Il était allé voir un fabrikator pour qu'il lui confectionne une canne. C'était devenu son cachet. Tout chez lui était cassé. Rien ne s'était jamais rétabli et pourtant il n'en était que plus fort. La canne faisait partie du mythe qu'il s'était construit. Personne ne savait qui il était, personne ne savait d'où il venait. Il était Kaz Brekker, l'infirme, l'escroc, l'ordure du Barrel.
- Je suis un homme d'affaires, lui avait-il expliqué. Ni plus, ni moins.
- T'es un voleur, Kaz.
- N'est-ce pas exactement ce que je viens de dire ?
- Un jour, tu paieras, Brekker.
- Sûr, confirma Kaz. Si la justice existe en ce bas monde. Mais on sait tous ce qu’il en est.
- Je suis un homme d’affaires, lui avait-il expliqué. Ni plus, ni moins.
- T’es un voleur, Kaz.
- N’est-ce pas exactement ce que je viens de dire ?
Jamais elle ne pourrait être à lui. Pas vraiment. Mais il trouverait un moyen de lui offrir la liberté qu'il lui avait promise depuis si longtemps.
Dirthyhands était revenu pour se charger du sale boulot.
Un proverbe suli disait :
Le cœur est une flèche, il a besoin d'une cible pour se planter.
-Pas de sanglots
- Pas de tombeaux
Inej lui avait autrefois proposé de lui apprendre comment tomber.
- Le truc, c’est de ne pas se laisser renverser, lui avait-il rétorqué dans un rire.
- Non, Kaz. Le truc, c’est de savoir se relever.
Beaucoup de garçons t’apporteront des fleurs. Mais un jour, tu rencontreras celui qui saura quelle est ta fleur préférée, ta chanson préférée, ton bonbon préféré. Et même s’il est trop pauvre pour te les offrir, cela n’aura aucune importance parce qu’il aura pris le temps de te connaître comme personne. Il sera le seul à gagner ton coeur.
– Parfait. Si Pekka Rollins nous tue tous, je vais demander au fantôme de Wylan d’apprendre à mon fantôme à jouer de la flûte pour pouvoir taper sur les nerfs de ton fantôme.
Les lèvres de Brekker se tordirent en un rictus amusé.
– Je vais engager le fantôme de Matthias pour qu’il botte les fesses à ton fantôme.
– Mon fantôme ne se liguera jamais à ton fantôme, rétorqua Matthias avant de se demander si l’air de la mer ne lui grillait pas les neurones.