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3,28

sur 129 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après une enfance étriquée et morose dont elles s'évadaient par de grandes rêveries romanesques inspirées de Jane Eyre, deux soeurs, l'une parisienne, l'autre habitant Ville-d'Avray, mènent désormais une vie rangée, sans éclat ni surprise, entre mari et enfant. Un dimanche d'ennui, l'aînée et narratrice rend visite à sa cadette. Au cours de leur tête à tête au jardin, le soir tombant, elle recueille avec stupéfaction les confidences de sa soeur sur ses envies vagues et réprimées d'autre chose, qui l'ont un jour conduite à une rencontre inattendue, à quelques rendez-vous secrets, et à l'éternel regret d'un possible finalement repoussé.


Il se passe peu de choses dans cette histoire, à l'image de l'existence étale de ces deux femmes engluées dans un quotidien morne et sans vie. Pourtant, bien des courants serpentent dans les profondeurs de ses non-dits, venant soudain troubler la surface apparemment sans ride de ce qui semblait un bonheur tranquille. Un bonheur dont avait d'ailleurs fini par se persuader la narratrice, perturbée que sa soeur ose laisser le doute s'infiltrer. Etait-ce donc finalement cette vie à laquelle aspiraient les deux fillettes romantiques, quand elles rêvaient de grands sentiments passionnés dans leur quotidien gris ? En toute honnêteté, n'ont-elles pas refoulé au fond de leur âme bien des élans déçus, piétinés par une réalité aussi morne aujourd'hui qu'autrefois ?


Par simples allusions où insidieusement le doute affleure, se laissent peu à peu deviner désenchantement et regrets, d'autant plus prégnants que l'une des deux femmes aura cru croiser un parfum d'aventure, presque tendu la main pour l'attraper, pour finalement reculer au moment de confronter rêve et réalité. Au gré de petites touches presque sans couleur, imprégnées des ombres du couchant et de l'odeur de la pluie d'automne, se dessinent deux silhouettes de femmes restées en marge de leur vie, portant au plus creux d'elles-mêmes les rêves et les aspirations qu'elles auront laissé échapper.


Un texte délicat, subtilement et poétiquement empli de sensations et d'impressions mouvantes, où la nostalgie du temps passé et des possibles à jamais perdus donnent vie à une très vraisemblable Bovary contemporaine.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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C'est au dernier moment que j'ai pris connaissance de cette masse critique de septembre. J'ai choisi ce livre de Dominique Barberis dans l'urgence, ne sachant rien d'elle (j'ai dû consulter plus tard Wikipédia pour apprendre qu'elle était une femme). À ma décharge je dois avouer que je lis peu mes contemporains sauf à l'occasion des masses critiques de Babelio.
Alors pourquoi mon choix s'est porté sur ce livre ? Sans doute pour le titre qui a réveillé mes souvenirs d'enfance. De ce jour qui était synonyme de solitude, de vide et d'inquiétude. Le dimanche naissait l'appréhension de la semaine à venir. Le soir j'aurais voulu tomber malade.
C'est aussi le nom de Ville-d'Avray qui sonne bien à mes oreilles. J'imaginais une ville au bord de la Seine (je dois revoir ma géographie) où j'aurais pu regarder passer les péniches le ventre plein de sable ou de charbon, avec au loin le cri du train passant dans un tunnel sans déranger des vaches pensives.
Ce tableau impressionniste était effacé par la couverture en noir et blanc d'un homme sous un parapluie, au milieu de la chaussée humide, que des réverbères éclairaient d'un halo mystérieux. Qui est-il ? où va-t-il ?

"L'autre dimanche, je suis allée voir ma sœur".
C'est ainsi que débute un Dimanche à Ville-d'Avray qui nous parle de la nostalgie de l'enfance, des bonheurs simples, mais aussi du temps qui passe, des occasions manquées, des regrets inutiles, de l'incompréhension des êtres, de la difficulté de communiquer en créant une atmosphère de confidence.
Claire-Marie a-t-elle raison d'en demander plus à la vie, d'être à la recherche d'un bonheur factice et sans doute illusoire ? Elle sait si peu sur cet homme qui rentre dans sa vie par effraction alors que le bonheur est devant elle dans son pavillon de banlieue avec sa fille, dans des petits riens, de petites habitudes, des bonheurs minuscules qui deviennent grands une fois perdus.
Les personnages des deux sœurs sont formidables de justesse sous la plume de Dominique Barbéris qui trouve le ton précis pour recréer cette ambiance de confidence au cœur de ce jour languide.
C'est un livre davantage nourri de sensations, d'impressions que d'action, ce qui rend à cet ouvrage un air de tableau impressionniste tant par l'évocation des étangs entre chien et loup que par la présence de la jeune fille qui joue du piano la fenêtre ouverte sur le jardin au grand cèdre.
On pourra être sensible à cette France apaisée, sans bruits ni fureur, sans pour autant oublier que dans ce pays un rappeur a chanté : pendez les blancs, pendez les blancs, pendez les ...

Merci à Babelio et aux Éditions Arléa pour l'envoi de ce livre. Remerciements particuliers à Lise aussi mystérieuse que Marc Hermann...
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Il y a des livres qui ont leur petite musique intime, ce court roman de Dominique Barbéris, auteure que je découvre, a murmuré la sienne...Et je l'ai écoutée avec plaisir.

La narratrice, plus témoin que personnage à part entière, se rend comme le titre l'indique chez sa soeur, qui habite un quartier résidentiel à Ville-d'Avray. " C'était typiquement un dimanche, le degré de vide, d'incertitude légère , d'appréhension vague, qui caractérise un dimanche".... Au cours de leur conversation, Claire-Marie va lui confier un secret troublant: ses rencontres clandestines, il y a quelques années, avec un homme mystérieux d'origine hongroise.

La trame du roman est légère, presque inconsistante, et tient en quelques souvenirs d'enfance des deux soeurs, qui rêvaient à autre chose pour échapper à la morosité familiale, et en confidences de Claire-Marie, dont les déambulations amoureuses un peu erratiques font penser à l'univers de Modiano.

Pourtant, le lecteur est sous le charme des mots emplis de nostalgie, il est ému par cette quête d'un ailleurs, d'un rêve. Car Claire-Marie imagine-t-elle? Ou a-t-elle vraiment vécu ce qu'elle raconte?

Si vous aimez " le bruit frissonnant et permanent" des pluies d'automne, la douce lumière réconfortante des lampes en fins d'après-midi, les promenades de hasard, les vers lancinants du passé qui reviennent en ritournelle,
" La pluie au jardin fait des bulles;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent des conciliabules"...

alors, vous serez envoûtés par ce roman doux-amer, doux comme les gouttes fines s'écoulant sur les feuilles, amer comme un songe inaccessible, déjà enfui...


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Une enfance à Bruxelles, des dimanches qui puent l'ennui, on fait le tour du parc avec la consigne de prendre l'air en respirant « bien par le nez, pour ne pas avaler l'air humide. » Au retour, on a le droit de regarder Thierry la Fronde à la télé.
Les études, c'est pas terrible alors la mère brandit la menace suprême à ses deux filles : « Si vous ne travaillez pas, vous finirez caissières. Caissières à Prisunic. »

Pour échapper à la monotonie de la vie, Claire-Marie s'est enlisée dans un mariage sans surprise, sans amour, même si elle peine à se l'avouer.
Installée à Ville d'Avray, « Ville provinciale et tranquille avec ses rues bordées de maisons particulières, leurs baies vitrées luisantes, leurs vérandas, leurs faux airs de villa Art déco ou de villa normande, leurs jardins plantés de rosiers et de cèdres. »

Sa soeur cadette ne partage pas cette vision du bonheur monotone, parisienne convaincue, cette petite commune des Hauts-de-Seine ne lui inspire qu'ennui et malaise lors de ses rares visites.
Un jour, Claire-Marie lui avoue ; « J'ai fait une rencontre, il y a des années, je ne te l'ai jamais dit. Il m'est arrivé quelque chose. »

« Un dimanche à Ville d'Avray est un roman intimiste et envoûtant qui lève un pan de voile sur une histoire gardée secrète comme un ultime rempart face à la solitude d'une vie sans relief.
Beaucoup de non-dits au cours de cette histoire et c'est peut-être ce que j'ai le plus aimé, car après tout, chacun d'entre nous n'a-t-il pas droit à sa part d'ombre, à son jardin secret ?

J'ai lu ce livre d'une traite et une fois refermé, j'ai ressenti un grand vide, empli de la nostalgie du temps qui passe, de ce qui aurait pu être et qui n'a pas été, des souvenirs qui mis bout à bout font une vie.
Ce n'est pas triste, seulement troublant.
L'écriture est belle, précise. Dominique Barberis réussi à dépeindre une magnifique héroïne, sorte de Madame Bovary moderne.
Une belle lecture.


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Exquise écriture, pleine de couleurs et de sensations, toute en émotions retenues : une femme vivant dans Paris visite sa soeur qui habite une banlieue aisée. Elle écoute en rêvant ses confidences. Elle redoute l'atmosphère d'ennui qui baigne Ville-d'Avray, et pourtant, n'est-ce pas là que se passent les vraies choses de la vie, inachevées, énigmatiques, peut-être imaginaires ? Les souvenirs ne sont-ils pas toujours imaginaires ?
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"L'autre dimanche, je suis allée voir ma soeur". Ainsi commence le court roman de Dominique Barberis. Un dimanche de fin d'été, deux soeurs se retrouvent à Ville d'Avray, dans le jardin de Claire Marie, l'aînée. Mariée à un médecin, une fille, elle est « restée brouillonne, rêveuse, passive » pense la cadette, tandis que son mari, parisien pur jus, parle avec condescendance de cette soeur « ennuyeuse » dans sa banlieue bourgeoise.
Et voilà que ce dimanche, Claire Marie confie soudain : « J'ai fait une rencontre, il y a des années, je ne te l'ai jamais dit. Il m'est arrivé quelque chose. »

J'ai choisi ce livre parce que son titre me rappelait un film en noir et blanc qui m'avait marqué « Les dimanches de Ville- d'Avray » . Il est d'ailleurs mentionné à la fin du livre, mais il n'en a que le décor en commun : Ville-d'Avray, les étangs de Corot en hiver, les bois de Fausse-repose, et la mélancolie qui s'en dégage.

C'est un livre doux-amer, sur le temps qui passe et les rêves de l'enfance qui se sont perdus, les occasions manquées, les êtres qu'on croyait connaître et puis…« Qui nous connaît vraiment ? Nous disons si peu de choses, et nous mentons presque sur tout. Qui sait la vérité ? »

Les petites filles romantiques qui rêvaient devant Thierry la Fronde / Jean-Claude Drouot (ça ne parlera qu'aux plus vieux d'entre nous !) puis, de la sombre figure d'Edouard Rochester (Jane Eyre), ont-elles totalement disparu ?

Un livre d'atmosphère, intimiste, où il ne se passe pas grand chose mais dans lequel on se laisse porter par la plume sensible de l'auteure; « un roman sur le rêve parce que je crois que c'est ce qu'il y a dans la vie de plus important » dit-elle.

Bien envie de découvrir d'autres livres de Dominique Barbéris.
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Livre envoyé dans le cadre de l'opération Masse critique de septembre 2019 -
J'ai bien aimé ce nouveau roman de Dominique Barbéris, lu en quelques heures un dimanche après-midi pluvieux! (référence à la couverture et à l'histoire, mais ceci n'en est pas moins réel )
Ici, la narratrice rend visite à sa soeur Claire Marie, à Ville-d'Avray, petite ville sans histoire de banlieue parisienne.
Dès le début, nous sentons que les deux soeurs ne sont pas très proches, et pourtant Claire Marie va confier à sa soeur une rencontre improbable qu'elle a faite avec un homme quelques temps plus tôt.
Beaucoup de mystère entoure cet homme et globalement, cette rencontre. Nous sentons parfois poindre le danger, mais rien ne se passe vraiment ...
Tout cela aurait pu faire de ce roman, un roman sans saveur et donc pas très intéressant. Mais malgré tout, j'ai trouvé que ce petit livre valait le coup de s'y pencher. En effet, nous ne sommes pas dans le roman policier même si certains passages pourraient le faire penser. Nous ne sommes pas dans le roman à suspens, même si cela s'en rapproche à de nombreux moments. Mais nous sommes dans un entre-deux Simenon- Modiano que je trouve assez sympathique!
Vous savez maintenant quoi faire lors de votre prochain dimanche après-midi pluvieux!
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Je le signale tout de suite: ma lecture du roman résulte d'une méprise. Tombant sur ce livre, j'ai cru qu'il se référait à un très beau film "Les dimanches de Ville d'Avray" (1962). Si le présent roman fait allusion au film de S. Bourguignon, l'histoire qu'il raconte est tout à fait différente. Donc, c'est vrai, je me suis trompé et... je ne regrette pas. Ce livre, court et simple, a une vraie profondeur.

A vrai dire, je sors de cette lecture à la fois charmé et frustré. L'auteure a une écriture agréable. Ce livre est en même temps réaliste et presque onirique, dans une atmosphère assez subtile. Tout commence par une visite de la narratrice à sa soeur Claire Marie. Toutes deux sont liées par leur passé commun mais, devenues adultes, elles mènent des vies très différentes. Claire Marie "plane" un peu dans son existence banale, qui se déroule dans une petite banlieue presque provinciale. Qui aurait pu imaginer que cette femme effacée ait vécu en secret une expérience étrange – presque glauque – comme celle qu'elle va raconter par bribes à sa soeur ? En effet, par hasard elle a fait la connaissance d'un homme mystérieux, assez inquiétant, d'origine étrangère. Elle l'a rencontré plusieurs fois sans savoir qui il était (un paumé ? un homme dangereux ?) – et surtout sans savoir ce que, elle, elle attendait de cette relation à peine ébauchée. En elle, le rêve et la réalité ont coexisté comme ils pouvaient. Claire Marie n'a pas su comment gérer cette dualité. Et le dénouement laisse – volontairement – le lecteur sur sa faim. L'auteure n'a pas envie d'épater le lecteur, et c'est très bien ainsi.

Selon moi, "Un dimanche à Ville d'Avray" est un roman original et je le recommande.
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Le dimanche, synonyme pour beaucoup de journée en famille, repas, discussion.
La narratrice Jane et son mari Luc vivent à Paris.
Sa soeur Claire Marie et son mari Christian et leur fille Mélanie vivent à la campagne à Ville-d'Avray.

Les soeurs se voient rarement bien qu'il n'y ait que quelques kilomètres qui les séparent.
Un dimanche, la narratrice décide d'aller seule chez sa soeur.
Elles discutent alors de leurs souvenirs d'enfance, et Claire Marie lui révéle qu'il y a quelques années, elle a rencontré un inconnu.
Ce court roman raconte les détails, enfin Claire Marie raconte ce qu'elle veut bien raconter à sa soeur et donc nous raconter, en cachant ou modifiant peut-être certains passages de la réalité.

J'avais vraiment peur à la lecture de ce texte de tomber dans l'ennui profond, dans de la description de lieux de souvenirs d'enfance et d'anecdotes sans lien entre elles.
Bonne surprise donc car l'évènement raconté par la soeur apporte du suspense et donne envie de connaître le fin mot de l'histoire.
Un peu déçue par la fin, moi qui aime avoir la réponse à mes questions, ce n'est pas le cas ici.
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Les premières pages m'ont plutôt emballée.
L'autrice a vraiment un don pour créer une atmosphère mélancolique en décrivant la lumière de l'automne ou d'un été finissant, le crépuscule, les bruits du quotidien.
Cet ouvrage est placé sous le signe des étangs de Ville-d'Avray et le double parrainage des tableaux de Corot et d'un film des années 60, Les Dimanches de Ville-d'Avray, dont l'histoire est racontée à la fin, qui semble beau, triste et singulier, un peu comme ce livre.
Un climat teinté de nostalgie, d'illusions perdues quand la vie ne semble pas toujours à la hauteur des mythes de l'enfance domine ce roman.
Il y a également un côté modianesque, avec certains personnages et des lieux qui semblent presque des ombres ou des mirages.
J'ai cependant un peu moins accroché à la fin, quand l'intrigue glisse du côté de Mme Bovary.
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