J'ai vécu, avec ma lecture des Fleurs du Mal, une expérience assez particulière. Je vais essayer d'en parler mais je sais d'avance que j'en parlerai mal, et pour avoir quelque chose d'un minimum abouti, mieux vaut vous référer à la quatrième de couverture de cette édition présentée par
Claude Pichois.
Dans son "Epigraphe pour un livre condamné",
Baudelaire écrit:
Lecteur paisible et bucolique,
Sobre et naïf homme de bien,
Jette ce livre saturnien,
Orgiaque et mélancolique.
Si tu n'as fait ta rhétorique
Chez Satan, le rusé doyen,
Jette ! tu n'y comprendrais rien,
Ou tu me croirais hystérique
Mais si, sans se laisser charmer,
Ton oeil sait plonger dans les gouffres,
Lis-moi, pour m'apprendre à m'aimer;
Âme curieuse qui souffres
Et vas cherchant ton paradis,
Plains-moi !... Sinon je te maudis !
Moi, lectrice paisible et bucolique, je ne l'ai pas pris pour un hystérique, mais j'ai certainement ressenti un mélange des deux extrêmes qu'il décrit: il m'est arrivé d'apprécier et d'être charmée par certaines compositions, tout comme je n'en ai pas comprises d'autres, et le résultat est troublant: j'ai été perturbée par ce ressenti mi-figue mi-raisin.
Avec ce recueil, le poète aborde plusieurs thèmes de l'existence humaine, pour la plupart sombres ou sujets à controverse pour l'époque où furent rédigés les textes; la publication des Fleurs du Mal relève d'ailleurs de nombreuses difficultés puisque
Baudelaire fut jugé et condamné à retirer certains textes, puis de payer une amende. Il est manifeste que l'écrivain était en avance sur son temps et n'avait pas peur de s'affranchir des codes de la société, ce qui le rend admirable. Mais mieux que cela, il en ressort qu'il voulait vraiment se faire comprendre: pas seulement choquer ou déstabiliser, mais que sa manière de penser soit assimilée et respectée par autrui. La mort, la décadence, la pauvreté, mais aussi l'amour et la passion charnelle, la religion, le vin ou même l'observation d'un chat ou des hiboux, sont autant de sujets que le poète retranscrit, développe et rend captivant au travers de plusieurs parties. Découvrir sa vision de la vie - bien souvent morne, ténébreuse - est vraiment fascinant mais il n'est pas toujours facile de savoir ce que veut transmettre l'auteur. Par contre, quand les mots fonctionnent, c'est dans une compréhension totale. Je note que j'ai beaucoup plus été percutée par les mots lorsque je les récitais à vois haute; dois-je en déduire que ces poèmes se doivent d'être prononcés, déclamés ? Je vous laisse seuls juges.
J'ai donc un retour plutôt confus sur cette lecture qui m'a permise de découvrir la plume du poète. J'ai l'impression de ne pas en dire assez mais, sincèrement, je ne sais pas ce que je pourrais en dire de plus. La poésie a cette particularité que chacun la perçoit de manière très différente, en fonction de son vécu et de ses expériences dans la vie. Alors il est préférable que chacun se fasse son propre avis.
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