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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
D'Emmanuelle Bayamack-Tam j'ai lu et beaucoup aimé Les garçons de l'été (publié sous le pseudonyme de Rebecca Lighieri) et Arcadie, Prix du Livre Inter 2019.

Je me suis lancée avec délice dans la lecture de ce roman au titre empreint de nostalgie.
Eh bien je peux vous dire que sa lecture m'a procuré un joli éventail d'émotions !

Pour commencer, les personnages sont hauts en couleur et l'histoire absolument dingue.

Le personnage principal, Kimberley, a deux grandes soeurs avec qui elle partage peu, et deux petits frères qu'elle aime plus que tout. Qu'elle est à peu près la seule à aimer, car dans cette famille nombreuse où trois générations partagent le même toit, les deux jeunes garçons n'ont droit qu'aux miettes. Un père falot, une mère immature, égoïste, sotte et dévergondée en dépit d'un physique disgracieux, un grand-père fantasque qui ne doute pas de ses charmes et frétille comme un gardon : une curieuse galerie de portraits, adoucie par la présence bienveillante de Claudette, la grand-mère, qui finira pourtant par abandonner le navire.

À 9 ans, Kim décide de prendre son existence en main.
Elle découvre la poésie : Hugo, Rimbaud, Baudelaire deviennent ses maîtres à penser.
Puis l'amour. Les sentiments et le plaisir physique. Qu'elle reçoit et qu'elle donne.
Puis le chagrin, immense, ravageur. Et le poids de la culpabilité.
Les années passent, le garçon manqué se métamorphose en belle plante. Intelligente, sensible, brute et fragile.

Avec sa force et ses faiblesses Kim est terriblement attachante. Si certains passages et la dernière partie du roman m'ont (un peu) déçue, je reste sous le charme de ce récit surprenant, d'une beauté trouble et d'une tristesse effarante, foisonnant de questionnements sur la maternité, le sens de la vie, l'égoïsme et l'altruisme, la responsabilité face à ses actes et ses choix.

La plume de l'auteure mêle poésie et langage cru, générant une atmosphère assez dérangeante.
Je pense que comme pour tous ses romans, « ça passe ou ça casse », on adore ou on déteste.
Je me range dans la première catégorie ! Et vous ?
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Une formidable énergie de vie se dégage de ce roman, qui parle pourtant de mort, de désamour, d'indifférence! Kimberly a 9 ans quand elle décide de prendre son destin en main. Entre sa mère totalement égocentrique, ses deux soeurs à qui elle ne ressemble en rien, ses deux petits frères qu'elle chérit et appelle ses agneaux, son père inconsistant et ses grand-parents atypiques, elle grandit en beauté et en intelligence, laissant sur place ses ascendants! Elle puise sa force dans la poésie, et dans l'attachement qu'elle porte à sa grand mère, puis à la sage femme qui mit au monde sa propre mère. Quelle découverte!
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Ils sont neuf ou onze, même peut-être quatorze dans cette famille : Charles et Claudette, les grands-parents, Patrick et Gladys, les parents, Svetlana, Ludmilla, Kimberly, Esteban et Lorenzo, (admirez la belle « bigarrure folklorique » des prénoms !) les cinq enfants, Fougère, Elvis, Bastardo, les chiens et (ils passent après les chiens mais tant pis), les beaux-fils : Fabien pour Svetlana et Marwan pour Ludmilla. Ouf, j'espère que je ne me suis pas trompée et que je n'ai oublié personne - j'ai volontairement omis Sven Marinello, le petit ami de Kim (Kimberly) qui ne mettra jamais les pieds à la maison. La maison ?
Eh oui, tout ce beau monde (trois générations) vit (façon de parler) sous le même toit, au 27 bis, rue Trézène, et c'est… l'ENFER ! Surtout pour la narratrice Kim qui ne ressemble à aucun des individus cités ci-dessus et ne se sent proche de presque personne…
Ce qu'elle reproche à cette famille ? Son incurie. Les parents se sont très vaguement occupés des deux filles aînées (et encore, quand ils avaient le temps).
Kim a été lourdement moquée et critiquée. Quant aux deux derniers, les petits garçons, c'est comme s'ils n'avaient jamais existé : ils sont comme transparents. du vent.
Kim est violente, ses mots sont crus. Son grand-père, espèce de vieux beau, est un « idiot aussi vaniteux qu'inculte » et son père « n'est pas un sujet de conversation. »
La mère, la pauvre Gladys, née avec un bec-de-lièvre et un « narcissisme insubmersible », est la reine de la vulgarité, de l'obscénité, de la bêtise et j'en passe. Elle n'aime qu'elle et ses deux filles aînées (et encore !). Enfin, ces dernières sont bien les filles de leur mère, il n'y a pas d'erreur possible.
Franchement, ces adultes ne donnent pas envie de grandir et pour Kim, alors qu'elle est en pleine adolescence, période périlleuse de mutations et de métamorphoses, elle va devoir se trouver des modèles… ailleurs !
Kim doit aussi s'occuper de ses frères Esteban et Lorenzo : en effet, ce dernier est quotidiennement harcelé et humilié à cause de ses taches de rousseur et de ses cheveux orange. le pauvre gamin a bien tenté de se raser la tête (laissant apparaître l'étoile que le père tatoueur avait eu l'idée géniale de dessiner sur le crâne de ses cinq enfants !), puis de se laisser pousser les cheveux et enfin, d'offrir des cadeaux aux gros durs pour les attendrir.
Rien n'y a fait, il a fallu subir. Et à la maison, ce qui peut arriver à Lorenzo, tout le monde s'en f…
Alors Kim a décidé, à l'âge de neuf ans, qu'elle ne raconterait jamais rien à cette famille de dingues immatures, d'irresponsables défaillants et d'égoïstes névrotiques, qu'elle ne leur parlerait jamais de son goût pour Baudelaire, « le seul Charles qui vaille », de ses folles nuits avec Sven, de ses idées bien personnelles pour gagner de l'argent rapidement et de son amour illimité pour ses petits frères, ses petits agneaux.
Non, jamais. Ils ne sauront rien d'elle… Elle naîtra d'elle-même, se construira sans eux et loin d'eux si possible : « Si je dois avoir une famille, alors que Baudelaire soit mon frère et Janis Joplin ma soeur. Pour les parents, on verra plus tard, mais pourquoi pas John Lennon et Yoko Ono ? » imagine-t-elle, constatant que, pour le moment, elle est « entourée de porcs, de fauves sanguinaires ou de proies tremblantes, alors qu'elle aspire éperdument à l'humanité. »
C'est avec une écriture magnifique et enlevée qu'Emmanuelle Bayamack-Tam brosse le portrait d'une famille improbable - quoique… À mon avis, chacun y reconnaîtrait les siens…
C'est cruel, mordant, incisif, cru au possible et pourtant, plein de tendresse et d'amour !
A la fois terriblement monstrueux et en même temps drôle, burlesque et fou… Une vraie plongée dans le baroque !
L'enfer, c'est la famille, ne cherchez surtout pas ailleurs, messieurs-dames, vous y êtes, tout le monde descend ! N'empêche que, à travers ces pantins ridicules, ces personnages hauts en couleur, la sainte famille et la société en prennent un sacré coup !
Un récit d'apprentissage trash et sans tabous servi par une écriture explosive, poétique et percutante.
Un pur plaisir de lecture…

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Kimberly nous raconte sa vie d'enfant puis d'adolescente dans une famille monstrueuse. Entre une mère égocentrique qui aime plus ses chiens que ses enfants, un père absent de toute éducation, une grand-mère plongée dans ses souvenirs d'Algérie, un grand père seulement soucieux de sa propre apparence, deux grandes soeurs dont la seule ambition est de vivre à jamais aux côtés de leur mère, deux petits frères délaissés par leurs parents, dont Lorenzo le petit roux objet de la haine de ses camarades pour la couleur de ses cheveux, Kim surnage, réussit à l'école, se rebelle contre cette absence d'amour.
Amoureuse des vers de Baudelaire, son récit entrecoupé de poésie, nous entraîne dans la découverte de la vie, de la mort, de l'amitié, de l'amour, de la prostitution.
Un roman d'une force et d'un souffle incroyable ! Un style direct, percutant, cru, choquant, sans concessions et en même temps d'une beauté émouvante. Une découverte !
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Je voulais du changement, du renouveau dans mon monde imaginaire.
Je voulais une claque littéraire.
Ma libraire m'a présenté Kim et son histoire.
Aouch !...
Elle m'a fait tourner la tête celle-là…
Qui aurait pu dire au titre ou à la quatrième de couverture que nous allions en passer par la mort, la vie brutale (parfois plus que la mort), par des rêves abandonnés et d'autres cauchemars imposés ?
Je ne sais même pas comment présenter ce livre sans trop vous en dire !
Comment ne pas dire le trouble, la peine et effarement que le lecteur traverse sans vous les expliquer, vous les nommer ?
Si je dis « maltraitance », « harcèlement »,« poésie », « pédophilie », « abus de faiblesse »,« libération », « prise de pouvoir », « émancipation »,vous allez imaginer des choses qui sont sans doute loin de la réalité de ce livre et qui pourtant vous conduiront à ressentir ce trouble étrange que nous laisse Emmanuelle Bayamack-Tam.
Dois je dire que j'ai aimé ce livre ?
Le déconseiller aux coeurs et âmes sensibles ?
Je suis encore toute retournée par ce texte.
Dingue !
Perturbant !
Emouvant !
Addictif !
Car oui on a envie de connaître Kim.
De comprendre sa vie, sa famille, ses premières fois et leurs « pourquoi ».
Tout ce qui a fait d'elle un être aussi inexplicable, fort
et marqué.
A LIRE évidemment !
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La « tribu prophétique » est cette famille ainsi surnommée par la jeune Kimberley, et à laquelle elle appartient, bien malgré elle. Dysfonctionnelle, cette famille l'est. Quelle famille ne l'est pas un peu ? Par son regard très lucide, elle va même l'étudier à la loupe. Tout le monde y passe. A travers les failles, manquements, on découvre ces petitesses qui font de chaque être humain une chose fragile. C'est très drôle et émouvant à la fois. Emmanuelle Baymack-Tam aborde de nombreux sujets, décrit des scènes tendres, dramatiques et parfois crues. J'ai retrouvé avec plaisir sa plume si intense. Intense car, avec violence et poésie tout à la fois, elle va au fond des choses. La poésie qu'elle répand sur son texte comme une poudre magique lui donne une force, comme les vers du « seul Charles qui vaille » (Baudelaire, et non pas le grand-père qui en prend pour son grade, tout comme le reste de la family). C'est un vrai plaisir de lecture.
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Entre passion pour la poésie et désir sexuel bouillonnant, le récit d'une adolescence délurée, et surtout de la naissance d'une vocation d'écrivain.

Quelle claque ! Quelle écriture ! Quelle énergie ! Semblant pétri dans la matière même de la vie, le récit d'Emmanuelle Bayamack-Tam est celui d'une enfance et d'une adolescence tragiques, saccadées, saccagées, raconté à la 1ère personne par Kim, une fille qui veut être un garçon, grandissant tant bien que mal dans une famille complètement dysfonctionnelle, entre une mère irresponsable qui entame sur le tard une carrière de stripteaseuse, un père guère plus adulte, tatoueur, complètement fade, un grand père mégalo, une grand mère aimée, mais perdue dans les limbes d'une nostalgie inguérissable, et ses deux soeurs aînées, des bimbo dans l'âme. Kimberly les méprise («si je dois avoir une famille, alors que Baudelaire soit mon frère et Janis Joplin ma soeur»), découvre la puissance de la poésie en CM1 à travers le poème « Les Chats » de Baudelaire (« le seul Charles qui vaille »), déclame des vers, s'occupe de ses deux jeunes frères adorés, ses « agneaux« , délaissés par leur mère (« car la vie n'est pas seulement mal faite, elle est aussi parfaitement invivable pour les meilleurs d'entre nous – les petits, les doux, les faibles »), prend son lecteur à partie dans la chronique d'un suicide annoncé, explore les possibilités du désir et de son corps, qu'elle livre à la prostitution, adule Charonne, la mystérieuse belle et grosse Noire unique amie de son malheureux frère. S'interroge, explore, expérimente à corps perdu, bordélique et avide, sans peur, et avec une froide détermination.

Une énergie vitale incroyable innerve ce texte de bout en bout, la tension ne faiblit jamais d'un iota, une langue charnue, charnelle, source visible de plaisir, mélange heureux et détonnant de trivialité et de recherche, construit un récit (aussi cruel que drôle) fait d'une sorte d'étonnement permanent, dans une absence totale de complaisance, une franchise et une lucidité crues. Pour moi une révélation littéraire.
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Ahlala, pas facile de vivre quand on a un cerveau en état de marche dans un famille nombreuse qui n'en compte aucun autre. C'est ce que nous raconte Kimberly, en nous faisant le récit de sa vie, depuis sa naissance lorsqu'elle atteint ses neuf ans (si si), jusqu'à sa majorité et son émancipation. Une force de la nature cette Kim, à la fois lucide, sans concession, mais également tendre et attentionnée. C'est un animal aussi physique (le corps est un des enjeux centraux du livre), qu'intellectuelle, tombée en poésie quand elle est mioche, comme on tombe en religion.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2013/02/chronique-livre-si-tout-na-pas-peri-avec-mon-innocence/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Roman d'initiation d'une jeune fille de ses 9 ans jusqu'à ses 18 ans. Elle nous raconte son impossible famille, « la tribu prophétique » : sa mère, son père, ses grands-parents, ses grandes soeurs, ses jeunes frères, ses premières amours. Tout cela parsemé de drames familiaux : le retour d'Algérie de sa grand-mère, le bec de lièvre de sa mère, les brimades quotidiennes infligées à son jeune frère roux, les fausses-couches, la prostitution. On voit grandir Kimberly, on la voit se construire envers et contre tous et tout avec la poésie de Baudelaire et Hugo comme repère. La vie n'est pas un long fleuve tranquille.
Très beau roman.
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Gros, gros coup de coeur pour ce roman.
c'est simple : j'ai tout aimé.
Le style épuré, lucide et sans fioritures pour parler de choses difficiles. On évite le mélo et l'apitoiement, on va au coeur des choses, des faits, des sentiments, sans concessions.
et pourtant, l'histoire racontée est terriblement dure. La narratrice nous raconte son enfance au milieu d'une famille nombreuse et limite marginale. de ses parents démissionnaires, de ses grands parents plus attendrissants mais néanmoins paumés, de ses relations avec ses soeurs terriblement compliquées.
En rejet de tous, elle n'est là que pour ces 2 jeunes frères qu'elle essaie de protéger envers et contre tous.
C'est aussi le récit du passage à l'âge adulte, comment on se construit quand rien n'est donné, quand l'enfance est un combat, quand on grandit sans affection, sans soutien. Comment on arrive à tenir debout et un jour, à prendre son envol.
Bref, j'ai adoré!
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