Lea danse.
Ses mouvements dans l'air trouvent leurs courbes exactes. Son corps est uni à l'espace. La beauté est là. Dans le souffle qui la relie à tout.
Un moment de grâce.
Impartageable.
Danser c'est écrire avec tout son corps.
Elle ignorait qu'elle avait tant et tant de phrases inscrites, à l'intérieur d'elle. Sous la peau.
Des passages entiers.
Comme des blocs de falaise usée qui s'écroulent.
En même temps qu'elle délivre dans l'air tout ce que
les livres lui ont appris de l'amour, elle pleure.
C'est tout
Bruno, c'est son océan.
Si un jour il s'écarte d'elle alors il n'y aura plus rien pour relier son corps au monde et elle sera devenue une île. Inabordable.
Le vin chaud lui fait une peau d'été à l'intérieur. Elle en commande un autre. Elle retrouve la sensation pénétrante de la chaleur que diffusaient de ses reins jusqu'à ses épaules les pierres saturées de soleil, quand, petite, elle restait adossée au muret qui entourait leur jardin, le regard perdu sur le chemin et la falaise.
"Aimer c'est juste accorder la lumière à la solitude.
Et c'est immense."
A chaque pas.
Entravés, empêtrés dans les vies et les histoires qui s'agrippent, déséquilibrent.
Elle fait partie maintenant de ceux qui articulent leur pas comme on parle après être resté trop longtemps silencieux.
Pour être libre, il faut apprendre.
Danser c'est se trouver, seule, à la croisée du vertical et de l'horizontal.
Alors elle danse. Il faut qu'elle trace, avec son corps, les lignes qui permettent d'intégrer l'espace. Seule la beauté du mouvement peut la sauver.
C'est sa façon de trouver place dans la vie."
"Aimer c'est juste accorder la lumière à la solitude.