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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Henri Barbusse «Le feu» - Gallimard, 2007, «Folio-Plus», avec un dossier

Au fil des décennies, j'ai lu ce roman plusieurs fois, dès mes années lycéennes. Creusant mes connaissances sur la Grande Tuerie, je l'ai encore relu dernièrement. Et plus je le lis, plus je suis réservé, plus je suis distant.

Il faut tout d'abord insister sur le fait que ce récit est un roman, même s'il est largement tiré de l'expérience réelle de l'auteur sur le front. Soyons bien conscient qu'il ne s'agit nullement d'un témoignage autobiographique semblable par exemple à ceux de Dorgelès, Giono, Cendrars etc. L'auteur passe ici par la fiction, ce qui lui permet de faire un tour quasi complet de toutes les situations qui furent hélas vécues lors de cette Grande Tuerie : le front, les bombardements, les blessures, mais aussi l'incompréhension totale des gens de l'arrière, la complaisance des journalistes déformant les faits, la sottise crasse des premiers niveaux hiérarchiques de commandement et même – problème qui tarauda les populations du Nord occupé, après la guerre – la trahison des femmes restées en zone allemande. L'auteur fait «un tour d'horizon complet» quelque peu (trop) systématique.

Plus gênant encore à mes yeux, cette façon de restituer le langage du brave populo, en l'entrelardant de bien jolies phrases littéraires (genre p. 299 : «Peu à peu, avec une lenteur désespérante, le jour s'échappe du ciel dans la maigre charpente des nuages noirs») ou encore les «grandes découvertes» politiques ou morales pré-moulinées placées dans la bouche du poilu de base en recourant à son niveau de langage supposé.
L'auteur finit par en faire trop, et la grande envolée lyrique sur Liebknecht tourne au ridicule (p. 298).

Après plusieurs lectures, force est de constater que l'auteur utilise son indéniable talent d'écriture ainsi que sa réelle connaissance des évènements pour produire une démonstration politico-idéologique, ce qui revient à instrumentaliser l'immense misère que vécurent beaucoup de nos arrière grands-pères lors de cette horrible boucherie.

Me gêne encore plus l'utilisation ultérieure que le corps enseignant français fit de ce livre, qui devint pour l'Education Nationale «le» roman de la Grande Tuerie (un peu comme «Germinal» est devenu tout aussi abusivement celui des mines). Il me semble que les récits de Giono ou Genevoix seraient bien mieux appropriés.

N'oublions pas que ce roman sera hélas suivi d'une carrière de "commissaire politique communiste", couronnée d'une biographie de Staline qui laisse pantois...
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Auteur tiraillé entre des univers et terminologies antagonistes. du sous-Céline.
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