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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Kimberley aurait pu s'appeler Anastasia et s'inscrire avec un peu plus de cohérence dans la fratrie. Arrivée en troisième, après Svetlana et Ludmilla, elle précède de quelques années Lorenzo et Estéban. Oui, même si elle s'était appelée Anastasia, la logique n'y aurait qu'à peine gagné. Disons que l'absence de sens aurait paru un peu moins patent. C'est que, dans la famille de Kimberley, foutraque et foldingue ne sont pas des vains mots. Une mère atteinte d'un bec de lièvre au moins aussi massif que son ego, un père bellissime, nain et définitivement infantile, une grand-mère aux abonnés absents la plupart du temps et Charlie, un grand-père pas beaucoup mieux. Tout ce petit monde vit les uns sur les autres dans une grande barraque qui tient par on ne sait quel miracle. Les enfants sont élevés à la va comme je te pousse et si notre Kim développe d'abord une passion pour la gymnastique synchronisée puis, surtout, pour les poèmes de Charles Baudelaire, ce sont des excentricités qui ne déparent pas au tableau global.

On est un peu chez Anna Gavalda, un peu chez Jean-Baptiste Andrea, chez Kusturica aussi, il y a quelque chose chez les personnages qui rappelle les contes, une définition à gros traits permettant la mise en place de forces et le déploiement d'un récit plein d'adversité et de péripéties. On aura donc un abricotier d'abord adoré puis honni, la folie, celle dont on rit avec incrédulité et fascination quand on en contemple les effets bien à l'abri et celle qui tue, un gala de gym, un amant insatiable, une maquerelle sur le retour, une « bizarre déité, brune comme les nuits (…) Sorcière au flanc d'ébène, enfant des noirs minuits » (« Sed non satiata »), bref tout un attirail pour jalonner le chemin initiatique de Kimberley, de sa naissance à ses 18 ans. Ah oui, et une bande son digne du meilleur dancefloor.

Forcément, avec tout ça, ma lecture de Si tout n'a pas péri avec mon innocence m'a fait penser à un après-midi à la fête foraine. le goût sucré des pommes dégoulinantes de sirop rouge cachant à peine l'acidité de leur chair et le malaise jamais loin à la lecture de cruautés familiales traités avec une apparente légèreté qui n'en souligne que mieux le scandale. Des moments d'exaltation, petit train qui escalade les pentes ardues de l'adversité, force du personnage qui déplace des montagnes, se bat, lutte et parvient souvent à tirer les marrons du feu. Et puis la redescente, celle de la souffrance bien sûr, des drames qui se nouent et de l'histoire de Lorenzo, centrale pour les trois quart du roman. Mais aussi la descente qui vous fait voir l'envers du décor : les arches métalliques pour tenir les paysages peints à la gouache, le bruit des machineries à envoyer du rêve et des bulles. C'est le problème avec les personnages de contes modernes, ils servent souvent une démonstration et j'ai trouvé, surtout dans le dernier tiers du livre, cette dernière outrée. Pas mal de sujets de société y passent, bien trop pour un seul roman, dans une invraisemblance qui n'a plus rien de drôle ou d'efficace mais confine au didactique. Charonne est à ce titre l'emblème d'un personnage sacrifié à la caricature.

Je ressors de cette histoire un peu écoeurée et pas tout à fait convaincue. Reste que la peinture de cette famille complètement déglinguée touche quelque chose et que, sous une écriture parfois racoleuse, on saisit l'intensité d'une douleur qui sonne juste, l'énergie mise en branle pour lui résister, la force vitale qui lui est opposée. Et ça, pour le coup, c'est réussi. Merci à Anna d'avoir mis ce roman sur mon chemin.
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Adolescente en colère, Kimberly décrit avec rage et cynisme sa famille défaillante, immature, la société humiliante et castratrice.

C'est un roman sur la construction identitaire, entre recherche sexuelle, besoin d'être aimé par sa famille, reconnu par ses pairs. On côtoie des sujets difficiles : le harcèlement scolaire et familial, l'indifférence, le suicide, le deuil, la pression familiale, la perte de repère.

On apprécie vraiment cette écriture poétique, crue, directe, ses personnages haut en couleurs, qu'on adore, qu'on déteste, qu'on aimerait rencontré pour leurs auras qu'ils dégagent.

Ce livre est plein d'esprit oscillant entre Baudelaire et Hugo, tout en écoutant du Patti Smith et Bob Dylan.
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J'ai tant aimé « Il est des hommes qui se perdront toujours » que me voilà lancée dans la lecture de l'oeuvre d'Emmanuelle Bayamack-Tan, une oeuvre qui résonne en moi.
Kimberley est une jeune femme brillante et lucide qui survit avec la poésie de Baudelaire comme compagne de chaque instant. Elle tente d'exister dans une famille éminemment toxique. Une mère infatuée d'elle-même, un père quasi inexistant, un vieux beau comme grand-père et deux soeurs pas très malignes. Seuls ses deux petits frères jumeaux et sa grand-mère sont «aimants». Un terrible drame viendra ponctuer la destinée de Kim déjà pas très reluisante.
De nombreuses thématiques jalonnent l'oeuvre de l'autrice : les parents toxiques, le harcèlement, la beauté et la laideur, l'enfer familial, la différence, le sexe, le racisme, la prostitution, le rapport au corps, le manque d'amour … et j'en oublie très certainement.
Habituellement, on retrouve ces thèmes dans de nombreux romans mais ici tout est grossi, caricaturé. Les propos sont dérangeants jusqu'au malaise. Une écriture poétique et crue à la fois
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Le roman s'ouvre sur l'accouchement d'une femme, la grand-mère de celle que nous découvrirons comme la narratrice, et ce sont ces mots qui me font lire ce livre. Comme sur un pari.

"Quand ma grand-mère tente de refermer les cuisses, la sage-femme l'en empêche et entreprend de bouchonner sans ménagement son périnée endolori. Ma grand-mère ferait bien d'interroger la signification de cette brutalité, mais comme elle a toujours eu le chic pour profiter des bons moments, elle s'accorde le répit que lui laissent la paix retrouvée de ses viscères et l'escamotage fulgurant de son nouveau-né."

Face à ces premières lignes d'une intensité et d'un aplomb rares, plusieurs remarques que la suite du roman ne fera que confirmer :

L'écriture est aiguisée, précise, fine voire tranchante. Qu'il y ait un mot que je ne connaisse pas dans le premier paragraphe me met dans de bonnes dispositions et je suis de toute façon éblouie par l'audace des premières lignes. Par la suite de nombreux autre mots inconnus, tel le délicieux "cornaquer" qui reviendra en plusieurs occasions, viendront s'ajouter à cette première découverte.

Sur le fond, l'intrigue ose, ose et ose encore quitte à parfois tomber dans l'invraisemblable. Car le décor de ce roman est plutôt unique : Kimberly est une adolescente prise en tenaille entre des parents peu soucieux de son bien-être : sa mère atypique et tyrannique, son père, tatoueur effacé et une fratrie imposante au milieu de laquelle elle passe plutôt inaperçue (sauf quand il s'agit d'être soumise au regard inquisiteur de la Famille). Les cinq enfants et les parents vivent dans une sorte de ménagerie en compagnie de leurs grands-parents maternels et tout ce petit monde est suspendu à un fil ténu. Je ne peux m'empêcher de faire un lien avec la série des Malaussène de Pennac où l'on retrouve ce foisonnement de personnages hétéroclites, en bien plus sympathiques par contre. Bientôt l'équilibre sera rompu et il faudra alors que la narratrice se réinvente et trouve une nouvelle manière de vivre.

J'ai aimé la violence des thèmes abordés, dont la trame évoque le difficile passage de l'enfance à l'âge adulte. La construction de soi, de l'amour, du couple, du désir et l'émancipation d'un cadre familial que l'on remet en question. Les épreuves et les désillusions qui atteignent leur intensité dramatique au milieu du roman dessinent une carte de la narration vallonnée dont le chemin serpente avant de trouver la bonne voie, sans jamais perdre le lecteur.

Ces pages ont été un délice dont je suis sortie touchée. Emmanuelle Bayamack-Tam parvient à conjuguer une vision sans fard du monde tel qu'il se révèle à une adolescente révoltée et une écriture exigeante et subtile qui témoigne à l'inverse d'une fougue maitrisée, d'une maturité évidente. Loin d'être incompatibles les deux font un mariage détonant, surprenant.
Lien : http://erutarettil.com/?p=1732
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Ce roman m'a profondément touchée : Comment survivre dans une telle famille ? Comment subir les humiliations de celle-ci ? Comment aimer une famille qui ne vient pas en aide à leurs propres enfants ?

La plume de l'auteure est un mélange de poésie et de langage cru, ce qui crée cette atmosphère dérangeant voire oppressante, mais qui illustre à merveille l'ambiance familiale présente tout le long du roman. Kim nous le dit et nous le montre, aucun membre de cette famille n'a le droit à la moindre intimité, et c'est ce que reproduit l'auteure dans ce roman : aucune intimité n'est présente (le lecteur est envoyé directement dans l'intimité des personnages) et les nombreuses scènes de descriptions (intimes) nous le prouvent !

On pourrait très bien scinder ce roman en deux parties : avant le drame (avec la description de ce climat familiale, la renaissance de Kim…), et après le drame (ce désir de changer, de se distinguer de cette famille en se tournant vers d'autres personnes, vers la poésie et vers le sexe). J'ai largement préféré la première partie, tant sur le plan de l'histoire que celui des interrogations qui en émanent. La deuxième partie m'a personnellement un peu plus dérangée, je me suis parfois sentie mal à l'aise durant cette lecture (ne me sentant pas à ma place de lectrice), néanmoins cette partie restait poétique et emplie de questionnements tout comme la première. L'entre deux a été une grosse claque ! Je m'attendais à un évènement dur, mais pas à ce point, et pas avec une telle description !

de nombreux thèmes s'enchainent et s'entremêlent alors, ce qui anime le roman : le harcèlement, la survie, la mort, l'amour, le désir/ les passions…




Un roman à la fois dur et poétique, empli de réflexions et de questionnements sur la vie. Une lecture que l'on peut appréhender et qui ne plairait sans doute pas à tout le monde !


Lien : http://voldelivre.canalblog...
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Sous ce titre magnifique empreint de douceur et de nostalgie se cache un roman audacieux. Kimberly dite Kim est la troisième fille d'une fratrie cinq enfants. Deux soeurs aînées aux prénoms slaves avec qui elle ne partage rien et deux petits frères qu'elle appelle ses petits agneaux. Une progéniture engendrée par Gladys (qui doit son prénom à la sage–femme et qui garde de son bec-de-lièvre un problème de diction) et d'un tatoueur. Dès leurs naissances, Gladys a laissé à sa mère Claudette le soin de s'en occuper de ses enfants et de se charger de l'organisation des repas et du ménage. Claudette femme dévouée à ses petits-enfants mariée à Charlie l'oeil toujours aussi frais et qui se croit encore charmeur. Car tout le monde habite dans la maison des parents de Gladys. Ce qui n'est pour déplaire à Charlie pour qui l'esprit de famille est important.
Kim grandit avec cette mère égoïste et imbue d'elle-même qui ne pense qu'à ses deux filles aînées aussi bêtes qu'elle. Gladys délaisse et néglige ses deux petits garçons et son époux Patrick ne va jamais à l'encontre de sa femme. A neuf ans, Kim décide de rompre avec sa famille en renaissant, une façon d'oublier d'où elle vient. A dix ans, elle découvre la poésie, apprenant et se récitant des vers entiers de Victor Hugo. La poésie en guise de survie malgré les remarques basses de son sa famille hormis ses deux petits-frères qu'elle cherche à protéger de sa famille. Viendra la gymnastique rythmique comme échappatoire et l'amour pour sa professeur. Kim se nourrit de poésie, Rimbaud , Baudelaire, s'épanouit grâce à elle et devient une belle jeune fille. Sa mère sa lance sur le tard dans une profession de strip-teaseuse avec la bénédiction de toute la tribu. A l'école, un des frères de Kim est le souffre douleur à cause sa couleur de cheveux qu'il tient de sa grand-mère, laquelle commence à avoir des absences. Kim abandonne le sport et à dix-sept s'échappe de plus en plus dans un relation physique avec un garçon. le sexe sans l'amour. Son petit-frère se pend et Kim se fait tatouer en guise de bracelet un vers d'Hugo, elle et Claudette se reprochent de n'avoir pas su déceler l'ampleur du mal-être du garçon. Si sa grand-mère se réfugie dans son enfance passée en Algérie , Kim pour qui le poètes sont « ses amis et sa vraie famille » rencontre la sage-femme dont sa mère tient son prénom.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2013/05/emmanuelle-bayamack-tam-si-tout-n-pas.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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La narratrice brosse le portrait des membres de sa famille, auxquels elle ne veut surtout pas ressembler : un grand-père vaniteux, une grand-mère creuse qui se résume à une enveloppe charnelle, un père relativement insipide… surtout, une mère-copine aux réactions adolescentes, complètement immature, qui n'a aucune considération pour la pudeur de ses enfants. Une famille laxiste qui affiche clairement sa préférence pour les filles, égoïste, dont la négligence fautive atteint des proportions telles qu'elle se rend coupable de maltraitance envers les deux frères de la narratrice, dont les besoins élémentaires sont insatisfaits.

C'est un roman plein d'humour et de cynisme, j'ai souvent souri, surtout au début. Puis la narratrice a introduit dans son récit une ou deux allusions qui ont commencé à me faire froid dans le dos. L'humour a cédé la place au récit du comment, du pourquoi. Dans un style direct, sans volonté d'entretenir le suspense.



Parallèlement, le livre devient le récit de la sexualité adolescente, la narratrice fait l'apprentissage du sexe-plaisir, du sexe-contrainte, puis du sexe-argent et il me semble, à la toute fin, du sexe-jouissance.



L'auteur nous offre le regard brut d'une adolescente sur l'hypocrisie des adultes et leurs contradictions.

Comme la quatrième de couverture m'informait que le livre racontait comment l'esprit vient aux filles, j'ai tenté de répondre à la question. Il me semble donc que selon l'auteur, l'esprit vient aux filles par l'humiliation, l'abandon, la douleur, l'expérience sexuelle.

Mon plaisir a été quelque peu gâché par la fin du livre, je ne suis en effet pas certaine d'avoir compris le sens du dernier chapitre, guidé peut-être par la volonté de terminer sur une éclaircie, sur l'espoir ?

C'est le reproche que je ferais à ce livre : il m'a semblé très cohérent jusqu', puis ensuite, j'ai eu le sentiment que les tableaux ne s'enchaînaient entre eux que dans le but d'aborder certains grands sujets de société ayant trait à la sexualité.
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Au moins un roman avec un style, ce n'est pas si souvent finalement qu'un livre est véritablement littéraire.

Pour autant, comme d'autres, je me suis essoufflée en cours de lecture. Je pense sincèrement qu'il aurait gagné à pas mal de pages en moins, y compris pour la fin.
Si l'héroïne est attachante un temps, elle a fini par m'exaspérer avec cet acharnement à la haine et à la hargne.

Ceci dit, cela reste un bon roman, aux psychologies pointues, à une vision du monde juste et terrible.
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