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sur 367 notes
Manuel Roca voit arriver quatre hommes dans une vieille Mercedes, il sait pourquoi ils viennent, alors vite il cache sa fille sous une trappe, dit à son fils de se cacher et, armé d'un fusil il les attend. Manuel et son fils sont morts, Nina, la petite fille, est restée cachée, le plus jeune des hommes, Tito, l'a découverte et a gardé le silence ; Nina est en vie.
La vie se déroule pour chacun, Nina n'a pas oublié, elle retrouve Tito, tous deux sont vieux ...
Une histoire de vengeance, d'amour, de sentiments, magnifiée par l'écriture d'Alessandro Baricco.
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Un roman qui présente l’homme dans sa dualité ; à la fois merveilleux et répugnant.
Le père de la petite fille était un bourreau, mais il était aussi un père merveilleux.
Tito, le soldat se bat pour un monde plus juste, il croit en son idéal. Il ne peut pas être sensible à la souffrance. Pourtant il se laisse émouvoir par les yeux de l’enfant, par sa pureté, sa perfection.

« Il était fatigué et le silence était trop grand »

Fatigué de ce combat, de ces mensonges. La vérité est sous ses yeux, dans le regard et la posture de cette petite fille, qui l’obséderont toute sa vie.
La chance est aveugle pour Nina, pourtant Tito n'est pas aveugle, mais il a été ébloui par cette vision.
La petite fille recroquevillée est encore à l’abri de l’enfer, comme un petit corps à l’abri dans son coquillage. Elle oppose la perfection, l’exactitude, à la férocité des hommes.

Que va devenir la vie de ces deux êtres, mis face à face, l’espace d’un instant crucial de leur vie, dans cette ferme de l’enfer ?

Sans sang se lit dans un souffle. Un souffle qui nous bouscule. Un souffle qui raconte l’enfer que l’homme se crée lui-même sur cette terre. Vengeance avec sang ou vengeance sans sang, cela n’a pas de fin, c’est insensé.
Le sang appelle la vengeance, la haine, c’est un cycle sans fin. Chaque camp a son histoire, laquelle est la vraie ?

La vieille femme et Tito vont se raconter leur histoire…ou se la faire raconter…

C’est une histoire qui pourrait se dérouler dans n’importe quel endroit du monde, à n’importe quelle époque. Livre bref aux courtes phrases. Percutant dans la première partie, comme les tirs d’une mitraillette. Plus lent dans la deuxième partie, lisant l’âme des personnages, l’évolution de leurs émotions au fil de leur conversation. Émotions oscillant entre amour et pardon, lassitude et gratitude, peur et sérénité.

Dans ce roman, nous ne sommes pas dans la douceur, comme dans « Soie ». Ici c’est un miroir de la face sombre de l’homme, dans toute son ambiguïté
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La fin d'une guerre n'est pas synonyme de paix : elle ne signe pas la fin des hostilités entre les parties adverses. Au contraire, l'heure est plutôt aux règlements de comptes. Les anciens dominants peuvent subir en représailles une justice expéditive de la part des "vainqueurs".

Ce magnifique roman évoque les lendemains d'une guerre au sein d'une population. Son propos est universel : les comportements ne varient guère selon les lieux, les époques, les motifs qui ont déclenché un conflit. Les exemples ne manquent pas, qu'on se souvienne de l'épuration - parfois "sauvage" - en France à la Libération... Alessandro Baricco pose ici une question intéressante : au nom de quoi les hommes continuent-ils à s'entretuer ? Par vengeance ? Pour justifier la cause qu'ils prétendent avoir défendue lors du conflit ? L'auteur n'excuse pas les différents agissements, mais il les expose alternativement et incite ainsi le lecteur à s'identifier aux protagonistes, plus qu'à les condamner.

Ce texte bref et sobre a l'élégance et l'intensité des courts romans de Steinbeck. Il est en outre admirablement bien construit : deux parties, l'une sur l'immédiat après-guerre, l'autre sur une rencontre, quelques décennies plus tard, où l'on voit que les comptes ne sont toujours pas soldés.

Dense, subtil, bouleversant, universel.
Merci J-L !
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Un temps de guerre, quelque part dans une campagne isolée, trois hommes armés débarquent dans une maison, semblant vouloir en découdre avec cet homme qu'ils appellent ”la hyène” et qui défend ses deux enfants dont une petite fille cachée dans une trappe...Près de cinquante ans plus tard, le passé ressurgit dans un face à face angoissant entre deux protagonistes du drame.

Un roman court mais ô combien dense et fort, dans une ambiance intemporelle et un lieu universel, Alessandro Baricco construit un drame intense, lié à la vengeance, à la rédemption, au pardon pour certains et à la mort pour d'autres. Sans Sang est un récit dramatique qui explore la nature humaine et la pousse dans ses extrémités et ses derniers retranchements...
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Ce court roman de Baricco est divisé en deux chapitres… le premier décrit une nuit d'horreur. Quatre hommes débarquent dans un ferme isolée et décime père et fils. Seule survivante, une petite fille à jupe rouge, qui a tout entendu. Elle passera deux jours, appuyée sur les vestiges d'un mur de la maison, incendiée par les hommes avant de quitter leur scène de crime. Dans un deuxième temps, Baricco nous amène des années plus tard pour une confrontation entre le dernier survivant responsable du massacre et la petite fille devenu une vieille femme. Un tête à tête confrontant, émotif, plein de nuances et de subtilités.
Deuxième bouquin pour moi de cet auteur italien et bien que le propos soit fort différent que Soie, il a tout de même capté mon attention. Je me suis laissé porter par les mots, parfois durs à lire, pour finalement terminer le roman d'un trait. Un très beau roman sur la vie qui passe, sur la réalité qui nous rattrape, sur l'image qu'on se fait et sur la façon d'interpréter nos actions, notre schème de pensées. Un roman aussi sur la rédemption, sur la résilience et le pardon. En peu de pages, Baricco nous fait vibrer, nous fait se questionner et réfléchir. A lire !
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Roman court sec et violent, Sans sang a beaucoup de sang et de flammes, beaucoup de marques qu'un traumatisme d'enfance peut laisser ou transformer.
Une guerre qui finit ne met pas fin à la violence, et la violence physique, destructrice, terrifiante est souvent le résultat d'une autre violence, intérieure, longue, douloureuse et agonisante. La violence des gestes nourrie par la violence dans l'âme.
Après la guerre, le docteur Roca, collaborateur supposé du régime qui vient de s'effondrer, se fait tuer, avec son jeune fils, par un groupe de quatre hommes. La fille du médecin garde la vie sauve sous la trappe où son père l'avait cachée.
Un roman en deux parties, deux moments présents, le second vivant des souvenirs d'un passé dont le poison est en même temps nourriture.
Au fur et à mesure les fils coupés de l'histoire se retrouvent pour retisser le canevas déchiré, abandonné au fond du grenier de la mémoire. Il suffit de quelques mots pour qu'une image se crée, qu'un sentiment fasse surface et enlève le voile de la nuit du temps.
Telle une mitrailleuse l'écriture est rapide, les phrases courtes ont une portée longue et lourde, des images expressionnistes se succédant en contrastes violents et douloureux : la haine qui reste dans l'âme frappe en coups vengeurs, mais plus elle frappe, loin de guérir l'âme malade, elle la meurtrie encore plus.
Quand deux temps courts s'entrechoquent le silence hurle son cri d'angoisse : le doigt reste figé sur la gâchette devant un regard, devant les yeux d'une petite fille dans la trappe, grands ouverts, muets de peur.
Peu de mots, aucune description, les dialogues se succèdent à chaque ligne, les majuscules font choeur antique, une page couvre des événements à vitesse grand V, et juste après, un ralenti découpe quelques gestes muets qui en disent long sur l'humain, sans tendresse aucune.
Le style d'Alessandro Baricco, économique, cassant et poignant, est une extraordinaire maîtrise des mots, du rythme et des sens, c'est une mise en images et en pages qui se tournent très vite mais qui laissent derrière le goût assez lourd entre l'abîme et la lumière, le poids des questions en suspens, sans réponse. Se venger ? Tuer pour un monde meilleur ? Est-ce que ça a valu la peine ? Comment faire autrement ?
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Un petit livre qui confirme le talent d'Alessandro Baricco, cette fois sur le thème de la vengeance. Trois hommes viennent tuer un médecin parce qu'il a été tortionnaire au service du pouvoir pendant une guerre. Ils tuent également son jeune fils. Sa fille se cache; un des hommes la découvre mais il décide de lui laisser la vie sauve. Plus tard, devenue une femme d'âge mûr, elle le retrouve. Va-t-elle venger son père et son frère ou pardonner à celui qui l'a sauvée ?

Alessandro Barrico fait incontestablement partie des auteurs que je recommande très chaleureusement. Jusqu'à présent (et je n'imagine pas que cela puisse s'arrêter) il m'a procuré un réel plaisir de lecture, tant par son style fluide que par son imagination, sa poésie et les thèmes qu'il aborde. J'avais envie de lire « Novecento: pianiste » que plusieurs amis m'ont conseillé sur Babelio, mais les hasards de disponibilité dans ma bibliothèque m'ont plutôt fait patienter avec « Sans sang » et je ne l'ai pas regretté !

Comme je l'ai évoqué plus haut, le livre se structure en deux parties qui racontent deux époques de la vie de Nina: celle où, petite fille, elle assiste impuissante aux meurtres de son père et de son frère et celle où, bien plus âgée, elle retrouve un des meurtriers, Tito, qui l'avait épargnée elle.

La première partie est dynamique, prenante par sa froide cruauté. La deuxième partie est plus lente. Lente comme deux personnes fatiguées par la vie. Tito est vieux et las. On le sent tiraillé par des pensées contradictoires à propos des combats qu'il a menés: on sent encore brûler en lui le feu des révolutionnaires qui n'hésitent pas à tuer si c'est pour faire advenir un monde meilleur, mais d'autre part, au fond de lui, on le sent regretter d'avoir tué. le souvenir de Nina le hante, on croirait qu'il a passé des années à l'attendre, à attendre qu'elle vienne exercer sa vengeance. Elle arrive comme à bout de souffle. Elle prend le temps de le regarder, d'apprendre à le connaître, et puis… Lisez !

Ce livre mérite d'être lu pour la finesse des portraits des deux personnages principaux, mais aussi pour d'autres belles pages. Ainsi par exemple, dans la première partie, j'ai noté ces très beaux paragraphes où l'on voit que, même s'il a pu être un médecin tortionnaire, cet homme n'en a pas moins été un père aimant pour ses enfants, qui le défendront en temps que tel. Un des tueurs explique au frère de Nina ce que son père a fait et puis il lui demande s'il avait compris. « L'enfant rassembla tout ce qu'il savait et qu'il avait compris de la vie. Il répondit: - C'est mon père. » Magnifique force de quatre petits mots ! Et dans la seconde partie, j'ai noté de très belles pages sur l'absurdité de la guerre; voyez la longue citation que j'en ai postée le 2 mars 2019.

Découvrez Alessandro Barrico, si ce n'est déjà fait ! Et si vous avez aimé l'ambiance de ce livre-ci, essayez donc « Le peintre de batailles » d'Arturo Pérez-Reverte.
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Après Soie que je découvrais (trop) récemment je poursuis Baricco avec ce roman court, attrapé pour un euro en bouquinerie et lu en un trajet de train.

J'adore lire Baricco!

Je retrouve là de la clémence et de la douceur. Sans sang poursuit sans heurt une vie de petite fille malmenée par une fin de guerre qui sort de nul part. "Quelqu'un qui sait tout mais ne se rappelle de rien". J'y lis comment sortir de ses tourments, s'exorciser, s'expliquer, s'affranchir.

Baricco c'est la délicatesse. C'est de l'économie de mot. Une simplicité maitrisée qui envoie de la profondeur dans son récit, qui nous emmène loin et longtemps. J'adore ça!

"On a beau s'efforcer de vivre une seule vie, les autres verront mille autres vies dedans, et c'est pour ça qu'on n'arrive pas à éviter de se faire du mal" P95

Roman paru en 2003. Ne pas laisser passer une occasion pour découvrir cette littérature italienne!
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Un roman qui se lit mais qui m'a moyennement intéressée, pas émue plus que
que cela. J'avais été habituée à des textes d'une plus grande qualité de la part d'Alessandro Baricco, à des histoires autrement plus émouvantes, Soie par exemple. Je ressors de cette lecture un peu déçue.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Comme toujours chez Alessandro Baricco, ce texte est ciselé avec une plume extra fine. Moins poétique que certais ouvrages, comme "Novecento, pianiste" ou encore "Océan mer", celui-ci, beaucoup plus dur, plus sec, nous raconte une histoire en deux parties. Métaphore du pardon peut-être ou l'on voit une situation "guerrière" dans la première partie, puis les retrouvailles de deux des personnages avec une conclusion ouverte, qui peut laisser le lecteur sur sa faim, ou bien le satisfaire de constater que l'auteur ne s'est pas laissé aller à de bas sentiments de vengeance en imaginant une fin plus sanglante que subtile (d'où le titre). Un grand moment de bonheur avec cet auteur italien, un des plus doués de sa génération.
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