Oh, Canada

L'art de la fuite, Leonard Fife, connaît ça! À 77 ans, atteint d'un cancer incurable, il s'autorise enfin à dévoiler, devant la caméra d'une équipe de tournage sensée l'auréoler pour son travail de documentariste célèbre, plusieurs pans de sa vie jusque là méconnus. Et il tient plus que tout à ce que sa dernière épouse, Emma, assiste en direct à son ultime confession.
Ce dernier roman de Russel Banks, je voulais prendre le temps de le savourer mais je n'ai eu qu'une envie, le terminer au plus vite. Ce huis clos pesant et répétitif m'a beaucoup moins plu. Je l'ai trouvé moins étoffé et moins fignolé que les précédents. Une aura de tristesse et de mélancolie plane souvent dans l'oeuvre de Banks, mais celui-ci en déborde. C'est peut-être ce qui m'a dérangée dans ma lecture; l'impression d'une page tournée définitivement sur une carrière littéraire extraordinaire… Un testament en quelque sorte, un adieu à la vie charnelle et terrestre qui m'a rendue chagrine.
Au moins, il me reste encore quelques-uns de ses livres à explorer et quelques-uns à relire, pourquoi pas?

J'adore Banks...j'ai eu du mal avec celui-ci. Mon intérêt s'est émoussé au fil des pages...tout comme la mémoire et l'acuité du héros littéralement sur son lit de mort!
et en cela je dois reconnaître sans doute la maestria de l'auteur...un roman dont la forme et le fond s'ajustent à l'état physique et mental du narrateur.
J'ai sans doute trop voulu une histoire "simple": comprendre et juger un homme qui semble intelligent voire brillant mais qui est foncièrement faible et lâche. Alors qu'en fait c'est surtout un roman qui nous rend témoin de la déchéance d'un homme sur le point de mourir.
Donc un roman brillant, mais qui m'a laissé de marbre.

Russell BANKS est l'un des meilleurs romanciers américains. Son oeuvre est très riche, avec des monuments d'écriture.
Mes romans préférés sont "De beaux lendemains". "Affliction" ( ces deux livres ont été adaptés de très belle manière au cinéma), "Pourfendeur de nuages", "American Darling" et "Sous le règne De Bone".
Cependant je n'ai pas trop apprécié "Lointain souvenir de la peau", ce livre m'a dérangé et beaucoup déçu.
Quant à ce dernier opus de l'auteur, en forme de testament, mon opinion est très mitigée.
J'ai eu du mal à commencer cette histoire qui me semblait trop déprimante, mais devant de nombreuses critiques élogieuses, je me suis lancé et j'ai immédiatement été happé par cette sublime écriture, propre à l'auteur. Mais au bout d'un moment, j'ai trouvé la trame très confuse, avec beaucoup de répétitions et des longueurs inutiles. J'ai quand même poursuivi ma lecture jusqu'au bout, par respect pour ce grand monsieur de la littérature, et aussi pour avoir confirmation de la fin prévisible, et bien m'en a pris car j'ai apprécié la dernière partie.
Malgré tout, je reste sur une impression de tristesse, et ce livre me conforte dans ma conviction que "la vieillesse est un naufrage", comme l'écrit Chateaubriand, et que l'on devrait pouvoir choisir le moment où il est temps de quitter ce monde (vaste débat auquel la France n'est pas encore prête de s'atteler, quand on voit cette parodie de concertation avec la Convention Citoyenne sur ce sujet).

Oh, Canada..
Quel trouble .
Comment exprimer au plus juste le ressenti en refermant cet ultime livre de Russel Banks.
Assez dérangeant
Alternant tout au long entre empathie et rejet.
Devant l'exercice de style de ces chapitres que l'on suppose, à tort ou raison, largement autobiographique .. dans le questionnement d'un auteur, realisateur malade d'un cancer qu'il sait incurable ...
Ce questionnement sans fard sur son parcours personnel.. cette quete de justesse ... mise en balance avec un exaspérant narcissisme...
Et puis .. le voyeurisme vampire de cette equipe qui filme ce declin et ce deces en direct.... espéré .
Par le sujet lui meme.
Non .. diffcile d'en sortir sans malaise.
Mais intrigant, pour sûr

Un cinéaste à la veille de sa mort avoue des secrets comme pour avoir l'absolution. Je m'attendais à plus de péchés du vieil homme. Ses aveux sont plats, et inintéressants. Un curé en confession se serait endormi avant la moitié. C'est plutôt répétitif.

Un célébre réalisateur malade relate son passé. Pour s'obliger à la vérité, il demande à sa femme d'être présente et à une équipe de tournage de filmer sa confession. La question de la vérité est omniprésente et laisse le personnage toujours en retrait. J'ai essayé vainement de m'intéresser à lui, de décortiquer ses petites lâchetés, son caractère fuyant, mais finalement je me suis demandé quelle était l'ambition du livre, à part montrer la misérabilité de la condition humaine. Banks en proie à ses propres démons?