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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette nouvelle de Beckett a une trame plus qu'un sujet. Un homme associal vient de perdre son père. Tandis qu'il goûte la paix assis sur un banc sur les bords d'un canal, il est accosté par son premier amour, une prostituée.

Définitivement, "le tort qu'on a, c'est d'adresser la parole aux gens".

Étrange personnage ! Il aime se promener dans les cimetières et entrevoit dans le masque de son père mort "la possibilité d'une esthétique de l'humain".

Il y a dans ce récit surréaliste l'absurde de Ionesco, la distance de l'étranger de Camus, le désespoir tendre de Gary. Mais les mots sont de Beckett -voyez les citations.

Ils composent une oeuvre imprévisible et sautillante. Une oeuvre capable de demi-tours et de revirements, désarçonnante, courte mais indispensable .55 pages intemporelles à dévorer.
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Voici une courte nouvelle totalement absurde.

L'histoire d'un homme qui est riche après avoir hérité de son père, mais qui quitte tout pour se retrouver à la rue et s'éprend, vagabond, d'une femme qui va l'héberger et que l'on comprend être une prostituée.

L'histoire, qui s'intitule Premier amour, pourrait s'intituler Dernier amour et va totalement de guingois du début à la fin.

Mais l'écriture ! Car il s'agit d'un des premiers textes écrits en français par l'auteur et là, il nous surprend, il nous tient fermement par la main et il nous emmène jusqu'à la fin.

Mais qu'est-ce donc que cette histoire ? Même après avoir refermé le livre, je ne sais toujours pas que dire. Ai-je aimé, n'ai-je pas aimé, je n'en sais pas davantage. En tout cas, bien davantage que d'autres de ses ouvrages.
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Quel trou noir que ce "Premier amour" !
Je récapitule :
Nous vivons toujours à l'étranger de nous-même depuis l'exil originel, où nous fûmes chassés de notre propre maison par ceux-là mêmes qui avaient accompagné notre enfance.
Nous avons quelques richesses, mais n'en faisons rien car tenter quelque chose serait s'exposer à l'échec.
Il arrive que quelqu'un nous recueille, nous croyons avoir nos marques, une gamelle, un sofa dans un coin, comme le chien de la maison. Nous pensons : c'est peut-être ça l'amour.
Et puis malgré notre passivité et notre mauvaise grâce, l'Irréductiblement Autre, que nous avions pris pour l'amour, nous révèle que notre seule présence nous engage : à continuer, à nous perpétuer.
Et là nous nous disons que "cela fait mal au coeur de quitter une maison sans qu'on nous mît dehors."
Alors nous comprenons enfin qu' "il ne faut pas avoir peur de l'hiver" , que "sa neige tient chaud." Et aussi "combien la terre peut être gentille pour ceux qui n'ont qu'elle, et combien on peut y trouver, vivant, de sépultures."
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Extrait de ma chronique :

"Samuel Beckett met en scène dans Premier amour un narrateur bien éloigné de nos standards actuels en matière de personnages sympathiques : un homme vraisemblablement schizotypique (à défaut d'être une femme autiste), sans doute aussi asexuel et aromantique (même si ces concepts étaient loin d'être clairement définis en 1946, date d'écriture de ce court texte), clairement misanthrope (voire misogyne), et qui n'aime rien tant que pique-niquer sur les tombes, comme les gothiques de Gloomcookie.


Pourtant, comme le dit si bien Francine Prose dans le chapitre 11 de son manuel (je traduis) : "si je le considère comme sympathique, c'est peut-être, au bout du compte, parce qu'il semble si souvent relayer la voix de cette partie secrète du soi que nous aimerions bien faire taire"."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Histoire écrite en 1946 et publiée en 1970….

En 2005, le comédien Michael Lonsdale, a prêté sa voix à la lecture de ce texte.

Attention ! Titre trompeur !

« C'est dans cette étable, pleine de bouses sèches et creuses qui s'affaissent avec un soupir quand j'y piquais le doigt, que pour la première fois de ma vie, je dirais volontiers la dernière si j'avais assez de morphine sous la main, j'eus à me défendre contre un sentiment qui s'arrogeait peu à peu, dans mon esprit glacé, l'affreux nom d'amour. »

Si vous espérez lire le résumé d'une belle romance amoureuse et vous offrir une belle lecture avec des papillons dans le ventre; passez votre chemin !

L'auteur est Samuel Beckett donc ironie mordante, sourire grinçant, phrases « assassine », humour dérangeant, langage cru (ne rougissez pas dans les transports en commun, sinon les passagers liront par-dessus votre épaule et vous serez gênés) mais jamais vulgaire, simplement « limite » pour choquer un peu le lecteur …

«Elle s'en aperçut naturellement, les femmes flairent un phallus en l'air à plus de dix kilomètres et se demandent, Comment a-t-il pu me voir, celui-là ? »

Une courte histoire : la rencontre fortuite d'un homme et d'une femme. Je ne raconterai rien pour ne pas déflorer le contenu.

Le style, l'écriture m'ont plu. C'est dépaysant et cela change des lectures ordinaires.

Vite lu, ce court récite vaut le détour.
Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Micro roman ? Longue nouvelle ? Peut-être en fait ni l'un ni l'autre. Mais peut-être seulement. BECKETT navigue souvent entre différents formats, différents styles. Ici un homme (le narrateur, un vagabond ?) dont le père vient de mourir se balade dans un cimetière, errant. Diverses idées lui parcourent l'esprit. Est-il soulagé voire heureux de la mort du père ?

Le narrateur est solitaire, il aime se retrouver avec lui-même, ou tout du moins avoir du temps pour se chercher lui-même. Il aime les cimetières car semble préférer les morts aux vivants. Mais sur un banc public il croise une prostituée, et à l'issue de quelques rencontres, elle l'invite chez elle, lui demande de s'y installer puis le dorlote sans ménagement. Un jour, elle lui apprend qu'elle est enceinte de lui. Incompréhension et déni du narrateur.

On n'entre pas dans BECKETT comme dans un confessionnal, l'écriture est à la fois exigeante et comme hors contrôle, effrayante de noirceur et déstabilisante de burlesque, de grotesque. Un personnage bien nulle part sur terre, qui cherche un espace de liberté, en vain. Trop de questionnements viennent tout bousculer, tout le temps, sans répit. Et c'est l'amour rencontré qui condamne cet être voué à une parfaite solitude. Monologue désenchanté aussi bien qu'absurde, un fil ténu qui ne nous permet jamais de savoir de quel côté l'histoire va tomber.

Tout déroute dans ce récit, notamment le fait que ce « Premier amour », s'il est emprunté à un titre de roman du russe TOURGUENIEV, est également la première oeuvre écrite par BECKETT (Irlandais) en français, en 1946 (mais publié en 1970), et l'on remarque déjà la virtuosité pour la langue. BECKETT parvient presque à rendre sympathique un misanthrope de la moins tendre engeance. C'est un monde à part, kafkaïen en plus cubique, froid, imbougeable, inébranlable, le genre d'ambiance qui nous donne envie de nous taper la tête contre des murs en tôle ondulée tout en ricanant. Il y a du malsain dans cet absurde, 60 pages denses qu'on ne lit pas à toute allure. Ambiance unique d'une rare originalité, on s'arrête, on réfléchit, on y retourne. Apnée peut-être porteuse de séquelles irréversibles.
https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
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Quelle claque ! Ce qui est certain, c'est qu'on ne s'ennuie jamais en lisant du Beckett. Il sait nous tenir sur un fil de funambule entre la douceur et la perversion. Des auteurs scatologiques, il y en a pas mal, mais Beckett, avec ses fulgurances poétiques, nous invite à plonger au fond de son vice, à l'apprécier et même à le trouver beau tant le contexte qui s'y prête est finement ciselé dans la beauté du grossier. le seul point déplaisant, c'est l'aspect misogyne du personnage, mais cela ne le rend pas moins attachant. le reste est d'une implacable tendresse.
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