AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,93

sur 61 notes
5
1 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
4 avis
1
5 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
François Bégaudeau, c'est l'auteur de ce conseil impérissable à mes yeux : « … je t'en prie, cultive jusqu'au bout la joie qui te fait entrer en littérature. » Il n'en est pas de meilleur, au bout du compte, et j'y pense vraiment très souvent, c'est à cette phrase que je me raccroche quand je sens cette joie commencer à slalomer. Il y fait référence, d'ailleurs (à la joie, encore et toujours), dans le prologue de « La politesse » : il s'agit d'un mail adressé à sa nièce, en 2022, lui présentant le texte qui va suivre. En 2012 et 2013, de janvier à juin, il a noté. Tout. Ou presque. Sa vie d' »auteur médiatique », ses pérégrinations de salons du livre en émissions de radio, en passant par les rencontres en bibliothèque ou les ateliers d'écriture, j'en passe, le brassage de sensations et ce mouvement qui fait qu'on se décale imperceptiblement, jamais tout à fait à sa place ni complètement dans son être. La densité de ces deux parties m'a surprise, les lire m'a coupée du monde extérieur et m'a pris beaucoup plus de temps que leur nombre de pages réduit, il se passait quelque chose que je ne m'expliquais pas : l'auteur s'est chargé de m'éclairer en troisième partie. Il s'y met alors à revenir en 2022, décrit une société absolument délirante, un truc qui m'a totalement perdue, je n'ai pas compris grand-chose, je n'ai pas eu envie de comprendre non plus, et comme ça il explique les hiatus grammaticaux des parties précédentes, les élisions volontaires qui effectivement participent à cette impression forte que j'avais eue, induisent une immersion profonde dans le texte. J'ai survolé un peu les dernières pages, je n'y étais plus, mais ça m'a fait marrer, il y a de l'audace dans tout ça, il y a une proposition originale (et beaucoup d'humour tout au long des pages) (un très réjouissant sens de l'absurde), je ne sais pas, en tout cas ce n'est pas un livre tiède.
Commenter  J’apprécie          80
Attention un peu spoiler

La politesse de François Bégaudeau ou comme une petite envie de meurtres entre amis. Lecture désopilante, en tous cas au début.

L'auteur brosse un portrait sans concession du monde littéraire français et régle sans doute des comptes personnels au passage.

C'est un roman construit en trois parties chronologiques avec en guise d'introduction à l'ensemble une lettre post-apocalyptique (procédé dont le caractère artificiel dérange un peu tout de même) entre le narrateur et sa nièce aspirante écrivain qui lui demande en substance "alors tonton raconte comment c'était avant".

En première partie, l'auteur narre son tour de France littéraire et nous dépeint des salons littéraires à périr d'ennui et des interventions en ZEP à dégouter quiconque d'entrer en littérature. Plongé dans ce grand bain sans aucun contrôle des événements et des réactions de ses contemporains, l'auteur essuie poliment les affronts et ravale sa fierté magré les marques d'indifférence qu'il reçoit sans cesse. A force de "prendre sur lui", il se bloque le dos. Je l'ai lu comme une peinture du monde réel de l'auteur où sans cesse s'affronte la réalité de ce qu'il vit, la passivité polie de ses réponses et de ses réactions, tandis qu'en voix off, sa conscience de soi analyse les événements avec un temps de retard et se désole de son piteux être au monde. le texte est brillant, parsemé de remarques incisives et désabusées. Cette première partie se boit comme du petit lait.

Deuxième partie, "la revanche". Même joueur joue encore. le narrateur revit peu ou prou le même périple héxagonal, mais comme dans un rêve de compensation où son inconscient soulagerait ses soupapes, il a décidé de ne plus se laisser faire et de se défouler. Il répond tout haut ce qu'il pensait tout bas, rembarre méchamment les autres et n'a plus jamais mal au dos. Une sorte de relecture de sa journée avec ce qu'il aurait aimé répondre du tac au tac. Nous avons clairement quitté la réalité pour un jubilatoire jeu de massacre intéreur où s'exprime enfin sa volonté de toute puissance horriblement bridée au quotidien par la conscience de sa propre finitude et le manque de considération des autres. C'est jouissif de suivre le narrateur dans cette revanche sur le réel.

La dernière partie, "la belle" dans l'univers des jeux, se trouve être la plus originale, mais aussi la plus inaccessible. le narrateur y dépeint un monde littéraire et social post-apocalyptique où les egos ne s'affrontent plus, où la politesse n'est même plus nécessaire car les individus ne sont plus en concurrence. C'est un morceau de bravoure qui fourmille d'idées loufoques, mais qui déroute et perd le lecteur. Au final, le livre s'essoufle et la tentation est grande de refermer La politesse (sans ménagement) en se disant qu'on en a déjà tiré le meilleur. Il semblerait que la critique ne soit pas nouvelle (les "cent pages de trop" qu'il évoque plusieurs fois). Il semblerait que François Bégaudeau ait décidé de s'asseoir sur ces bons conseils de la critique (il a bien raison si cela lui donne mal au dos) et de ne pas couper dans ce centifolia qui lui est cher, peut être pour les quelques lecteurs qui sont fans de lui au point de goûter chaque page de cet auteur pourvu qu'elle soit de lui, peut être par manque de courage de se relire une fois de plus et de procéder au difficile exercice de l'autocritique. Il semblerait enfin que son éditeur ait décidé de ne pas le vexer et de publier l'oeuvre dans toute sa longueur et dans toutes ses longueurs, se disant sans doute que comme cela ne concerne que la fin du livre, cela ne nuit pas au pouvoir "page -turner" du début. Toujours est-il que cette troisième partie devient vite illisible. Des lectures que j'ai pu faire des autres critiques de ce livre, j'ai cru comprendre que personne n'a pu venir à bout de l'Apocalypse selon Saint Bégaudeau. Dommage car une troisième partie plus courte aurait sans doute rendu l'ensemble du livre plus percutant.

Dernier point dont il fallait parler, le "name dropping" incessant. Certains y verront la volonté de montrer qu'il connait son sujet, à savoir le monde littéraire, d'autres y verront plutôt une galerie de portraits au vitriol pour procéder à un bon réglement de comptes. Pour ma part, je pense que François Bégaudeau est un auteur technique qui pèse ses formules, cisèle ses emplois de figures stylistiques et ne rechigne pas à employer toutes sortes de méthodes et d'outils. Je le soupçonne d'avoir recours au name dropping comme à une sorte d'accélérateur des moteurs de recherche. Imaginez un peu, si tous les gens cités dans ce roman l'achète, le lise et en parle, cela fait déjà un bon début de notoriété. Or comme la nature humaine est ainsi faite que si l'on parle d'une personne, elle s'en souciera forcément, c'est un outil intelligent pour piéger des lecteurs susceptibles de créer le phénomène. de plus, à bien y réfléchir, quand il tape fort, c'est souvent sur des personnages anonymes, il ne faudrait tout de même pas se fâcher avec quelqu'un d'important !



Commenter  J’apprécie          50
En lisant les deux premières parties de ce roman, je me suis d'abord dit que c'était du grand foutage de gueule: l'auteur passe son temps à se plaindre de ses différentes rencontres littéraires et invitations dans les médias. C'est très très redondant, et le name dropping est complètement abusif (prenez n'importe quelle page au pif vous trouverez au moins trois noms du monde littéraire cités). Je me suis dit qu'à la limite en tant que bibliothécaire c'était instructif d'avoir le point de vue d'un auteur sur ses interventions évènementielles, mais que par contre on n'avait pas envie mais alors pas envie du tout de l'inviter.
Et puis j'ai attaqué la troisième partie, et j'ai compris qu'en fait les deux premières parties (qui à la limite auraient quand même pu êtres fondues en une seule) ne faisaient que préparer la troisième, et qu'il fallait bien ça d'autosuffisance, de cynisme et de prétentions pour pouvoir tout casser. Je pense donc qu'il ne faut pas prendre les deux premières parties au pied de la lettre mais comme quelque chose d'exagérément exagéré. Le name dropping se justifie dans la troisième partie par un chapitre très drôle et jouissif où les écrivains se voient tous attribuer le prénom "Camille" pour une remise à plat générale de la notion d'auteur. Cette troisième partie en forme d'utopie vaut à elle seule de se taper les deux premières, jamais utopie ne m'a fait autant envie que celle-ci, où la propriété (y compris et surtout intellectuelle) est abolie, et où "bien vivre devient plus plus important que d'être aimé".
Commenter  J’apprécie          30
On aime ou on n'aime pas Bégaudeau, les avis sont particulièrement tranchés. Pour ma part, j'adore sa causticité et avec La Politesse, on est servi. C'est un portrait au vitriol de l'envers du décor des salons littéraires et des diverses rencontres avec auteur mais ce n'est pas tout car cette partie, bien marrante, est complétée pour un quart environ du roman à la fin par une projection futuriste (mais pas si lointaine que cela, 2023 c'est demain) dans un monde où les livres et les écrivains n'ont plus du tout la même aura, c'est le moins qu'on puisse dire et cela permet aussi de relativiser tout le discours des trois quarts du livre. Même si ce dernier quart n'est pas brillant stylistiquement, on sent que Bégaudeau n'est pas à l'aise avec le genre post apocalyptique et qu'il ne sait pas quoi en penser, cela ajoute au sentiment anxieux que connaissent les auteurs actuels.
A lire jusqu'au bout donc. Evidemment, ceux qui n'aiment pas Bégaudeau passeront à côté.
Commenter  J’apprécie          21
Une belle satire du monde des lettres. Dommage que la dernière partie soit un peu moins flamboyante.
Commenter  J’apprécie          10
FB propose une réflexion sur la littérature, ce que la marchandisation en fait (ds la première partie --truculente--) et la manière dont elle pourrait se diffuser dans un monde utopique, anarchiste ( au sens noble du terme). Finalement la 1ere partie sur les salons littéraires n'est pas l'enjeu de ce "roman" me semble-t-il. Et sa forme fait un pied de nez à ce qu'on attend d'un roman, c'est donc l'oeuvre d'un véritable artiste.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (120) Voir plus



Quiz Voir plus

L'amour (François Bégaudeau)

Quelle est la grande passion de Jacques Moreau ?

Les fléchettes
Les girouettes
Les maquettes

17 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : L'Amour de Créer un quiz sur ce livre

{* *}