais c'est son tour : « Et maintenant, avec votre caméra, je m'expose. Ma corruption, mes mensonges, mon hypocrisie. »
La mémoire de Fife est certes douteuse, en subodorant la maladie elle sinue dans les méandres de lignes flottantes, elle déconcerte au risque de perdre, autant le lecteur que l'équipe venue le rencontrer, peut-être moins sa femme Emma à qui il s'adresse indirectement pour qu'elle sache qui elle aime. Mais elle joue aussi, sa mémoire, et s'en va dessiner en filigrane celle d'un romancier dans une trajectoire parabolique et peut-être autobiographique, entre vérité et fiction : « Et voyez comment le démarrage d'une nouvelle séquence, sa vie avec Alicia, puise ses traits caractéristiques dans la fin d'une séquence passée, à la manière des chapitres d'un roman parfaitement composé, jusqu'à ce que le commencement, la complexification, le développement et la résolution se mêlent pour devenir inséparables. »
Russel Banks fait partie de ces auteurs américains reconnus, adulés, un auteur que j'avais coché, que je devais... Un jour.... Une copine qui ne jurait que par lui, des avis lus ici ou là... Et bien voilà c'est fait, mon premier Russel Banks, et c'est puissant. Une première chez moi qui interroge la mémoire d'une fin de vie, ce qu'il en reste et la trace qu'elle laisse chez les autres, en gravant dans la mienne une petite musique indélébile, à la fois unique et identifiable, celle des grands. Vite, aux suivants !
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Leonar Fife, célèbre documentariste canadien, âgé de 77 ans est atteint d'un cancer en phase terminale.
Un de ses anciens élèves réalise un film sur lui, avec des questions bien précises.
Mais Fife mène les prises de vue à sa guise et entreprend de raconter sa jeunesse américaine.
Quelle est la part de réels souvenirs, l'impact des médicaments et de la morphine, la nuance entre les rêves et la mémoire ?
Un roman dense et complexe, d'une grande exigence.
L'auteur nous mène avec talent dans l'esprit torturé de Fife.
Certaines des questions du lecteur restent sans réponses.
C'est une confession intime, très intime d'un homme à l'agonie.
C'est l'histoire de la vie d'un homme avec ses travers, ses lâchetés et aussi sa force.
C'est très bien écrit.
Et même si j'ai parfois trouvé quelques longueurs, j'ai beaucoup aimé suivre la fin de vie de cet homme.
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Russell Banks fait partie de mes auteurs contemporains favoris. Je place, aux côtés de Philip Roth, summum de la littérature américaine moderne. Avec lui, il partage certains thèmes que je ne manque pas de retrouver dans ce roman comme celui de l'authenticité, de la vérité en littérature et plus généralement dans les arts (ici, en l'occurence, le cinéma). On entrevoit un peu la réponse dans le propos de ce roman ou plutôt on devine que la question n'aurait pas plus de sens que, par exemple, celle qui consiste à se demander ce qu'il y a au nord du pôle Nord. le pôle Nord comme la littérature n'a aucun besoin d'être justifié selon des critères extérieurs. Ils sont et nous ne pouvons que constater leur existence. Bref, ça m'a paru assez philosophique et, en même temps assez déprimant car ce qui nous est donné à voir dans ce roman c'est beaucoup la décrépitude du corps humain avec l'âge et la maladie qui malheureusement l'accompagne souvent (tout ça est si remarquablement décrit qu'on s'y projette aisément), la perte des fonctions cognitives et de l'autonomie, la dépendance aux autres, mais aussi l'amour, la culpabilité… encore des thèmes que Roth avait traités.
Sans pour autant m'être franchement ennuyée, je sors de cette lecture un peu déçue du manque d'action et de la fin aussi prévisible que dans la Chronique d'une mort annoncée. le titre était alléchant et mes repères canadiens et plus particulièrement montréalais ont été satisfaits. Tout était a priori en place pour une lecture jouissive mais le feu d'artifice et son bouquet final m'ont manqué. Peut-être ma déception ne vient-elle que du fait que j'attendais trop de cet auteur qui a souvent su me surprendre… Ça reste néanmoins de la bonne littérature et je n'hésite pas à accorder quatre étoiles.
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OH CANADA de RUSSELL BANKS
Fife est dans un fauteuil roulant poussé par Renée, il est très malade, sous médicaments, une équipe de cinéma est là pour une interview à laquelle assiste Emma, sa femme. Au Canada ce sont de petites célébrités et ce tournage est important, surtout pour Fife qui a quitté les États Unis pour le Canada au printemps 68 et qui souhaite rétablir la vérité sur certains faits. Depuis 50 ans il répète dans presque toutes ses interviews sur sa fuite était motivée par la guerre du Vietnam, mais est ce bien sûr? Quelle vérité se cache derrière cette fuite tant de fois commentée? Alors Fife va remonter le temps, raconter sa vie, il a 27 ans, marié à Alicia Chapman, au milieu de serviteurs noirs, il a un fils, en attend un deuxième, il vit à Richmond, Virginie, dans une famille qui s'accommode très bien de l'esclavage, disparu certes, mais d'une certaine ségrégation malgré les paroles. Quand il parle de ce moment de sa vie, l'équipe de tournage semble découvrir qu'avant Emma, il avait eu une vie. Emma semble tiquer également. Il est vrai que pour un homme qui a passé 50 ans de sa vie à fustiger les mensonges et les hypocrisies des politiques…Une pause dans l'interview qui n'en est pas une puisque Fife a décidé de tout dire, de se confesser, alors peu importe la question il déroule sa vérité. Mais il est au bout du rouleau, il le sait, les autres font semblant. Et il reprend sa confession, de plus en plus péniblement mais il déroule malgré tout Sa Vérité.
Bien que ce dernier roman de Banks soit loin de ses meilleurs, il n'en reste pas moins intéressant à plus d'un titre. Qu'est ce que la mémoire, qu'en reste t il en vieillissant, est elle fiable, s'arrange t on avec la vérité ( si elle existe formellement) pour créer une forme de cohérence dans sa vie? Toutes ces questions sur la mémoire et le temps sont formidablement traitées dans cet ultime roman toujours si bien écrit.
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Au seuil de sa mort Leo Fife, auteur de documentaires engagé à gauche, décide de tout déballer sur sa vie. La confession est filmée, devant son épouse Emma, qui visiblement ne sait rien et va découvrir son homme tel qu'il est : un type qui, toute sa vie a trahi sa famille, ses amis, celles qui l'ont aimé, et ceux qui ont cru en la sincérité de son engagement : tout était faux
Voilà les confessions d'un homme faible, veule, manipulateur, menteur, qui met le lecteur mal à l'aise : on voudrait aimer cet homme à l'agonie, ni héros, ni vraiment anti-héros, mais on ne peut pas, même si on est touché par sa fin, par ses dernières heures qui se veulent sincères, un homme que l'on voudrait croire au moment où il va disparaître.
C'est écrit avec une grande habileté, ce semble parfois un peu long, à moins que ce ne soit cette "tête à claques" de Leo qui nous exaspère...
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