Ce livre n'est ni « l'archipel du goulag « ni « les récits de la Kolyma ». N'est pas Soljetnysine, ou Chamalov qui veut. Surtout pas un petit frenchie envoyé à Irkoutsk par l'alliance française pour y faire rayonner la culture de la Grande Nation. Certes Yann Barbereau est pétri de culture russe. Mais trop, c'est trop. Référez-vous au chapitre 4 où l'auteur cite une cinquantaine de personnalités russes : même la chienne Laïka y passe … Définitivement » less is more »
Ayant refermé ce livre, je me suis demandé si l'histoire est vraie de bout en bout, si elle n'est pas trop romancée. La Russie 'est un vaste pays. Irkoutsk et le lac Baïkal font rêver. Mais y vivre à longueur d'années est pour sûr pas très drôle. Les hivers y sont très longs et glacials. Prendre un bain dans les eaux du Baïkal alors que la température est de moins 40 degrés, c'est une image de carte postale. Certainement pas la réalité. Donc pour y vivre il faut profondément, viscéralement aimer ce pays et tout ce qui tourne autour: son histoire, sa culture, son mode de vie et surtout déborder d'imagination pour transformer cet enfer en paradis. L'auteur n'en manque pas, il se fait accompagner pendant tout son récit du chat de « Maître et Marguerite »
J'ai bien aimé les jugements que l'auteur Yann Barbereau porte sur l'Ambassade de Russie et ses services. Dans l'univers diplomatique il ne faut surtout pas faire de vagues. A ce propos je fais un parallèle entre «
dans les geôles de Sibérie » et le dernier livre que j'ai lu «
l'éphémère a un goût de cacahuète » de
Maurice Lévêque. Dans les deux récits le personnage principal est « Attaché Culturel », ils sont tous deux chargés d'aller faire rayonner la culture française dans des trous du cul du monde. Et pour les deux protagonistes ça se termine en eau de boudin. Pas de vagues… je vous le répète.
Néanmoins et pour tout dire cette histoire me laisse perplexe. Même si Yann Barbereau nous met en garde contre le réflexe du : il n'y a pas de fumée sans feu, je me demande quand même quelle connerie il a bien pu faire pour déclencher contre lui une telle haine des autorités russes et se retrouver en taule. Je reste au fond sur ma faim. En quoi
Y B était-il gênant ? Être le représentant officiel de la culture française à Irkoutsk n'est pas en soi dérangeant. D'autre part il y a dans la société post soviétique bien d'autres moyens d'éliminer les gens que de les accuser de déviances sexuelles.
Quant au style, à l'encontre de certains je ne suis pas persuadé que
Y B ait un style à tout déchirer. Il n'invente rien en matière de narration. Certes ce livre se lit vite et bien mais je n'ai pas éprouvé l'envie de revenir sur certains passages et une fois le livre fermé aucune envie de le relire. de plus certains passages sont fastidieux voire ennuyeux. La fuite de
Y B d'Irkoutsk vers Moscou s'apparente à un guide touristique superficiel. Quelques villes y sont mentionnées avec leur nombre d'habitants…Merci wikipédia. La description d' Ekaterinburg avec sa villa Epatiev et son restaurant fratelli fait très carte postale. Moscou aurait mérité mieux.
Y B nous prouve qu'il a bien lu Maître et Marguerite en citant l' Etang du patriarche mais aucune poésie dans la description de ce parc magique au coeur de Moscou.
En résumé le roman de
Y B est un bon roman de gare mais il n'y a pas de quoi en faire un chef-d'oeuvre de littérature. Tout au plus un bon scénario de film.