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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il faut lire ce chef d'oeuvre, qui résume toute son époque et eut dessus une influence capitale, et qui est très injustement oublié aujourd'hui à cause du prétendu proto-fascisme de l'écrivain(admiré par pourtant à peu près tout le monde intellectuel d'alors-à part Gide, qui contribua a forger sa mauvaise réputation-, et en politique notamment par Léon Blum, qui l'a loué jusqu'à le considérer comme plus grand que Zola, étonnante préférence de la part de ce grand socialiste...). C'est peut-être moins un roman qu'une analyse à tous les niveaux, mais le style exceptionnel le sauve même pour ceux hostiles à ses idées(en particulier lors de la description sublime de l'enterrement de Victor Hugo.)
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En Lorraine, un professeur, M. Bouteiller, met dans la tête de ses élèves l'idée d'élévation dans leur vie. Il s'en va ensuite vers d'autres cieux et un groupe parmi ces élèves – de différentes conditions sociales, cela a son importance – monte à Paris pour y poursuivre, avec des fortunes diverses, ses études et rencontrer son destin. Élèves qui seront des déracinés, favorisés pour certains et pas pour d'autres, faisant mentir l'idée kantienne rappelée par l'auteur : « Si l'individu doit servir la collectivité, celle-ci doit servir l'individu. » Mais l'esprit de caste sociale supplante aisément des amitiés superficielles.

Dès lors, ces provinciaux, après quelques tâtonnements dans la vie parisienne avec des succès divers, scelleront un pacte devant le tombeau de Napoléon, ce « professeur d'énergie » près duquel ils viennent chercher un sens à leur existence : « Cette mystérieuse réunion présente les caractères d'une transfiguration. » Sauf que les individualités auront raison de cette exaltation collective, et les plus humbles subiront le joug de leur condition quand les autres s'en sortiront mieux.

On pourrait y voir là un certain déterminisme mais j'y vois plus, pour ma part, l'effet du déracinement, l'opposition entre le mirage parisien, qui ne convient pas à tous, et la réalité solide de la terre d'origine. N'est-ce pas là le reproche que le père d'un de ces jeunes adresse à son fils empêtré dans ses dettes, tandis qu'il aurait pu mener une vie solide au pays ? Ce roman serait aussi la théorie à l'épreuve du réel, étant entendu que : « Nos vaines prétentions sont une des parties les plus réelles de notre être. »

Barrès signe ici un roman d'initiation sous la jeune Troisième République. Tantôt laissant le fil de la narration se dérouler, tantôt focalisant sur une situation, l'auteur – qu'il est de bon ton, de nos jours, d'invectiver sans jamais l'avoir lu ! – creuse ses personnages dans les moindres recoins pour en extraire des généralités fortes. Car, « pour qui cherche à juger avec moralité, c'est un bon système de se dégager de l'accidentel et de se placer à un point de vue éternel ».

Mais à la fin, après un tremblement terrible, après la mort et les obsèques d'un géant – Victor Hugo, « le chef mystique, le voyant moderne » – les déchets de ce groupe de jeunes Lorrains idéalistes sont rejetés et tout rentre dans l'ordre. Quant au professeur Bouteiller – qui fait de loin en loin songer à la « gloire » finale du pharmacien Homais de Madame Bovary –, par sa réussite politique, il répond exactement à cette phrase du roman : « On n'atteint un but qu'en subissant les conditions du terrain à parcourir. »

Enfin, le récit de Barrès nous amène inévitablement à cette question fondamentale : le déracinement ne serait-il pas cause de bien des maux et des désordres ? L'auteur, enraciné dans la France quant à lui, y répond à sa manière. Un auteur qui écrit encore : « On met le désordre dans notre pays par l'importation de vérités exotiques »…


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Les déracinés, c'est à la fois le dernier grand roman du XIXème siècle français (au sens chronologique, pour ce qui est du XIXème siècle "culturel", il s'agit bien sûr du Grand Meaulnes), et une oeuvre d'une modernité et d'une actualité brûlante, comme le signalent d'autres lecteurs.

J'invite tous les amoureux De Balzac et du roman expérimental à la manière de Zola, à découvrir (ou à re-découvrir) Les déracinés de Barrès.
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C'est l'histoire de jeunes français de l'Est de la France, avant la guerre de 14-18, au beau milieu de la troisième République, qui montent à Paris. L'ouvrage est certes, un peu trop didactique, la thèse de l'auteur y est trop présente, mais l'écriture est extraordinaire, et mérite le détour. Par ailleurs, il traite en grande partie le même thème que Crime et Châtiment, un certain personnage étant tourmenté par les mêmes questions que Raskolnikov. Il y a beaucoup de précisions historiques sur par exemple l'enterrement de Victor Hugo, l'avènement contrarié de Gambetta ou bien l'affaire de Panama. Pour faire simple, la thèse principale de l'auteur est une critique de la théorie Kantienne, personnifiée par Bouteiller, l'instituteur de type troisième République, en ce qu'elle est trop générale, trop théorique, et ne s'intéresse pas à la vie concrète des gens, leurs différentes origines, leurs classes sociales ...
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