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sur 3524 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. » Quand on lit “Beckett”, on pense phonétiquement « absurde » : si un orthophoniste, un peu nihiliste, pouvait se pencher sur la question ?

***

Le dramaturge irlandais écrit au lendemain de la plus grande boucherie du XXème siècle, abattoirs à ciel ouvert de la Méditerranée à l'Oural, où le « monde d'hier » donna à voir, après ses monuments, ses expositions universelles et ses pâtisseries dans les vitrines des grands magasins, que c'était finalement en matière de cruauté qu'il était le plus raffiné.

D'où l'absurde. c'est une méfiance envers la logique, une défiance cynique envers la raison, c'est la répulsion à faire sens, à « signifier » quelque chose comme s'inquiète un personnage de « Fin de Partie », la pièce qui suivra « En attendant Godot ».
C'est le décalage abyssal entre le micro-impératif social de prendre au sérieux sa tâche, son boulot, les joies et souffrances d'autrui et en même temps de se rappeler comme tout cela est arbitrairement absurde à l'échelle de la voie lactée (pour rester sur une petite échelle…).
Notre rétine intellectuelle s'épuise à remettre à l'envers les clichés de l'absurde qui nous assaillent à chaque fois que nous voulons voir un sens à ce qui nous arrive, nous raconter un destin.

« Je suis comme ça. Ou j'oublie tout ou je n'oublie jamais. » On ne se bat pas contre l'absurde, sa violence sourde et ininterrompue. On l'accepte, comme Vladimir et Estragon se résignent à revenir, chaque jour au même endroit, à oublier, à se rappeler, à vouloir se quitter sans jamais y parvenir, statiques, et autour d'eux le mouvement, la fatale décrépitude d'un monde vaguement dystopique, représentée par Pozzo et Lucky.

Extinction des feux. Dans un décor minimaliste, des dialogues courts et amphigouris, les derniers survivants d'une extinction de masse, celle de l'humanité, se rencontrent dans un décor dépouillé, le lecteur est plongé dans une atmosphère d'abord inquiétante puis finalement s'apprivoise de ce calme post-apocalyptique, Beckett un auteur de la résilience ?

Est-ce que Beckett fait payer ses personnages d'avoir eu l'hubris de vouloir penser en les faisant dire des inepties ? parce qu'incapables de « se taire » ? Avec Beckett, et pour emprunter une phrase à « Fin de Partie » qui est, à mon sens, plus aboutie encore que Godot, « la fin est dans le commencement et cependant on continue ».

***

Vladimir.- Qu'est-ce qu'on pourrait dire de plus sur la pièce ?
Estragon.- Quelle pièce ?
Vladimir.- Celle qu'on est en train de critiquer, là pour les gens… sur babelio.
Estragon.- Je ne sais pas.
Vladimir.- Tu sais.
Estragon.- Alors je sais.
Vladimir.- (au public des babeliotes) Vous n'avez qu'à demander à Godot. Il arrive, vous avez le temps ?

(Il serait malvenu de vous demander ce que vous en « pensez » justement…)
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En attendant Godot, Vladimir et Estragon, deux vagabonds discourent pour ne rien dire. Une forme d'absurdité dans ce qui pourrait être une attente passive de la mort, qui colle avec un monde qui ne l'est pas moins au moment où Samuel Beckett écrit cette pièce, après l'hécatombe de la Seconde Guerre mondiale, l'émergence des nationalismes et le début de la guerre froide. Pourtant l'intention de Beckett n'était semble-t-il pas de donner une dimension politique, philosophique ou existentielle à sa pièce (il ne s'est jamais prononcé sur le sujet, laissant à chacun sa libre interprétation) mais plus trivialement de nous mettre en temps réel dans l'état même de ses personnages dans l'attente de celui qui n'arrive pas, et qui fait que l'on s'ennuie. Une pièce expérimentale donc... qui a créé un scandale au moment de sa sortie pour finalement devenir pour beaucoup une des oeuvres majeures du XXe siècle et contribuer au prix Nobel de littérature de Samuel Beckett, quinze ans plus tard.
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Pièce en deux actes, première oeuvre que je découvre de Samuel Beckett. Je ne suis pas déçue, j'aime le théâtre de l'absurde. Cette pièce évoque l'attente, les rendez-vous manqués, la fuite du temps, l'indifférence. Il y a des scènes brutales, qui montrent que l'homme n'est pas toujours tendre avec son prochain loin de la. Beckett retrace là un portrait noir de l'humanité avec sa violence et son égoïsme. Une pièce qui fait réfléchir, et qui se termine sur deux alternatives ou Godot viendra enfin au rendez-vous ou Vladimir et Estragon, las d'attendre et fatigués, mettront fin à leurs jours en se pendant. Drame de la solitude et de l'incompréhension.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Ma fille m'avait offert un poster, sous forme de calendrier de l'Avent des 50 livres qu'il faut avoir lu dans sa vie. La petite fenêtre « En attendant Godot" était l'une des dernières encore fermées.J'ai repoussé et j'ai appréhendé cette lecture car n'étant pas une amatrice du genre, je savais que l'exercice serait laborieux.
J'ai pris mon courage à deux mains, je me suis armée de patience et quelle n'a été ma surprise au fil de seulement quelques pages, de me retrouver intriguée, sinon amusée par cette pièce expérimentale où deux vagabonds clownesques se donnent la réplique en échangeant des propos absurdes, grotesques, truffés de pantomimes.

Ecrite en français par un auteur irlandais, auteur phare du théâtre de l'absurde, cette pièce illustre parfaitement un théâtre de la solitude, du désespoir, du vide et du silence.Elle regorge d'événements absurdes et tragi-comiques. Style décalé, histoire décousue, discours haché, les personnages attendent Godot et essayent de faire passer le temps dans les meilleures conditions.Leurs descriptions psychologiques, pauvres hères qui ont perdu toute notion de temps et de l'espace, sont d'une grande perspicacité. 

Nous assistons inlassablement à leur attente en se demandant qu'espèrent-ils réellement? Dans un épatant jeu de miroirs Samuel Beckett nous amène à croire qu'ils attendent quelque chose de définitif, comme une sorte de fin en soi qui leur apporterait une sorte de rédemption et qui les sauverait d'eux-mêmes, en fuyant leur souffrance et l'angoisse d'une vie qui n'a pas de sens.
D'associations d'idées surprenantes en jeux de mots potaches, l'auteur irlandais mène son bateau ivre et ça se lit d'une seule traite.

Je termine avec une magnifique phrase de Samuel Beckett lui-même à propos de son oeuvre la plus connue:
"Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n'ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu'ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes ».

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J'ai enfin lu une pièce de Samuel Beckett ! En attendant Godot est une petit pièce en deux actes qui se déroule le soir sur une route de campagne. Nous suivons quatre personnages : Estragon, Vladimir, Pozzo et Lucky. Les deux premiers sont deux clochards qui attendent désespérément la venue d'un seul et unique homme : Godot. Pozzo et Lucky ont une relation maître-esclave vraiment aberrante. J'ai trouvé le comportement de Pozzo vraiment détestable. Beckett a écrit cette pièce directement en français, on n'y voit donc aucune marque de traduction et c'est bien plus agréable. L'originalité de cette pièce est tout à fait perceptible, il y a une forme d'anti-théâtre dû au fait que la pièce ne contient aucune scène. Au début de la pièce, Estragon veut enlever ses chaussures puis Vladimir le rejoint sur la scène. Ils discutent toute la journée pour ensuite se quitter le soir. La routine est complètement absurde, les personnages errent sans but. Néanmoins, j'ai trouvé que les dialogues sur la vie, la mort et la souffrance étaient très intéressants. Au premier abord, En attendant Godot paraît être une oeuvre simple mais elle est en réalité d'une richesse absolue.
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Lire une pièce de théâtre, ce n'est déjà pas facile.
Mais lire En attendant Godot de Samuel Becket, c'est un exploit !
Quel travail laborieux !
Il faudrait être au moins trois et faire une lecture commune à haute voix autour d'un bon verre de fendant, dans de beaux fauteuils confortables pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. (Tiens, ça me donne des idées...)

La pièce est évidemment sublime ! J'aime ce qui est absurde, décalé et joyeusement loufoque. Et tout dans ce texte tend vers cela. Mais c'est un texte fait pour être joué et regardé. Pas pour être lu.

Donc, au moment de noter cette lecture, je suis bien embêtée. Dois-je noter le talent de l'auteur ? Dans ce cas, En attendant Godot mérite 5 étoiles et même plus. Ou dois-je juger le plaisir que j'en ai eu de le lire, ce qui équivaut à lui attribuer deux étoiles ?

Ce qui est sûr, c'est que je ne manquerai pas la prochaine adaptation théâtrale de cette pièce qui sera jouée dans les alentours. J'ai hâte de savoir à quoi vont ressembler Estragon, Vladimir et Pozzo qui ont partagé quelques-unes de mes soirées d'automne.
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Pièce en deux actes représentative de ce qui a été appelé le théâtre de l'absurde. D'abord parce que l'auteur ne respecte pas les critères spatio-temporels - ça pourrait être n'importe quand n'importe où. Ensuite et surtout, parce que sur les dialogues, mieux vaut ne pas chercher de logiques. Place au vide, et quand la pensée s'exprime, elle est plus que confuse, sans interet. Pensée qui est tenue par le même personnage que celui qui est asservi et attaché à une corde (y voir comme un lien moderne de quelque chose - jdcjdr). Discussions (excessivement) coupées par des didascalies omniprésentes : comme si les descriptions étaient aussi importantes que le vide des échanges entre nos deux personnages principaux. Ils s'ennuient, ils ne font rien, ils ne font qu'exister pour attendre. Attendre qui ? le bonhomme à la barbe blanche. Viendra-t-il ? Est-ce lui GODot ? Mystère. Lecture pas forcément agréable, l'analyse de l'oeuvre ayant pris, comme pour d'autres, plus d'importance que le texte expressément. Peut-être là le génie de notre auteur, Prix Nobel de Littérature
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Une pièce classique que je dois découvrir depuis très longtemps, je me suis enfin lancée.
J'ai passé un bon moment avec Vladimir et Estragon. Leurs facéties m'ont fait sourire. Les jeux de répétition sont assez succulents à suivre. L'intrusion du Pozzo et du servile Lucky apportent une dimension presque dramatique à la scène, même si le comique de situation sur la mise en scène de l'entrée / sortie du duo, des effets de style des positions de Lucky, son discours essouflant sont de grands moments.
Et finalement, ils font quoi ? Ben, ils attendent Godot...
Une pièce qui m'a donné envie de voir la mise en scène donc pari réussi. A lire si vous aimez l'absurde et le comique de situation, le grinçant et le poétique.
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Deux compères en attendent un troisième répondant au nom de Godot. Savent-ils qui il est ? Pourquoi ils l'attendent ? Ils ne s'en rappellent plus. Mais ils l'attendent. S'en suit des dialogues absurdes. Pourquoi ? Pour passer le temps. C'est long d'attendre. On s'ennuie. On parle pour rien dire. On attend quoi au juste ? On attend Godot. C'est vrai.
C'est complètement Ouf et c'est bon !
Je me suis revue petite, cachée derrière le mur du couloir, laissant juste le bout de ma tête dépasser pour voir "Au théâtre ce soir" en cachette.
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Pièce de théâtre faisant intervenir deux personnages principaux Vladimir et Estragon et deux personnages secondaires, Pozzo et Lucky.

Pendant toute la pièce, Vladimir et Estragon attendent la venue de Godot. Qui est-il? On ne sait pas. Pourquoi l'attendent-ils? On ne sait pas. Que veulent-ils lui demander? On ne sait pas.
Tant de questions qui restent sans réponses, surtout qu'à la fin nous apprenons qu'ils envisagent de se suicider par pendaison et que seul Godot pourra les sauver.
Godot? God? Dieu? Qui sait?
Une lecture à plusieurs niveaux d'interprétations
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