AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 86 notes
5
14 avis
4
12 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Après bonheur[tm], Jean Baret nous propose une nouvelle vision d'avenir et d'effroi avec vie[tm], une autre société futuriste fondée sur les trademarks, ces marques déposées qui régissent nos vies.

Citoyen, à vos temps de loisirs !
vie[tm] met en scène le citoyen X23T800S13E616, alias Sylvester Staline comme il s'est lui-même nommé. Comme tous les autres humains, semble-t-il, il s'éveille, travaille, se divertit, se couche chaque jour dans sa cellule de quelques mètres carrés. Il y possède uniquement un « TED », cocon qui le nourrit et le restructure chaque nuit, un fauteuil, des oreillettes et des lentilles. Ces derniers lui permettent d'accéder à l'immense réseau de hubs, de portails, de forums que la société lui propose. Ainsi, chaque jour, Sylvester possède un temps de travail à vendre, un temps de repos à acheter et des temps d'amour, d'amitié et de travail à dépenser. Or, X23T800S1E616 a pris l'étrange habitude de se suicider tous les soirs. Certes, il revient à la vie grâce à son Ted[TM], mais tout de même, le lecteur risque de se dire : « peut-être qu'il ne va pas bien, tout simplement ». « Peut-être qu'il ne va pas bien » ?? le lecteur a un oeil de lynx (voire un oeil de taupe, mais c'est une autre histoire). Heureusement, les algorithmes du bonheur sont là pour veiller sur la santé, le bien-être et le bien-consommer de notre héros. D'ailleurs, à chaque fois qu'il a besoin de quelque chose et qu'il le fait savoir (une simple recherche, une envie sexuelle, un nouvel objet à construire, etc.), un nouvel algorithme est à son service ; et même quand il ne le fait pas savoir, des formulaires sont auto-remplis pour contenter des besoins dont il n'avait pas conscience.

L'aliénation algorithmique
Jean Baret a pris le pli de mettre son lecteur en condition pour ressentir lui-même l'abrutissement et l'aliénation que l'auteur compte mettre en scène dans son roman. Cela se voit dans le style, volontairement répétitif et lancinant, et c'est au lecteur de bien faire attention aux changements, parfois infimes, qui surviennent de jour en jour. Dans vie[tm], c'est dans un monde où il n'y a plus aucune création que nous sommes conviés : le narrateur a accès à quantité de portails dédiés à toute la culture des siècles précédents, mais sans jamais avoir la possibilité de faire vraiment oeuvre de création, d'imaginer de nouveaux futurs possibles. Ainsi, les références sont constantes, il suffit de voir les noms détournés que se choisissent les citoyens, jusqu'au matricule du narrateur : X23T800S13E616 renvoie à X-23, clone de Wolverine dans l'univers Marvel Comics, au T-800, marque du Terminator de la série de films du même nom, à la E-616, pour Earth (Terre) 616, c'est-à-dire la continuité principale de l'univers Marvel Comics, par contre, S-13 est plus flou pour moi, peut-être une référence aux sous-marins soviétiques du temps de Staline justement. C'est donc un monde qui tourne en rond, où les algorithmes sont censés être nos serviteurs dociles, mais où ce sont eux qui nous aliènent. le style va un peu plus loin encore quand certaines habitudes d'écriture émergent, parfois proches de celles prises par Alain Damasio quand il invente des mots-valises comme « infomercials ». le but est de montrer que ce monde assez vide ne fait que des resucées constantes de ce qui a déjà été fait, sans aucune surprise, sans plus aucune attente.

Qu'est-ce que la vie[tm] ?
Quand absolument tout est marketé, compilé et géré par des algorithmes qui sont censés être à notre total service, que signifie être en vie ? C'est évidemment la question centrale de l'ouvrage. le héros questionne le sens de sa vie : au fond, n'est-il qu'un sourd-aveugle au monde payé à ne rien créer afin que rien ne change ? Sa quête personnelle le rapproche, par pur hasard, du nihilisme et d'une certaine forme d'anarchisme politique, on l'informe sur ces mots et sur leur histoire, mais au fond il n'écoute et ne comprend pas, tellement habitué à zapper sur des « infomercials », à faire un travail abrutissant ou à dépenser du temps d'amour, d'amitié ou de loisirs. C'est au hasard d'un séminaire instructif imposé par un algorithme envoyé via un formulaire auto-rempli, qu'il se surprend à imaginer autre chose, à s'imaginer une vie. Toutefois, là où dans bonheur[tm], Jean Baret commettait probablement une erreur en essayant de pousser l'intrigue un poil trop loin par rapport à ce qu'il avait choisi comme personnage principal, ici au contraire il s'arrête net au risque de ne rien révéler du tout. L'effet à la toute fin de la lecture est poignant : comment quitter ce livre ? Personnellement, j'ai badé un bon moment.

Jean Baret nous assène donc encore un coup de poing littéraire, alternant brins d'humour et passages trash, et nous laissant sur une terrible fin sans explication certaine : la lecture a fait son oeuvre.

Commenter  J’apprécie          320
Les algorithmes sont partout : dans nos pages Facebook, dans nos paniers d'achat en ligne, bientôt dans nos voitures. Certains les imaginent déjà prendre les décisions importantes à notre place : après tout, une machine n'est ni sensible au stress, ni corruptible, ni névrosée par son enfance…

Jean Baret pousse cette logique jusqu'à sa conclusion, et laisse les machines gérer entièrement la vie quotidienne. Des prothèses vous permettent d'évoluer dans un monde virtuel ; trois jauges (loisirs, amitié et amour (ou plutôt sexe)) permet de contrôler que vous restez dans la normalité. En cas de coup de mou, une dose d'anti-dépresseur dans votre nourriture quotidienne réglera sûrement le problème. Si pas, des séminaires sur-mesure (religion, psychanalyse, nihilisme) vous permettront d'accepter votre sort plus sereinement. N'essayez pas de comprendre ce que vous faites, profitez de la vie et laissez les algorithmes s'occuper des détails pratiques.

Un seul être semble de ne pas se satisfaire de son sort : Sylvester Staline reste passablement dépressif malgré les nombreux assistants virtuels prêts à l'aider, et se suicide régulièrement (le premier suicide survient dès les premières pages, et la scène est d'ailleurs particulièrement violente). Les bains de régénération des cellules, pour le coup, semblent plus un cauchemar karmique qu'une bénédiction.

Si la première idée de cette société gérée par les algorithmes est plutôt désagréable, une réflexion plus posée donne une vision plus ambivalente ; en effet, on ne sent jamais de réelle oppression sur les humains : Sylvester veut sortir de chez lui ? Pas de soucis, il peut (le problème, c'est qu'il n'y a plus rien à faire dehors, puisqu'il est tout seul à avoir cette idée). Il possède une arme illégale pour se suicider ? Les algorithmes, loin de le traquer, s'arrangent pour signer les papiers nécessaires pour que cette possession soit régularisée. Il veut se révolter contre cette société absurde ? On lui propose quantités de reportages pour lui apprendre tout ce qu'il veut sur le sujet. Sans résultat notable d'ailleurs, car si cette société tourne totalement à vide, quelque part l'humanité a gagné la partie : elle n'a plus de crainte sur son avenir, ses besoins primaires sont totalement pris en charge, et elle n'a plus qu'à profiter d'une vie de loisirs, d'instruction et de plaisir, situation que ne renieraient pas certains philosophes, anciens ou modernes.

Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas frotté à une dystopie, depuis ma lecture des classiques du milieu du XXe siècle. Je n'ai trouvé que des qualités à ce roman : une vision claire et incisive des questions qui vont se poser prochainement à nous, une foule de petits détails qui permet de nous immerger dans cette société sans même s'en rendre compte, et, cerise sur le gâteau, un humour qui permet de s'échapper de l'ambiance souvent sombre de ce genre littéraire.
Commenter  J’apprécie          190
Des déviants bien dans la norme !

Livre ouvert. Esprit™ vidé. Premiers chapitres
Premier réflexe : Ouah, ça commence fort, voilà un auteur qui n'a pas peur de pendre son PumPénis™ pour un ButtPlug™
Deuxième réflexe : en plus, c'est trop tip top rigolo, style humour noir et ironie avec une pointe de cynisme comme j'aime. Un univers sombre caché sous la poilade.
Troisième réflexe : L'auteur a le sens de la formule. En plus, il ose chercher des références pointus comme je les aime : La petite maison dans la prairie, les noms des personnages. Sans oublier bien sûr notre Daniel Balavoine.
L'auteur semble avoir du talent, être inventif, original et ça m'énerve, j"e me lève de mon fauteuil, va vers la penderie, ouvre la porte coulissante, sort une boîte, ouvre la boîte, prend le patent 626TB25, l'enfonce au fond de ma gorge et presse la détente."

Livre ouvert. Esprit vidé. Milieu du roman
Premier réflexe : Moi qui n'aime pas lire des scènes de sexe dans les romans, voilà un auteur qui comprend que ces scènes doivent avoir une utilité dans l'intrigue. Ça passe sans problème
Deuxième réflexe : Toujours aussi mordant, pas de signes d'essoufflement en vue. Mon Temps de loisir va vite devenir débiteur avec ce roman, tandis que mon temps d'amour et d'amitié vont en pâtir.
Pas grave, il ne faudrait pas me confondre avec un lecteur qui en a quelque chose à foutre
Troisième réflexe : J'avais surtout peur de lire un essai déguisé sur la Vie, une resucée de philosophie pour montrer que c'est un auteur qui a des références. Bref, un truc chiant à lire. Mais du tout, on s'amuse et on peut y lire en même temps le sous texte acerbe et et critique de notre société, sans gêner la lecture. Une revisite du célébre Métro Boulot Dodo.
L'auteur a du talent, il est inventif, original et ça m'énerve, "je me lève de mon fauteuil, va vers la penderie, ouvre la porte coulissante, sort une boîte, ouvre la boîte, prend le patent 626TB25, l'enfonce au fond de ma gorge et presse la détente."

Livre fermé. Esprit™ vidé. Chapitres terminés
Premier réflexe : Voilà un roman drôle, dramatiquement drôle, furieusement drôle, ironiquement drôle. Une farce satirique pleine de mordant. N'allez pas croire que nous sommes en terre dystopique, car c'est surtout de notre présent dont il s'agit.
Deuxième réflexe : N'allait surtout pas croire que Jean Baret est un auteur qui en a quelque chose à foutre, déjà avec une trilogie qui peut se lire de manière complètement indépendante, dans le sens que l'on veut.
Troisième réflexe : 24 suicides, voilà qui force l'admiration ! Mais ne croyez pas que X23T800S13E616 est un citoyen qui en a quelque chose à foutre. Lui, ce qu'il aime, c'est la Vie, pas la Vie™. Alors, pour tromper son mal-être...
L'auteur est talentueux, inventif, original et ça m'énerve, "je me lève de mon fauteuil, va vers la penderie, ouvre la porte coulissante, sort une boîte, ouvre la boîte, prend le patent 626TB25, l'enfonce au fond de ma gorge", le repose, me connecte à la boutique en ligne du Bélial.
Commenter  J’apprécie          161
Chaque humain, dans cette dystopie, est enfermé nu dans une pièce totalement vide. Ses besoins physiques sont satisfaits par les machines et ses perceptions sont augmentées et modifiées par des implants informatiques. Il vit donc sa vie en imagination, au pouvoir des Algorithmes omniprésents, qui lui assurent tous les divertissements connectés possibles. Un homme se révolte contre cet esclavage et le roman raconte son histoire paradoxale. Elle débouche sur cette moralité déprimante : ne pas se révolter contre un injuste système totalitaire et abrutissant, quand on dépend de lui pour vivre.

Ce n'est pas sans embarras que l'on se retrouve ensuite devant son écran d'ordinateur à rédiger le compte-rendu de ce livre, tant la ressemblance entre nous et cette humanité esclave de l'informatique est grande. Après tout, est-ce que l'on n'ajoute pas encore du divertissement au divertissement, du vide au vide, de la pseudo-culture parodique à la parodie ? Impitoyablement, Jean Baret nous met en face de l'absurdité de notre existence connectée, de l'usure du sens et de la vie et de la futilité de notre monde. Il n'exagère qu'à peine, ne force la note qu'un tout petit peu, et nous donne à lire un roman violemment subversif, bien loin du conformisme "insoumis" de la SF française courante.
Commenter  J’apprécie          120
En conclusion, Vie TM est vraiment très spécial et je ne saurais vraiment pas dire si j'ai apprécié ou non ma lecture. Certes, le roman fourmille d'idées, son univers est construit, il possède un ton ironique et bourré d'humour noir, quant à la fin même si elle est surprenante, elle n'en reste pas moins logique. Mais voilà, certaines scènes m'ont mises mal à l'aise comme celle de la torture d'un prisonnier dans la reconstitution du camp de Guantanamo ou celles liées aux activités sexuelles du personnage principal. Cela ne m'empêchera tout de même pas de poursuivre avec le tome 1, Bonheur TM puisqu'il est dans ma PAL.

Pour une chronique plus complète, rendez-vous sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          80
Lu ce week-end, j'ai préféré à Bonheur.
Je ne savais pas au départ si j'allais continuer la "série".
Bonheur était TROP, tous les curseurs poussés au bout du bout, avec un petit coup de marteau en plus pour les faire aller encore plus loin.
Bonheur est bon mais j'avais eu du mal avec les répétitions à rallonge (même justifiées par l'éditeur) et j'avais peur que 3 romans comme ça, ça fasse vraiment beaucoup et que ça me lasse.
Et la fin de Bonheur pouvait laisser sur sa fin, même si elle est logique par rapport au monde décrit.

Je vais vous faire sans doute rire mais ce qui a fait pencher la balance pour un achat et rapide qui plus est, c'est le nickname du héros du roman.
Quand j'ai lu sur la quatrième de couv "Sylvester Staline", j'ai basculé du coté obscur.
Je me suis dit qu'un auteur (et éditeur) capable d'un jeu de mot aussi pourri méritait que je lui donne encore un peu d'argent.
Et au final je ne le regrette pas.

Vie est pour moi différent de Bonheur.
On reste dans le poussage de curseur, très clairement, surtout en matière de sexe et de violence de société, mais je l'ai trouvé plus anxiogène car par certains cotés presque plus réaliste.
Jean Baret arrive à justifier les choix qui ont amené à cette affreuse société qu'il nous décrit et certaines valeurs ne sont pas si éloignées que ça de ce que certains peuvent prôner aujourd'hui.
Bien sûr, il va trop loin, mais je trouve qu'il fait plus réfléchir que Bonheur.
La fin est à l'image de Jean Baret... (telle que je me la suis imaginée après seulement 2 romans).
Je ne veux pas défricher l'histoire, mais sachez qu'il y a moins de répétitions et gros "copier/coller" comme dans Bonheur, même si nous parlons d'une société qui se répète chaque jour, où le "travail" c'est de faire tourner des cubes de couleur ou équivalent, avec un héros, sans doute trop intelligent pour son bien être, qui "aime" finir ses journée en se suicidant.

En fait, de mon point de vue, si jamais vu hésitez à lire un des 2, commencez par Vie plutôt que Bonheur.
Sachant que les 3 romans de Jean Baret (le 3ème n'est pas encore sorti) sont tous indépendants et décrivent des mondes qui n'ont pas de lien entre eux.
Commenter  J’apprécie          72
Après Bonheur™, Jean Baret nous revient avec Vie™ le deuxième opus de sa trilogie Trademark. le dernier opus Mort™ sortira le 30 septembre prochain aux éditions du Bélial. A noter que les trois romans peuvent se lire indépendamment les uns des autres. A l'instar du premier volet, celui-ci ne plaira pas à tout le monde et sera même très clivant du fait entre autres de sa violence.

Jean Baret, pour ce deuxième volet, reprend la même recette que pour Bonheur™, la répétition à l'envi. Pour le citoyen X23T800S13E616 alias Sylvester Staline, chaque jour qui passe se déroule de la même façon. Il sort de son Ted™ (son lit régénérant qui le nourrit, le prépare à une nouvelle journée et lui confère de fait une immortalité), tourne des cubes colorés (son travail) tout en surveillant ses comptes mensuels d'amours, d'amitiés et de loisirs. Tout est tarifé, tout est virtuel et se fait via des applications et objets connectés, sans jamais avoir le besoin ni l'envie de quitter les quelques mètres carrés qui servent d'appartement. Surveillée et organisée par des algorithmes auxquels plus personne ne comprend rien, la vie est un éternel recommencement. Devant cette non-vie, Sylvester se suicide quasiment tous les soirs, pour ressortir de son Ted™ le lendemain matin, la mort n'existe plus, seule la vie est...

Après une première partie très répétitive, la seconde moitié du roman tourne autour de la philosophie nihiliste, porte de sortie pour le citoyen Sylvester et bouffée d'oxygène pour le lecteur qui sort un peu de la boucle Réveil, Travail, Suicide. Un nouvel espoir mais peut-on vraiment changer le système par l'intermédiaire dudit système ?

Là où Bonheur™ dénonçait notre dépendance à la consommation, Vie™ s'attaque à celle des algorithmes rythmant notre vie quotidienne. Jean Baret pousse à l'extrême son raisonnement et transforme le citoyen en esclave volontaire des intelligences artificielles. Cynique et corrosif, l'auteur repousse les limites, jouant sur les travers de l'espèce humaine jusqu'à cette conclusion aussi logique que lapidaire.

Lancinant, répétitif et destructeur, Vie™ est une expérience littéraire dont on ne ressort pas indemne. Mais cette fable nihiliste est une claque monumentale.


Lien : https://les-lectures-du-maki..
Commenter  J’apprécie          50
Vie™ c'est un peu comme si Nietzsche avait écrit, avec l'humour trash et cynique des auteurs de Rick & Morty, un remake de Matrix pour critiquer avec véhémence nos comportements en ligne.

Vie™ est répétitif comme une journée de la marmotte, outrageusement exagéré sur la forme comme le fond et met le doigt là où l'algorithme fait mal.

Vie™ est bourré de références (V pour Vendetta, Ulysse 31, Total Recall, La petite maison dans la prairie,…) que ce soit pour quelques mots ou plus d'un chapitre, il y en a dans tous les sens.

Vie™ est parfois tellement dingue que j'avais envie de balancer cette grosse blague par la fenêtre et le chapitre suivant j'avais envie de recouvrir chaque mot de surligneur et d'en faire l'éloge auprès de tous ceux qui m'entoure.

Vie™ est une critique acerbe de nos travers, de notre consommation perpétuelle de distractions, de nos comportements formatés sur les réseaux.

Vie™ était vivement conseillé par Simon Riaux et Nicolas Martin dans « De la SF plein la valise », dernier épisode de « La méthode scientifique » 2019-2020. Après avoir apprécié Bonheur™ j'ai dévoré Vie™ et je n'ai pas regretté de suivre ce conseil de lecture.

Partagez et likez cette critique, c'est important pour que l'algorithme me donne de la visibilité !
Commenter  J’apprécie          50
Un thème déjà traité maintes fois dans les oeuvres de SF. Et pourtant, Jean Baret accroche, hypnotise le lecteur de la même façon que le système VR tout puissant. L'aliénation totale au rythme des chapitres courts, des phrases télégraphiques. Car il s'agit de faire tourner un récit à vide. de parler de rien sur rien. Et pour y arriver, rien de mieux que la répétition ad nauseam. C'est périlleux, ça s'essouffle par endroits, mais dans l'ensemble on y arrive grâce à l'humour noir, aux jeux de mots stupides, aux références de la pop culture recyclée. Pourquoi ne pas tenter un petit tour de manège pour se vider la tête ?
Commenter  J’apprécie          50
Cette lecture m'a laissée un peu perplexe. Je ne sais pas vraiment ce que j'en ai pensé. Ou en tout cas, j'ignore si je l'ai vraiment apprécié ou pas. Il faut dire que l'éditeur place la barre haute lorsqu'il dit, concluant un « mot » précédant le roman, qu'il s'agit d'« un colossal uppercut à l'estomac doublé d'un coup de talon là où ça fait mal ; le projet de SF politique du XXIe siècle ». le genre d'éloge qui, chez moi, conduit généralement à une déception. Je préfère éviter d'avoir des attentes trop élevées car, si je suis globalement bon public, trop me vanter un roman (ou un film) a souvent l'effet inverse. Je n'irais pas juste à dire que je suis déçue en ce qui concerne VieTM, mais je n'ai pas l'impression non plus que les promesses mirobolantes de l'éditeur aient été tenues.

Il y a toutefois quelque chose de particulièrement déprimant dans ce livre. Un écho de la vacuité de ma propre vie, ce qui est une thématique que je remâche régulièrement (je suis quelqu'un de tellement positif…). Evidemment, le futur décrit est loin d'être un copié-collé de nos existences et nous n'en sommes pas au point de l'humanité décrite dans le livre : isolé·es dans des appartements, maintenus en vie presque éternellement grâce à un « TedTM » (un lit nutritif qui régénère les cellules et capable de ressusciter un macchabée), absolument incapables de survivre sans la technologie avancée qui emprisonnent les personnages du roman, partageant notre vie entre le travail, les loisirs, l'amitié et l'amour selon des temps chronométrés et surveillés par des algorithmes, ignorant ce qu'est un véritable contact entre être humain hors réalité virtuelle. Mais quand même. Tous nos emplois sont-ils parfaitement intelligents et utiles à la société ? Les algorithmes n'ont-ils pas pris une place non négligeable dans nos existences ? Nos survols des articles Wikipédia sont-ils si éloignés des « infomercials », résumés en trois minutes sur tous les sujets possibles et imaginables, qui envahissent le champ visuel de Sylvester ? Les absurdités des discours algorithmiques sont-ils plus fous que notre paperasserie administrative qui se révèle parfois parfaitement absconse et sans fin ?

Sylvester Staline ressent un mal-être, indéfini mais bien présent. Et tous les soirs, il se suicide. Lorsque des algorithmes, des « codes-stars cravates », se penchent sur son cas, ajoutant des antidépresseurs dans son TedTM, le poussant à suivre un séminaire nihiliste (ça aurait pu être religieux, scientifique, ésotérique, agnostique, mais il a choisi au hasard et c'est tombé sur nihiliste), il ne va cesser de se démarquer de ses concitoyens car il s'interroge. Quel est le but de sa vie ? Quelle est sa vie ? A-t-il déjà rencontré, réellement, physiquement, d'autres êtres humains ou sa vie entière a-t-elle été bercée par des algorithmes ? Que signifie cette époque où tout est à portée de main, mais où l'on ne crée plus rien, où l'on ne fait que recycler un passé révolu ?
Dans le roman, il y a des dizaines voire des centaines de milliards d'êtres humains sur la planète. Ils peuvent se rencontrer n'importe quand dans leurs hubs virtuels, les relations amicales sont tarifées, les relations sexuelles se font à distance. Ils portent des pseudonymes qui tournent en dérision (même si ce n'est pas mon genre d'humour, ça a un peu fait un plat avec moi) des célébrités réelles ou imaginaires du passé comme Nabot Léon, Baraque Obama, Jean-Paul Tartre, Harry Poppers ou Zara Foutra. Sauf que, pour eux, il n'y a aucune notion d'humour, c'est simplement que ces noms ne veulent plus rien dire. Il n'y a plus de respect, d'admiration envers quiconque (sauf quelqu'un ayant énormément de contacts – tiens, ça me rappelle quelque chose – ou possédant de jolis et coûteux trucs virtuels) car les sentiments sincères ont disparus. Il n'y a plus de croyances, il n'y a plus de morale – la mort, les viols, la zoophilie deviennent des loisirs parfaitement ordinaires –, il n'y a plus de vie privée – on partage des sexfies avec tout le monde –, bref, cela donne lieu à des passages très crus et répugnants (ouf, il y a quand même un certain gouffre entre eux et moi !). Tout est virtuel donc rien ne porte à conséquence. On ne peut plus tuer, on ne peut plus faire souffrir et on ne peut plus déranger le système.
Un univers aberrant, improbable, excessif et outrancier qui parvient tout de même à interroger les absurdités de notre propre monde, à refléter un peu du vide de nos propres vies.

Cette chronique est extrêmement brouillonne et confuse, j'ignore si vous parviendrez à y comprendre quelque chose, mais c'est bien la preuve que ce roman me laisse perplexe. Je l'ai trouvé exagéré, poussé à l'extrême – dans ses descriptions de sexe ou de massacre, dans ses insultes ou expressions vulgaires (raah, ce « à plus on se suce », je n'en pouvais plus de lire !) – et parfois long dans ses répétitions – néanmoins très utiles car on ressent à merveille l'aliénation et la routine assommante dans lesquelles le protagoniste est enfermé –, mais il éveille indubitablement des questionnements et j'ai été enthousiasmée par cette fin percutante et parfaite.

Une découverte pour laquelle je peux remercier Babelio et les éditions du Bélial' car, même si j'ai très envie de découvrir davantage cette maison d'édition, je n'aurais probablement pas choisi ce livre insolite. Et je suis tout de même intriguée par le premier tome de la trilogie Trademark, Bonheur TM.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (207) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4889 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..