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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce livre est une réflexion historique sur l'attitude que l'auteur aurait pu adopter lors de la seconde guerre mondiale.
Cet érudit s'appuie sur plusieurs livres-témoignages.
Les bifurcations de la vie sont un peu son dada.
Cependant, j'ai beaucoup mieux apprécié ce livre que celui (du même auteur) que j'ai lu auparavant ("Il existe d'autres mondes"), comme quoi il est parfois nécessaire de ne pas s'arrêter à une seule lecture...
Par ailleurs, je ne supporte absolument pas ceux et celles qui sont persuadés qu'à cette époque ils auraient été des héros (des résistants, des justes, etc.).
A cette époque ou d'autres circonstances (cf. par exemple la vieille imbécile qui était dans le Thalys, qui n'a rien pu voir de ce qui s'est passé, mais qui a dit à un journaliste qu'elle aurait bondit sur le terroriste). Enfin, à sa décharge, disons que le journaliste a peut-être forcé ses paroles.
Non, durant la sombre période du milieu XXème siècle, rien ne me permets de dire ce que j'aurais fait, attitude médiane et ironique de la plupart des français, collaboration, résistance, résistance, collaboration ?? Impossible de le savoir ou cela serait trop facile, connaissant l'histoire.
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Pierre Bayard, universitaire à Paris VIII s'interroge sur les agissements qu'il aurait pu avoir lors de la Second Guerre Mondiale?Combien de fois, cette question a t-il été posé? Combien de fois, lors de mes années d'études n'ai-je pas entendu ou même dit Mais comment ont-ils bien pu faire cela? Moi, j'aurais fait ça..." On se rêve résistant, on se veut défenseur des droits de l'homme, oui mais voilà... On n'invente pas l'histoire.

Pierre Bayard choisit la Seconde Guerre Mondiale. Il avance qu'il aurait pu choisir n'importe quels autres conflits. Mais la Seconde Guerre Mondiale a mobilisé tous les fronts. La période 39-45 a été édifiante par sa Crise des valeurs humaines.

Trois voies s'offraient alors: celui d'être un bourreau, s'engager en résistance ou bien celui du milieu: j'emploie le terme "passivité" mais il n'est pas à prendre au péjoratif.

Bayard aurait-il été un résistant ou un bourreau? C'est la question qui se pose. Issu de la génération du baby boom. L'auteur tente de répondre à cette question en prenant en modèle de référence: son père. Pourquoi son père? Parce-qu'ils sont semblables sur de nombreux points: même parcours universitaire et même caractère.

Il s'appuie sur de nombreux travaux menés par des psychanalystes. Notamment l'expérience de Milgram. Organisée par l'Université de Yale, elle visait à comprendre les agissements collaborationnistes durant la Seconde Guerre Mondiale. Il y-a des dizaines de témoignages, notamment ceux de gendarmes lors de la Rafle du Vel'd'hiv qui se sont levés pour dire qu'ils ne voulait pas obéir mais qu'ils avaient peur. Et qu'un ordre doit être exécuté.
Cette expérience visait donc à évaluer le degré d'obéissance chez individu. En bref, l'expérience de Milgram c'est trois entités: celui sur qui/quoi l'ordre est donné, celui qui doit répondre à cet ordre, et celui qui donne l'ordre (l'instance moral). le sujet évalué est celui qui doit répondre à l'ordre. Une émission passée sur France 2 a reconstitué l'expérience de Milgram:

- La victime (un comédien) voulait gagner de l'argent. Il devait apprendre par coeur une série de réponses. Il était attaché sur une chaise électrique. A chaque mauvaises réponses, il recevait des décharges électriques. Il n'avait aucuns pouvoir sur le jeu. L'arrêt du jeu était donné par celui qui infligeait les décharges et posait les questions. (le piégé, le sujet) Il n'y a aucuns liens visuels entre les deux protagonistes (le piégé et la victime).Ils communiquent seulement par la voix.

- le sujet celui qui reçoit les ordres. Il est derrière une machine et pose les questions. A chaque mauvaises réponses, il délivre une décharge éléctrique. A mesure que le jeu avance, les décharges se font plus fortes. le but qu'il lui a été donné est d'aller le plus loin possible et de faire gagner de l'argent à la victime. Des premières décharges, on entend le rire de la victime mais au fur et à mesure que le jeu et que les nerfs sont à cran: les rires sont remplacés par les supplications.

- Là intervient l'instance supérieur, ici le Public et l'animatrice. Son rôle est de rendre le plus vulnérable possible le sujet. Il doit sentir que ses actes ne lui appartiennent plus. Il le dépénalise. Qu'il ne porte pas en lui le poids de la responsabilité. En l'occurrence dans ce jeu, on lui dit que la Production a prit toutes les mesures nécessaires et que le jeu est sans risque pour la victime. Il est également poussé par la masse, par le public qui le pousse à continuer.

Ce qui en a résulté: certains sujets ne sont pas arrêtés malgré les supplications de la victime. Ils ont nié la douleur, ils ont nié jusqu'à l'existence de l'autre parce-que l'ordre émanait d'une instance supérieure. D'autres se sont arrêtés quand bien-même tous les rouages derrière. Pierre Bayard dit qu'aucuns être n'est prédestiné à choisir une voie d'une autre. C'est également une question de circonstances, de vécu personnel, de coïncidences.Il a donc pour but comme Milgram de comprendre la bifurcation d'un homme à un instant donné par sentiment d'indignation, d'empathie, de conformisme, d'argument d'autorité..

Il s'appuie sur la personnalité potentielle. Celle qui surgit à un moment donné lors de situations extrêmes. Un homme qui semble avoir une sympathie pour la violence ne deviendra pas forcément un tueur de masse. Il se peut qu'à un instant X, un trait de sa personnalité qu'il ignorait lui-même se révèle. Il prend l'exemple très juste, de Cordier, nationaliste et royaliste. Fervent de Pétain qu'il considère comme son père spirituel. Il e sentira trahira lors de la signature de l'armistice et se ralliera à De Gaulle.

Un livre très agréable, une écriture soignée, un plan structuré. Une belle réussite!
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Si j'ai beaucoup aimé les essais de P. Bayard dans la veine de la contre-enquête (Roger Ackroyd, Dix Petits Nègres, Oedipe-roi) et ceux qui touchent à la littérature (en particulier: "Comment améliorer les oeuvres ratées"), celui-ci m'a paru un peu moins abouti: la question qui donne son titre au volume reçoit une réponse, mais sans que celle-ci lève vraiment les réserves méthodologiques et épistémologiques avancées au début du livre. Il reste une réflexion intéressantes sur ce qui donne le courage de résister et des aperçus de personnalités admirables, dont on a envie d'en savoir encore un peu plus.
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Un livre sans doute paradoxal.
Chaque chapitre présente une expérience d'engagement et parfois sacrificielle : Daniel Cordier, Romain Gary s'engageant dans la résistance, André Trocmé mobilisant tout un village pour mettre à l'abri des enfants juifs, Hans et Sophie Scholl luttant contre la nazisme, Sousa Mendes consul portugais à Bordeaux mettant en jeu son statut et son avenir en délivrant des visas aux Juifs fuyant l'invasion nazie et d'autres expériences de personnes prenant les plus grands risques pour en sauver d'autres (Rwanda, Cambodge, Sarajevo).
C'est tout l'intérêt de ce livre que de nous rappeler ces expériences, plus que la réponse à la question posée dans le titre et à laquelle l'auteur finit par ne répondre qu'indirectement et de manière tout à fait allusive comme si elle s'effaçait devant la grandeur et la noblesse de ceux qui se sont engagés.
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Sujet ardu, question sans réponse évidente, simple, possible ?. L'auteur de débat. Grâce à lui, j'ai revu cet excellent film : Lacombe Lucien de Louis Malle.
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