Je n'ai rien appris. Le passé reste aussi obscur. L'avenir aussi incertain.
ça les arrangerait que je disparaisse ils ont beau m'avoir reléguée je suis un chardon dans leur slip.
On ne comprend jamais les amours des autres. (p.196).
Je me demandais comment on réussit encore à vivre quand on n'espère plus rien de soi.
L'excès de mes loisirs en livrant le monde m'empêchait de le voir.
Autrefois je ne me souciais pas des vieillards ; je les prenais pour des morts dont les jambes marchent encore ; maintenant je les vois : des hommes, des femme, juste un peu plus âgés que moi.
- C'est drôle, ai-je dit. Nous sommes d'accord sur tous les points; et pas sur celui-ci: je ne vois pas ce qu'on perd à vieillir.
Il a souri :
- La jeunesse.
- Ce n'est pas un bien en soi.
- La jeunesse est ce que les Italiens appellent d'un si joli nom: la stamina. La sève, le feu, qui permet d'aimer et de créer. Quand tu as perdu ça, tu as tout perdu.
J'ai détourné les yeux. Aucun élan vers lui. Mon coeur était glacé et morne comme une chapelle désaffectée où ne rougeoie plus la moindre veilleuse.
Les cons! J'ai tiré les rideaux la lumière idiote des lampadaires et des arbres de Noël n'entre pas dans l'appartement mais les bruits traversent les murs. Les moteurs les freins et les voilà maintenant qui se mettent à klaxonner ils se prennent pour des caïds au volant de leur 404 des familles de leurs demi-sport à la noix de leurs Dauphine minables de leurs cabriolets blancs.
(Monologue)
Le temps m'est un peu trop large aux épaules, mais je m'en arrange."