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On fait d'abord la connaissance de Charonne, petite fille de 6 ans, adoptée par un couple, Régis et Gladys, parents qui décident, au bout d'un an, de rendre leur fille à l'adoption, car ils ne la supportent pas et la négligent. En fait, au sein de cette famille, Charonne détonne complétement. Elle est noire, a les cheveux filandreux et surtout est très grosse. Elle est boulimique. Mais comment ne pas le devenir, lorsque l'on a des parents qui ne vous aiment pas, un grand-père, Charlie, qui vous emmène, lors de ses promenades, dans des cafés où le racisme y est légion et où elle est sans cesse critiquée ?

Charonne vit entourée de vieux, qui ne se gênent pas pour faire part, devant elle, de leurs états d'âme et de leurs problèmes intestinaux, de prostate, j'en passe et des meilleurs. Seule sa grand-mère, Nelly, fait exception. C'est la seule qui semble s'y intéresser un peu et l'aimer à sa façon.

On découvre également que Charonne a appris à lire très vite et ce, grâce à un fantôme qui vient lui rendre visite la nuit, dans le bureau et avec qui elle va lier une relation amicale. C'est l'exutoire qui lui faut pour ne pas sombrer dans la déprime. A travers ce portrait, on connaîtra les sentiments de Charonne qui n'est dupe de rien, qui est à bonne école pour se forger une carapace redoutable, lors de ses pérégrinations avec son grand-père, et de son évolution au sein de cette famille atypique.

C'est certain, elle ne manque de rien, elle n'est pas maltraitée, mais comment survivre à un deuxième abandon, et à un manque total d'amour ?

La deuxième voix est celle de la grand-mère, Nelly. Elle ne supporte pas de vieillir, elle qui était si belle, si adulée par les hommes, jalousée par les femmes. Elle porte un regard sans complaisance sur elle-même et sur le fait de vieillir, également en ce qui concerne Charlie. On connaîtra tout de sa sexualité, à travers ses deux maris. Rien ne nous est caché. Elle raconte également les rapports qu'elle a créés avec sa petite-fille, qu'elle apprend à aimer et qu'elle trouve très belle, malgré son obésité. Elle explique également les relations entre Régis et Gladys, enfants respectifs de la famille recomposée et qui se sont mariés entre eux. D'ailleurs, ceux-ci n'ont pas pardonné à leurs parents leur mariage, et ils font vivre à Nelly et Charlie un vrai calvaire. Ils ne sont satisfaits de rien, alors qu'ils n'ont jamais eu à se battre pour vivre, la famille ayant des biens leur permettant de ne pas travailler.

Le troisième portrait est celui de Gladys, fille de Nelly et du premier mari de celle-ci, Fernand. C'est une fille mal dans sa peau, qui ne trouve pas sa place dans ce monde. Tout est la faute des autres, si cela ne se passe pas bien avec Charonne, c'est elle qui fait tout pour que Gladys ne puisse l'aimer. Sa mère, son père et ensuite son beau-père sont responsables de son désamour d'elle-même, de la vie. Pourtant, elle a tout pour être heureuse. Elle ne manque pas d'argent, elle a un certain talent pour la décoration, mais cela ne suffit pas. Elle fait peser sur sa famille tout son venin. Elle est aigrie, déconfite. Elle ne ressent que du dégout et du mépris pour tout le monde. Elle seule est sincère. Elle part pour de longs voyages avec son mari, revient vivre chez ses parents, mais là non plus, elle n'est pas satisfaite. Tout ce qu'elle fait, elle le fait pour faire du mal à sa mère et à son beau-père, même si c'est à son détriment. Elle passe à côté du bonheur.


Ce roman est atypique, un langage corrosif et caustique, franc du collier, sans concession, aucune, lui donne toute sa force, le tout est très cohérant, on rit à certains passages, bref, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé !
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Trois thèmes ressortent : le racisme, la vieillesse, le physique. Trois voix en trois chapitres. Charonne, noire, grosse et adoptée. La grand-mère, ancienne star, obsédée par la beauté. La mère pas aimée ni par sa fille ni par sa mère. D'ailleurs, j'aurai aimé passer un peu plus de temps avec Charonne et un peu moins avec la mère.
Bien écrit, style cru. Les scènes de sexe peuvent rebuter. Bonne analyse sur l'absurdité de l'être humain. le premier chapitre est un peu à l'humour grinçant façon Desprogres. Un petit bémol : le fantôme était-t-il nécessaire ? Parce que on a dû mal y croire (normal pour un fantôme !) Un bon roman avec beaucoup de choses.
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"Je viens" de Emmanuelle Bayamack-Tam est un drôle de roman que je ne sais pas trop comment critiquer mais surtout noter.

Ce que je peux dire rapidement, c'est qu'il se lit bien, qu'il est parfois drôle, parfois très triste. Qu'il nous énerve mais qu'il nous fait également souvent réfléchir.
Car au travers des 461 pages réparties en 3 parties, on passe par toutes les couleurs et toutes les humeurs.

Roman polyphonique, on démarre d'abord avec Charonne, jeune femme abandonnée à sa naissance, puis adoptée par Gladys et Régis. Malheureusement pour elle, ses parents adoptifs l'ignorent tout autant et elle a du mal dans sa jeunesse. Noire, "grosse", abandonnée, elle traverse des moments difficiles. Heureusement elle se raccroche à ses rêves et à sa grand mère Nelly.
Cette première partie dans lequel le racisme est explicitement évoqué est émotionnellement compliquée.

Puis, vient le tour de Nelly la grand mère. Dans cette deuxième partie, c'est le refus de vieillir qui est au coeur du texte. La vie de Nelly, sa carrière illustre, ses deux maris nous sont racontés. Rien ne nous est caché. C'est direct, cash, voire trash. Pas forcément ce que j'apprécie dans une lecture...

Enfin, le roman se conclut avec le point de vue de Gladys, la fille de Nelly et la mère adoptive de Charonne. Cette partie traite davantage de la famille (et de l'adultère) , de la maladie (Celle de Charlie son beau père, père de son mari Régis) et du déni (elle n'a jamais accepté sa fille adoptive)... La encore, pas forcément évident comme partie. Gladys m'a souvent énervé avec ses réflexions, son comportement et son nombrilisme. On prend du coup facilement la défense de Charonne.

Mais parler de "Je viens", c'est avant tout parler du style.
Il est également original. On le qualifiera de contemporain tant il est cru, direct. Rien ne nous est épargné et les choses sont très explicitement dites (notamment dans la seconde partie, celle que j'ai le moins apprécié...). J'ai toujours du mal à voir l'intérêt de parler aussi ouvertement de sexe dans un roman "classique".
Mais il est aussi ancien tant il est poétique, doux, agréable à la lecture. L'utilisation de locutions latines donne encore plus de crédit à l'écriture de Emmanuelle Bayamack-Tam.

En conclusion, il est difficile de parler de "Je viens" tant il y aurait de choses à dire.
Je ne peux que vous encourager à le lire et on en reparle si vous le souhaitez ;)

3/5
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Je viens est un roman à trois voix et à malentendus. Charonne nous parle du haut de ses six et dix-huit ans, du haut de ses fantasmes, de sa pâle noirceur, de son obésité, du haut de son inconvenance et de son rire. Nelly, sa grand-mère, se raconte et se rêve dans un va-et-vient entre sa splendide jeunesse – le ton est alors satisfait et étonné – et les rides de sa vieillesse – dans un étonnement où s'est installée la désillusion. Gladys râle contre l'injustice d'avoir une mère trop belle et égoïste et une fille adoptive trop moche et égoïste, alors qu'elle ne tend qu'à la méditation et au renoncement. Trois générations qui cohabitent dans la solitude et une richesse installée, souvent méprisée mais jalousement gardée.

Je viens est un concentré d'existences ineptes qui s'entrechoquent. le silence est roi dans la relation, mais la parole ouvre la porte au conte : seule l'imagination paraît s'exprimer, celle du passé, du présent et du futur, accouchant de situations tour à tour légères ou violentes, sans que l'on sache toujours les distinguer. L'incongru est maître-mot.

Je viens aborde tant de sujets qui fâchent que ça pourrait en devenir écoeurant, et pourtant, c'est truculent. Entre racisme et reproduction sociale, la vieillesse fait chavirer, la famille ne parvient pas à se déconstruire et l'amour n'a pas d'évidence.

Je viens provoque l'éthique et le rire, donne un nouveau souffle. La malveillance se pare des atours de l'ironie et l'horreur de ceux du fantasme, les préjugés s'épanouissent et tissent l'histoire de vies banalement exceptionnelles. C'est une lecture comme je les aime : qui débarrasse du vernis de la bienséance et creuse, mais en laissant toujours une petite lumière allumée.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Reprenons dans le calme la composition de la famille : Nelly et Charlie sont mariés et ont recomposé une famille avec leurs enfants respectifs, Gladys et Régis qui eux-mêmes se sont mariés et ont adopté Charonne. Une sorte de famille recomposée qui se referme sur elle-même. La seule ouverture est l'adoption de Charonne qui débouche sur un échec.

Une fois que cela est dit, je dois dire ma difficulté à parler de ce livre qui m'a tour à tour plu, déçu et agacé voire faché. L'écriture est surprenante, faite de belles phrases usant d'un vocabulaire riche parfois savant ; mais on peut passer aussi à des propos grossiers, insultants et racistes tenus par Charlie notamment. Je ne soupçonne pas l'auteure de racisme ordinaire mais certaines phrases me font bondir : "Je transpire. C'est ce qui arrive fréquemment aux petites filles quand elles sont grosses et noires..." (p.14) -pour moi, aussi con que de dire que tous les noirs courent vite et qu'ils ont le rythme dans la peau-, ou d'autres pires, franchement dégueulasses qui transcrivent les idées de Charlie totalement désinhibé avec l'âge et la maladie ; j'imagine qu'elles sont là pour dénoncer le racisme, mais trop c'est trop, on peut comprendre à moins*. de même l'auteure fait de multiples retours sur des situations par le jeu des différentes narratrices, sans rien y ajouter comme si ses lecteurs étaient atteints d'Alzheimer et qu'il fallait leur ressasser sans cesse. Je préfère un écrivain qui fait confiance à son lectorat. On me reprochera sans doute mon manque d'humour et de second degré face à une auteure qui fait de la provocation et ce dès le tout début de son ouvrage : "L'un des grands avantages de la négligence parentale, c'est qu'elle habitue les enfants à se tenir pour négligeables. Une fois adultes, ils auront pris le pli et seront d'un commerce aisé, faciles à satisfaire, contents d'un rien." (p. 11). Je travaille auprès d'enfants confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance, que ne lisent-ils ces propos, ça me simplifierait mes journées...

Pouf pouf, je me calme et je reprends par ordre d'apparition. Charonne est une jeune fille attachante, un personnage fort et puissant qui sans nul doute réussira sa vie telle qu'elle l'entend. Elle est sans doute à peine crédible, une enfant doublement abandonnée ne le vit pas aussi bien, mais bon chaque individu est différent, alors peut-être sa force de caractère lui permet-elle la résilience. Elle vit bien sa couleur de peau et son surpoids, en joue même. Elle sait qu'elle n'est pas aimée par ses mères biologique et adoptive et se retourne donc vers sa grand-mère, Nelly. Celle-ci a été follement aimée par Fernand son premier mari et le père de Gladys qui, loin d'être un Apollon était un amant prodigieux et également celui qui a fait d'elle une vedette de cinéma. A la mort d'icelui, elle tombe follement amoureuse de Charlie, beau comme un dieu, mais piètre amant. A 88 ans Nelly fait un point final sur sa vie qui ces dernières années a changé grâce à Charonne. Quant à Gladys, elle n'aime personne sauf son mari Régis. Mal-aimée, revancharde, égoïste, c'est une femme qui a toujours souffert.

La jalousie, l'égoïsme, la solitude, l'amour, la mort, les relations mères-filles sont en plein coeur de ce roman dans lequel E. Bayamack-Tam ajoute aussi des personnages virtuels, que chaque femme voit dans le bureau de la maison familiale, des personnages rêvés, des hommes qui leur permettent de vivre, de faire le point sur leur vie, de s'intéresser aux autres. C'est un roman sur une famille qui dysfonctionne, une famille handicapée du lien maternel et paternel.

Je finis mon billet sur ce roman qui ne laisse pas indifférent, qui se répète trop, souffre de longueurs, associe une langue très personnelle à des propos parfois à la limite de l'overdose parce que trop rabâchés, qui met en scène des femmes blessées, fortes et/ou en pleine interrogation sur le sens de leurs vies. Autant de points positifs que de négatifs. Je vous l'avais dit, je ne sais par quel bout prendre ce livre...

Dans un genre différent mais parlant de certains des thèmes évoqués ici, j'ai préféré Reproduction, de Bernardo Carvalho, moins racoleur.

* Cette parole qui se libère en ce moment à la faveur de la montée du FN m'exaspère au plus haut point. Je ne suis pas pour ce qu'on nomme le politiquement correct, mais franchement, certains propos m'énervent comme de dire que les petites filles grosses et noires transpirent et puent... Je vis quotidiennement avec deux garçons noirs qui me rapportent des propos tenus dans les cours d'école qui me sidèrent, du racisme quotidien qui n'a rien à voir avec les petites vacheries entre enfants, c'est beaucoup plus profond que cela ; ou alors ma grande naïveté m'avait jusqu'à maintenant -j'approche quand même de la cinquantaine !- épargné, pourtant il ne me semblait pas avoir vécu dans du coton loin des réalités...
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Une fille adoptée, sa grand-mère et sa mère prennent la parole pour donner leur vision de cette famille, avec chacune sa version des choses et sa vérité .
Ce livre évoque l'adoption, le racisme, la vieillesse mais aussi les malentendus et relations toxiques dans une famille aisée.
Belle écriture au style décalé, à la fois drôle et cynique.
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Ce roman m'a perdu plus d'une fois, entre fort intérêt, désintérêt, attirance, agacement, perplexité.. Il est pourtant particulièrement intéressant, ce point de vue de trois personnes, trois générations de femmes d'une même famille en souffrance.
Ce roman est rarement drôle, le plus souvent triste, alourdi de méchancetés, regrets, violences psychologiques.

Charonne est la voix de l'enfance, mais le style m'a surpris par son vocabulaire recherché, littéraire, cultivé. Elle passe effectivement sa vie dans les livres, malgré tout j'ai eu parfois du mal à accepter la manière de parler un peu trop décalée par rapport à l'âge. Ceci mis à part, j'en suis restée à "pourquoi pas".
J'ai énormément accroché à cette partie du livre, jusqu'à ce qu'apparaisse Liberato. Ce personnage présenté comme voleur puis proxénète, m'a profondément agacée d'autant qu'il reste présent dans sa vie malgré une tentative de viol organisée par ses soins. Elle semble pourtant plus intelligente que ça Charonne.
Je n'ai pas su comment prendre le déferlement raciste qui m'est tombé dessus, nageant dans des eaux troubles : l'auteur participe-t-elle à l'idée, dénonce-t-elle uniquement ? Je pense avoir tranché par un "elle dénonce, il y a des maladresses". Je crois que c'était trop, tout au long du livre, simplement. Les répétitions continues, les rappels racistes et bêtes, m'ont laissé un gout un peu amer : je sais lire un livre et ce qu'il veut véhiculer sans qu'on m'assomme avec.
Charonne aura une chance que n'aura pas eu Gladys : l'amour ; certes pas de ses parents adoptifs, mais de sa grand-mère, et c'est ce qui compte finalement, l'amour pour grandir.

Nelly est la seconde voix, celle de la vieillesse. Regrettant sa jeunesse et sa célébrité, elle ne songe plus qu'à ce passé. Passé qui aura une seconde vie à travers Charonne qui s'identifie à cette grand-mère qui finit par lui donner tout cet amour qu'elle n'a jamais pris le temps de donner à sa propre fille, Gladys. On sent à la lecture, la confusion légère de l'âge, elle passe facilement d'un sujet à un autre sans que cela soit gênant. La rupture de style, bien que le même pourtant, est intéressante : j'ai bien fait la différence de narration entre Charonne et elle. J'ai aimé sentir l'amour pour sa petite fille prendre de la place au fil des pages, j'ai aimé l'inscription de son histoire dans la filiation.

Gladys est la troisième voix, mais cette fois je n'ai guère sentie de différence dans l'écriture et cela m'a gênée autant que le racisme, la méchanceté, la rancune profonde, cruelle parce que d'autres l'ont été avec elle. Rien en elle ne m'a permis de compassion, je n'avais, c'est triste, pas vraiment envie de l'écouter. Pourtant son histoire était intéressante, sa détresse face à la futilité des apparences aurait pu être touchante, son besoin de l'essentiel qu'elle cherche sans le trouver : on a besoin d'amour pour se construire. Ce rejet de sa fille "qui n'est pas sa fille" m'a plombée à l'overdose, je n'ai pu m'attacher.

Au milieu, des fantômes (mais que font-ils là ?), la femme de ménage (raciste forcément) et sa famille envahissante (voleuse, moche, méprisante), et ce racisme encore et toujours présent partout et encore, tous ces personnes m'ont laissée globalement froide, et c'est mon regret. Pas d'attirance particulière sinon une bouffée de gratitude envers Régis qui sort de sa torpeur à la fin du livre, un peu pour Charonne qui tente de vivre malgré cet abandon et ce rejet familial terrible.

J'ai passé un moment parfois agréable, le plus souvent j'étais agacée par les propos répétitifs du roman (et les répétitions racistes, c'est usant), peu attirée par les souffrances diverses hormis Nelly.
Les hommes sont feignants, racistes, violents, les femmes sont racistes, jalouses, égoïstes, en détresse, vivant dans le passé. C'est un roman uniquement de femmes, centrées sur elles-mêmes où l'homme n'a que peu à dire.
La lecture est relativement agréable, mais le livre ne m'a pas passionnée autant qu'il l'aurait pu.

3/5
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Edition Folio, 417 pages

Je viens, c'est l'histoire d'une polyphonie, 3 voix distinctes, trois points de vue de générations qui me rappelle en un sens, L'Elégance du Hérisson.

Composé de fait de trois parties, je viens propose trois lectures de vie, source de malentendus, mais après tout, le lecteur averti de la 4ème de couverture le pressent :

« Je viens vérifie la grande leçon baudelairienne, à savoir que le monde na marche que sur le malentendu »
Une écriture fine, particulièrement dense, que j’ai particulièrement apprécié, et dont le style évolue de pair avec la voix qui

« illustre les lois ineptes de l’existence et leurs multiples variantes : l’amour n’est pas aimé, le bon sens est la chose du monde la moins partagée, les adultes sont des enfants, les riches se reproduisent entre eux et prospèrent sur le dos des pauvres etc »

et qui détonne dans le paysage littéraire. Splendide!!
Lien : https://lecturesindelebiles...
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Ce livre a tout de suite éveillé ma curiosité. le titre, d'abord « Je viens ». Puis, la quatrième de couv', qui évoque des thèmes dans l'air du temps : le racisme, le fait de vieillir, les familles que l'on hait. Aussi, quand j'ai vu que « Je viens » était dans les nouveautés Folio, je n'ai pas hésité et je l'ai choisi. Je remercie donc les éditions Folio pour cette jolie découverte.

Le roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam est un roman à trois voix. La petite fille, Charonne, est une enfant adoptée par Gladys et Régis, un couple de blancs. Charonne est noire, obèse, elle a des cheveux filandreux et des grosses lèvres bleues. Selon ses parents adoptifs, elle ne mérite pas d'être aimée à cause de son physique ingrat. Charlie, son grand-père la traite de « négresse » à longueur de journée, et l'emmène faire la tournée des bars où le racisme y est légion. Seule Nelly, sa grand-mère, semble se soucier de son bien-être et la trouve belle à sa façon.

Nelly, la grand-mère, est une ancienne actrice qui vit dans son passé, à l'époque où elle faisait encore tourner les têtes comme elle faisait virevolter ses robes dans les soirées mondaines qu'elle fréquentait. Nelly a eu deux maris. de son premier mari, Fernand, naquit Gladys ; cette dernière n'acceptera jamais son second mariage avec Charlie. Nelly ne supporte plus de vieillir et pense qu'elle n'a plus aucune raison de vivre. Son mari Charlie perd la tête, sa fille Gladys la déteste et elle est obsédée par la passion qu'elle a vécue avec son premier mari décédé.

Gladys, la fille, est le personnage le plus antipathique de l'histoire. Gladys a épousé Régis, le fils de Charlie (oui, oui, son demi-frère). Elle a toujours vécu dans l'ombre de sa mère et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'a pas hérité de son physique avantageux. Considérant qu'elle n'aura jamais aucun attachement pour Charonne, elle va tenter de la « rendre » au foyer d'adoption. Gladys est mal dans sa peau, elle ne sait pas comment se comporter dans ce monde et connaît un grand mal être. Et cela, c'est entièrement la faute des autres.

Ce roman a suscité tour à tour plusieurs émotions : j'ai pris en pitié Charonne, cette petite fille abandonnée à la naissance par une mère junkie, contrainte à vivre dans une maison où personne ne désire sa présence. J'ai été attendrie par Nelly : cette vieille dame à la gloire passée qui repense toujours à son premier grand amour décédé. Enfin, j'ai été agacée par Gladys, cette enfant gâtée et nombriliste, bouddhiste, végétarienne sans gluten et sans saveur, en lutte perpétuelle contre le monde entier.

Ces trois portraits de femmes à la première personne sont rédigés de manière « brute » et « brutale », ce qui les rend bouleversants. le lecteur se rend vite compte qu'il n'est pas plongé dans une fiction, mais dans la vie, la vraie.
Dans la vie justement, on ne se comprend pas, on ne prend plus le temps d'échanger et on se mure dans son silence. Dans la vie, on s'attend à naviguer sur un long fleuve tranquille mais c'est loin d'être le cas. Vient alors la désillusion : le mépris des êtres chers, l'intolérance irrationnelle, la beauté qui se fane. Enfin, dans la vie, chaque famille cache secrets et cadavres dans son placard. Et quand sonnera l'heure des vérités, sonnera également l'heure des confrontations.

J'ai beaucoup aimé l'écrire d'Emmanuelle Bayamack-Tam. Pour moi, elle a écrit un roman de femmes pour les femmes. Mais pas n'importe quelle femme : l'écriture est tantôt très crue, tantôt soutenue, tantôt poétique. Il faut être forte et sensible à la fois pour lire ce livre.

Le fil conducteur du roman est le lien maternel (chaque mère en est d'ailleurs dépourvu) et les liens familiaux en général. Les femmes sont au centre du roman, les hommes ayant un rôle secondaire. Un roman définitivement féminin en somme.
Le mensonge est également très présent dans le roman. Il s'agit aussi bien du mensonge que l'on raconte aux autres que du mensonge que l'on se raconte à soi-même. le mensonge permet aux personnages de se cacher, parfois des autres, mais aussi d'eux-mêmes. C'est aussi le mensonge qui va cimenter les murs entre lesquels ces trois femmes s'enferment.

Et pour finir, voici un extrait de « Agir, je viens », le poème qui a inspiré le titre du livre :

Agir, je viens
Je suis là
Je te soutiens
Tu n'es plus à l'abandon
Tu n'es plus en difficulté
Ficelles déliées, tes difficultés tombent
Le cauchemar d'où tu revins hagarde n'est plus
Je t'épaule
Tu poses avec moi
Le pied sur le premier degré de l'escalier sans fin
Qui te porte
Qui te monte
Qui t'accomplit
Je t'apaise
Je fais des nappes de paix en toi
Je fais du bien à l'enfant de ton rêve

Lien : http://mademoisellechristell..
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JE VIENS vient ( ça me rappelle une chanson !) de me procurer un plaisir énorme, celui de découvrir un auteur qui entrera dorénavant dans le peloton de ceux que je suivrai à jamais ! Je sais bien qu'il ne faut jamais dire jamais, mais la lecture du dernier roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam est de celles qui vous font tout oublier autour de vous et vous rend addict total à un univers, une écriture.
JE VIENS, pourtant, fut un livre qui végétait depuis quelques mois sur ma pile à lire. On me l'avait offert mais je n'avais pas vraiment envie de m'y plonger malgré une presse plutôt dithyrambique. C'est d'ailleurs cette même presse qui m'a fait un peu reculer. Comme elle en dit souvent trop, je la parcours en diagonale... et mon oeil était tombé sur des phrases vantant la présence de fantômes dans l'histoire, dialoguant avec les personnages et tenant un assez grande importance. Mon sens cartésien, très très peu porté sur l'ésotérisme de bazar n'a fait qu'un tour et m'a fait regarder l'ouvrage avec l'envie d'un chat devant un bol de céleri rave. Et puis, un soir, un peu désoeuvré, j'ai ouvert le livre et j'ai lu le premier paragraphe. Et là, dès les premières lignes j'ai su que quelqu'un qui écrivait ce qui suit, ne pouvait pas me décevoir :
L'un des grands avantages de la négligence parentale, c'est qu'elle habitue les enfants à se tenir pour négligeables. Une fois adultes, ils auront pris le pli et seront d'un commerce aisé, faciles à satisfaire, contents d'un rien. A l'inverse, ceux qu'on aura élevés dans le sentiment trompeur qu'ils sont quelque chose multiplieront à l'infini les exigences affectives, s'offusqueront au moindre manquement et n'auront de cesse qu'ils ne vous pourrissent l'existence. Faites le test.
JE VIENS, c'est ce regard mordant sur nos vies, avec une touche d'empathie pour tous ceux qui le méritent et une plume acérée et habile qui sautille sur les mots, les situations avec un appétit féroce pour décrire les sentiments même les plus inavouables. Alors qu'importe qu'il y ait des fantômes, ce livre est pur bonheur de fantaisie, de construction, de style.
JE VIENS, sous ses allures légères, s'empare de sujets âpres comme le racisme ambiant dans toutes les couches sociales ou l'adoption comme mode de contentement et donc acte de consommation, mais aussi creuse un sillon narquois et réjouissant en décrivant la famille comme le nid de toutes les névroses ou l'enfer sur terre qu'est la vieillesse lorsqu'elle nous tombe dessus. Et malgré ce qui apparaître un handicap pour un lecteur qui souhaiterait se détendre face à notre monde, le roman emporte tout sur son passage, tel un fou du roi qui gratouille avec facétie.
JE VIENS ne se résume pas à son histoire de famille allumée...
La fin sur le blog
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