Oeuvres, tome 3

Les énormes quantités d’événements grotesques qui sont aujourd’hui consommés au cinéma, sont un indice frappant des dangers qui menacent l’humanité du fait des refoulements qu’entraîne la civilisation. Les films burlesques américains et les films de Disney provoquent un dynamitage thérapeutique de l'inconscient.

Les appareils, sur le plateau de tournage, ont pénétré si profondément la réalité elle-même que, pour la dépouiller de ce corps étranger que constituent en elle les appareils, il faut recourir à un ensemble de procédés techniques particuliers : choix de l’angle de prise de vues et montage réunissant plusieurs suites d’images du même type.

En ménageant, avec les jours fériés, des moments de remémoration, le calendrier a su lier la reconnaissance d’une qualité à la mesure de la quantité. Qui n’a plus d’expérience se sent exclu de ce calendrier. Tel est le sentiment qu’éprouvent le dimanche les habitants des grandes villes […].

Toute tentative d’approche d’une œuvre d’art restera vaine, tant que sa teneur historique prosaïque n’est pas atteinte par la connaissance dialectique. Ce n’est là que la première des vérités qui servent de fil conducteur à l’œuvre du collectionneur Eduard Fuchs. Ses collections sont la réponse du praticien aux apories de la théorie.

De même qu’au terme de son existence, [le mourant] voit défiler intérieurement une série d’images –visions de sa propre personne, dans lesquelles, sans s’en rendre compte, il s’est lui-même rencontré-, ainsi, dans ses expressions et ses regards, surgit soudain l’inoubliable, qui confère à tout ce qui a touché cet homme l’autorité que revêt aux yeux des vivants qui l’entourent, à l’heure de la mort, même le dernier des misérables. C’est cette autorité qui est à l’origine du récit.

La crise des démocraties peut se comprendre comme une crise des conditions d’exposition de l’homme politique.

La possibilité technique de reproduire l’œuvre d’art modifie l’attitude de la masse à l’égard de l’art.

Les sciences naturelles - chez Korn la science tout court -, se présentent avant tout en tant que fondement de la technique. Or, la technique n'est manifestement pas une donnée purement scientifique, mais aussi une donnée historique. En tant que telle, elle nous oblige à réviser la séparation positiviste, non dialectique, que l'on a tenté d'établir entre sciences de la nature et sciences humaines. Les questions que l'humanité pose à la nature sont conditionnées, entre autres, par le niveau de la production. C'est là que le positivisme échoue. Dans le développement de la technique, il n'a pu voir que les progrès des sciences de la nature, non les régressions de la société.

La crise des démocraties peut se comprendre comme une crise des conditions d’exposition de l’homme politique.

Jouer sous les feux des sunlights tout en satisfaisant aux exigences du microphone, c’est là une exigence des plus difficiles. S’en acquitter c’est, en face de l’appareil, sauvegarder son humanité. Pareille performance suscite un immense intérêt. Car c’est devant un appareil que la grande majorité des citadins doit, dans les bureaux comme dans les usines, abdiquer son humanité pendant la durée de sa journée de travail. Le soir, ce sont ces mêmes masses qui remplissent les salles de cinéma pour voir comment l’acteur les rachète dans la mesure où, non content d’affirmer son humanité à lui (ou ce qui y ressemble) en face de l’appareil, il s’en sert pour triompher.