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sur 146 notes
Près de 20 ans après Qui a tué Roger Ackroyd ? (2002) Pierre Bayard s'attaque à un autre roman d'Agatha Christie, peut-être le plus célèbre, avec La Vérité sur "Ils étaient Dix" (2019).
Le principe est simple : considérant que des incohérences grèvent le roman original, le professeur de littérature et psychologue rouvre l'enquête à la recherche du véritable coupable.
En effet, peu convaincu par la culpabilité du juge Wargrave, dont le stratagème semble trop compliqué à mettre en oeuvre, l'auteur va donc étudier minutieusement le roman afin d'y trouver des failles dans lesquels s'engouffrer. Pour ce faire il utilise le texte et uniquement le texte. Hors de question d'inventer de nouveaux personnages ou de nouvelles situations.

Finalement, la solution proposée, brillante il faut l'avouer, n'est pas vraiment beaucoup plus satisfaisante que l'originale. Mais le livre est l'occasion de revenir sur les classiques du genre, avec notamment un excellent chapitre sur les "histoires de chambres closes", ces romans policiers qui se déroulent dans un endroit dont on ne peut matériellement ni entrer ni sortir (le premier du genre étant certainement le "Double assassinat dans la Rue Morgue, d'Edgar Allan Poe).
Il s'agit aussi et surtout d'une critique, au sens critique littéraire, de l'oeuvre phare d'Agatha Christie. Suivant ses propres préceptes, développés dans Comment parler des Livres que l'on n'a pas lus ?, Pierre Bayard s'approprie l'objet critiqué afin de voir au delà.
Une manière ludique et didactique de partager avec son lectorat sa vision de ce monument de la littérature policière.
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Pour faire suite à notre relecture d'un des plus célèbres textes de la Reine du Crime, j'ai nommé "Dix petits nègres", nous avons décidé avec @celinepointalaligne de nous attaquer à l'essai de Pierre Bayard, qui veut nous persuader qu'une autre vérité existe.... et qu'Agatha s'est trompée !
Oh Sacrilège ! Qui peut oser défier ainsi la grande, la seule, l'unique ?!

Ici Pierre Bayard laisse la parole au meurtrier qui souhaite révéler au grand jour son identité, 80 ans après les faits.
L'idée de donner vie à un personnage en dehors de son roman d'origine est géniale et m'a beaucoup plu.

Cependant, je n'ai pas été totalement convaincue par la solution proposée par ce personnage sous la plume de Pierre Bayard, qui n'est autre QU'UNE vérité parmi tant d'autres.
Il accuse celui qui se désigne coupable dans le roman de nous manipuler, mais c'est exactement ce qu'il fait ici dans ce texte ! Et en bonne lectrice de polars et de romans policiers, on ne me berne pas facilement !

J'ai donc apprécié l'exercice (je l'avais déjà apprécié à la lecture de son essai sur le Meurtre de Roger Ackroyd, bien que construit totalement différemment) mais je nie qu'Agatha puisse s'être trompée. La Reine ne PEUT PAS se tromper. C'est comme ça.
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Avec « La vérité sur « Dix petits nègres », Pierre Bayard décortique la plus célèbre intrigue de la reine du roman policier, Madame Agatha Christie !
Pas besoin de le relire, Pierre Bayard en rappelle l'intrigue improbable : dix personnes sont convoqués sur une île par un hôte invisible. Chacun a tour de rôle sera tué. Lorsque la police arrive sur les lieux, elle ne peut qu'être impuissante à expliquer ses crimes en séries puisqu'une tempête a empêché la venue ou le départ de l'assassin !
Son narrateur, l'assassin lui-même, procède à une contre enquête. Il décortique la consistance des différents personnages, les procédés littéraires employés, les ressors utilisés pour que le suspens soit intense, les processus d'aveuglement du lecteur avec l'étude de l'aveu de culpabilité d'un des personnages souhaitant une reconnaissance en sa qualité de tueur en série. Tout est passé au crible de la perspicacité de cet érudit de littérature qu'est l'auteur !
Professeur de littérature au département de littérature française à Paris VIII et psychanalyste, Pierre Bayard adopte comme principe de reprendre l'intrigue policière en postulant qu'Agatha Christie s'est trompée sur l'identité de l'assassin.
Évidemment, l'auteur balade son lecteur jusqu'à la fin pour faire livrer le nom de l'assassin ! Pour les amateurs de romans policiers, ce livre, à la fois essai et roman, est une véritable mine d'or. Pierre Bayard détaille les dernières découvertes au niveau de l'aveuglement, les illusions d'optique appelés biais cognitifs. Il applique ses connaissances littéraires avec brio au polar. C'est un régal d'intelligence et de connaissances !
Avec humour, suspens et décalage, Pierre Bayard nous entraîne dans une contre-enquête extrêmement documentée sur le plus connu des romans policier de « type chambre close ». Un vrai régal !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Oui, Pierre Bayard a encore frappé fort! Il ne recule devant rien, Parler des livres qu'on n'a pas lus, ou des lieux où on n'est pas allés, alors après avoir révélé qui a tué Roger Ackroyd, il dévoile comment cela s'est vraiment passé sur la célèbre île du Nègre. Agatha Christie a tout faux ou presque, et Pierre Bayard se fait fort d'utiliser les bons indices pour faire éclater la vérité. Son narrateur/narratrice n'est autre que le/la coupable, qui commence bien sûr par raconter l'histoire telle que narrée par Agatha Christie (note : lire ce roman avant), se lance dans un passage passionnant sur les illusions d'optique*, les biais cognitifs, puis enfin (tadam!) nous embarque dans son explication.

Bien évidemment je marche sur des oeufs, car pas question de trop en dire sur le roman originel, ni sur celui de Pierre Bayard! Lequel n'hésite pas à se citer, par exemple
'selon cet auteur, les personnages ne se contentent pas d'avoir une forme d'existence, ils bénéficient d'une marge de liberté qui les conduit à prendre des décisions différentes de celles que l'auteur avait prises à leur sujet et qu'il croyait sans appel. Cette autonomie d'action, qui implique un certain état de conscience, peut en particulier les inciter à commettre des meurtres à l'insu de leur créateur, alors même que celui-ci a accusé un autre personnage en toute bonne foi.'

*Amusez-vous!
Compter le nombre de passes que fait l'équipe habillée de blanc:
https://www.dailymotion.com/video/xnfymc
puis regardez à nouveau sans compter les passes.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Et si Agatha CHRISTIE s'était trompé d'assassin dans son célèbre polar « Dix petits nègres » (1939) ? C'est la thèse osée et fantasque énoncée par Pierre BAYARD dans son nouvel ouvrage. « Osée » est bien le terme adéquat tant BAYARD est assez culotté pour s'attaquer à un mythe de la littérature policière tout comme à son auteure. Gonflé le type !

BAYARD n'y va pas à la légère, et la présente chronique va être difficile à articuler tant j'ai conscience qu'il m'est impossible de vous révéler quoi que ce soit, ne pas vous mettre, ne serait-ce que de loin, sur la piste de la solution évoquée par BAYARD ?

Diversion s'il vous plaît ! BAYARD écrit, certes ! Mais il est aussi professeur de littérature et psychanalyste, ces deux casquettes étant très reconnaissables dans ce bouquin. Il n'évoque pas que Agatha CHRISTIE dans son essai, mais de nombreux auteurs de romans policiers, dont certains spécialistes de l'univers clos et enfermé (le lieu où se déroule « Dix petits nègres » est une île, espace clos), il donne d'ailleurs envie de les découvrir ou de les redécouvrir. Il a minutieusement référencé des ouvrages traitant du même sujet et proposant des solutions différentes, tous antérieurs au chef d'oeuvre d'Agatha CHRISTIE, pour bien insister sur le fait qu'elle a en quelque sorte pris le train en marche et a pu s'en inspirer. BAYARD prend le contre-pied sur à peu près tout, en revenant même sur des classiques de Agatha CHRISTIE elle-même, les comparant aux « Dix petits nègres » afin d'étayer sa version, la version de BAYARD s'entend.

Le psychanalyste fait aussi des siennes. Après avoir proposé une sorte de floutage du lectorat par de possibles illusions d'optique, il enfonce le clou avec les biais cognitifs, coupables de détourner le lectorat du vrai problème qui pourtant lui crève les yeux quant à l'enquête proprement dite.

Le plan de l'essai de BAYARD est fort bien huilé : Enquête, contre-enquête, aveuglement, désaveuglement. Pierre BAYARD parle à la première personne du singulier, mais ce n'est pourtant pas BAYARD Pierre qui parle. Ici c'est le (ou la, BAYARD est très scrupuleux à ne dévoiler aucun indice sur le ou la criminel.le) meurtrier qui écrit, qui annonce calmement, minutieusement, ce qui s'est effectivement déroulé, qui explique en détails et de manière implacable que Agatha CHRISTIE s'est bel et bien plantée dans son bouquin, que l'assassin se cache ailleurs, que nous le/la connaissons, qu'en ayant été un peu plus concentrés sur notre lecture, nous aurions pu le/la découvrir nous-mêmes.

Ce livre est à la fois passionnant et très drôle. Très drôle par le ton, certaines anecdotes, passionnant pour tout ce qu'on y apprend. On se surprend à aller voir sur Internet une vidéo à propos d'illusions d'optique, dont le lien est proposé au beau milieu de l'ouvrage, BAYARD veut un lectorat actif.

Attention, même si c'est drôle, ce n'est pas précisément un bouquin de détente à lire entre deux trains, c'est même tout le contraire, certains passages requièrent une concentration optimale, peuvent même s'avérer un poil ardus, mais on a tellement envie de savoir quel est ce diable d'assassin de l'île du Nègre version BAYARD que l'on ne souffre pas des difficultés, et il faut bien admettre que parvenus à la dernière page, on réalise que l'on vient de méchamment se régaler les sens. BAYARD sait nous tenir en haleine (je l'avais déjà remarqué lors de précédentes oeuvres), il possède ce talent de ne plus nous lâcher, de nous faire poser des tas de questions qui vont hanter nos nuits. Cette « Vérité » sortie fin 2018 chez Minuit est succulente de bout en bout, apprendre en s'amusant est l'une de ces vieilles recettes qui a depuis longtemps fait ses preuves. Ruez-vous sur ce bouquin, vous devriez prendre plaisir à redécouvrir ces satanés « Dix petits nègres » !

https://deslivresrances.blogspot.fr/
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Difficile de croire qu'un universitaire ait commis une telle ineptie. Il réalise ce tour de force de tomber dans tous les écueils qu'on nous apprend à éviter à la fac.
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Il n'est nul besoin de se replonger dans le célèbre livre d'Agatha Christie avant d'entamer cette lecture. Pierre Bayard nous rafraîchit la mémoire avec l'ensemble des protagonistes soit les dix personnes présentes sur l'île qui toutes, sans exception, vont trouver la mort. La question qui taraude le lecteur est forcément de savoir qui a pu commettre ces meurtres. Dans les toutes dernières pages, Agatha Christie nous livre la réponse alors que la police s'est cassée le nez sur cette affaire apparemment insoluble.
Pierre Bayard reprend toute la mécanique sur laquelle repose Dix petits nègres en faisant intervenir un narrateur inattendu. J'ai nommé le coupable car oui celui qui s'est fait voler la vedette relate ce qui s'est passé. Agatha Christie se serait-elle trompée sur l'identité du coupable? Aurait-on avalé les explications fournies sans broncher alors que la vérité est toute autre?

Non seulement, on est tenu en haleine car bien entendu le coupable ne sera connu qu'à la fin mais surtout le cheminement entrepris est passionnant. Sans rien modifier au déroulement de l'histoire, certains points mis en lumière nous permettent d'avoir un autre angle de vue et de raisonner différemment . On se glisse dans la peau d'un Sherlock Holmes, on se mord la langue de n'avoir pas vu certaines failles (mais oui, mince!) et on explore de nouvelles hypothèses. Avec de nombreux exemples notamment sur les illusions d'optique, l'auteur démontre ses raisonnements et propose au lecteur de participer à des petits tests.

Sans rien n'enlever au charme des Dix petits nègres, cet essai fort réjouissant est instructif. Même si j'ai un petit bémol pour une des explications concernant l'identité du meurtrier, j'ai beaucoup, beaucoup aimé.
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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Agatha Christie se serait trompée dans l'histoire qu'elle a elle-même inventée ? C'est à mourir de rire. Il y a des invraisemblances dans le livre, et alors ?
C'est vrai qu'Agatha Christie n'a qu'une pauvre imagination et un talent limité, c'est bien connu. Heureusement que Pierre Bayard est là pour y suppléer!!!!!
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J'ai lu Dix petits nègres (Ils étaient dix, désormais) d'Agatha Christie il y a quelques années, et quand est sorti celui-ci je me suis dit que ce serait intéressant de voir ce qu'était cette « vérité » sur le roman ! Et ça l'est !
Pierre Bayard nous propose en quelque sorte une relecture du roman de Christie sous forme de témoignage… celui du (ou de la) réel(le) meurtrier(e), qui n'est pas celui (ou celle) désigné par Agatha Christie. Point par point, l'auteur/autrice des meurtres démontre en quoi le roman initial se plante et en quoi sa propre version des faits est la bonne. C'est malin, c'est bien vu, c'est bien fait ! J'aurais malgré tout pensé qu'il serait question de la suspension consentie de crédulité, mais comme il ne s'agit pas d'une analyse d'oeuvre à proprement parler, et bel et bien d'une analyse d'enquête et de témoignages, ça me paraît finalement normal. Bien sûr il vaut mieux avoir lu le roman original avant (surtout pour ne pas être spoilé(e)), mais pas besoin de l'avoir fraîchement en tête car tout est rappelé et cité dans l'analyse. Par contre (comme pour Huit crimes parfaits) d'autres romans de Christie sont divulgâchés, dont le Meurtre de Roger Ackroyd et A.B.C. contre Poirot.
C'est très bien fait et intelligent, les amateurs et amatrices du genre policier apprécieront certainement !
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Pierre Bayard se livre à un jeu habile et tout à fait plaisant. Mais des incohérences et des faits invraisemblables, on en trouve dans la plupart des romans policiers. En particulier chez Agatha Christie, qui n'hésite pas à substituer les personnages, à faire passer un cousin lointain pour un fils naturel, ou encore à glisser des impostures plus ou moins vraisemblables, en l'occurrence plutôt moins que plus, sans parler de circonstances de meurtre qui ne sont possibles que dans ses romans. le crible de lecture de Pierre Bayard est amusant et même réjouissant, mais il peut s'appliquer à bon nombre de romans policiers.
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