Le jardin des Finzi-Contini, c'est le paradis perdu, l'Eden de
Giorgio Bassani.
Bassani qui égrène ici les souvenirs de sa jeunesse, son adolescence d'abord, l'année de ses treize ans, et dix ans plus tard, les émois amoureux de ses vingt-trois ans, emplis de la présence précieuse de
Micol, qui, à ses yeux, magnifie tout ce qui l'entoure.
Micol Finzi-Contini, idéal reflet de la féminité pour le jeune homme, qui reporte sur elle tous ses rêves d'amour et pédale avec ardeur vers les joies promises par les parties de tennis acharnées qui se jouent dans le fabuleux jardin familial de l'automne 1938 jusqu'à l'été 1939, période durant laquelle les jeunes gens ignoreront les signes tangibles de la guerre sur le point d'être déclarée et n'accorderont, apparemment, pas beaucoup d'importance aux nouveaux règlements visant à écarter la communauté juive de la vie sociale à Ferrare.
L'évocation de ce jardin, au goût de bonheur, somptueux réceptacle de verdure et d'essences rares, sert d'écrin aux souvenirs d'amour de Giorgio. C'est là que règne la précieuse, mystérieuse et douce
Micol, affectueuse et fuyante, amicale et réservée, dont le jeune homme éperdument amoureux analyse minutieusement tous les gestes, espérant à chaque instant y trouver enfin une réponse à ses maladroites déclarations passionnées.
Patiemment, avec une méticulosité frisant la maniaquerie,
Giorgio Bassani raconte cette période dont il dissèque les moindres événements avec acharnement, comme habité par le désir de ramener au présent ce lointain passé dont tous les protagonistes ont tragiquement disparu.
Mais ces jeunes gens sont-ils véritablement si indifférents aux événements de cette tragique époque ? Et l'attitude de
Micol qui privilégie "le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui" balayant négligemment le futur
ne préfigure-t-elle pas le drame qui va anéantir sa famille ?
Poignante évocation du paradis perdu, diffusée par petites touches talentueuses où l'auteur met tout son art du récit à raviver "le cher, le doux, le charitable passé".