Beckett me met mal à l'aise.
Cette brève pièce de théâtre que je viens d'achever est ma deuxième de l'auteur, et comme la première, elle me donne envie de courir, de sortir de chez moi, de sauter partout et d'aborder les gens, de vivre enfin ; En un mot ce que ces personnages ne parviennent à faire.
Pendant ma lecture, il m'arrive d'être agacé par la simplicité du texte, de me dire "on comprend où il veut en venir, c'est facile et grossier". Et pourtant, le texte me fait de l'effet, je me ronge les ongles sur certains dialogues, je grimace sur d'autres et reste parfois songeur en levant les yeux quelques instants.
Beckett a une force d'écriture que je suis incapable d'expliquer, mais qui est là, pénétrante et obsédante : son théâtre me fait ressentir bien des choses et c'est tout ce que je lui demande.
Tout les
passages ne m'ont
paspassionnés, mais il y a cet ensemble et certains
passages précis qui, je pense, vont me trotter dans la tête un long moment.
Cette pièce traite de l'immobilité, l'inaction, le sacrifice à l'autre, le temps qui
passe et sa valeur, l'existence. Je ne chercherai
pas à l'analyser : les pièces de
Beckett, me semble-t-il, parlent d'elles même à chacun, et il tient à tous d'en faire l'expérience. Chaque admirateur de
Beckett trouve ses obsessions et sa sensibilité à travers ses pièces, du fait de ce "vague" général. C'est ce qui me met tant mal à l'aise ; Cette énième prise de conscience, très vive, de notre condition et de la manière parfois pathétique dont nous vivons nos vies.
"(Un temps)" répète sans cesse
Beckett en didascalie. En plus de donner un rythme à la lecture, ces deux mots pourraient résumer la pièce.